I - Cybele - Sous la pâle clarté des torchères ...

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* La jeune Satyre essayait de se rapprocher un peu du feu pour réchauffer ses muscles transit. Remontant ses genoux sous son menton et enroulant ses bras autour de ses pattes elle frissonna. Les yeux fixés sur l'envoûtante danse des flammes elle hésitait a conter ainsi sa vie.
Mais après tout ! qu'avait vraiment été sa vie jusqu'alors ? pas grand chose somme toute.
Elle prit une profonde inspiration et, la voix basse, presque dans un murmure, commença son histoire *


Je n'ai pas de souvenirs de ma naissance et peu de choses me restent de mon enfance.
En fait il ne me reste que les mines et les histoires de maman.
Un jour alors que nous blottissions prêt du feu, comme ce soir, les yeux brillants de larmes qu'elle voulait cacher, elle m'a dit ceci :
" Tu sais pourquoi je t'appelle "mon Petit Soleil ou ma Petite Lune" ?
Simplement parce que beaucoup d'enfant voit le soleil ou la lune la première fois ou il ouvre les yeux et que toi, ma chérie, tu n'as encore jamais rien vu d'autre que la faible lumière de ces torchères qui nous éclairent nuit et jour ... Et pourtant, maintenant que je t'ai et quand je te regarde j'ai l'impression de revoir un rayon de soleil tout chaud ou un rayon de lune si doux ... Mais je te promet ma chérie, un jour tu pourras courir les plaines sous le soleil et danser sous les rayons de lune. comme nous la faisions autrefois. "

Je crois que j'avais du me contenter de lui sourire et de la prendre dans mes bras.
Elle m'a toujours dit que je n'avais pas pleurer à ma naissance, pas comme mes soeurs qui avaient braillées comme de petits cochons, mais que j'avais juste sourit. Un bébé ne sourit pas. J'avais juste sourit m'assurait-elle, je l'avais juste regardé et sourit.

* La jeune satyre s'interrompt a nouveau essayant discrètement de sécher une larme qui creuse un sillon brillant sur sa joue *

Que voulez vous que je vous raconte ? Je ne sais rien de notre histoire. Rien d'autre je vous l'ai dit que ce que m'en a dit maman.
Notre village était un hameau de baladins, d'après ce que j'ai compris, des danseurs, des ménestrels, des joueurs de flûtes et quelques artisans. Il n'a pas résisté bien longtemps quand les hordes infâmes l'ont envahit. La plupart furent tués, enfin je suppose, femmes, enfants, anciens ... Les corrompus ne gardèrent que les males, les jeunes hommes comme mon père, capable de travailler dans les mines et de porter de lourdes charges.
Quelques femmes seulement furent emmener, dont ma maman. Elle était enceinte de Sayabèle alors, ma plus grande soeur. Tylbèle et moi nous sommes nées dans la mine.

* Cybèle semble perdue dans ses pensées. Malgré la tristesse de ces souvenirs un mince sourire ne quitte pas son visage, un mince sourire que vient parfois éclairer, dans un crépitement, une flamme plus haute que les autres. *

Oh ! vous ais-je parler de Pan ?
Pan ... Pas le dieu hein ! noon ... Mon frère de peine, mon gentil pousseur de chariot !
Les corrompus ne descendaient que rarement dans les mines ainsi s'étaient reformés de petites communautés. Des enfants comme nous y étions nés et comme nos pairs nous travaillions a soulager nos parents de leur labeur.
Les pioches sont lourdes pour de petites mains alors, a deux, trois, quatre parfois nous poussions les wagonnets de minerais corrompus.
Pan était fort ! il ne devait pas être beaucoup plus vieux que moi mais il avait déjà la force d'un Satyr adulte ! si ! si ! je vous assure !
Nous poussions un wagonnet tous les deux. Enfin ... souvent c'est lui qui poussait et moi je dormais dedans ou je l'accompagnais a la flûte ...
Oh oui ... * cette fois ci un plus large sourire vient lui manger le visage. Elle relève la tête et de ses mains se met a mimer les gestes milles fois répétés de ses doigts sur la flûte traversière de roseaux tout en laissant aller son buste a onduler sur une musique invisible *

Pan était un merveilleux joueur de flûte ! C'est lui qui m'a appris à en jouer ! c'est même lui qui avait réussis à négocier avec un des herboristes, les seuls a avoir le droit de sortir en surface pour y cueillir des herbes médicinales, qu'il lui ramène un jonc. C'est lui qui m'avait taillé ma flûte, l'avait creusée avec dextérité, l'avait travaillée pour lui donner un son pur. Et c'est encore lui qui m'avait appris à en jouer ... oui.
Malheureusement quand les guerriers d'Istaria nous ont libérés, dans ma fuite je crois bien que je l'ai perdue. Ma si jolie flûte ... La flûte de Pan ...

* La jeune satyre se retourne doucement vers vous, deux grosses larmes qu'elle n'essaye même pas de sécher viennent à nouveau creuser son visage. Sa voix chevrote un peu et pourtant elle garde, ou essaye de garder ce sourire qui ne la quitte jamais. Etrange mélange que peux faire un sourire et des larmes. *
Pan est mort vous savez. La corde de halage d'un wagonnet a lâchée. Le wagonnet était presque en haut alors. Pan riait et dansait au son de ma flûte et puis il y a eu ce crissement strident. Ma flûte le couvrait presque tellement je jouait fort. Pan n'a même pas crié quand le wagonnet l'a heurté a pleine vitesse. Non, il n'a rien dit. Il y a eu juste ce crissement puis ce bruit de choc sourd. Et puis plus rien. Il était la allongé, seul ses épaules et sa tête dépassaient de sous le chariot de métal renversé. Il m'a regardé avec ses yeux tendres, il m'a sourit et il m'a dit : " joue ma Cybèle ! joue moi encore un air ! Fait moi danser et rire ... " et j'ai joué ... Je n'avais plus de souffle. Mes yeux n'étaient plus que des torrents. Déjà les autres s'amassaient autour en poussant de longs gémissements. Mais j'ai joué. J'ai couvert leurs pleurs, leur cris et leurs lamentation. Et Pan a fermé les yeux. En souriant.

* Les souvenirs remontant en vagues lourdes, ces souvenirs refaisant douloureusement surface la jeune Satyre ne peux contenir un flot de larmes. Des hoquets viennent entrecouper des mots qui se forment a gros bouillons dans sa gorge mais qui ne sortent plus qu'en hoquets étouffés. D'un bond elle se lève. S'élance au dessus des flammes qui viennent un instant roussir le pelage de ses pattes. Un simple mot émerge enfin avant qu'elle ne disparaisse dans les taillis qu'enveloppe la nuit ... *

Pardon ...
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