Reflexions à l'ombre d'une bouteille bon marché

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Immaginons un bouton dont la seule pression nous procure un plaisir total, absolu, exhaustif.

Passerions-nous toute notre existence le doigt collé dessus, une perfusion dans le bras, un sourire idiot aux lèvres ?

Stupide, répondrons-nous : il n'y a pas substitution de la vie par un semblant de vie, il y a négation de la vie même.

Mais les mmorpg, qui clament haut et fort nous offrir un univers toujours plus précis dans ses détails, un calque de plus en plus précis de l'existence ?

Personnellement, je franchis régulièrement cette "ligne de flotaison" en deça de laquelle le virtuel prend le pas sur le réel, où, aux toilettes, je pense plus à mon futur reroll qu'à mon avenir professionnel. Dès lors, je me retrouve dans ces limbes cotonneuses où seule demeure sensible la morsure du manque.

Mais, fait capital, je demeure conscient de l'imposture, et le fauteuil miteux devant mon écran est vraiment mon trône de culpabilité. Je peste régulièrement contre cet esclavage maudit, me vampirisant l'existence, m'asservissant la plupart du temps dans de vaines et stupides tâches (Abysses, 4h53 du mat : ouais, plus que 367 infantes avant le ding !), d'une AFFLIGENTE stérilité, alors que je pourrais me jetter dans des activités bien plus gratifiantes (la lecture au hasard, l'autre obsession de ma vie, hélas bien plus exigeante, donc rejettée au rôle ingrât d'impératif toujours repoussé).

Parfois (rarement ?), le virtuel m'offre des opportunités d'improvisation, de création, d'épanouissement : j'affronte (littéralement, tout comme on "affronte" un mob, qui lui, hélas, est stupide, insignifiant, et dont la seule capacité de réponse consiste en une réplique armée et chiffrée) des personnes qui vivent, qui font que, magiquement, au bout de 3 h de joute verbale, on s'apperçoit avec stupeur qu'on a pris 3 niveaux, et que les 10 puissance 476 et demi mobs necessaires à la progression sont tudés.


Je veux ça.

Je veux ces êtres là, le jeu n'est que l'écrin destiné à accueillir ces joyaux.

Les autres (pardon pour eux) peuvent tirer leur plaisir d'où ils veulent : je ne me prétends ni meilleur, ni moins bon qu'eux : et même, j'aurais tendance à me considérer comme inférieur, dans la mesure où eux, évolluent toujours dans les prairies vedoyantes et enchantées où la progression (DINGRATZZZZ !!!!) constitue un but en soi. Je mentirais en me déclarant vierge de tout appétit de puissance. Mais celui-ci est vierge sans le reste, sans la dimension HUMAINE du jeu.

Ce que nous nommons de manière si désinvolte "rp" n'est rien de moins que la différence entre rien et tout, entre la mort (l'annéantissement de l'existence) et la vie, même devant un écran, même si nous reconnaissons humblement qu'il ne s'agit qu'une parodie grotesque de la vraie.

Mais, quitte à rester dans les fers, quitte à demeurer captifs de la surface lisse et glacée de notre moniteur bon marché (envoyez vos dons ), autant nous battre pour obtenir le meilleur, à savoir la vie (encore une fois, pas la vraie, hein, mais ce qui, dans les conditions hic et nunc, s'avère être le meilleur).

Le gag est, qu'évidemment, je n'ai plus aucune idée d'où je voulais en venir .

Sans doute m'acheter une bonne conscience, histoire de pouvoir relancer DAOC sans trop de remords. Où encore, me convaincre que l'expérience du jeu ne va pas sans une reflexion sur ce même jeu, et que donc la lobotomisation n'est que partielle.

En fait, il faudrait...

<encore une gorgée de rouge, vite>

...que les concepteurs, et, à un niveau de proximité plus immédiat, les modérateurs/animateurs (qui devraient être innombrables !) encadrent et guident la masse bêllante des joueurs en général et des RoXXors en particulier, vers une expérience plus humaine et plus gratifiante du MMORPG.

EDUQUONS !

<hips>

Nous salivons devant les améliorations des jeux à venir : mais le moule restera le même, laid ou superbe. C'est à la COMMUNAUTE DES JOUEURS qu'il faut s'attaquer.

Tous les moyens sont bons. Appâtons-les avec de la vanité en barre, avec des objets de puissance extrême, mais ne les accordons qu'à partir du moment où ils "jouent le jeu".

Merveilleuse expression, non ? "jouer le jeu".

Elle résume tout.

Le jeu ne se résume pas à une souris et un clavier. Il trouve sa source et son aboutissement dans la cervelle qui règne derrière.

Donnons-lui de quoi se nourrir.

Tous les monstres des enfes, tous les objets ruisselants de pouvoir et de mort ne vallent pas la réponse indignée du paladin insulté par le sorcier perfide crachant sur la lumière fadasse d'Albion.

Je veux, je veux...boire...vite...<burp>....je veux pouvoir, au moment de cliquer sur <blarztyuibs vous invite à rejoindre le groupe>, être parcouru par le frisson électrique de savoir qui donc sont ces nouvelles réalités, ses êtres, auquels je vais être confrontés. C'est EUX qui importent, pas le mob en face.

L'aventure n'est pas (où n'est qu'au départ : on en a vite fait le tour) dans un univers et des monstres figés, il est dans les compagnons d'aventure. Dans l'interaction par rapport, contre, avec, eux.

ET PAR LES DIEUX QU'ILS SONT RARES, CES ZOZOS LA. Ou qu'ils ont abdiqué, asphyxiés, lassé, rorgnés par la normalité du RoXXor, par l'inépuisable litanie du (GGRATZZINCNOOB) (sans accent, ça donne ; rien )

<secoue en vain la bouteille vide pour en faire choir une ultime goutte qui ne viendra jamais>

<constate l'absence navrante de corde dans son appart>

<se demande s'il y a un crafteur susceptible de lui confectionner ça>

<se dit qu'après tout, une seconde bouteille lui reviendra moins cher>
imaginons que nous ayons tous lut l'ultime secret ... et que cela pourrais causer la mort des gens ...

Imaginons seulement hein ? Werber n'a pas ete lut part tout le monde !

Morgane
J'ai de plus en plus de mal a comprendre le plaisir que l'on peut retirer a tuer des monstres en boucle en cliquant sur deux trois boutons. J'en viendrais presque a me dire qu'un jeu de baston sur console a plus de profondeur...
Sans déconner est ce qu'un seul mmorpg vous a fait revivre les meilleurs moments des classiques de la litterature Fantasy?
A partir de là :
Citation :
Ce que nous nommons de manière si désinvolte "rp" n'est rien de moins que la différence entre rien et tout, entre la mort (l'annéantissement de l'existence) et la vie, même devant un écran, même si nous reconnaissons humblement qu'il ne s'agit qu'une parodie grotesque de la vraie.
J'ai eu des doutes, mais en lisant la fin, cette fois j'en suis sûr, tu devrait arrêter l'alcool. (et le net par la même occasion. La dimension humaine, elle est pas mal aussi dans la réalité)
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