[Rediffusion] Le monastère de Sainte Ethique

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(Ce post a pour seul et unique but d'élargir le lectorat d'une vieille ânerie commise par ma plume il y a quelques temps déjà... Je m'excuse auprès de ceux qui l'ont déjà subit sur le forum Feyd-Ehlan et tant pis pour les autres. )

L'homme était assis sur une barrière, non loin de la principale fontaine du monastère de Sainte Ethique. Il paraissait perdu dans ses pensées, balançant allègrement ses jambes dans le vide, maugréant en une sourde litanie...

M'ennuie, m'ennuie, m'ennuie...

Il regardait sans arrêt autour de lui, cherchant sans doute une quelconque occupation, promenant son fier regard bovin sur les imposants édifices qui l'entouraient.

M'ennuie, m'ennuie, m'ennuie, m'ennuieeeeeeeuuuuuu...

Vous l'aurez compris, le Père Plexe n'était pas très futé, en fait son quotient intellectuel approchait celui d'une huître morte depuis plus de deux semaines. Il affichait sans cesse un sourire béat et un mince filet de bave coulait souvent de la commissure de ses lèvres épaisses lorsque, comme à cet instant il "réfléchissait". (Guillemets parce que réfléchir est un bien grand mot pour définir l'activité cérébrale de l'individu en question.) Il sauta au bas de son perchoir, comme prit d'une soudaine crise d'intelligence et se dirigea vers un homme en armure qu'il avait aperçu un peu en contrebas, répendant un nuage de poussière derrière lui et trébuchant à chacun de ses pas. (On avait oublié de lui apprendre qu'il est plus pratique de lever les pieds pour marcher, de toute façon on ne lui avait rien apprit, ou plutôt on avait essayé, le Père Formant avait été chargé de son éducation mais celui-ci avait abandonné au bout de deux jours devant l'ampleur de la tâche à accomplir et le Père Plexe était resté idiot. Mais je m'égare et si je continue, le type en armure va se barrer avant que Mon Goal n'arrive à son but. Notez ici l'excellent jeu de mot... Je disais donc... Ah oui... ) Il progressait difficilement, poussant de temps à autre un grognement de satisfaction, se félicitant d'avoir eu cette brillante idée.

L'homme en armure se retourna en entendant le glissement éléphantesque de celui qui approchait mais n'eut pas le temps de s'échapper il était déjà à portée de voix et le Père Plexe le hélait déjà de sa douce voix stridente:

Messire, messirrreeeeeeuuu...

Résigné, ne voyant pas d'issue au triste sort qui allait être le sien, il ôta son heaume et attendit. Quelques secondes plus tard, le moine à la grâce pachidermique s'étalait à ses pieds.

Que puis-je faire pour vous?

Nom, travail...? demandait le nouveau tapis

Je suis le Père Mission, mon travail consiste à partir à la découverte de nouveaux lieux, à porter des messages aux autres moines du pays... Il tentait de s'exprimer avec des mots simples espérant qu'il ne lui poserait pas d'autres questions et qu'il s'en irait sans tarder... (Et bin raté!)

Achevant de se relever notre (oui je vous le prête un peu, pas très envie de le garder pour moi seule) ami (zérable cela va sans dire) lança un joyeux:

Moi viendre, maintenant avec toi, copain!

Le sang du Père Mission se glaça et ne fit qu'un tour, il réfléchit à toute vitesse (ce qui n'était pas très utile étant donné l'allure tortuesque à laquelle le Père Plexe cogitait.) afin de trouver une excuse valable. Ne trouvant rien de satisfaisant et connaissant le penchant de l'idiot pour la boisson il préféra détourner habilement la conversation.

Saviez-vous que la taverne célèbre ses deux ans d'ouverture aujourd'hui et que pour cette grande occasion un verre de la spécialité du patron est offert à chacun?

Boire? Vrai? Ou? Moi aller! Le pauvre bougre en avait déjà oublié sa première idée et un large sourire éclairait son visage.

Assez fier de lui, l'homme en conserve (j'aurais bien dit Robocop mais ça me semblait quelque peu anachronique...) lui indiqua la taverne d'un geste de la main et s'éloigna en sautillant gaiement. (Du moins autant que lui permettait son charmant ensemble métallique qu'il avait acheté pour une bouchée de pain chez un ferrailleur quelques jours plus tôt.) Jetant un oeil par dessus son épaule, il aperçut le nuage de poussière caractéristique du Père Plexe s'éloigner avec une incroyable célérité en direction de l'auberge. Il ramassa son oeil, qui du coup trainait dans la poussière, et reprit sa route vers le sud.

La modeste gargotte qui servait de lieu de rendez-vous à tous les moines du coin était tenue par deux frères qui avaient toujours vécu ici, tout le monde les connaissait et la réputation de l'établissement n'était plus à faire tant au niveau du service que de la qualité des produits. Le Père Colateur avait pour difficile tâche de nourrir et d'abreuver la foultitude qui se pressait chaque jour au comptoir ce qui n'était pas une mince affaire. (Du moins pour manger ça allait mais niveau boisson c'était presque pire que le PMU du quartier à sept heure du matin un jour de grande course.Breeeeeef...) Le Père Nod quand à lui était chargé de la confection du plus célèbre breuvage de la maison, une conconction anisée qui se teintait, lorsqu'on y versait de l'eau, d'une étrange couleur trouble. (L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, autant que pour le porte-monnaie mais ça c'est pas mon problème.)

Le Père Plexe arriva enfin à la taverne qui se situait tout de même à une bonne centaine de pieds de son point de départ. (Je me demande quel est l'équivalent de mesure en glissades.) Si le Père Formant avait eu le temps de lui apprendre à lire il aurait pu déchiffrer sur la porte une enseigne latine que l'on traduirait aujourd'hui par "Tous les chemins mènent au rhum". (Ou quelque chose approchant. Je signale au passage que l'abus d'alcool est toujours mauvais pour la santé, ça a pas changé en 5 lignes.) Il poussa la porte à l'aide de sa tête, ayant trébuché une fois de plus et s'étala de tout son long entre les pieds des nombreux convives.


(To be continued ... )
Notre Père (qui êtes aux cieux, restez-y) Plexe fut accueilli comme à l'accoutumée par de grands éclats de rire. Seul le Père Sévère, accoudé au comptoir lui jeta un regard méprisant avant de replonger avec sa détermination coutumière le nez (qu'il avait très long) au fond de son godet (aussi long que ça, parfaitement et au moins lui n'avait pas besoin de paille à son gosier).

Notre idiot salua l'assemblée:
Bizooouuurrrrrr!!

ce qui donna l'occasion à de nouvelles plaisanteries douteuses et autres jeux de mots vaseux. (...)

Le Père Kisition, responsable de la sécurité du monastère, réussit tant bien que mal à faire rétablir le silence, et installa du mieux possible l'infortuné sur les genoux du Père Lachaise qui n'était ni musicale, ni percée mais juste un tas bourré.(Oui bon elle est facile mais j'aime beaucoup.) Puis il lança un :

Silence!!!Le Père Siffleur a une petite histoire a vous conter!

...tonitruant à la manière dont le dernier truand (Tony) qu'il avait appréhendé le faisait. ()

Tous les regards de l'assistance convergèrent vers le petit homme juché sur le bar, le nain connu de tout le monde était loin d'être un imbécile ou un imposteur, il savait raconter comme Père Sonne, voire même mieux encore, son seul défaut était sans doute d'être un incorrigible blagueur. Le nain visible s'éclaircit la voix :hum!hum!(Vous remarquerez que j'ai choisi comme couleur un indigo bien évidemment.) et entreprit de commencer son récit.

Ce que je vais vous raconter, est arrivé à un ami de mon ami Dale...

Le Père Turbation ne put étouffer un bruyant Mouhahahaaaaaa!!à l'énoncé de ce jeu de mot foireux mais se calma aussi sec, remarquant que le terrible Père Soreille s'emparait de sa plus grosse aiguille et le regardait d'une manière peu orthodoxe. (Normal pour le moine en question...)

Je peux commencer? Le nain toisait son auditoire avec un regard des plus hautains (ce qui n'est pas chose simple pour une personne de petite taille), attendant que le silence soit rétabli.

Je disais donc, cet ami de mon ami Dale, que l'on nommait Père Manganate, fut envoyé ainsi que son pote Assium dans les lointaines montagnes de Sétraiho. Cette aventure se promettait d'être extrêmement périlleuse puisque les flancs de cette montagne sont, nous le savons, glissantes ( ) et que les périls sont grands comme dit Loquent. Notre con-père partit donc armes, bagages et ami sous le bras afin d'accomplir la mission qui leur avait été confiée par le Père Dudvue (que vous connaissez sans doute mieux sous le nom de Jacques Pradel). Cette mission (si ils l'acceptaient) était de retrouver un moine mineur qui s'était sans doute perdu: le Père Foreuse. Mais nos deux amis étaient moins ha(que dé)biles et éprouvèrent quelques difficultés à trouver leur chemin. Après trois longues journées d'errance, ils eurent la chance incroyable de croiser le Père Palenor devant cette même taverne ou je vous parle en ce moment et celui-ci eut la gentillesse de leur indiquer la direction de la porte de sortie du monastère...

Le petit homme (pirouette, cacahouette,il était un petit homme, qui avait une drôle de mais... hum, désolée.) s'arrêta quelques minutes afin de se désaltérer et de permettre à son auditoire de se ruer lui aussi sur le bar comme une meute de rugbymen au milieu d'une troisième mi-temps.
Hum bon ou en étais-je? Ah oui au rat conteur, ah mais non c'est pas un rat dit! c'est un nain, comprit! Autant pour moi... J'en étais donc à raconter l'épopée du Père Manganate et de son pote Assium.

Donc, après maintes paires épaissies, nos deux cons perdus, trouvèrent enfin la sortie du monastère et prirent la route en direction de la mare à thons ou devaient commencer les preuves.

Le Père Manganate expliquait chemin faisant à son pote âgé quels souvenirs il avait du Père Foreuse:

Le Père Foreuse est un peu le cheveu dans la soupe, le grumeau dans la purée, le grain de sable dans l'engrenage, bref un emmerdeur!

Bah pourquoi qu'on le laisse pas crever?

Parcequ'on aurait tort et que le tort tue!

Tu m'Elthon John!

John, c'est ainsi qu'on appelait le Père Manganate lorsqu'il avait le dos tourné. (Ce qui ne l'empêchait pas d'entendre quoique la rumeur populaire essaye bien de nous le faire croire!) John, donc, à cause de la couleur de sa peau et de son insatiable passion pour le riz cantonais (con c'est pour la vie).

Le Père Manganate avait ce surnom en horreur et était sur le point de mettre les points à la fois sur les I et dans la gueule de son pote, lorsqu'au détour du sentier apparut une charmante créature, plus belle qu'ils n'en avaient jamais vu. (Dois-je préciser qu'effectivement ils n'avaient jamais vu de femme?Non? Trop tard!)

Le couple de joyeux compagnons se figea instantanément comme sur une photo, (Oui je sais la photo ça existait pas à l'époque mais prouvez-moi que le riz cantonais existait lui!) alors que la jeune fille progressait vers eux, ses cheveux gras dansant au gré du vent, et c'est Sandy Kilo chaloupant qui les salua la première (ou les saluèrent suivant que c'est Sandy qui les salue ou les cent-dix kilos qui la compose)

Bonjour Messires les yeux papillotants tellement qu'elle voyait sans doute la scène comme éclairée par un stroboscope.

Leur instinct bréhanite reprenant une seconde le dessus les deux hommes (?) eurent une réponse unanime et tout à fait adaptée à la situation:

Fifiiiilllleeee!! (violet parce qu'à l'école j'ai appris que rouge+bleu=violet)

La demoiselle haussa les sourcils étonnée qu'on lui porte ce genre d'intérêt et poursuivit son chemin sans s'arrêter, accompagnée du porc tout gai qui la suivait toujours. Elle regrettait un peu de ne pas avoir le temps de s'attarder mais elle avait encore le manuscrit de Ste Amande à lire () et il lui fallait se dépêcher de rejoindre le couvent si elle voulait arriver pour le diner.

Trop ébahis par la grasse de la jeune femme, nos deux potos restèrent plantés là quelques instants encore, tels les thons qu'ils étaient avant de se remettre en route, perdus chacun dans leurs pensées, toute idée de querelle étant pour l'instant oubliée.(Jusqu'à la prochaine évidemment.) Après encore deux longues minutes de marche, ils arrivèrent près d'un étang d'age incertain et décidèrent de sortir de leur sac et d'installer la seule tante qu'ils n'avaient jamais plantée, se disant que ce serait un très bon endroit pour l'enterrer loin des regards de tous.

(Vous avez de la chance je n'ai jamais écrit de suite, mais vous êtes libre de vous y essayer, même si je doute que l'un de vous arrive à faire aussi lamentable que moi )
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