Revue Technico-historique: Le Stabber, Bulletship aux dents longues

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Ses racines remontent à l'époque où la pseudo-flotte Minmatar commençait à s'établir sérieusement à la suite de la rébellion et du rapprochement des clans récemment émancipés.

Du coté des frégates, les escadrilles de Rifter se multipliaient rapidement après les spectaculaires résultats de ces derniers. Et du coté des croiseurs, les amiraux en place s'enorgueillissaient de leurs escouades de Rupture capables de tenir des positions et des blocus comme pas deux.
Cependant, dès qu'il s'agissait de se déplacer et de prendre part à des engagements imprévus ces derniers avaient une fâcheuse tendance à arriver après que leurs confrères de taille inférieure soient déjà réduits à l'état de pièces détachées. L'artillerie à longue portée ne réduisait que partiellement ce problème du fait des couches d'armures Amarr particulièrement efficaces et de la puissance réduite de ce type d'armement.


Une plateforme de ravitaillement à l'origine.

Sur ordre de l'amirauté fraîchement formée, les ingénieurs de la flotte n'eurent pas à chercher bien loin les bases d'un croiseur d'attaque léger. A cette époque officiaient sur les champs de bataille des navires de transports légers spécialement affrétés pour le ravitaillement en vol des escadrilles.
En effet non seulement la flotte Amarr n'avait pas à se préoccuper du problème des munitions grâce à sa technologie laser mais du coté Minmatar pénurie et rationnement étaient le quotidien des pilotes. Le but était de collecter les équipements et surtout les munitions au milieu des champs de bataille pour les redistribuer au sein de la flotte dans la foulée.



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Les hangars d'équipement très peu fournis aux débuts de la rébellion.

Le Bulletship avait donc été "étudié" -même si "assemblé avec les pieds" conviendrait mieux- pour être un mini-cargo à réacteur. Les meilleurs ingénieurs ayant été mobilisés sur des projets plus essentiels on assimilera à "stagiaires" les concepteurs du Bulletship.


Ayant la capacité défensive de l’ordre de la limace face à une poignée de sel, il fallait pouvoir éviter les tirs ennemis. Il en avait résulté un vaisseau à la ligne agressive et allongée découlant d'un "design" de réacteur surdimensionné agrémenté de multiples soutes. Ayant bien en tête l'idée de vitesse martelée par leurs supérieurs, les concepteurs n'hésitèrent pas à ajouter à la tuyère principale de multiples fusées de post-combustion supplémentaires, arrimées là où ils trouvèrent la structure suffisamment robuste.

A leur décharge, l'engin atteignait près de 2km/sec à pleine charge et sous post-combustion, ce qui lui valu sa dénomination de Bulletship.



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La soute à structure apparente du Bulletship permettait un espace de stockage étendu.


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Le Bulletship était équipé de pas moins de 6 faisceaux tracteurs de type EZ-10X à faible capacité de charge mais haute vitesse de rapatriement.



La métamorphose

Les ingénieurs et techniciens sous les ordres directs de l'amirauté reprirent donc les plans et prototypes de leurs juniors -non sans quelques sarcasmes bien sentis- et se mirent au travail. En commençant par appliquer la méthode Sebiestor éprouvée du "Si ça tient toujours quand on l'enlève c'est que ça servait à rien".
Ablation de 80% des espaces de cargaison, installation du minimum syndical des modules de vie spatiale et aménagement de l'espace spartiate fut la première étape.


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Diagramme montrant les parties retirées du Bulletship, comparé à l'actuel Stabber.



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Aperçu des coursives extrêmement étroites du Stabber pour un vaisseau de classe croiseur.

On ne put conserver la même vitesse de pointe sous post-combustion d'une part du fait de la fragilisation de la structure suite à son allègement qui n'aurait pas supporté l'accélération et de toutes façons les futurs autocanons prévus pour le vaisseau n'auraient pas pu suivre leurs cibles à une telle vitesse. Elle fut donc diminuée de moitié. On en profita pour transformer l’une des fusées de post-combustion en hangar à drone. Même si plus anecdotique qu’autre chose, un fois vidée de son réservoir, la fusée supérieure est capable d’accueillir un drone léger. Il y était souvent placé un drone de target painting, dans l’espoir d’améliorer les chances de toucher les cibles les plus petites.


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La fusée réhabilitée en soute à drone mise en valeur dans cette photo.

La philosophie du prédateur

Ses concepteurs envisionnaient déjà l'utilisation du Stabber comme un gros Rifter. Atteignant sa cible en un éclair et la pilonnant par la suite tout en orbitant à haute vitesse et évitant ainsi la plupart des tirs ennemis venant de batteries laser de taille équivalente. Tel le poignard de l’assassin, il devait apporter la mort avant que sa victime ne put réagir.

Du fait de la pénurie de systèmes électroniques et d'équipement en général à cette époque, les premiers Stabber n'eurent comme privilège que les flambant neuf autocanons de 425mm, fierté des laboratoires de recherche Minmatar et véritables "scies à blindage" aux dires des pilotes-test. Les postes de tirs étaient donc intégralement manuels et chaque poste de tourelle devait être contrôlé par des binômes mécanicien/aligneur.


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Les premières chaînes d'assemblage des autocanons 425mm



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Le tableau de contrôle artilleur des premiers Stabber. On remarquera les commandes intégralement manuelles.


Mais là où ils s'étaient volontairement limités dans les coûts, les ingénieurs laissèrent libre court à leur génie au niveau de l'ordinateur de contrôle de trajectoire. Ils mirent au point un circuit de traitement des signaux-proprioception simplifié à l'extrême. Moins de capteurs, moins d'informations (essentielles selon les pilotes de croiseur, inutiles selon les concepteurs). Il en résulte un pilotage particulièrement nerveux, plus proche de la frégate que du croiseur, difficile à prendre en main mais une fois maîtrisé, redoutable en engagement.

Le but inavoué de l'équipe était d'atteindre la maniabilité de la frégate tête de proue de l'ennemi, le Punisher. Avec un coefficient d'inertie de 5.0Megatonnes en sortie d'usine, sans modules de modification contre 4.4MT pour le Punisher il s'en fallu de peu pour qu'il réussissent. Pour l'anecdote le noyau dur de l'équipe persévérera par la suite et parviendra à ses fins avec l'incroyable 4.3MT sur la version "Fleet issue" du Stabber.



Non seulement on se retrouve avec quasiment la maniabilité d'une frégate mais avec ces ressources de calcul libérées les spécifications du Stabber purent être augmentées sur nombre d'autres points: Résolution de verrouillage-cible de 305mm, puissance du réseau LADAR de 13 points-equivalent et 5 verrouillages de cible simultanés.




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Technicien travaillant sur les nouveaux démultiplicateurs de trajectoire. On notera les goûts vestimentaires déplorables de l'époque.

Mise en situation satisfaisante

Les pilotes de croiseurs de la flotte habitués aux peu maniables et lents Rupture furent agréablement surpris des performances du Stabber. Mais c'est lorsque la pénurie de pilotes qualifiés obligea les habitués des Rifters et Slashers à prendre les commandes des curieux Stabber que leur potentiel fut réellement dévoilé.

Une opération-éclair d'interception de convoi de ravitaillement Amarr dans le système de Siseide démontra définitivement la supériorité dont les Stabber pouvaient faire preuve. Une escouade d'une douzaine de Stabber se retrouva face à un guet-apens suite à une manoeuvre de désinformation impériale. En lieu et place d'un convoi de munitions l'escouade se retrouva encerclée par une flottille de 3 Armageddon et de d'une trentaine de Punisher, orbitant patiemment au loin, en post-combustion attendant que les croiseurs s'approchent pour les engager.

Même en avançant en formation d’évasion sur l’ennemi, l’escouade de croiseurs se serait portée sous le feu de l’artillerie lourde ennemie. Certes cette dernière avait une résolution de tir surdimensionnée pour pouvoir toucher un vaisseau de la taille d’un Stabber. Cependant il ne faisait aucun doute qu’occupés à prendre en chasse les Punisher, au moindre ralentissement ou temps mort les croiseurs finiraient par se faire oblitérer par les vaisseaux de ligne Amarr.

C'était sans compter sur l'ingéniosité du lieutenant en charge de la mission qui devisa un stratagème pour sauver son escouade. Utilisant son poste radio personnel il enregistra son équipage au complet, scandant des insanités au sujet de l'impératrice de l'époque et mettant en doute les attributs génitaux des pilotes amarriens.

Passant la bande-son en boucle sur tous les canaux de transmission de la zone, il ne fallu pas attendre longtemps pour que les pilotes de Punisher foncent dans le tas... et finissent en lambeaux aux mains des artilleurs d'autocanon 425mm, parfaitement prêts et alignés depuis le départ. Les impériaux avaient été poussés à une erreur de débutant : une arme aussi surdimensionnée soit-elle n’a aucun mal à atteindre une cible lui fonçant droit dessus.

La destruction des Armageddon restant ne fut plus qu'un détail, ces derniers étant incapables d'aligner des vaisseaux frôlant les 1000m/s. L'escouade ne déplora qu'une perte ce jour-là.

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Réplique de la radio utilisée lors de l'engagement de Siseide au musée de la marine à Pator.

Un succès pas si inattendu

Il est aujourd'hui de tradition dans la marine Minmatar de former les futurs pilotes de Stabber sur des Rifter pour optimiser leur maîtrise de l'engin.
Brève de couloir d'ailleurs entendue au détour de la cantina de la station militaire d'Ammold: "Au risque de passer pour un horrible noube, moi je fitte mon Stabber comme un gros Rifter"


Suite à l’établissement d’un gouvernement unifié Minmatar et à l’émergence des corporations que l’on connaît aujourd’hui, les plans du Stabber furent confiés à Thukker Mix qui remporta haut la main l’appel d’offre concernant les coûts de production du vaisseau.

De nos jours, l’utilisation du Stabber s’est particulièrement bien démocratisée, à l’image de son petit frère le Rifter.
En plus de sa compétitivité pour se battre contre ses homologues en taille, il est aussi à l’aise pour engager plusieurs cibles de plus faible envergure, rivalisant avec leur vitesse. Les vaisseaux de ligne ne sont pas non plus hors de sa portée dès lors qu’il est en petite escouade qui lui permet alors d’orbiter tel un essaim autour de sa proie.

Il est utilisé aussi bien par la flotte Minmatar que par bon nombre de corporations civiles et de pirates de tous bords. Il représente le bâtiment de classe croiseur le plus rapide de sa catégorie, tout en ne négligeant que très peu sa puissance de feu. A cela s’ajoute son coût de fabrication sensiblement plus faible que la plupart des autres vaisseaux de sa classe ainsi que la possibilité de trouver des pièces détachées pour son entretien à travers toute la galaxie ( caractéristique commune à nombre de fabrications Minmatar cela dit).

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Aperçu des turboréacteurs dernière génération développés par Thukker Mix. Hautement standardisés, ce sont les mêmes qui équipent la plupart des navires de transport Minmatar.


Voilà, j'espère que ça vous a plu, c'était la première fois que je m'essaie à l'exercice. Une spéciale KassDédi à Da Masteuw Julie Thundercloud s'est glissée dans la revue Je remercie d'ailleurs cette dernière pour ses conseils avisés.


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Niatrang in EvE
Juste énorme !

Un vrai plaisir à lire, sans compter que j'adore la photo de la cabine d'un métro en tant que poste de tir Minmatar
Citation :
Publié par Fourchaise
En commençant par appliquer la méthode Sebiestor éprouvée du "Si ça tient toujours quand on l'enlève c'est que ça servait à rien".
collector !!! J'ai adoré !!!

Encore... svp
Thumbs up
Ah depuis le temps que je demandé a cette nouille de coquillette , un article sur le stabber/vaga et le rapier/version t1 qui sert a rien , ca fait plaisir de voir mes rêves se réalisé !

Même si c'est fait un par un hybrid de la chaise et du four .


GG jolie boulot !
Citation :
Publié par Afaifizz
et le rapier/version t1 qui sert a rien
Le bellicose a tellement bonne réputation que ça fait l'appât parfait pour trouver un combat (plus encore que le cyclone qui c'est enfin démocratisé ces derniers moi)s.
Citation :
Publié par Whinette
Le bellicose a tellement bonne réputation que ça fait l'appât parfait pour trouver un combat (plus encore que le cyclone qui c'est enfin démocratisé ces derniers moi)s.
Rien de plus à ajouter, le bellicose c'est le meilleur bait qu'on puisse trouver
Merci pour ces compliments, ça fait très plaisir; je tâcherai de m'y recoller quand l'inspiration me reprendra


Citation :
Publié par Lab
Juste énorme !

Un vrai plaisir à lire, sans compter que j'adore la photo de la cabine d'un métro en tant que poste de tir Minmatar
Damned, I am grilled! J'avoue que la recherche d'images pour coller au sujet est un moment assez jouissif
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