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Histoire d'une vie (I)

Par Dodgee MIP le 3/9/2002 à 16:19:23 (#2088216)

Doucement, la buée s’étiole sur le verre, laissant transparaître de nouveau la scène de la rue. Quelques silhouettes qui s’attardent encore dans la rue, levant de temps à autre le regard vers le ciel étoilé. Des pas rapides, ceux qui se hâtent, pressés de retrouver un foyer. Et puis rien, rien d’autre que ce silence obscur qui emplit les ruelles à la nuit tombée. La femme détourne la tête, laissant la buée reprendre sa place, reconquérir ce territoire abandonné l’espace d’un instant. Ses yeux sont d’un bleu profond, qui égale celui des océans, celui qui ne se forge qu’au travers d’une vie. Sa vie. Malgré le poids des années, son visage a su conserver toute sa grâce, son corps son maintien altier, et ses traits cette force rare. Belle, non comme peuvent l’être les jeunes filles, mais comme une femme, en harmonie avec elle-même, en harmonie avec le monde.

-Maman ?

La fillette s’est approchée en silence, comme à son habitude. Elle a les même yeux que celle qu’elle vient d’appeler sa mère, et à la voir évoluer avec grâce dans la pièce, la parenté ne fait aucun doute. Elle a une dizaine d’années tout au plus, la joie de vivre et l’innocence pour elle, les soucis et les tracas restant enfermés dans ces yeux aux étendues si vastes. A s’y noyer. Elle porte cette même longue robe de soie claire que sa mère lui a offerte pour son anniversaire, et qu’elle se plait à porter régulièrement. Il est des liens que l’on tisse avec ses vêtements que l’on ne sait expliquer. En entendant sa fille, la femme s’est écartée de la fenêtre, se tournant vers cette silhouette enfantine avec douceur.

-Oui ma chérie ?
-Ils vont venir n’est ce pas ? C’est pour cela que tu regardais par la fenêtre ?

La question la fait frissonner. Un instant, juste l’espace d’un soupir imperceptible, elle s’arrête de passer sa main dans les longues mèches de la chevelure de son enfant, avant de se reprendre. Les mots résonnent encore dans son esprit alors qu’elle réalise leur sens. Le regard change. Il se charge de cette tristesse, de cette mélancolie, de tous ces sentiments qu’elle n’a pas voulu montrer, qu’elle aurait préféré cacher. Sa fille a senti, a deviné. Comme il a été vain de vouloir lui cacher tout cela.

-Oui. Ils nous ont retrouvés et ils vont revenir, comme les autres fois. Il va nous falloir partir, loin, ce sera dangereux, tu comprends ?
-Oui… Je veux rester avec toi.

La jeune fille a hoché la tête avec énergie, avant d’entourer sa mère de ses bras menus. Serrées l’une contre l’autre, chacune espère que cet instant dure une éternité. Ce moment où plus rien d’autre ne compte. Lentement, avec tristesse, la mère se dégage enfin. Elle se baisse pour ramener son visage à la hauteur de celui de sa fille, passant ses mains sur ses joues.

-Il va falloir te préparer. Il ne faut plus tarder. Allons rassembler tes affaires.

Pour seule réponse, l’enfant baisse la tête, avant de plonger son regard dans celui de sa mère. La détermination n’attend guère le nombre des années. Elle est prête à la suivre, quoi qu’il arrive. En hâte, la mère rassemble quelques affaires, des vêtements jetés dans un sac avec quelques affaires personnelles. L’habitude aidant, il ne lui faut pas plus que quelques minutes pour être prête, ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit. Prenant la main de sa fille, la femme sort rapidement de l’auberge, son lourd manteau sur les épaules. A l’entrée de la ville, un groupe d’individus à l’allure sombre passe devant les gardes en faction qui ne semblent pas les voir. Sans un mot, le groupe se sépare rapidement, efficacement, quelques-uns restant près de l’entrée, alors que d’autres s’enfoncent dans les ruelles de la ville.

-Maman ? Que se passe-t-il ?
-Shhhtt…

La femme se raidit, instinctivement. Ecartant sa fille du bras, elle se place devant elle tout en sortant sa rapière. Devant elle, deux figures sortent des ombres, menaçantes. Le combat s’engage instantanément…

Par Lars Sylrus le 3/9/2002 à 16:58:50 (#2088468)

10 po sur les brigants !
tatanne da post ;)

Larsouille *qui aime bien les silhouettes sombres*

Par Kehldarin Osten le 3/9/2002 à 17:37:53 (#2088741)

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L'histoire devint une légende, la légende devint un mythe, et le mythe parvint aux oreilles des conteurs, puis des simples habitants de Goldmoon...

http://forums.jeuxonline.info/jo/icons/icon16.gif
15 po sur la rapière!
Kehldounet *qui aime pas les silhouettes sombres*

Par Dodgee MIP le 4/9/2002 à 10:44:14 (#2093003)

Elle s’écarte, feinte de nouveau avant de détendre le bras vivement. La rapière fend l’air, trait d’acier que rien ne semble pouvoir arrêter. La riposte de la femme a été cinglante, précise et mortelle, déjà elle s’enfonce dans la chair, faisant pleuvoir un voile rouge sur les pavés de la ruelle. Nombreux sont les aventuriers talentueux dans le maniement des armes dans le royaume de Goldmoon, mais il apparaît vite que les protagonistes n’ont rien à leur envier. Dans un tourbillon pleuvent feintes et parades, fente en avant et esquive spectaculaire, l’acier frappe et résonne dans l’air alors que la tension monte. Un moment, le combat semble s’équilibrer, aucun des deux camps ne parvenant à prendre l’avantage. La mère semble plus vive, agile, et étonnamment habile à la rapière, pourtant son soucis constant de protéger son enfant l’empêche de porter un coup décisif, et elle ne peut que se cantonner à une attitude de riposte. Tendue, concentrée à l’extrême, elle reste sur la défensive tout en s’interposant à tout instant entre ses deux agresseurs et sa fille.

Elle se souvient. Oui ce n’est pas la première fois que sa mère combat ces hommes en noir. Elle les a déjà vus, autrefois, ce qu’elle n’avait pris que pour un cauchemar, ces mêmes silhouettes sinistres portant ce parfum de mort. Les voyages constants, ces fuites impromptues au milieu de la nuit, ce masque de soucis qui parfois retombe sur le visage de sa mère, elle sait à présent. Pourquoi ? Comment ? Toutes les questions affluent dans son esprit, comme autant de mystères et de secrets cachés. Pourtant, là, rien ne semble avoir d’importance, rien, si ce n’est ce combat, où une fois de plus sa mère joue sa vie pour la défendre. Serrant les poings, la fillette reste en retrait, ses yeux ne perdant pas une miette de l’affrontement tandis qu’elle se laisse de temps à autre guider par la main rassurante qui la maintient hors de portée des agresseurs. Elle ne veut pas croire que sa mère puisse perdre, elle ne l’envisage même pas.

La femme est nerveuse. Sans perdre de vue ses adversaires immédiats, elle ne cesse de guetter la ruelle, les issues possibles, mais surtout l’arrivée probable d’autres de ces assassins. L’affrontement s’éternise, elle peste contre sa propre faiblesse. A nouveau elle dévie une attaque, recule, prend de nouveaux appuis surs. Sa main libre cherche sa fille, s’assurant qu’elle reste encore derrière elle. Le contact de la robe en soie la rassure, elle s’autorise un bref soupir. C’est l’instant que choisissent les deux hommes pour attaquer de nouveau, en vain. Déjà prête, elle anticipe le mouvement, et alors que l’un d’eux se jette en avant, elle attrape son bras de sa main libre tout en s’enroulant dans le geste. Déséquilibré, le malheureux ne voit venir le coup que trop tard. Tournant sur son flanc, puis dans son dos, elle ne lui laisse aucune chance. La rapière vole droit en travers de son cou, avant de se retirer aussi vite, laissant le liquide vermeil s’écouler par à-coups. Une nouvelle attaque. On ne lui laisse de répit, sans doute comptait-il la surprendre avant qu’elle ne se dégage du corps de son compagnon. Il n’en est rien. S’aplatissant au sol, la femme évite le coup, avant de plonger pour déséquilibrer son adversaire. Surpris, il se laisse emporter par la furie qui se jette sur lui, et les deux roulent sur le sol. Une fraction de seconde de trop, deux mains empoignent une dague, une seule a le temps de frapper. Lentement la femme se relève, abandonnant le corps inanimé sur le sol.

Le cri, la voix de sa fille, transperce les ténèbres. Déjà son regard fouille les lieux, constatant l’absence de celle ci. Non ! Plus loin, la robe de soie s’éloigne, emmenée par une ombre. Son sang ne fait qu’un tour, déjà ses jambes s’élancent à la poursuite du ravisseur. Tard, trop tard, elle le sait. Elle voudrait crier, hurler sa détresse, laisser parler cette humidité qui lui monte aux yeux, mais elle se contente de courir, aussi vite qu’elle le peut. Rien d’autre ne compte pour cette mère blessée à qui l’on voudrait arracher son enfant. Elle entend la voix de son enfant, ses protestations. Elle la voit s’éloigner, au détour d’une rue. Elle voit, ces armes dressées, ces nouveaux adversaires s’interposant entre elle et le ravisseur de sa chair.

La rage et le désespoir s’abreuvent de nouvelles victimes. Seule au milieu des cadavres, elle se laisse enfin tomber au sol. Les larmes coulent, chaudes, abondantes, comme retenues trop longtemps. Toutes ces années elle s’est entraînée pour pouvoir défendre sa fille, en vain. A présent tout cela semble si inutile. Elle aurait peut-être du écouter les présages, peut-être d’autres auraient-ils été plus efficace pour la protéger ? Peut-être. Et peut-être pas. Elle ne s’apitoie pas sur son sort, elle sait qu’il est encore trop tôt pour pleurer l’avenir. Seule compte sa fille. Elle ne les laissera pas faire, quoi qu’il lui en coûte. Jamais.

Par Corielle le 4/9/2002 à 11:24:54 (#2093299)

Enlever une enfant à sa mère, quel genre de monstre faut-il donc être pour s'abaisser à pareille ignominie?
Je ne doute pas un instant que celle-ci trouvera en elle les ressources nécessaires pour retrouver la chair de sa chair et je plains ceux qui se trouveront sur son passage !

Par Ethel Tvar MIP le 4/9/2002 à 20:55:07 (#2097304)

c'est magnifiquement ecrit mais ô combien triste ! Quel crime plus affreux que celui de vouloir séparer une famille? Pour moi il n'en est aucun ...

Par Gabriel Thylin MSF le 5/9/2002 à 9:15:52 (#2099499)

:lit: Passionant est le mot qui correspond le mieux a ce récit :amour: :merci:

Par Syndrael le 5/9/2002 à 12:05:40 (#2100511)

:lit: :)
J'apprécie au moins la reprise pour une chose, rattrapper mon retard de posts comme celui ci

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