- comment "grandir" ? -
21h50 *déjà ; trouver un cyber café ouvert pour poster*
umh attention contient des morceaux de vécucru - (j'ai déjà envoyé à mavie.com)
Enfant, les adultes me disaient souvent (avec l'oeil pétillant de ceux qui camouflent une seconde interprétation dans leurs propos), que les préparatifs de la fête, la confection des déguisements pour un carnaval, la veille d'un grand jour, sont bien souvent plus excitants que le moment M tant attendu, celui dans lequel on a mis tant d'espoirs et de rêves.
Fonctionnant à l'inverse, j'ai toujours trouvé ennuyeux tout ces préliminaires laborieux - et pas de second degré là dessous - ces personnes avisées se donnaient un malin plaisir à démonter cet objectif plein de promesses, et toute l'attente se passait dans la plus pure anxiété : allait-il se produire un désastre . Ou pire, l'ennui contaminerait-il tout les convives ?!
Un peu plus tard, résolue à réfuter toutes les paroles pleines d'expérience des grands-qui-ont-toujours-raison, ceux qui me donnaient cette impression d'avoir été privée de mon libre arbitre (ou par pur esprit de contradiction plus que de sens critique ?), j'allais trouver dans chaque journée marquée au feutre rouge, l'espace d'expression d'une saison entière, la résolution de condenser dans ces heures "particulières", un échantillon de ce que pourrait être ma vie en somme...
Et les excès en tout genre ont commencé.
Ou comment risquer sa peau en s'amusant, faire preuve d'une légèreté suicidaire. Aimer le feu, oublier le lendemain et la ville du départ de l'aventure, arriver devant un miroir et contempler une étrangère, parler à des fantômes en étant cartésienne, voir les couleurs et les formes devenir malléables, monter dans la voiture d'un inconnu pour traverser le pays, provoquer des incidents diplomatiques majeurs par simple provocation, courir le long d'un aqueduc en riant avec 3 degrés de liquides aux arômes de combustible dans le sang, se réveiller un matin dans un lit inconnu, expérimenter toutes formes de débat, jouter avec les ultras en tout genre, tester leurs nerfs, se ramasser des claques monumentales, au figuré comme à l'impropre, dépasser les bornes finalement.
Puis arrive un jour où la somme de travail accomplie - dans ce quotidien banal où l'on doit songer à se nourrir - ne permet plus de continuer à jouir de ces futilités essentielles. La fatigue l'emporte, physique, morale surtout. Le cerveau se protège dans une sorte d'hibernation - confortable, pour éviter de sombrer dans la folie ou le désespoir...
Et l'insomnie. Qui s'attrape comme une sale maladie tropicale ; l'amibiase des neurones, une fièvre jaune qui donne quelques années et le teint cireux de certains adultes à poste à responsabilité. Bouquiner jusqu'à pleurer des larmes de fatigue, essayer de se dépenser encore plus dans ces tâches harassantes de la journée (soulever, porter, - attention plier les jambes ! - placer au bon endroit, recommencer), lorsque Morphée est dans un bon jour et m'accueille généreusement, rêver encore du travail, répétitif et abrutissant. Tiens ? Demain essayer ces molécules qui m'ont été prescrites ?
Changer de travail comme de petit ami... trouver des postes bien pires que ceux des "travaux-robots", ceux où l'on vous considère comme de la chair à rouages. Esclave de la productivité ; ne trouvez pas le temps de sourire c'est un manque à gagner.
Jeune et responsable - mon oeil.
Des amis s'étonnent de m'entendre raconter des anecdotes aussi "effarantes" et me demandent si je n'en rajoute pas, je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir tant vécu que cela pourtant ? Une vague certitude de n'avoir pas le droit de l'ouvrir car je manque de bouteille... mais, finalement à vrai dire, cela ne me gêne pas outre mesure de me ridiculiser, j'assume ma bêtise et j'apprends en me faisant contredire, en luttant.
Bon, je veux en venir où en étalant ma vie si vulgairement ?
Umh... disons que je doute souvent, et essaie de m'affirmer en étant si impudique ? ... ou infirmer ? Quoi au juste ?
bah...
Bref, un jour je me suis réveillée, et ai décidé de prendre en main ces journées mornes. Elles ne devaient plus me transformer en zombie aigrie et triste. Comment éviter toutefois le complexe de Peter Pan et redevenir complètement irresponsable ? Quelque fois je me demande si je n'ai pas pris un gros coup de vieux se faisant, une ébauche de maturité peut-être alors ?
Les bonnes résolutions de l'époque :
Trouver une voie professionnelle - ou des embranchements plausibles
S'installer en ménage
Choisir de vivre son insomnie comme une opportunité pour créer
Plier le front pour les boulots alimentaires, mais s'exprimer dans les loisirs "à côté"
Apprendre toujours, et ne pas renoncer à avancer - intellectuellement, spirituellement.
... continuer d'essayer de transformer les jours mornes en journées uniques.
Difficile.
Les habitudes de travailleuse peut-être ? Tout projet de vie est forcément amené à évoluer j'imagine. Après quelques années d'expériences enrichissantes, musique, concerts, théâtre, représentations, une voie se profile, un métier et des personnes qui m'appuient, m'encouragent... Peut-être que finalement j'ai, en creusant bien, quelques compétences ou quelque talent ? S'accrocher, encore.
Mais...
il y en a toujours un de "mais", tout les mois, tout les jours.
L'ennui. L'étouffement. Le temps et le quotidien me redonnent cette attitude de blasée qui a l'impression de ne pouvoir rien faire (car le monde me rend malade, aussi, il participe à ma chute). Les coups tordus s'accumulent, je ne peux proposer ces dents de requin utiles au lieu de la naïveté maladive qui ne m'a pas quittée. Vous avez trouvé le bon filon en m'exploitant, patrons infects, une parole donnée n'est rien dans le monde du travail, un papier est tellement plus sincère qu'une poignée de main n'est-ce pas ?
Et pourtant, après quelques tragiques échecs, à tout les niveaux, personnels entre autres, je découvre un autre mode de communication.
Vous. Ici entre autre.
Le journal intime online comme le dirait Khronos. La confrontation avec tout un monde qui m'était inaccessible. Quelle tristesse d'avouer que ce médium m'a permis de m'émanciper n'est-ce pas ? A quel point j'étais réduite au silence par les esprits brillants qui m'entouraient ?... Cette apathie presque confortable qui m'a rendue asociale a limité mon adaptation à la nouveauté, m'a transformée en personne sans humour, qui prend tout trop au sérieux. Oh non bien sûr je ne deviens - toujours pas eurkbeurk - une adepte des discours de Madelin, ni une boute-en-train. Je ne change pas mon ciment romantico-utopiste, je trouve seulement un endroit pour le dire, et un lieu où j'apprends. Ma voix n'est pas une exception, mes propos sont terriblement banals, mais je les pose par écrit parmi ceux des autres ! Une preuve de mon existence derrière la machine ! Les RG peuvent savoir autrement que par le fichage habituel et toutes ces caméras disséminées dans ma ville, que je ne rêve que d'une révolution… Les machos savent que je les prends en pitié, Besson est une canule au rabais, Chirac un escroc abuseur-exhibitionniste, mais baste à l'énumération ! Je vais faire dévier mes sentiments car j'en ai trop à dire... ah les intermittents... les profs... et puis les retraites et la sécu... ah... quelle colère...
umh.
*médite*
Je distribue mon pardon à celui qui veut bien le prendre, telle la traîtresse de base, mais reste fidèle à mes engagements malgré tout (même si je ne crie pas haut et fort "tu es toujours mon amie" par exemple ?), dans ce coeur infâme et purulent. Je ne prends pas parti dans les affaires de clochers - honte sur moi - et me fabrique des ennemis par ma sottise ou ma lâcheté, prends au sérieux les remarques désobligeantes, et me moque des compliments, fait souffrir des personnes, terriblement. Découvre des amis sérieux et...
je ne parle pas du domaine privé.
Pas de conclusion à ce petit mot en forme de message. Je l'adresse à quelques personnes qui n'ont pas compris pourquoi je suis lunatique et peu fiable. C'est simplement mon caractère, vivre les choses intensément, comme un animal idiot, guidée par ma moelle épinière. La tristesse comme la joie, l'ennui ou l'exaltation, d'un jour à l'autre, aussi imprégnée par le rire une heure que par la rage cinq minutes après, Déployer les ailes de mes défauts brutalement, souvent, et casser les verres de cristal pur qui se trouvaient à ma portée, par simple stupidité ou par cette maladresse crasse qui me caractérise. Toujours culpabiliser mais peu avancer.
J'ai envie d'une existence en forme de fête, quotidiennement, car j'en ai assez de préparer cet avenir qui ne me promet qu'un jour attendu, la mort.
Alors pensez à moi samedi.
Je vais m'occuper de vivre, même si je m'inquiète des conséquences, j'oublie le monde, et vous... et moi.
salut à tous.
Vous me manquez.