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Mort brutale.

Par Jeanne DoreggaN le 27/7/2002 à 6:18:36 (#1866197)

Cela avait commencé par de simples maux de ventre. Comme une brûlure aussi vive qu'intense, une épée qui fouille les entrailles avec une insistance obscène, la sensation atroce d'un brasier de douleurs irradiant dans tout son corps. Jeanne s'était réveillée, immédiatement, enfiévrée, un cri de détresse presque rauque s'étouffant dans sa gorge. Elle était encore nue, sur la plage de sable doux, allongée près de Neo qui ne dormait plus. Elle avait eu moins d'une seconde de répit pour crier, et maintenant la douleur la reprenait, plus forte, plus démente, la tenaillant de souffrances inhumaines. Comment un mal pouvait-il être si soudain et si violent à la fois ? Si elle avait eu la force de contrôler ses muscles, elle se serait tordue de douleur avec la frénésie d'un insecte à l'agonie. Mais elle se tenait raide, la bouche légèrement entrouverte incapable de laisser entendre le moindre son, le visage interdit du luxe de grimacer d'horreur. Seuls ses yeux trahissaient la souffrance qui la tétanisait, comme deux braises la dévorant implacablement.

L'asphyxie avait été rapide, son corps peinant bien trop à faire battre son coeur pour se permettre encore de simplement respirer. Aucune intervention, aucun massage n'était parvenu à la tirer de son univers de douleurs circulaires, s'entraînant d'elles-mêmes dans une escalade insensée, jusqu'à paralyser chacun de ses nerfs au seul exercice de cette torture. L'évanouissement s'était fait attendre largement plus d'une éternité, la laissant suffoquer consciemment pendant une durée interminable. Puis, plus rien. Le néant, enfin ; la mort comme un soulagement béni. Le corps s'était légèrement affaissé, inerte, presque flasque, et ses couleurs le quittaient avec indifférence, derniers témoins de la vie qui fuyait.

Le cadavre avait été apporté au cabinet doctoral d'Iann-Nyo, dans une démarche vaine et absurde, aussi vaine et absurde que les larmes qui ne la ressusciteraient pas. La doctoresse avait examiné la pièce de chair comme le font les bouchers, auscultant la viande morte avec un empressement dérangeant. "Empoisonnement alimentaire", avait-elle déclaré. Un poison très violent, à effet retard, ingéré la veille. "Le coma peut se prolonger longtemps, il est difficile d'intervenir sans antidote", avait-elle poursuivi, sidérant son public du miracle trop ardemment souhaité de cette résurrection. Jeanne était aux portes de la mort, mais quelque chose l'empêchait de basculer définitivement. Un effet méconnu de sa pierre de Destinée ? Une caractéristique propre au poison ? Le résultat de tout autre paramètre quasi aléatoire ? C'était impossible à dire.

Aujourd'hui, le corps pâle repose sur les draps blancs d'un lit. Son regard est éteint et elle ne réagit à aucun contact, jamais. Selon un premier diagnostique, l'état demeurera parfaitement stationnaire si rien n'est tenté. Mais les druides la gavent de plantes choisies et leurs prévisions restent optimistes. On parle de deux semaines, approximativement, avant l'espoir d'un retour à l'état de veille. Sans informations sur le poison, l'élaboration de l'antidote n'est même pas envisageable, et il faudra compter sur la cure de purification végétale pour guérir ce mal foudroyant...

Par Dhu Troy le 27/7/2002 à 11:18:33 (#1866478)

Bonne vacances Jeanne :cool:

Par Deux âmes de Feyd le 29/7/2002 à 18:00:39 (#1871649)

*En tant qu'androïde, a la faculté de se recueillir une nano-seconde.* :p

Renaissance.

Par Jeanne DoreggaN le 6/8/2002 à 4:26:59 (#1923257)

http://www.ibelgique.com/elise-delcour/nephilim.jpg

Dans la clarté crépusculaire, la silhouette, grande et nue, qui se dressait sur le rocher face au lac avait des airs de gargouille. Les derniers rayons du jour donnaient aux eaux des teintes ensanglantées et rougeoyaient sinistrement sur le corps immobile. A perte d’ouïe, on ne pouvait entendre que le morne clapotis des petites vaguelettes sur la pierre, mourant avec les derniers soupirs du vent. Il n’y eut rien qui sembla faire office de déclic. Soudainement et sans raison, l’être se ramassa sur lui-même en une vive flexion et se détendit, avec force, pour plonger, loin devant lui, vers le lac de sang. Ses courbes féminines dessinaient une ombre sublime, planant un instant presque à l’horizontale, avant de piquer enfin. La néphilim déploya alors ses ailes immenses et majestueuses pour s’arracher aux forces de la terre qui la rappelaient à elle.

Jeanne était revenue sur la plage, assise dans les fins graviers, ses ailes noires repliées dans son ombre. Elle ne pensait à rien et surtout à personne, et ce vide odieux avait quelque chose d’impossible à combler. Une petite fille marchait à pieds nus au bord de l’eau, juste à portée de voix. La nuit était arrivée trop vite et Jeanne ne pouvait déjà plus distinguer ses traits délicats. Elle tenait avec maladresse dans sa main gauche, fermement serrée, une longue épée, trop grande pour elle, dont elle laissait lugubrement la lame racler le sol pierreux. Sur la garde polie par l’usage, avec la pénombre croissante, il était impossible de lire le mot « Justice ». Jeanne savait simplement qu’il y figurait, comme au pommeau de son propre fléau. La fillette se dirigeait à présent vers elle, le fil de l’épée légèrement relevé, presque menaçant, et le silence qui accompagnait sa marche était plus éprouvant encore. A deux pas de la néphilim, elle s’immobilisa, la lame presque à lui toucher la peau. Elle se prénommait Aurore et son visage d’ange était percé de deux orbites profondes où luisaient des prunelles grises, plus froides que l’acier. L’ange cachait un épouvantable démon. L’aurore annonçait une aube funeste. Sa chevelure bouclée reprenait les courbes de celle de sa mère, et, pourtant, elle accusait une couleur unie, immaculée, presque métallique : blanche comme une pièce de platine. Souriante, de sa voix calme et raisonnable, la fillette ne prononça qu’un mot.

« Maman. »

Jeanne voulut crier mais elle ne retrouva pas l’usage de ses cordes vocales. A la place, elle hoqueta une toux qui acheva de la réveiller et de l’extirper de son cauchemar. Elle était allongée dans un décor qu’elle ne reconnaissait pas, encore un peu hébétée et très faible. Pour la première fois depuis deux semaines, elle venait de reprendre conscience. Les herbes des druides l’avaient manifestement sauvée des miasmes du poison, elle renaissait enfin…

Par Khaelon Lloth le 6/8/2002 à 11:25:38 (#1924102)

Le texte est sympas et l'image tres belle. :)
Ca ressemble fort à un retour parmi nous, donc re :)

Par Leylia le 6/8/2002 à 11:31:54 (#1924136)

:lit: Très joli texte bien illustré, bravo Jeanne :merci:

Par Bardiel Wyld le 6/8/2002 à 11:39:53 (#1924182)

*fan*

Très beau récit, j'admire le style.
Félicitations :)
A quand la suite? :)

Par Kehldarin Osten le 6/8/2002 à 11:52:06 (#1924251)

Tentation, cauchemard ou triste réalité? Bienvenue parmi les vivants, Jeanne.

Par Ibuki Tribal le 6/8/2002 à 12:23:36 (#1924441)

Joli...:merci:

Par Jeanne DoreggaN le 9/8/2002 à 13:19:52 (#1939112)

Provient du message de Kehldarin Osten
Tentation, cauchemard ou triste réalité?


Rien de réel, rien de tentant, si ce n'est peut-être l'envie presque cruelle de faire bondir le coeur de quelques êtres chers. ;)

Jeanne,
humaine pour toujours
(ou du moins pour longtemps... :rolleyes: )

Par Syndrael le 10/8/2002 à 16:36:23 (#1943780)

Provient du message de Jeanne DoreggaN
humaine pour toujours

C'est ce qu'il disaient tous avant de craquer *regard lourd de reproches à Gabriel* :p
*Remonte le post dans la foulée*

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