Un truc étrange, la culpabilité

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Un truc étrange, la culpabilité.


Après un sujet sur le Bien et le Mal ( https://forums.jeuxonline.info/showthread.php?t=380977 ), essayons quelque chose d’associé à ces questions, la culpabilité. Pas au sens juridique du terme, mais en tant que sentiment :

Citation :
Publié par Larousse
Sentiment de culpabilité : sentiment d'une personne qui se juge coupable.
La culpabilité a quelque chose de fascinant, parce qu’elle fait partie des choses universellement éprouvées, au moins dans notre civilisation occidentale. Toutefois, on peut se demander si c’est utile.

La culpabilité est la base de notre système éducatif en ce qui concerne la morale. Par exemple, souvent, en éduquant un enfant qui a fait quelque chose de « mal », on lui explique que c’est mal et on s’attend à ce qu’il se sente mal d’avoir fait cela. C’est l’enseignement de la culpabilité. On peut sans doute dire que la culpabilité joue un rôle civilisateur.

Mais la culpabilité est aussi un moyen de manipulation courant, culpabiliser quelqu’un pour obtenir quelque chose de lui, même les gouvernements font cela avec la population.

Et enfin, la culpabilité semble très irrationnelle. Un enfant qui se sent coupable parce que sa mère est morte à sa naissance, quelqu’un qui se sent coupable de la mort d’un proche qui est mort de maladie ou, encore plus incompréhensible, les gens qui se sentent coupables parce qu’ils ont survécu à un attentat alors que les autres sont morts autour d’eux…

Sur une note plus personnelle, j’éprouve rarement le sentiment de culpabilité. Non que je sois amoral, mais que j’essaie de rationaliser cela, en réfléchissant à ce dont je suis responsable. Par exemple, je dis rarement « c’est ma faute », mais plus volontiers « c’est ma responsabilité », qui me semble être un moyen plus efficace de gérer mes erreurs.

Bref, j’ai souvent l’impression que la culpabilité apporte plus de négatif que de positif. Et vous, cela vous inspire quelque chose ?
La culpabilité pour moi est un refus du passé, un rejet de ce qu'on a fait.
Raison pour laquelle je ne culpabilise que rarement.

Et oui c'est purement négatif comme sentiment, mais des fois ca fait "bien" de se sentir coupable d'avoir fait quelque chose de mal.
Citation :
Publié par Olakith
Ceux qui culpabilisent sont des faibles, culpabiliser c'est : ne pas assumer intérieurement ce qu'on fait ou ce qui nous est arrivé.
Oui mais non on peut assumer quelque chose, je l'ai fait j'assume dans le sens ou j'en assume les conséquences tout en regrettant de l'avoir fait. Parceque au fond de soi on ait que ça a fait du tort a quelqu'un d'autre.

Je ne vois pas en quoi c'est un refus du passé. La culpabilité n'est pas là pour nous faire oublier le passé mais justement nous le rappelle sans cesse. On ne le refuse pas, on regrette d'avoir fait le mauvais choix, mauvaise action.

En ce qui me concerne, la culpabilité c'est plus l'expression de la morale. On se juge sois-même par rapport a cette morale qui règle notre façon de vivre.

Le vol ne cadre pas dans mes valeurs morales, si je vole je culpabiliserai. Si le vol n'en fait pas partie, je n'aurai aucun remords a voler un inconnu et donc ne culpabiliserai pas.

La culpabilité me permet de connaitre mes propres valeurs morales. Si je culpabilise c'est que intérieurement j'ai conscience que j'ai fait quelque chose de mal (dans le cadre de mes propres valeurs). Je me juge moi-même, voire me sanctionne moi-même par des actions qui peuvent être lié a ce sentiment de culpabilité.

Donc d'une certaine façon la culpabilité est nécessaire pour s'auto-gérer une fois que l'on a établi ses propres valeurs morales (le bien et le mal).

C'est ridicule de culpabiliser pour des broutilles, mais il ne faut pas non plus aller dans le sens inverse et (tenter de) ne culpabiliser de rien. Bref un juste milieu.

Guntar
Citation :
Publié par Guntar

C'est ridicule de culpabiliser pour des broutilles, mais il ne faut pas non plus aller dans le sens inverse et (tenter de) ne culpabiliser de rien. Bref un juste milieu.

Guntar
Ce qui peut être une broutille pour toi peut ne pas en être une aux yeux d'une autre personne. Encore un jugement de valeur qui est mis en cause ici.

Sinon je suis d'accord avec toi pour les grandes lignes.
Comme tu le dis, culpabiliser n'est pas du tout un refus du passé, bien au contraire : il le fait revenir sans cesse, souvent de plus en plus fort. (dans le sens de mauvais)
Tu parles d'assumer les conséquences tout en regrettant l'acte qui les a engendré (deux objets différents) ?

Hm ce n'est pas de ça dont je parle, je parle bien d'assumer l'acte.


Quant à ceux qui font des erreurs, ils sont faibles bien entendu !
Comme tu le dis, la culpabilité faisant partie de notre méthode d'enseignement, il est normal alors ressentir ce sentiment. A mon avis ce n'est pas une faiblesse, ca vient juste du vécu de la personne.
Il existe deux sens de la culpabilité : saine et camouflage.

Citation :
La culpabilité saine
Une émotion mixte



Un exemple

Impulsivement, emportée par ma colère devant le fait que mon ami m'a fait faux bond, je lui lance une série d'insultes. Mon attaque vengeresse a porté fruit: il est atterré et profondément blessé. Je suis dans tous mes états, la culpabilité m'envahit.


Qu'est-ce que c'est ?

C'est l'expérience que je vis quand je pose délibérément un geste qui est en désaccord avec mes valeurs. La culpabilité saine suppose toujours deux choses:
que j'aie dérogé à mes valeurs et standards
et que j'avais le choix de le faire.
Le fait que mon expression soit impulsive n'enlève pas le caractère libre de mon action. La colère ne m'a pas emportée. Je me suis laissée entraîner par ma colère.


À quoi ça sert ?

Ma culpabilité est un terme générique recouvrant un ensemble d'émotions. Je suis en colère contre moi d'avoir outrepassé mes principes. Je n'admets pas de blesser injustement et je viens de le faire. Je m'en veux aussi d'avoir cédé à l'impulsion. En outre, j'ai de la peine d'avoir fait mal à mon ami que j'aime. Je le regrette, car il ne mérite pas un tel traitement.

L'action que j'ai posée a créé un déséquilibre en moi. Ce déséquilibre consiste essentiellement en un désaccord avec moi. La culpabilité m'indique donc que j'ai été infidèle à moi-même dans une situation où j'avais le choix d'être fidèle à moi.

La culpabilité-camouflage
Une émotion mixte



Nous avons présenté la culpabilité saine. Nous présentons maintenant l'autre forme de culpabilité, celle qui est malsaine. La désigner par le terme "camouflage" donne immédiatement un aperçu de ce qu'elle a de malsain.

Un exemple

Ma soeur désire fortement nous accompagner, mon ami et moi, pour nos vacances annuelles. Elle vient de se séparer et je la sais fragile. J'aime beaucoup ma soeur et trouve difficile de refuser sa demande car elle sera très déçue. Par contre, je nous imposerais un gros sacrifice à mon ami et à moi en l'invitant à partager nos vacances. Je me trouve égoïste et je me sens coupable.


Qu'est-ce que c'est ?

C'est un déguisement de mon refus d'assumer mes propres désirs, sentiments ou choix. Dans l'exemple, je sais ce que je veux mais je ne le porte pas.

Pourquoi la considère-t-on comme une émotion mixte? Parce qu'elle contient plusieurs émotions dont certaines sont habilement masquées. Dans cette culpabilité on trouve généralement de la colère, de la peur et parfois de la peine. Colère contre le fait de devoir porter ce que je vis; colère contre celui que je tiens responsable d'être dans la situation de prendre une position que je trouve difficile à prendre; peur d'afficher mes priorités; peur des conséquences de mon choix; peur de montrer ma colère; peine à l'idée de décevoir...


À quoi ça sert ?

1. À éviter d'assumer mes actes

La culpabilité diminue à mes yeux ma responsabilité dans le choix que je ferai. Mon action est moins grave car je la pose "à regret". Dans l'exemple ci-haut, j'ai moins l'impression d'être égoïste si je me sens coupable. J'obtiens donc grâce à mes yeux. Dans certains cas, sous prétexte de culpabilité, je n'agis tout simplement pas.

2. À neutraliser la réaction de l'autre

Si j'avoue que je pose un geste avec culpabilité, l'autre devrait m'en tenir moins rigueur. L'aveu de ma culpabilité est donc une manière de manipuler pour diminuer les conséquences de mon geste.

La culpabilité-camouflage a remplit souvent les deux fonctions à la fois: me donner bonne conscience et contrôler la réaction de l'autre. Elle est pernicieuse parce c'est un subterfuge pour éviter de s'assumer.

Source
Citation :
De nombreux penseurs ayant réfléchi sur le sentiment de culpabilité, il fallait faire un choix ! Voici donc les théories de quelques auteurs sur ce sujet.

1. Freud

C'est à partir de deux situations cliniques, la névrose obsessionnelle et la mélancolie, que Freud s'est interrogé sur le sentiment de culpabilité.

Si pour lui, ce sentiment est le pain quotidien des psychanalystes, s'il en mesure l'importance, il n'a jamais écrit de synthèse de ses réflexions sur ce thème qu'il reconnaissait être « embrouillé ». Il s'est contenté d'en relever l'existence dans la littérature (son étude sur Dostoïevski) dans les mythes, la religion, l'art, et d'affirmer que nous sommes tous coupables et plus immoraux que nous le croyons.

Pour lui, la culpabilité n'est ni bonne ni mauvaise, c'est la source qui l'alimente qui la rend destructive ou non.

Freud trouve à ce sentiment une pluralité de sources :

Le meurtre du père primitif (voir « Totem et tabou », « Moïse et le monothéisme »). La culpabilité apparaît sous forme d'angoisse de castration. L'angoisse est ici la répétition fantasmée (puisque le père est mort) d'une angoisse suscitée par la menace réelle que le père faisait peser sur les fils quand il voulait garder toutes les femmes pour lui.

La civilisation, en ce qu'elle réprime les pulsions agressives.

La prématuration et l'état de détresse originaire, très prolongé chez l'enfant.

L'angoisse du Moi devant le Surmoi (l'autorité parentale intérieure). Il y a un double mouvement sado-masochiste : le Moi jouit de subir et le Surmoi jouit de punir.

Pour Freud, le sentiment de culpabilité est ambivalent : il peut être morbide et naître du refoulement mais aussi être sain, valable et moral, s'il est l'expression de ce Je qui est en nous un véritable pouvoir d'examen, de jugement. Il n'existe pas, pour Freud, de moyen direct de combattre la culpabilité. On peut seulement en faire progressivement un sentiment conscient.

2. Alfred Adler

Il lie la culpabilité au sentiment d'infériorité qui nous habite tous, et au désir de toute-puissance compensatoire.

3. C. G. Jung

Il parle de culpabilité de soi vis-à-vis de soi, du refus de s'accepter soi-même.

3. Jacques Lacan

Pour lui la culpabilité n'est pas forcément liée à l'Oedipe, mais au désir et à la place qu'occupe le sujet dans l'ordre du signifiant de son désir. Lacan désigne la source la plus profonde de la culpabilité lorsqu'il dit que le sujet se sent coupable toutes les fois où il en vient à « céder sur son désir ».

Lacan met l'accent sur l'impossible plus que sur l'interdit, qui n'est qu'une défense contre l'impossible, car il est plus facile de se confronter à l'interdit que de reconnaître l'impossible. En fait la culpabilité a à voir avec l'impossible et non l'interdit (alors que le péché a à voir avec l'interdit en premier).

Pour Lacan la culpabilité est l'expression du manque, le « signifiant » de la finitude.

4. Mélanie Klein (« L'amour et la haine »)
et D. W. Winnicott (« De la pédiatrie à la psychanalyse »)

Ces deux analystes nous ramènent à la relation du nourrisson avec sa mère. Cette relation est ambivalente, car l'enfant simultanément a peur de la fusion avec sa mère (alors que la vie le pousse à grandir, il craint de rester un avec sa mère) et désire aimer et être aimé de cette mère qui est la source de tous ses plaisirs. Il y a donc tout à la fois attirance vers la mère et rejet de celle-ci.

Son conflit peut s'exprimer ainsi : s'il est, il n'est plus aimé de sa mère (car indépendant d'elle), et s'il en est aimé, il n'est pas. Cela se résume à être ou être aimé. L'enfant croit qu'il y a opposition entre ces deux termes et se demande s'il peut exister en dehors de sa mère.

La culpabilité naît de ce sentiment d'ambivalence affective. S'il est bien géré par la mère et plus tard par le père, ce sentiment normal de culpabilité ne sera pas une source de problèmes à l'âge adulte. La mère devra être nourricière et en même temps sécurisante pour son enfant, qui vit mal le fait d'aimer le plaisir qu'elle lui procure et le fait qu'elle est aussi celle qui le frustre.
Par exemple, quand elle le recouche après la tétée, l'enfant, qui est allé vers cette mère source de tout bonheur, se retrouve profondément frustré de l'arrêt du plaisir. Cette frustration qui lui est imposée le rend agressif, il pleure et hurle de colère.

Et cette agressivité entraîne chez lui une culpabilité de vouloir détruire ce qu'il aime et lui procure du plaisir : cette mère, puis-je l'aimer pour ce qu'elle donne et dois-je la haïr pour ce qu'elle refuse ? Suis-je normal de ressentir envers elle deux sentiments aussi opposés, l'amour et la haine ?

Cette culpabilité inconsciente sera réactivée au moment de l'Oedipe, quand la mère sera l'objet désiré mais interdit.

Revenons au nourrisson : si la mère reste nourricière et continue à donner toujours la même qualité de soins à son bébé, celui-ci sera sécurisé par ses paroles, ses retours fréquents et bienfaisants vers lui, il verra que sa mère n'a pas été détruite par son agressivité : celle-ci n'est donc pas mauvaise, il peut l'exprimer.

L'enfant, puis l'adolescent, doit apprendre qu'il peut exister en dehors de sa mère, sans que celle-ci cesse d'exister.

Cette culpabilité qui est l'expression d'une ambivalence affective doit être considérée comme un élément normal de notre personnalité. Bien gérée par notre mère, elle va nous construire, mal gérée (c'est-à-dire si la mère ne réapparaît pas, si elle donne les soins de manière irrégulière), elle risque de nous détruire.

6. Lewis Engel et Tom Ferguson (« La culpabilité »)

Pour ces deux psychologues cliniciens réputés, c'est l'altruisme excessif et mal dirigé qui est parfois source de culpabilité.

Nous avons tous un besoin inné de venir en aide aux autres, une tendance à être Sauveteurs. Même un bébé est bouleversé quand il en voit un autre pleurer. Mû par une sorte d'empathie rudimentaire, il se met aussi à pleurer. Un enfant peut se rendre malheureux par empathie avec ses parents qu'il voit tristes. Il se sent, il se croit responsable de ce qui leur arrive (maladie, conflit). Il se croit obligé de les aider et n'y arrivant pas, il culpabilise. Il se sent coupable parce qu'il ne se sent pas capable.

Cette formule : pas capable/coupable se vérifie aussi pour les adultes dans la vie quotidienne comme en relation d'aide, et elle fonctionne aussi en sens inverse : coupable/pas capable.
Expliquons-la : quand une personne ne se sent pas capable de faire quelque chose, elle se sent coupable de son incapacité. Inversement, lorsqu'elle se sent coupable, cela la rend souvent incapable d'agir.

Par exemple : cela fait longtemps que vous auriez dû rendre visite à votre grand-tante Eugénie, mais vous n'en trouvez pas le temps, et cela vous culpabilise.

A l'inverse, vous vous sentez vaguement coupable parce que vous n'êtes pas allé à la dernière réunion pour les parents organisée par l'instituteur de votre enfant, si bien que vous ne vous sentez pas capable de croiser le regard de cet instituteur et vous évitez soigneusement de le rencontrer.

A l'âge adulte, nous nous sentons tellement responsables de ceux que nous aimons que nous culpabilisons de leurs malheurs au lieu de les aider efficacement.

Mais sommes-nous responsables des souffrances de nos proches ? Il est plus facile de nous reprocher des fautes, les incompétences des autres que de reconnaître qu'ils ont mal agi avec nous, d'admettre la réalité : leurs limites, leurs erreurs.

Nous venons de voir que pour les analystes, il existe une culpabilité morbide et une autre qui est normale, voire utile et nécessaire. C'est un sentiment archaïque, latent en nous.

Qu'en pensent les philosophes ? Si certains (nous ne citerons que Nietzsche) récusent radicalement toute notion de sentiment de culpabilité, la plupart affirment son existence.

7. Nietzsche

C'est lui qui a dénoncé le plus fortement le sentiment de culpabilité et critiqué le christianisme qui a fait le malheur de l'homme en le culpabilisant.

La source de la mauvaise conscience, c'est la notion d'un Dieu saint envers lequel on aurait une dette. Nietzche n'a pas entièrement tort ! Dans « Le péché et la peur », Jean Delumeau montre bien comment au cours des siècles l'Église a diffusé un message culpabilisant, insistant sur un Dieu inquisiteur, comptable et vengeur.

8. Spinoza

Pour lui, nous sentons et nous éprouvons que nous sommes éternels, mais c'est dans le sentiment de culpabilité d'abord que nous le sentons et l'éprouvons. C'est ce sentiment qui provoque la prise en charge de soi par soi (la responsabilité).

9. Sören Kierkegaard

Ce philosophe chrétien estime que la culpabilité est communication, communion, qu'elle est le fondement de toute vie sociale. « Jésus a tellement aimé les hommes qu'il a épousé leurs péchés », dit-il.

Pour lui l'idée-force du christianisme est la rémission des péchés. Exister, c'est exister « devant Dieu », c'est prendre conscience du péché. C'est en se sentant coupable qu'il se place devant Dieu. L'humanité est donc une société de pécheurs pardonnés.

10. Henri Bergson

Pour ce penseur spiritualiste, la liberté est l'accord d'une conscience avec ses actes, et la culpabilité le rapport des actes à la conscience. Le souvenir de la faute est ce qu'il y a de plus ancien dans l'humanité.

11. Martin Buber

Cet auteur évoque, à côté d'une culpabilité névrotique, une culpabilité authentique qui porte toujours sur la violation d'une relation interpersonnelle, qui constitue une blessure du rapport Moi-Toi. C'est donc une culpabilité à l'égard d'autrui.

12. Jean Guitton

Le penseur catholique parle de la culpabilité de l'inachevé en nous, du relatif, du non-épanouissement, voire de la trahison de soi, de ses convictions, de sa vocation : par exemple, un père qui n'a pas été le père qu'il aurait voulu être (ou une mère, une épouse, un mari).

Tout acte peut donc être culpabilisant, parce qu'aucun acte n'est parfait. Jean Guitton pense que pour Dieu, c'est au contraire la marche, le chemin parcouru, l'acte accompli, qui comptent avant tout, et non la culpabilité de l'inachevé dans nos actes.

Effectivement certains ont du mal à accepter la finitude de leur nature humaine, qui les culpabilise face à un Dieu infini et parfait. Ils se croient coupables de ne pas être comme Dieu, de ne pas être des dieux. Alors que cette prétention est précisément la tentation du serpent en Genèse 3.5 : « Vous serez comme des dieux. »

Pour certains même, c'est un désir de toute-puissance qui les culpabilise parce que c'est toujours plus difficile d'accepter la réalité de leur finitude que l'imaginaire de leur toute-puissance. Dieu avait précisément posé un interdit (= ce qui est dit entre Dieu et l'homme) pour empêcher la confusion et la fusion et éviter à l'homme de chercher à devenir Dieu.

13. Paul Ricoeur

Ce philosophe protestant, auteur de « Finitude et culpabilité », distingue la culpabilité réelle et la culpabilité irréelle et essaie de comprendre comment il y a quelque chose en nous (le péché originel) qui toujours précède la défaillance individuelle.

Réfléchir sur ce thème nous a passionnés, nous espérons que vous avez eu du plaisir à nous lire !

Jacques et Claire Poujol

Source
J'ai choisi ces citations pour montrer l'avis des personnes qui sont je pense le mieux placer pour y répondre. Pour moi la culpabilité est un état de colère que l'on rejette sur une autre personne.
Citation :
Publié par Wulfram de Lock
Ce qui peut être une broutille pour toi peut ne pas en être une aux yeux d'une autre personne. Encore un jugement de valeur qui est mis en cause ici.

Sinon je suis d'accord avec toi pour les grandes lignes.
Comme tu le dis, culpabiliser n'est pas du tout un refus du passé, bien au contraire : il le fait revenir sans cesse, souvent de plus en plus fort. (dans le sens de mauvais)
Je disais ça dans le sens ou justement on a fixé ses propres valeurs.
En effet, arriver en retard a un rendez-vous peut être pour certains une broutille, et pour d'autres sans pour autant culpabiliser peut être source d'angoisses inexplicables qui fait qu'ils arriveront toujours avec au moins 20minutes voire une heure d'avance.

@Olakith: On peut assumer un choix/action parcequ'on est responsable mais le regretter parceque le choix n'a pas été particulièrement judicieux.

Exemple: je couche avec A alors que je suis sensé être avec B.
B n'en sait rien mais je culpabilise parceque j'ai trahi la confiance qu'elle avait en moi (fidelité tout ça), je culpabilise parceque je sais que si je ne le lui dis pas je trahis encore plus sa confiance puisque je n'avoue pas mon méfait (au point de vue de ma morale).
Le jour ou B l'apprends (par moi ou une autre façon), j'assume dans le sens ou quand j'ai couché avec A je n'avais pas un couteau sous la gorge et que j'ai fait ce choix là (ptet sans penser aux conséquences), mais je culpabilise pour tout le mal qu'elle va souffrir, voire notre couple rompre alors que je l'aime.

Donc c'est un parfait exemple de je culpabilise mais j'assume.

Bon je lis le pavé de Maos et je reviens.
edit: après avoir lu je dirais que la culpabilité saine chez moi souvent et la culpabilité camouflage très rarement.

@Maos, pour completer ce que tu dis je dirais que l'on rejette la colere sur soi-même dans le cas d'une culpabilité saine.

Guntar
Ca sert surtout de coup de pied au cul pour apprendre de ses erreurs.

Tu fait une connerie, soit volontairement soit par insouciance ou par manque de contrôle. Tu culpabilise. Ensuite quand tu est remit devant un situation similaire, tu est porter à agir différamment pour évité de te sentir mal encore une foi.
c'est un sale machin qui essaye d'etre envhaissant et qu'il convient d'éradiquer au plus vite.

Quand je fais quelque chose, j'essaye de le faire au mieux, il m'arrive de faire des erreurs, mais m'en vouloir en plus n'a aucun interet.
Les rares fois ou une pointe de culpabilité essaye de montrer le bout de son nez, je tape tres fort dessus pour lui faire fixer le camp. Je veux pouvoir faire ce que je veux, et il est hors de question que ce genre de truc idiot essaye d'etre dans le chemin.
Citation :
Publié par Ssiena
c'est un sale machin qui essaye d'etre envhaissant et qu'il convient d'éradiquer au plus vite.

Quand je fais quelque chose, j'essaye de le faire au mieux, il m'arrive de faire des erreurs, mais m'en vouloir en plus n'a aucun interet.
Les rares fois ou une pointe de culpabilité essaye de montrer le bout de son nez, je tape tres fort dessus pour lui faire fixer le camp. Je veux pouvoir faire ce que je veux, et il est hors de question que ce genre de truc idiot essaye d'etre dans le chemin.
Il faudrait que tu parles a ma femme, elle culpabilise tout le temps et de tout!
Que ce soit la pluie ou le retard du train ou qu'elle parte en vacances
Elle sait qu'elle ne devrait pas mais ne peut pas s'en empêcher.

J'exagère un peu mais pas tant que ça.
Citation :
Publié par Olakith
Ceux qui culpabilisent sont des faibles, culpabiliser c'est : ne pas assumer intérieurement ce qu'on fait ou ce qui nous est arrivé.
La culpabilité n'est que qu'une des conséquences de nos actions par rapport à des valeurs morales, valeurs qui peuvent être différentes selon les personnes et surtout les cultures. La culpabilité peut être issue d'un acte positif ou d'un acte négatif. Pour autant culpabiliser n'est pas être "faible" mais plutôt pouvoir ressentir une émotion cruciale pour le jugement humain.
La culpabilité est la marque de ce qui fait de nous des hommes au sens noble du terme.

C'est un dérivé direct de nos capacité d'emphase. On ne se sentira jamais coupable d'avoir cassé un caillou tout moche perdu dans une montagne des cévennes. On se sentira coupable d'avoir brisé la pointe de Notre dame. On ne se sentira guère coupable d'avoir d'avoir écrasé une mouche contre notre pare brise sur l'autoroute. Si c'est un enfant qui passe, on se sent coupable.

Pourquoi?

Parce-que l'on se "met à la place d'autrui". C'est cela la capacité d'emphase, de compassion; la dernière et sublime évolution de nos capacité mentales. On resent ce que l'autre peu resentir; certes à travers un filtre de subjectivité (ce qui nous pousse à ne pas nous inquiété de la mort de la mouche. pourtant, elle, ça l'ennui de mourir). Dans le cas de la sculpture, on ressent la tristesse que les autres auront de ne plus la voire; dans le cas de l'enfant, à la foi sa mort, et le vide qu'il crée en mourant chez ses proches.

Je suis fier de me sentir coupable quand j'ais fait mal. Parce-que je sais comme ça que je suis humain. Que je suis capable d'aimer, que je suis capable de ressentir le bonheur d'autrui, amplifiant ainsi le mien.

On ne peu pas etre heureux réellement sans notre capacité d'emphase. Le pris à payer est la culpabilité.



La crainte de la colère en est aussi une manifestation. Mais nous ne savons que les autres peuvent etre en colère que parce-que nous pouvons imaginer ce qu'ils ressentent.
Citation :
Publié par Maos
Il existe deux sens de la culpabilité : saine et camouflage.
J'aime bien la définition de la culpabilité saine. En particulier le fait que cela regroupe un ensemble de choses, et la notion de choix.

Mais je ne suis pas convaincu par la division en deux catégories. Si quelqu'un appuie sur le bouton de la lumière sans savoir qu'il y a une fuite de gaz, qu'il provoque une explosion, qu'il s'en sort alors qu'il y a 20 morts dans l'immeuble, Il peut se sentir coupable. Cette culpabilité n'est ni saine ni un camouflage, je pense.

Citation :
6. Lewis Engel et Tom Ferguson (« La culpabilité »)

Pour ces deux psychologues cliniciens réputés, c'est l'altruisme excessif et mal dirigé qui est parfois source de culpabilité.

Nous avons tous un besoin inné de venir en aide aux autres, une tendance à être Sauveteurs. Même un bébé est bouleversé quand il en voit un autre pleurer. Mû par une sorte d'empathie rudimentaire, il se met aussi à pleurer. Un enfant peut se rendre malheureux par empathie avec ses parents qu'il voit tristes. Il se sent, il se croit responsable de ce qui leur arrive (maladie, conflit). Il se croit obligé de les aider et n'y arrivant pas, il culpabilise. Il se sent coupable parce qu'il ne se sent pas capable.
J'ai souvent vu cela, des gens se sentir coupables comme s'ils étaient responsables pour les autres. Je n'avais jamais relié cela à l'empathie, c'est intéressant. Merci pour ces citations.


Citation :
Publié par Guntar
@Olakith: On peut assumer un choix/action parcequ'on est responsable mais le regretter parceque le choix n'a pas été particulièrement judicieux.
J'ai l'impression que tu parles d'une erreur que l'on a fait. J'ai l'impression que si on fait quelque chose de bonne foi, on a pas à se sentir coupable.

Citation :
Publié par Syr
On ne peu pas etre heureux réellement sans notre capacité d'emphase. Le pris à payer est la culpabilité.
Hum j'ai été pris d'un doute sur le sens du mot emphase, j'ai vérifié dans le dico, je pense que tu voulais parler d'empathie, non ?
La culpabilité tire ses racines de la moralité. Il faudrait un débat où on se mette d'accord sur la notion de moralité avant d'aller plus loin.

Malheureusement, le débat sur la moralité dure depuis un bail, et est loin d'être terminé.

Comment ça, j'ai rien apporté au sujet?
Sujet intéressant ... Me contente de donner mon point de vue par rapport à la culpabilité. La culpabilité me fait chier. Je vois trop souvent des gens constater un pb et dire "Rhaa c'est de ma/not' faute on aurait pas dû blablabla ou alors c'est parce que j'ai/on a blablabla". Je dis "keskon en a à fout'" Et pendant ce temps là le pb est toujours là, ils ont rien fait. Mais ils se sont sûrement soulagés ...
Citation :
Publié par Reis Tahlen
La culpabilité tire ses racines de la moralité. Il faudrait un débat où on se mette d'accord sur la notion de moralité avant d'aller plus loin.
Je ne pense pas. Les raisons (la moralité personnelle) peuvent être différentes, comme le dit Guntar, mais le résultat, la culpabilité, peut être le même.

Citation :
Publié par mobidique
La culpabilité me fait chier. Je vois trop souvent des gens constater un pb et dire "Rhaa c'est de ma/not' faute on aurait pas dû blablabla ou alors c'est parce que j'ai/on a blablabla". Je dis "keskon en a à fout'" Et pendant ce temps là le pb est toujours là, ils ont rien fait. Mais ils se sont sûrement soulagés ...
La culpabilité malsaine, selon une citation plus haut. Je n'avais pas envisagé la culpabilité comme excuse pour ne pas agir, avant de créer ce fil, mais cela me semble plausible et une raison de plus pour ne pas trouver la culpabilité positive...
Citation :
Publié par Soir
Je n'avais pas envisagé la culpabilité comme excuse pour ne pas agir
Je ne pensais pas à une excuse pour ne pas agir, mais plutôt une focalisation sur le pb de responsabilité et donc de culpabilité qui entraîne un décalage dans l'action ou une absence d'action. Sinon, une fois de plus, NietzafmlkjCHE président !
Culpabiliser peut servir à soi même, mais pas aux autres.
Plus clairement, culpabiliser peut servir de leçon ou d'effet "prise de conscience"pour ne pas commettre plusieurs fois une erreur, mais anticiper et prévenir c'est encore mieux ^^
Malheureusement on en passe souvent par là pour comprendre certaines choses :/
Autant je peux concevoir le point de vue de Mobidique, voire même y adhérer, j'avoue que de voir ceci écris, sans ajouter à côté que se débarrasser de la culpabilité devrait en théorie obliger à faire plus de prospective et d'empathie, ca me laisse un peu coît
seules les personnes qui culpabilises, doutes et se remettent en cause arrivent à quelque chose dans la vie... Les prétentieux, arrogants qui ne culpabilisent pas se font généralement rejeter au bout d'un certains temps.
Être agacé par la culpabilité chez les autres ne signifie pas pour autant être débarrassé du sentiment de culpabilité. Mais la responsabilité me pèse plus que la culpabilité. Responsable mais pas coupable quoi . Un "j'ai fait" s'assume bien mieux qu'un "j'aurais dû", selon moi. Sans parler d'empathie, je suis sensible aux sentiments de l'autre, j'y fais attention, j'essaie de ne pas blesser dans un cadre général de tentative d'être le moins mauvais possible à défaut d'être le meilleur.
Errare humanum est, sed persevare diabolicum est, seul Dieu ne commet jamais d'erreurs, prétendre ne pas commettre d'erreur c'est une ambition divine. On peut tirer des enseignements des erreurs sans culpabiliser. Il n'y a que les erreurs qui font progresser bien que le fait de faire beaucoup d'erreur ne signifie pas pour autant que l'on progresse beaucoup puisqu'il faut passer par la case "Ben pourquoi ? " alors que la case "C'est ma faute c'est ma grande faute" ne fait pas progresser ... Et en plus fait perdre du temps.

La poutre> tu mélanges tout. Le sentiment de culpabilité, le doute, la remise en question, les prétentieux, les arrogants. Tout cela n'est pas lié.
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