Lews et Aleiwena se regardèrent alors que les gardes et les Jarls s’approchaient d’eux. Les murmures des morts se firent plus pressant, elle n’avait qu’à les invoquer et ils l’aideraient... Elle leur résista néanmoins, sachant que leur moment viendrait.
_Lews, laissons nous faire, nous en apprendrons peut-être plus.
_NousCaD’accord, EtEuhhhhhh, RosePeauxEtPoiliFacesSontQuandMêmeBeaucoup, MêmePourNousCa…
Les Jarls commencèrent par désarmer Lews, opération qui prit un temps conséquent vu le nombre d’armes de toutes tailles que le kobold portait sur lui. A chaque nouvelle arme découverte par le garde nain stupéfait, Lews se fendait d’un grand sourire innocent, visiblement tout content de lui-même.
Pendant ce temps, Aleiwena se faisait fouiller par le Jarl :
_Qui est le Gothi Alen ? demanda t elle ?
_Il est l’une des plus grandes autorités de Midgard, valkyn, et ton crime doit être grand pour qu’il ait lui-même demandé ton arrestation.
_Je vois… Que va t il se passer maintenant ?
_Tu le sauras bien assez tôt, maintenant tais-toi !
Les Jarls les conduisirent hors de Haggerfell, en direction du fort de gardes, trois cent mètres plus au sud. Pendant le trajet, Lews chuchota à l’oreille de la Prêtresse :
_CommentEuxCaSavoirOuNousCaAller ?
_Tu as raison, ils nous attendaient…
Arrivés devant le fort, ils virent le Jarl discuter avec un homme vêtu d’une robe ainsi que d’une pèlerine masquant ses traits. Le Jarl, visiblement mal à l’aise, acquiesçait alors que l’inconnu lui parlait et se mit au garde à vous, poing sur la poitrine, quand l’autre s’en alla, non sans avoir jeté un rapide coup d’œil dans leur direction.
Alors que Lews, incapable d’entendre ce qui se disait, tendait l’oreille le plus discrètement possible, Aleiwena se concentra et laissa les morts lui parler.
« Nous ne savons pas qui est cet homme, mais il a donné l’ordre de vous faire exécuter dans la tour ! Prêtresse, laisses-nous t’aider ! Tu ne survivras pas à ceci ! »
_Lews, ils vont nous tuer.
_NousCaDeviner… EtNousCaSeulsContreTous…
_Non Lews, nous ne sommes pas seuls, n’ai pas peur quand tu vas voir ce qui va se passer.
Et, mentalement, Aleiwena, Prêtresse de Bogdar, demanda l’aide des morts.
L’inconnu quitta le fort des gardes à cheval et prit la direction de Jordheim, il était temps d’annoncer la nouvelle au Conseil. En même temps, cet événement devrait leur faciliter la tâche, la Garde Noire devenait un peu trop puissante au goût de certains membres du Conseil, et après tout, c’était cette guilde qui avait permis la prise de la Corne du Valhala, contre toute attente… Oui, la Garde Noire devenait un peu trop puissante et indépendante, ses officiers un peu trop sûrs d’eux, cette guilde allait devenir dangereuse pour leurs intérêts…
Absorbé par ces pensées, l’inconnu ne remarqua pas que le sol tremblait sous les sabots de son cheval, il n’entendit pas non plus les hurlements des Jarls portés pas le vent.
Lews luttait pour sa santé mentale. Au milieu de la boucherie, le kobold tournoyait, rapide, précis, mortel, apportait la mort autour de lui. Paradoxalement, cela lui était d’autant plus facile que peu de gardes se souciaient de lui, trop occupés à hurler et à tenter d’arrêter la horde de morts qui venaient de sortir de terre, répondant à l’appel de la Prêtresse de Bogdar ! Les fiers guerriers vikings tombés au combat plusieurs années auparavant lors de l’invasion Geersha se redressèrent, jaunis, squelettiques, pourrissants. Exultant leur joie d’avoir été ramené à la vie, les morts partirent d’un rire dément et frénétique tout en se jetant sur les gardes et Jarls qui n’avaient jamais connu pareille horreur. Les crânes se fendirent, des membres furent arrachés, les gardes rejoignirent les rangs des morts, jusqu’au moment où il ne resta plus que Lews et la Prêtresse de Bogdar. Les morts regagnèrent leurs tombes avec ses remerciements, le calme et le silence, contraste maladif avec l’horreur du combat, régnèrent soudain sur le Val de Mularn.
Encore tétanisé par ce qu’il venait de voir, Lews s’assit le temps de reprendre ses esprits et ne comprit pas tout de suite pourquoi Aleiwena se dirigeait vers les rares chevaux qui n’avaient pas fui l’horreur :
_Aleiwena ? OùToiCaAller ?
_Retrouver l’homme qui a ordonné notre exécution Lews, je veux savoir, viens avec moi !
_Vivivi, ToiCaRaison !
Et Lews se jeta habilement sur le dos du plus petit cheval qu’il put trouver. Alors qu’ils s’éloignaient de Haggerfell, le kobold ne put s’empêcher de regarder son amie sous un jour nouveau :
_Aleiwena ? demanda t il timidement.
_Oui ?
Elle le regarda avec ses yeux félins tellement envoûtants, une créature faite de contrastes et de paradoxes.
_Euhhhhh Aleiwena, NousCaAmiDeToiCa…. Hein ?
Nosroth ressassait ce qu’il avait appris alors qu’il approchait de Fort Atla, essayant de deviner jusqu’où la conspiration pouvait remonter. Il était déjà arrivé à la sinistre conclusion que la liste des personnes en qui il pouvait avoir confiance était devenu dramatiquement mince, il ne lui restait vraiment qu’une seule solution, qu’un seul groupe vers qui se tourner. Mais cela faisait maintenant tellement longtemps…
Le garde troll, à l’entrée de Fort Atla, eut du mal à comprendre pourquoi le cheval qui passa les portes n’avait pas de cavalier. Nosroth était rentré dans Fort Atla, il ne lui restait plus qu’à trouver celui qu’il cherchait.
Lews et Aleiwena retrouvèrent la trace de l’inconnu alors que Mularn se faisait de plus en plus proche.
_Il va arriver avant nous, ça ne peut pas se passer ainsi !
La valkyn ferma les yeux et les morts lui répondirent encore une fois.
Le cimetière de la ville de Mularn fut pris d’une soudaine activité alors que cinq tombes s’ouvrirent et que leurs occupants se levèrent et commencèrent à se diriger vers la sortie de la ville.
Le cheval de l’inconnu sentit ce qui l’attendait et commença à montrer des signes d’anxiété que même la maîtrise de son maître n’arriva pas à dissiper totalement, maîtrise qui disparu totalement quand celui-ci vit ce qui l’attendait sur la route. Son cheval se cabra, fou de terreur, et il tomba sur le dos avec un cri d’horreur. Malgré la douleur due à sa chute, il se releva et commença à fuir, ceci n’était pas censé arriver ! Mais il eut une autre surprise de taille quand il vit arriver ceux qu’il avait cru morts. Il allait donc devoir faire face.
A peine descendu de cheval, Lews disparut, se préparant à rendre l’inconnu inoffensif alors qu’Aleiwena commençait à incanter et que des vignes putrides sortaient du sol, immobilisant leur adversaire. Mais le cauchemar ne s’arrêta pas là. Immobilisé, l’inconnu pouvait encore se servir de ses pouvoirs, il ne s’avouait pas encore vaincu, loin de là et allait commencer à incanter le sort dévastateur qui faisait la légende de sa classe quand les morts le saisirent au bras et à la gorge, serrant de leurs mains décharnées et grouillantes de vers. Il se trouvait dans les bras de la mort, et il ne pouvait rien faire.
Le kobold apparut devant lui, le regard mauvais, une hache dans chaque main :
_AlorsQuiC’EstQuiVoulaitNousFairePifPaf, hein ?
Aleiwena demanda au mort de révéler le visage de l’inconnu et celui-ci s’exécuta, tirant sur la capuche de la pèlerine.
Lews manqua lâcher ses haches, Aleiwena eut un hoquet de surprise, ses jambes soudain devenues faibles tellement la signification de ce qu’ils voyaient était impossible :
Devant eux se tenait un elfe.
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