[Broc] Une femme brisée

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Deux jours, pendant les deux jours que dure le voyage, Kazan le messager, me conte comment les vikings ont attaqués un beau matin. Deux jours pendant lesquels il me décrit avec un souci du détail presque malsain, les attaques, les supplices et les morts des gens du château et de ma famille. Deux jours pendant lesquels je m’imprègne déjà de haine, de douleur et de violence. La première nuit, cette première nuit, ce fut ma première nuit blanche, je la passe allongée sur le pont. On pourrait croire que je contemple le ciel si clair, que je fixe mon regard dans les étoiles pour y trouver paix et sérénité, mais déjà des images assaillent mon esprit, envahissent mon subconscient, déjà l’horreur future semble se révéler à moi. La vision des milliers d’étoiles si belles est déjà masquée par des images de mort. Et je ne sais même pas pourquoi, mais je sens monter en moi une peur indicible, irrésistible, pénétrante, qui me tenaille l’esprit.

Enfin, au matin des deux jours, le bateau arrive à quai. Inutile d’être voyante ou grande guerrière pour ce rendre compte que les combats qui eurent lieu ici, furent certainement aussi cruels que violents, par ici des femmes empalés et éventrés, par là des hommes crucifiés ou écartelés, des enfants étendus là, inertes, la vie ayant quitter leurs corps meurtris et torturés.
Une vision que même la nature, mère porteuse des tous ces gens ne peut supporter. Aucun arbre, aucune fleur, rien, plus rien de vivant ne jouxte la plaine et le village. Comme si la vie elle-même, humaine et naturelle, avait fuit ce lieu devenu maudit.

Tout ce que je vois le long de la route qui mène au château n’est que cadavres et désolation, mort et sang. Apres les deux jours de récits de Kazan, je m’attendais à l’horreur mais …. Ça, je n’aurait même pas osée le rêver, même dans mes plus horribles cauchemars. Tout autour de moi la vie semble avoir disparue, effacée par la terreur et la soif de sang des hordes sauvages. Qu’allais bien pouvoir faire une femme comme moi. J’avais été incapable en mon temps de défendre le fort de Kwartz, et même si ces batailles me conféraient une expérience appréciable, la tache me semblait ….. Immense. Je me sentais soudain comme un brin d’herbe perdu dans la vallée, comme une goutte d’eau qui se débat dans l’océan, comme une humaine bien frêle face à rien moins que la mort immonde et inexorable.

Tout le temps que la carriole nous mène au château, Kazan m’observe, me jauge, il espionne presque chacune de mes réactions, chacun de mes frissons de peur et d’angoisse. Une fois rendue, celui-ci eu heureusement bien autre chose à faire que de me regarder. A mon grand soulagement, sa famille vint l’accueillir, et plus rien ne compta à ses yeux en cet instant. Un bref instant, une faille microscopique dans cet infini persistance de désespoir immense. Un fraction de vie des hommes pendant laquelle je me senti le droit de pleurer, seul cachée dans une grange isolée. Mais bien vite l’incroyable réalité me rattrape et m’étreint, comme broyée dans un étau de forgeron.

Il est inutile de décrire ce que fut ma vie pendant les deux semaines qui suivirent. Inutile et bien futile, espoir et crainte, peur et angoisse, pour finir enfin, couchée sur le sol après avoir pris de plein fouet un projectile d’une petite catapulte. Immobile, figée par cette horreur que depuis deux semaines je me cachais, plongée dans le combat sans aucune retenue, tuant, glaçant, brisant autant d’ennemis que mon esprit et mon pouvoir magique me permettais d’en tuer. Je ne m’aperçu même pas que mes mains devenaient blanches et froides comme la glace. A cet instant précis, c’est tout mon corps qui était envahi par le froid, le vide. Je sombre dans le noir, seule protection contre cet état de fait inacceptable pour mon esprit encore embué.

<< Prenez bien soin d’elle ou Lugh le seigneur de la forêt vous tuera >>
<< Adieu dame Sydoine, que la magie de Merlin vous garde, je vais retrouver les miens, là haut >>


Je suis étendue sur un plancher de bois humide. L’homme qui vient de crier des mots me regarde, une sensation étrange dans le regard, un adieu silencieux, un sacrifice. Je le reconnaît c’est …. Le sol bouge et semble se dérober sous moi, je perds de nouveau la perception et les sens. Deux jours de coma, de repos s’il en est, et me voila rendue sur une plage. Une plage familière, je mets un long moment à me rappeler, Humberton, je suis sur les rives de pêche de Humberton. L’homme de la barque me regarde en s’éloignant.

<< Je vous plains dame … >>

Comme si il savait déjà, comme si … il savait mon avenir.

Ainsi me revoilà sur les terres de Camelot, allons retrouver ceux qui ont dus oublier mon nom.




Historique
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Une lueur dans le noir
La douce chaleur du soleil me procure un peu de bien être. Je me sent comme … revivre. Avec une lenteur délicieuse, cette chaleur s’insinue en moi, pénètre chaque fibre de mon corps douloureux, m’envahie totalement, me procurant presque un plaisir inavouable. Je reste là presque deux heures, ne sachant si je devais juste attendre la fin, ou bien me lever et chercher les miens, ceux que j’appelle ma famille, les Chasseurs et les Hermines. Sans doute que les esprits de la nature sont intervenus pour que je survive, ho je sais, c’est prétentieux de ma part que de croire telle chose mais, si réconfortant, et puis après tout, possible puisque ma vie entière leur est destinée. Alors qui suis je pour décider ainsi que j’ai le droit de me laisser mourir. Non, je dois me reprendre, et leur prouver que ma dévotion n’est pas feinte.

Mes forces ne sont pas ce que j’aurait cru, il m’est bien plus difficile que je ne le pensait de me remettre debout. Malgré tout je fini par y parvenir. C’est chancelante que je me dirige vers Camelot, prenant soin d’éviter les Gobelins pêcheurs, non pas que je les craignes non, mais vu ma forme actuelle, ils auraient tôt fait de me renvoyer vers ma pierre de destinée. Il me faut Trois heures pleines pour rejoindre Humberton, le pas est lent et mal assuré. Je titube encore à chaque pas, et chacun d’eux me procure une vive douleur à travers tout le corps. Pourtant au bout de ces trois heures je me sent mieux, brisée, usée, mais je reprend espoir, un espoir bien futile de vivre de nouveau comme avant, mais un espoir qui me fait avancer. Chaque coup de vent qui me balaye me semble une tempête envoyée la pour me tester, pour me forcer a réagir peut être. Chaque branche morte, posée au sol, me semble être une montagne a franchir. Le fait est que la route de Humberton à Camelot fut bien plus rapide. Il est assez incroyable de constater comment un corps si fragile et vidée de toutes substances, peu encore retrouver force et vigueur en quantité suffisante pour aller vers son destin.

Camelot enfin, j’erre sans but, à la recherche d’une voix, une image connue, un signe que … j’ai bien fait de revenir. Apres quelques jours, tout allait mieux, enfin mieux, si, mieux. Je retrouve peu à peu mes amis d’avant, ma famille, la dernière chose qui me raccroche a cette terre ou je suis désormais condamnée à vivre en exil. Le lendemain de mon arrivée, je retrouve même mon amour, Marhalt, puis mon frère Aivnar. Mais étrangement les retrouvailles sont … ternes. Quelques rancœurs sans doute, je les attires en général, mon départ si brutal, peut être, ou autre chose qui sait. Je reprend a tâtons le chemin de l’espoir.

Espoir, une quête sans doute prématurée, j’avais osée y croire, en rêver tout au long de ces nuits pendant lesquelles je ne ferme plus l’œil. Et pourtant, un reste d’humanité se brisa bien vite, il ne suffit pour cela que d’une nouvelle, une bien mauvaise nouvelle, celui dont la simple évocation faisait battre mon cœur, celui qui était le seul homme qui compta pour moi, celui la même qui fut jamais le seul a me posséder sans retenue, corps et âme, m’annonça de la plus simple et la plus terrible façons qu’il désirait réfléchir, prendre du recul. En fait, je ne crois pas qu’il existe une bonne façons d’annoncer ce genre de choses. Et son désir de réflexion ne cachait que bien mal une perte de son amour pour moi. Réfléchir, jamais je n’avais eu à réfléchir pour me donner à lui, jamais je n’ai chercher de raison, de but, ou quoi que se soit d’autre pour expliquer mon coup de foudre. Je l’aimais, point. Pourquoi vouloir expliquer l’inexplicable, je savait cela inutile. Mais voilà que lui, n’y croyait plus.

Je venait de perdre ma famille en Brocéliande, mon château, hérité du seigneur de Gaël, mon arrière grand père, les gens qui vivaient sous cette coupe, tous morts. Et voilà que, de retour sur ma terre d’asile, je perdait mon unique amour. Peut être est ce aussi la raison de la froideur de mon frère, il devait savoir. Alors que faire, qui prétendrais que dans ces conditions la mort n’est pas une douce fin pour une suppliciée. Qui prétendrais être capable d’affronter cela, et reprendre sa route comme si de rien était. Je l’ai écouté, silencieuse, meurtrie dans ce qui me restais de rêves le plus réalisable. Puis je me suit levée, lui souhaitant bonheur et prospérité, et je suis partie, sans me retourner. Ainsi donc s’effaçais en moi une parcelle de vie, de désir, balayée comme les pailles séchées, emportées par le vent, ballottées, jetées a terre n’importe ou, seules.

Aujourd’hui il me reste ma famille proche, l’Hermine, nul parmi eux n’a jamais jugé mes actes, jamais reproché d’être faible parfois, de me tromper. Fharhrd, Kircle, mais surtout Salambho, ma nouvelle sœur de cœur, ma nouvelle famille pour de bon, pour de vrai. Grâce à eux je respire encore, et je me suis même vue, folle, reprendre espoir, espoir d’être utile à quelqu’un, espoir de retrouver un jour le sourire, espoir d’être un jour à nouveau … une femme.

A tous ceux que la vie prive de rêves, à tous ceux qui pensent n’avoir plus rien à faire en ce monde, je dis, regardez moi, du tréfonds de l’abîme une lueur monte, une légère lueur, infime, mais présente. Alors à tous je dis, dame nature vous a donnée la vie, croyez en elle, et vous trouverez le chemin.

Je rêve maintenant … d’un sourire …
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