[Orcanie] Juste encore un peu, un tout petit peu...

 
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Il court… Une créature, énorme, se déplace sans grâce sur les plaines d’Hibernia. Ses origines, son existence même sont un affront à ce royaume, mais il n’en a cure. Les bruits sourds de la démarche du colosse trouble le calme nocturne et blesse la terre à chacun de ses pas quand ses bottes s’enfoncent dans la terre meuble gorgée d’humidité.

L’orage est passé, ne reste qu’une fine bruine qui refroidit l’atmosphère. Il la sent glacée et trempée mais il n’ose la regarder. Elle est là recroquevillée sur elle-même au creux de son bras, et ses cheveux ternis par la bataille, salis par le sang et la pluie, lui chatouillent le cou. Il s’arrête. Elle grelotte, le froid, la pluie, la fatigue, elle est à bout de force. Il ne sait pas quoi faire. Toute sa vie, il a frappé, détruit, pillé. Et maintenant… Maintenant le voilà en terre hostile avec le plus précieux des trésors à son bras. Au plus profond de lui, une voix raisonne, claire, impérieuse. « Protège-la ». Est-ce vraiment lui ? D’où peuvent bien lui venir si étranges sentiments ? « Protège-la ». Il sent cette présence en lui grandir, s’imposer et sans violence, sans haine, vaincre le guerrier qu’il est. Il n’aurait jamais cru cela possible, mais une sombre force, affaibli son bras, ronge son cœur et le désarme à chaque fois qu’il la regarde.

Marmonnant un vieux juron, il reprend sa marche, accélérant son allure. Mais il n’arrive plus à regarder devant lui, un désir irrésistible de la contempler l’assaille, repoussant ses défenses comme un fétu de paille. Il s’arrête encore une fois. Là-bas les arbres ont ménagé un petit espace discret. Posant l’armure de la créature à terre et saisissant sa hache, il dégage à coups de mouvements rapides et précis un espace où lui et son trésor seront à l’abris. Il s’accroupit, tenant le corps de la femme dans sa main calleuse, il la contemple une nouvelle fois.

Qu’elle est belle, si petite et si fragile. Des années de guerres et de batailles ont pourtant laissé leurs marques mais rien ne saurait effacée la courbe de sa gorge et la délicatesse de son être. Non, ni ses muscles noueux ni son port de guerrière aguerrie ne peuvent dissimuler la féminité de ses traits. Il ferme les yeux. Il revoit son regard, ses yeux verts se rivés sur les siens en un défi farouche, et pourtant, qui ne peut dissimuler sa tristesse et son désir de paix. Il a besoin de la toucher, besoin de sentir le contact de sa peau. Il soupire mais ne peut y résister et ses doigts effleurent sa peau si pâle. Elle est si douce, comparée au toucher rugueux et froid de ce qu’il est. Ici et là il peut sentir les cicatrices de maints combats mais son contact est enivrant.

Et s’il ne la rendait pas à son royaume, s’il pouvait la prendre pour lui dans un désir égoïste. Rien ne saurait s’y opposer ici et maintenant. Rien. Rien sauf qu’il devrait encore une fois affronter ses yeux, et y lire non plus de la tristesse mais de la haine. Et il ne peut s’y résoudre.

Elle se réveille, il le sent, mais elle est trop fatiguée. Et s’il ne peut pas l’obliger à venir dans son royaume, il peut quand même attendre avant de la ramener dans le sien. Il l’allonge par terre, à l’abri, dans un geste si délicat que même lui en reste surpris. Toujours à genoux il défait d’un geste maladroit l’attache de sa pèlerine avant de l’en recouvrir. Et alors qu’un sourire déforme encore une fois son visage, il attend. Juste encore un peu, un tout petit peu.
Il court… Cette créature, énorme, se déplace sans grâce aucunes sur les plaines de mon pays. Ses origines, son existence même sont un affront à mon essence, mais il n’en a cure. La nuit est seul témoin de son existence et ses bottes ferrées déchirent le sol, laissant cicatrice de son passage dans la terre humide.

L’orage est passé, mais il veille au loin, grondant sa colère et laissant un crachin malsain détremper ce qui survie encore. J’ai froid, je suis trempée jusqu’aux os. Lovée au cœur de cette créature magique, je sens l’eau couler sur mon corps, effaçant les dernières traces de sang et de boue qui maculaient ma peau. Il s’arrête. Je le sens hésiter : droite, gauche, j’ai envie de lui crier le chemin a prendre mais le froid m’enserre en des liens atroces, je suis fatiguée, je dois dormir…
Cruel destin, je me revoie chantant et dansant à l’auberge, me mêlant aux miens pour retrouver cette joie de vivre, cette ivresse que d’approcher un homme et sentir le désir monter en lui alors que je l’entraîne d’un foulard sur la piste pour qu’il soit mon cavalier d’une nuit…
Humanité violée par mon passé, bonté assassinée par la guerre, au final les hommes se méfiaient et je sentais la peur les nourrir alors que je ne trouvais nul réconfort dans leurs bras…je rêve…je divague car tout va bientôt finir entre les mains de ce troll.

Je l’entends Jurer, je pourrais presque comprendre ses mots. Il accélère son allure, pénètre un sous bois, ralentie puis avec violence déchire de sa hache un espace confiné à travers les arbustes.
C’est étrange, je suis certaine que la nature hurle de douleur, mais je ne ressens rien, la peur monte en moi et m’extirpe de ma torpeur. Alors c’est vraiment la fin, Gaia n’a plus foi en moi…je réprime un sanglot, non c’est moi qui ne croit plus en Gaia !

Il m’a posé au sol comme un précieux fardeaux, avec une délicatesse surprenante. Il me surplombe de sa masse énorme et pourtant je ne ressens rien, il n’est plus temps pour moi de pleurer car mon dernier amant m’a volée ce qui restait des larmes de mon corps, alors je l’imagine à mon tour.
Montagne de pierre en armure, une puissance colossale se dégage de sa présence, il pourrait me mettre en miette et me disperser aux quatre vents mais le toucher des ses doigts sur ma peau nue est doux et hésitant.
Une bête de guerre prenant soin d’une petite Celte comme moi, si mes compatriotes voyaient ceci je serai certainement brûlée vive pour l’exemple, déjà que je ne suis pas la voie royale de mon ordre mais que je me suis vouée à la destruction…mais me reste il encore des amis à présent ?

J’ouvre les yeux, je le fixe sans peur et je le vois me sourire, il se dandine bêtement et arrache sa cape pour m’en recouvrir…je suis encore trop faible pour parler alors je le laisse m’allonger et cale ma tête dans la paume de la main…je suis bien…je dois dormir, encore un peu…
Quel pourra donc être mon avenir, bannie je vais être de mon royaume pour avoir soignée un Troll, un assassin des champs de bataille…
Mais quelque chose me pousse a lui faire confiance…de la douceur des caresses de sa main je sais qu’il ne me veux aucun mal…j’en suis certaine..
Les ténèbres une fois de plus m’entourent mais cette fois ci je ne pense pas être la proie de cauchemar, son odeur les repoussera, son odeur repoussera mes démons j’en suis sûre…
superbe,

Pique relit l'histoire qu'il vient d'écrire, froisse la feuille et la déchire rageusement. Devant un si beau texte de Kreick il se dit qu'il a bien des efforts à faire.

Trés belle histoire Kreick
Citation :
Provient du message de Torkaal / Lormar
C'est magnifique encore une fois Kreick, une histoire bien triste pour le grand troll enfant de Modi, tiraillé par ses sentiments envers une humaine, ennemie qui plus est.
Edit : Niaa, c'est magnifique aussi, vous faites un duo superbe, continuez, j'adore.


<un grand merci à la personne qui m'a fait decouvrir ces textes, je comprends pkoi elle est fan... me voici fan à mon tour>

PS : j'ai un peu honte de poster de peur d'enlever à la beauté de ces textes, mais en meme temps ca montre que vous etes lus, merci à vous
C'est quand qu'il la tue?! >:O
__________________
Madmax-Guérisseur-Guerrier du silence-Midgard-Carnac
Madster-Prêtre de hel-Guerrier du silence-Midgard-Carnac
Madmax-Mercenaire-Guerrier du silence-Albion-Orcanie
Madgneto-Théurgiste-Guerrier du silence-Albion-Orcanie
J'essaie de ne jamais poster sans répondre à une question ou faire avancer le sujet, mais la c'est tout simplement magnifique, alors je fais une entorse à la règle .

Un grand grand bravo à vous deux.
__________________
Parenn, Moine sur YS (a repris du service)
Hrand, Jeune Guerrier sur Orcanie (a remis l'épée au fourreau)
Citation :
Provient du message de Ghostdog Delaub


<un grand merci à la personne qui m'a fait decouvrir ces textes, je comprends pkoi elle est fan... me voici fan à mon tour>

PS : j'ai un peu honte de poster de peur d'enlever à la beauté de ces textes, mais en meme temps ca montre que vous etes lus, merci à vous
Bah oui, c est moi qui lui ai dit d aller absolument lire les textes de Kreick et de Niaa ... < Se souvient encore de l emotion ressentie la premiere fois a la lecture d un de leurs textes >

/clap /clap /clap ( euh, j en mets que trois mais je pourrais flooder le post entier si je voulais ^^)

Bravo a vous deux .
Juste comme ca, au passage, je trouverais ca dommage que ces textes la se perdent ... Ils sont vraiment de qualite ...
__________________
http://www.ifrance.com/Excalibus/Lhyane-Kali.jpg
Citation :
Provient du message de morraga
vos textes enchantent mon coeur chak nouvelle decouverte es un reel ravissement continuez
kelle poete
__________________
http://www.daoc.mmorpg-fr.com/sign/sateen/mantos.jpg
(désolée de m'immiscer à chaque fois dans ce rp, mais je l'apprécie trop pour ne pas intervenir, et y mettre mon grain de sel comme la dernière fois, si ça pose un problème à Kreick ou Niaa, signalez le moi ^^)

Voici qu'ils partent tous les deux et que je reste toujours invisible, comme je l'ai toujours été, moi, la sicaire des ombres, comme je le suis dans la bataille, comme je le suis dans le quotidien qui la suit.
Des bruits de pas sourds et réguliers frappent le sol, comme le battoir des femmes sur le linge dans les lavoirs. On dirait que le roc enserre la fleur, et que tous les deux sont transportés dans un monde qui ne nous appartient pas.

Shabah la sicaire, tu es trop curieuse ! Pourquoi tes pas se pressent-ils derrière eux, comme un rêveur poursuivant ses visions éthérées ? Je ne sais pas. Peut-être pour admirer cacher le déroulement d'un acte que mon esprit refuse à mon coeur. Peut-être pour apprendre un amour que l'on ne m' a jamais enseigné dans les écoles de guerre...

Tous les deux s'éloignent, comme des amants exclusifs et jaloux. J'ai du mal à les suivre en gardant toute la discrétion à laquelle je me dois, l'ombre même ne semble pouvoir les suivre et les nuages gris et lourds qui crachaient leur fiel glacé quelques instants auparavant, semblent eux-même se retirer à leur passage. Vais-je vers une mort assurée s'ils me découvrent ? Je n'en ai cure...

Je suis à présent les empreintes lourdes que le troll colossal a laissé dans la terre. Elles me rappellent quelle est sa puissance, qu'il est une créature faite pour la guerre. Et elle ? La naïade des forêts hibernienne, qu'est-elle dans ses bras sinon qu'un fétu de paille ?

Je les vois soudain au loin plongés dans la clairière d'un bois.Que veut-il d'elle ? Et elle, qu'attend t'elle de ce monstre ? Je revois les colosses titubants alors que je leur tranchais la gorge, et tous les autres hommes des autres Royaumes que j'avais affronté. Qui sait ce que chacun d'eux éprouvait pendant ces combats ? Qui sait qui de l'amour et de la haine les tenaient ? Mon coeur s'affole je me sens vaciller et je tombe à nouveau à genoux.

Ils sont là tous les deux. Lui penché sur elle, comme le promontoire d'une puissante montagne et elle endormie sur son lit de mousse. Ils ne se disent rien. Que pourraient-ils se dire d'ailleurs que l'étincelle de leurs yeux ne trahissent ? Que seraient leurs mots étrangers et inconnus en regard des miroirs qu'ils contemplent l'un dans l'autre.

Shabah, pourquoi t'avances-tu en toute déraison ? Est-ce la mort que tu cherches ? Il te tuera d'un seul coup de cette hache géante qu'il a posé à ses côtés aussi sûrement que tu lui planterais tes dagues si il t'avait surpris... Non, comme un somnambule, j'avance comme pour saisir cet instant, toucher du bout des doigts leur intimité suspendu au temps.

Le troll porte sa main sur la celte avec autant de délicatesse que le vent d'une plaine. La peau fine et élastique se plie sous la pression rude et j'imagine le frisson parcourant son échine. Ils disparaissent, je ne vois plus le troll, je ne vois plus la celte, seulement deux êtres unis d'un même amour.

L'anguleux visage se craquelle et un cratère se dessine sur sa bouche. Il sourit. Elle le fixe. Que peuvent-ils bien se dire dans leur langage qu'eux seuls comprennent ? Que peuvent-ils espérer, eux les ennemis de toujours que leur peuple réciproque bannirait sûrement tout comme l'Eglise d'Albion le bannirait si j'aimais un homme d'un autre Royaume ?

La tristesse m'envahit. Une lassitude funeste, un désir de d'en finir avec tout cela, avec ma propre vie, avec cette amour douloureux pour moi, et condamné à la souffrance pour eux.
La colère me saisit. J'ai presque envie de les cueillir dans ce subtile instant de bonheur, de leur donner une mort salvatrice qui les libérerait du chagrin de la séparation, du poids de leur amour impossible...

Il lui offre sa cape, elle ferme les yeux, confiante. Moi, je m'enroule dans la mienne, et je m'endors dans l'ombre qui m'enlace.
__________________
Kildare Barde lv 47 et Drilirvla, Enchanteresse lv 40
- Les Combattants de Mag Mell (In progress)
Sineidin Ménestrel lv 50 - Le Chant d'Arioch
Kildare Dannan Thaumaturge lv 50 - CDD
Arshess Ney Bretonne Théurgiste lv 50 - CDD
Shabah Briselune Sarrasine Sicaire lv 50 (Repos) - CDD
Mujha Sarrasine Fléau d'Arawn lv 50 - CDD
Pour faire comme tout le monde ( mais c'est pensé ) , je vous félicite pour ce texte .
Etant nouveau sur Jol , je vais rechercher les anciens puisque , parait-il , ils sont aussi bien .
/clap

PS: J'espere juste que tes (grosses) chevilles de troll ne vont pas trop enfler
Comme d'habitude Kreick et Niaa nous pondent des raretés

Continuez comme ça vous deux, c'est un réel plaisir de vous lire
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GW2 / Mer de Jade / Mad Zach - Guerrier
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DAoC / Orcanie / Aegirsson - Skald

CoH / Vigilance
/ Zachary - Blaster

LoTRO /Sirannon / Zakthelion - Champion
Magnifique, rien d'autre à dire.

Pac, fidèle a toi même...Merci de tes commentaires aux combien précieux..
__________________
You are AIR. You don't mix well with other people, because you don't think the same way. You are aloof and distanced, preferring to spend time with yourself. Others don't understand you, and you like it that way.
 

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