Je dois bien pouvoir en retrouver
Et je risque de vous étonner,
Une petite nouvel peu inspiré,
Nul ne peux me le reprocher,
Etant donné que j'avais douze ans
Serez vous un peu indulgent ?
S'il vous plaît beaucoup tant mieux,
Et même s'il vous fait rire un peu...
La pluie s’est arrêtée exactement comme elle avait commencée, d’un seul coup, sans prévenir, surprenant tout le monde. Théo jeta un rapide coup d’œil vers l’abri qu’avait choisi la jeune fille, il fut rassuré en constatant qu’elle n’avait pas bougé d’un cil. Elle paraissait surprise par le brusque arrêt de la pluie et semblait indécise, elle fit trois pas hors de l’abri que lui prodiguait le porche d’une vieille maison grise et leva les yeux vers le ciel. Théo, lui, n’avait pu s’abriter et était trempé jusqu’à l’os, mais il n’en avait cure, il savait que personne ne ferait attention à lui, même dans cet état. Il ne pouvait détacher son regard de la jeune fille et il repensa au moment ou, à peine une heure avant, il l’avait rencontré.
Il venait de descendre du bus, son sac sur l’épaule, son grand manteau noir à la main, la chaleur était torride et il sentait, sous son tee-shirt noir une goutte couler le long de son dos moite. D’un pas décidé il s’était éloigné rapidement de la gare routière, bien décidé à trouver rapidement de quoi étancher la soif qui le taraudait depuis un moment. Avisant un bar louche il entra dans le bouge sombre et enfumée sans plus d’hésitation. En entrant il prit bien soin de déployer tout autour de lui ses grandes ailes noires afin de ne pas se faire remarquer, il appelait cela son « manteau d’ombre ». Immédiatement les gens qui s’étaient tu à son entrée reprirent leurs conversations, pour eux il n’existait plus.
Sitôt son manteau d’ombre ajusté sa vue se transforma et le monde alentour devînt légèrement flou, grâce à lui il voyait maintenant les ailes et les âmes des gens. Il jeta un coup d’œil à la ronde, examinant les rares clients du bar et ne fût pas étonné en n’y trouvant que des bougres patibulaires, aux ailes grises et à l’âme terne, des humains parmi tant d’autres, toujours les mêmes.
Il allait se diriger vers le bar pour commander de quoi étancher sa soif lorsque les bruits d’une dispute venant des toilettes l’arrêta. La porte des toilettes s’ouvrit à la volée, laissant passer un homme dont les ailes grisâtres s’étaient instinctivement placées en position de défense et dont l’âme aussi terne que celles des autres était en position d’attaque, envoyant derrière lui des rafales d’énergie négative. Et soudain elle était apparue, suivant de prés ce qui semblait être son compagnon. Il étouffa un hoquet de surprise en la voyant, ses ailes, elles aussi en position de défense étaient d’un blanc pur et si fine qu’elles en étaient transparente, n’apportant qu’une maigre protection contre l’énergie négative envoyées par l’homme, si bien que son âme qui brûlait d’un feu orange en était réduite à la flamme d’une bougie, et sa lumière oscillait dangereusement sous les coups de boutoirs assénés par l’âme de l’homme, menaçant à tout moment de s’éteindre. Fasciné Théo en oublia immédiatement la soif qui le tiraillait depuis des heures, incapable de détacher son regard de la jeune fille. Soudain elle fondit en larme et se précipita vers la sortie, passant à côté de Théo en courant, ses ailes diaphanes enroulées autour d’elle entaillèrent sans efforts les ailes noires qui servait à protéger Théo, menaçant de le révéler au grand jour sous une forme qui en aurait surpris plus d’un. Rapidement Théo se reprit et entreprit de refaire les morceaux manquants. Fort heureusement tout les regards étaient focalisé sur la jeune fille et elle même était bien trop occupé à pleurer pour remarquer quoi que ce soit. Dés que les ailes de Théo eurent reprises leurs aspects normal il décida d’emboîter le pas à la jeune fille.
Voici donc comment Théo s’était retrouvé trempé et obligé d’attendre sous la pluie car il ne pouvait approcher la jeune fille de peur de voir son manteau d’ombre être réduit en lambeau par les ailes blanches de la jeune fille et d’être ainsi remarqué.
Mais voici que sa proie repartait, et d’un pas décidé en plus, ni une ni deux il lui emboîta le pas ébrouant sa longue chevelure de jais pour en chasser une partie de l’eau qui s’y était accumulée. Ils marchèrent ainsi durant environ vingt minutes. Théo pu constater, durant ce temps, que si l’âme de la fille s’était un peu stabilisée elle n’en restait pas moins faible et chancelante. De même, si la fille avait arrêtée de pleurer et séchée ses larmes elle n’en continuait pas moins de frissonner un petit peu de temps en temps.
Enfin la jeune fille sembla arriver à destination car elle s’arrêta brusquement devant une énorme porte de bois claire et plongea la main dans son sac à main. Théo se permit alors de se rapprocher un peu d’elle afin de mieux observer, les événements semblait se précipiter et il ne voulait pas louper ce qu’il savait être sa seule occasion. Il n’avait pas le droit à l’erreur, aussi, tout ses sens à l’affût il se planta, dos au mur, en face de la jeune fille qui lui tournait le dos et redoubla d’attention, examinant partout autour de lui afin qu’aucun détail ne puisse lui échapper. Farfouillant fébrilement dans son minuscule sac à main la jeune fille réussi finalement, après de difficiles recherches, à extirper un énorme trousseau de clef et entreprit d’ouvrir la porte. C’était le moment qu’attendait Théo, par chance il n’y avait personne dans la rue, la crainte du retour de la pluie avait sans doute calmé l’ardeur des plus braves et la première voiture qui arrivait était encore loin. Il s’élança sans hésiter et traversa la rue comme une flèche. Il arriva sur la jeune fille au moment au celle-ci entrebâillait à peine la porte et, sans s’arrêter il la décolla du sol, percuta la porte qui s’ouvrit à la volée dans un grand fracas et pénétra dans l’obscurité du hall de marbre comme une fusée, la fille sous un bras.
Le cœur de Théo battait la chamade, il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps, déjà les fines ailes blanches commençaient à déchiqueter ses grandes ailes noires et bientôt il n’aurait plus aucune protection. Il ferma la porte du pied et, dans un même mouvement, plaqua la jeune fille contre un mur tout en se débarrassant de son sac. Celle-ci, certainement encore sous le choc de la surprise provoquer par cette brusque envolée dans des bras inconnus, n’avait pas émit le moindre son et restait la bouche ouverte, plaqué par une main douce mais ferme contre le mur, main qui était la seule chose qui l’empêchait de s’affaler de tout son long sur le sol. Le manteau d’ombre de Théo partait en lambeau, il plaqua donc immédiatement sa bouche contre celle de la jeune fille, puis, après quelques secondes d’un long baiser se recula légèrement et regarda la jeune fille dans les yeux.
Tout d’abord il ne pu lire que de l’effroi dans les grands yeux clairs de la jeune fille, mais, alors que celles-ci se préparait à pousser un long hurlement il vit avec satisfaction la jeune fille arrondir les yeux de surprise et son cri s’étrangler dans sa gorge. Le baiser avait fait son œuvre, maintenant, ce que la jeune fille voyait c’était les ailes noires déchiquetées de Théo ainsi que ses propres ailes en position de défenses, mais surtout, maintenant elle pouvait apercevoir, derrière les morceaux d’ailes qui tombaient de plus en plus vite sous le tranchant de ses propres ailes, l’immense feu brûlant qui composait l’âme de Théo. C’était une impressionnante colonne de feu d’un blanc presque pur, de prés d’un mètre de diamètre, qui partait de ses pieds et dont les flammes du haut léchaient le plafond, haut pourtant de trois mètres. A l’intérieur Théo disparaissait presque complètement.
Avant que la jeune fille ne puisse reprendre ses esprits Théo profita de sa confusion pour venir se coller contre elle, et l’envelopper entièrement dans le feu brûlant de son âme. Il connaissait déjà les effets d’une fusion, mais même préparé il lui était impossible de ne pas succombé à l’extase qu’elle procurait. Cependant, lui restait conscient, ce qui, il s’en aperçu en la regardant, n’était pas le cas de la jeune fille qui restait sans bouger, un sourire béat sur la bouche, les yeux vitreux, une larme coulant lentement le long de sa joue gauche. Il ressentit alors la sensation de puissance que la fusion apportait toujours à celui qui la provoquait, mais il savait ce qu’il adviendrait si il la laissait s’emparer de lui, aussi, dans un effort presque surhumain se força-t-il à enfin reculer de quelques pas pour s’arracher à la fusion. La fille s’écroula par terre alors que lui même fût obligé de mettre un genou à terre pour compenser le choc en retour qu’il avait subi lors de la séparation.
La fusion n’avait même pas durée dix secondes mais elle le laissait pantelant et en sueur. Lentement il entreprit de se relever, il régénéra rapidement ses ailes et s’enroula dans leurs confortables sécurités puis il examina longuement la jeune fille, un sourire satisfait naquit sur son visage caché par ses ailes alors qu’il voyait les ailes de la jeune fille virées progressivement au gris et prendre de l’épaisseur, masquant petit à petit la grande flamme orange, semblable à une torche dans la nuit, de son âme. Il se dirigea lentement vers la sortie, ramassant son sac au passage et ouvrit la porte. Sous l’effet de la lumière du jour la jeune fille sembla reprendre connaissance et tourna un visage blanc mais souriant vers Théo et murmura dans un souffle : « Je ne connaît même pas votre nom. », Théo la regarda gravement et répondit : « Je m’appel Théo, Théo Preme, adieu. » et il sorti en refermant la porte derrière lui. Il rajusta son sac et reparti d’un pas tranquille à la recherche d’un bar, il se rendit compte qu’il avait encore soif…