Je viens de tout lire, mais je vais résister à mon envie de quoter certains messages, parce que sinon je n'en sortirais plus, il y en a beaucoup trop.
Dans ce cas, je vais essayer de débattre sans quote, en espérant que cela restera clair à la lecture.
J'ai travaillé durant deux ans dans une maison de repos privée. Garde malade, 10 heures par nuit, 4 nuits semaine et ce, seule pour 80 pensionnaires.
C'était en Belgique. En première page j'ai lu qu'en Belgique les vieux étaient mieux traités qu'en France : c'est faux ...
Cette maison privée coutaît très cher aux personnes âgées. Le prix comprenait la chambre et les repas.
Tout le reste, le médecin par exemple, était un supplément.
Par exemple les médicaments : achetés par la maison de repos puis redistribués aux malades (qui les payaient bien entendu), puis ... 20% de la somme totale des médicaments ainsi revendus aux pensionnaires retombaient dans la poche de Mââââdame La Directrice ...
Ah oui, la toilette. C'était compris dans le prix. Sauf que les infirmières "oubliaient" souvent de léger détail. Il m'est arrivé plusieurs fois de cumuler ma nuit avec la pause du matin pour raison d'absence d'une collègue. Dans ce cas, je faisais des toilettes pour soulager le travail des infirmières.
Un matin, une dame m'a demandé quel jour nous étions, je lui ai répondu, et elle m'a dit que les pieds ne se lavaient que le premier dimanche du mois ...
Elle payait cette foutue chambre une vraie fortune, mais elle n'avait pas le droit d'avoir des pieds propres pour ce prix ...
Les incontinents (85% des pensionnaires) ... tout un programme là aussi.
Par habitude, je faisais 4 rondes la nuit, puis je m'occupais de ceux qui avaient besoin de soins précis, et pour terminer je répondais aux appels (sonnettes comme les hôpitaux) pour ceux qui pouvaient encore y arriver.
Dés le premier accident, je changeais le pensionnaire après l'avoir rafraichi. Pour certains, cela arrivait 3 ou 4 fois par nuit. Parfois plus, quand le cuisinier avait une fois de plus préparé les repas comme s'il nourrissait des cochons ...
Un jour, le responsable du personnel m'a prit à rebrousse poil parce que cela coutaît trop cher en couches, et que si je continuait de
gâcher des couches, le prix des chambres serait revu à la hausse, et moi je pourrais aller voir à l'ONEM (ANPE) si ils avaient de travail pour moi ...
Un bain ? Bien entendu cher(e) pensionnaire ! Ce sera ajouté à votre facture en fin de mois ...
Le coiffeur ? Pour votre moral, rien de mieux !Oh oui, vos cheveux ressemble à un nid dévasté et personne ne vous a coiffé depuis des semaines ... c'est vrai aussi qu'un shampoing datant d'il y a 6 mois n'est pas terrible. Pas grave, nous ajouterons cela sur la même facture ...
Vous ne pouvez payer ? Bah tant pis, restez dans votre crasse et vos poux ...
ce n'est pas notre problème !
D'autres petits vieux, eux, étaient de vraies plaies. J'ai le souvenir d'une dame qui était entrée en soirée. Je ne l'avais jamais vue encore et lors de ma première ronde, je suis allée la voir. Aucune info sur son cas, donc, j'y allais sans rien savoir.
Quand je suis entrée dans la chambre, elle dormait. Comme à mon habitude j'ai passé ma main sous elle pour sentir si son lit n'était pas mouillé. Mal m'en a prit, les marques de ses ongles sur mon visage ont mit un temps fou à cicatriser ...
Certains pensionnaires, comme cette dame, devaient être attachés au lit pour le toilette, les ongles retaillés au plus court deux fois semaine, et interdiction de s'occuper seul de ces personnes.
Une nuit, une dame m'appelle. Elle allait très mal, sueur, vomissements, vertiges ... Je la savais cardiaque, et donc, j'appelle en urgence son médecin (puisque pas de médecin attitré à la maison de repos).
Je me suis ramassée un savon de première parce que j'avais dérangé son altesse le médecin pour une vieille chiotte qui allait mourir sous peu (dixit le médecin).
Heureusement son coeur n'était pas responsable de son malaise cette nuit là ...
Les familles, elles, pour la plupart (ne faisons pas de généralités n'est ce pas ?) n'en avaient strictement rien à faire de leurs anciens. Si, leur faire signer des papiers .... c'est important ça de bien gérer le patrimoine des vieux qui ont tout fait pour se mettre à l'abri (et du coup ne pas embêter leurs enfants) lorsqu'ils seraient vieux ...
C'est écrit de façon ironique, mais des coups merdiques, j'en ai vus pas mal là-bas. Une dame que son fils voulait faire interner en asile d"aliéné (avec l'aide d'un ami médecin) afin de mettre le grappin sur ses économies. Elle n'en finissait pas de vieillir la tite vieille, le fils était jeune lui, pas le temps d'attendre pour la cagnotte hein ?
Mais j'y ai vu aussi des familles attentives, désespérées de ne pouvoir faire plus pour leurs parents. Des enfants très malheureux et même honteux de devoir placer leur papa ou leur maman, mais quand on travaille, que l'on a 3 ou 4 enfants soi-même, un salaire minime et une maison très petite, comment faire d'autre ? Impossible, alors on a honte ... à tort, mais c'est ainsi.
Voilà, j'ai vu le comportement de certains petits vieux, celui des familles, des aides soignantes et infirmières aussi. Au final, le bilan est à vomir. Devenir vieux est atroce quand on a besoin des autres. On ne sert plus à rien, on est ... inutile.
Pourtant quand on y pense, qui a élevé ces enfants qui sont les adultes ensuite ? Les petits vieux non ?
On respecte un enfant, parce qu'il peut encore servir à la société. Le futur Einstein est peut-être né ce matin, prenons en vite soin, mais par contre le petit vieux là, il n'était que boucher ... laissons le dans sa merde et faisons lui comprendre jour après jour qu'il ne sert à rien ...
Voilà où nous en sommes arrivés actuellement. C'est une vraie honte !
Seulement n'oubliez jamais que vous aussi, un jour, plus vite que vous ne le pensez, vous serez un petit vieux grabataire, incontinent et malade aussi.
Prenez vos précautions, ne laissez pas le système que vous avez engraissé avec le fruit de votre travail vous pourrir la vieillesse et vous faire comprendre que vous n'êtes qu'un rebut d'une société qui voudrait voter le droit à l'euthanasie pour pouvoir se débarrasser de ... vous.
Ah oui, pour la petite histoire ...
Ma soeur cadette travaillait dans cette maison de repos. Elle devait y faire la nuit, et comme une vieille dame était sur "le fil", elle avait peur de rester seule et de voir cette dame mourir lors de sa pause.
Je l'ai accompagnée cette nuit là, et le matin, le chef du personnel m'a trouvé sympathique et m'a engagé pour faire la pause de nuit.
Je
n'ai jamais eu la moindre formation para-médicale, mais j'avais la responsabilité de 80 pensionnaires dont l'âge était compris dans une fourchette allant de 85 à 105 ans.
Ca, en plus du reste, est absolument anormal ...
ps : désolée si mon post est assez brouillon et si c'est un vrai pavé, mais encore aujourd'hui, plus de 15 ans après mon passage dans cette maison de repos, j'ai encore des nausées en y pensant.
Voir que certains considérent les anciens comme des rebuts me retourne l'estomac, et faire de l'argent en les privant du minimum vital est une honte sans nom.