Il ne suffit pas d'envoyer une année sur deux quelques personnes à l'X ou à HEC pour être un grand lycée. Ne peuvent prétendre à faire partie des établissements prestigieux, que les lycées qui envoient chaque année un contingent substantiel de leurs préparationnaires aux meilleures écoles (X, Centrale Paris, HEC, ...).
C'est tout la différence entre les petites prépa, qui envoient de temps à autre un ou deux clampins admissibles à l'X (clampins qui se retrouvent complètement perdus et isolés aux oraux, et qui se font tailler en pièces par les autres candidats), et les grandes prépas, qui depuis des années envoient des contingents d'admissibles aux oraux.
Pour parler de ce que je connais, l'année où j'ai passé les concours HEC voie éco, nous devions être 27 admissibles à HEC sur 36 préparationnaires, et 35 sur 36 à l'ESCP-EAP (3ème meilleure école). Autant dire que, pour faire une analogie avec DAoC, nous étions de vrais busseurs ! Dans les 5 écoles où je suis allé passer des oraux, il y avait toujours une dizaine de gens de ma prépa, et le double de têtes connues en tenant compte de la prépa HEC voie scientifique de H4. A côté de ça, il était pathétique de voir le pauvre gars venant de la province, issu d'une prépa inconnue au bataillon, ne connaissant personne, et débarquant sur le campus HEC pour passer ses oraux la fleur au fusil, mais le noeud de cravate mal ajusté. Quatre fois sur cinq, lorsqu'ils se retrouvaient face au jury, c'était une vraie boucherie
Les candidat(e)s qui ressortent en pleurant des salles d'oraux, ne sont pour ainsi dire jamais des gens qui viennent des grandes prépas : ils viennent toujours de boîtes dont jamais personne n'a entendu parler, ils ne connaissent personne, ils ne connaissent pas les lieux, ils ne connaissent pas les modalités des oraux, ... C'est de la chair à canon, ni plus ni moins : des gens qui ne risquent pas de te faire perdre une place en somme.
Une autre différence entre les grandes prépas, et le ventre mou, ce sont les profs. C'est bien méconnaitre les rouages des concours pour affirmer que le rôle des profs de prépa se limite à la seule pédagogie. Les astuces qui ne sont pas marquées dans les livres, ce sont bien eux qui nous les ont apprises. Ce sont aussi eux qui sont partis pendant une semaine au ski avec toute la prépa, pour resserrer les liens entre nous et l'équipe professorale. A la fin de la première année, ce sont encore eux qui nous conduits à HEC et à l'ESCP-EAP pour que nous voyons ce qui nous attendait, pour nous permettre de nouer des contacts, de prendre nos marques en vue des oraux. Ce sont encore eux qui se sont tapés toutes les réunions et tous les colloques de la Direction des Admissions et Concours pour tenter de percer une partie des mystères du concours, et repérer les "sujets à la mode". Ce sont encore eux qui ont disséqué les rapports des jurys depuis X années, qui nous en ont fait une synthèse, et qui nous ont expliqué qu'aux concours ça n'étaient pas les notes obtenues qui importaient, mais les écarts-types de chacune des épreuves. En mai / juin, ce sont également eux qui nous ont fait passer des colles et des colles jusqu'à plus-soif, qui ont fait venir des spécialistes en comm' pour nous entraîner au face-à-face. Et quand les résultats des écrits sont tombés, ce sont eux qui nous ont poussé dans nos derniers retranchements pour que nous puissions tirer le meilleur de nous-mêmes le jour des oraux...
Voilà une des différences entre les grandes, et les petites prépas. Dans ces dernières, les profs se contentent du programme, point. (Et encore, comme dit dans un post précédent, il arrive régulièrement que le programme ne soit pas vu en entier, du moins en HEC voie éco).