[Broc] [tite anim pour mon départ] Disparitions

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La pluie s’écrasait contre son lourd manteau noir, noyant la forêt, au-dessous, dans un fracas gris et ruisselant. Assis sur la roche dure, le sicaire ne prêtait pas attention au froid de l’hivers déclinant. Tout a une fin, songea-t-il. L’ancien doit laisser la place au nouveau.

À ses côtés, Macsteel le paladin avait l’air abattu.

« - Tu sais, Mac, cela ne doit pas être si terrible. J’aurais préféré que mon âme aille ailleurs que dans les limbes, mais tôt ou tard, on meure tous, de toute façon.
- Ce n’est pas ce qui me préoccupe, Soir », répondit Mac. « Je pense à Elehanor. Nous nous sommes mariés il y a peu et je vais la quitter à jamais sans avoir une chance de lui dire adieu. » Une larme perla à l’œil de Mac. « Toi, peut-être, Soir, as-tu la chance d’être seul et ne pas faire souffrir une femme ? »
Soir eut un sourire sans joie : « J’ai aimé. J’ai aimé sans doute trop de femmes. Mais tu as raison, aucune femme ne m’attend. »

Le sicaire se perdit un instant dans ses souvenirs. La femme dont il a provoqué la mort dans sa jeunesse, devenant ainsi un assassin. Rose, dont il s’est prudemment éloigné après avoir ressenti un coup de foudre… La belle Courtney… et cette petite sicaire, qui lui plaisait bien mais qu’il ne reverrait jamais, Lysea… Et Kahila… Où es-tu, Kahila, toi que j’ai aimée… Il secoua la tête, non, aucune femme ne l’attendait.

Il regarda Mid et Vent discuter, en bas, près des arbres. Le vent et la pluie l’empêchaient de les entendre, mais il savait que Mid, le thaumaturge d’origine viking, parlait haut et fort, pour masquer sa peur. Il racontait sans doute pour la centième fois comment, avec ses amis Hunanit et Xaod, il avait vaincu les esclavagistes dans les plaines de Salisbury. Et bien sûr, Vent, le théurgiste rêveur, celui qui espérait la paix entre les royaumes, écoutait Mid en silence. Vent était très bon pour écouter. Dommage que je n’aie pas eu l’occasion de le connaître plus, pensa Soir. Lyfe, le petit nécrite, presque invisible, surveillait les alentours. Encore plus silencieux et solitaire que Vent, lui, pensa Soir.

« Trop de femmes ? » reprit Mac. « Moi il n’y en a eu que deux dans ma vie. Yzabeau, pour qui j’ai cherché la mort quand j’étais le paladin Mac Leod, et Elehanor, pour qui vit le Macsteel que je suis devenu. Mais assez parlé du passé, l’avenir nous appelle ! » dit-il, montrant un tourbillon de lumière qui venait d’apparaître.

Vent et Mid l’avaient vu aussi, ils se dirigèrent vers la colonne de lumière. Lyfe y était déjà.

Le moment est venu, pensa Soir. Prendre ce portail magique et passer dans les limbes, là où nul être vivant n’est censé aller. Trouver l’autel de Morgane et le détruire. Ne jamais revenir, ne plus voir ses amis, le clan, la belle cité de Camelot…

Avant de mourir, l’agent de la Guilde des Ombres avait été terriblement clair. Morgane allait faire un puissant rituel. Dans les limbes, un autel canaliserait la magie de Morgane. Cela tuerait tous les humains dans les Iles Voilées, et laisserait croire à Albion que les Arawnites avaient fait le coup et trahi Albion, brisant ainsi la nouvelle alliance.

Le seul moyen de contrer Morgane était d’aller dans les limbes, par le portail magique qui allait apparaître une unique fois, et de détruire l’autel. Un autel protégé par de puissants démons, Soir ne savait pas s’ils étaient assez nombreux et assez puissants pour le détruire avant le rituel.

Il n’était sûr que d’une chose, il n’y avait pas moyen de revenir des limbes, le séjour où certains morts s’égaraient.

Ils se regardèrent tous une dernière fois, comme pour puiser la résolution dans la vue des autres. Et ils plongèrent ensemble dans la lumière, disparaissant à jamais d’Albion.


Loin de là, chevauchant vers Camelot, Cudry en veut à Soir. Il a encore mal à la tête, à l’endroit où le sicaire l’a frappé pour l’assommer. Oh, il comprend Soir, malgré son désir d’accompagner le groupe de McKeen, il n’aurait servi à rien, lui, simple acolyte. Et il fallait que quelqu’un reste pour mettre les autres au courant. Mais quand même, Soir aurait pu s’y prendre autrement, pour le convaincre, se dit-il, en touchant prudemment sa bosse douloureuse.

Angoissé, il fouette son cheval, il va arriver en retard, si les McKeen et les amis de Soir ne l’attendent pas au Mug, s’ils repartent avant son arrivée, le sacrifice de Soir et des autres n’aura servi à rien. C’est vraiment une bonne chose qu’il soit resté, finalement. Et qu’il ait pu déterminer que Morgane, par magie, avait bloqué les Keens dans les limbes, les empêchant de détruire l’autel.

Mais il y avait encore une chance qu’ils réussissent. Lui, Cudry, connaît le rituel, il peut les débloquer, et leur permettre d’accomplir leur mission, de détruire l’autel. Il ne peut y arriver seul... Pourvu que les Keens l’attendent... pourvu qu’ils aient amené des amis…

([hrp : que ceux qui peuvent être là et le souhaitent créent la fin de l'histoire, en étant au Mug à Camelot, le 7 août au soir, sur Alb / Broc])
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