Désolé mais pour moi seules certaines initiatives en local sont réellement faites pour ouvrir votre métier à la compréhension des gens.
J'ai coupé l'exemple.
Je suis bien d'accord avec toi, c'est pour cela que, comme je le dis plus loin, ce qui m'importe moi c'est ce que j'apporte aux enfants et ce que les parents voient de mon travail.
Ce que disent les médias, ce que pensent les gens, je m'en moque.
Moi je ne vois que les faits....Pour la rentrée prochaine,l'augmentation de demande d'entrée dans le privé au collège et même au lycée a été la plus forte jamais vue....Les parents avouent aux responsables des établissements privés que les grèves en sont la cause.
Si c'est vrai c'est regrettable (d'ailleurs où as-tu lu ça ?), mais dire "les grèves en sont la cause" me parait être un raccourci. La présentation des grèves qu'en ont fait les médias a fait surement beaucoup plus de mal.
Mais je ne crois pas qu'on y puisse grand chose à notre échelle (je le rappelle rapidement, avant les grèves, on a tenté de discuter, on a essayé de faire des négociations, et ce dès décembre 2002.. Bref)
Tu utilise un mot pour désavoué un fait:certains profs s'en tapent de leur boulot comme d'autres personnes dans d'autres métiers...La différence ici,pour la population,c'est que ce métier doit être avant tout une vocation,donc plus d'intransigeance envers les mauvais.
Je l'ai dit et redit, il est certain qu'il y a des profs qui s'en fichent !
Ce que je désavoue c'est la proportion de profs fumistes par rapport à ceux qui bossent. Je ne crois pas que cette proportion soit plus élevée que dans d'autres corps de métier, c'est tout.
Et ce que j'essayais d'expliquer c'est que le métier de prof est lié à la subjectivité, car ceux qui en parlent le plus en mal sont généralement les élèves. D'où peut-être cette impression que seuls quelque profs sont géniaux, et que tout le reste n'est qu'un ramassis de feignants. C'est la seule chose que je désavoue.
Voilà.
Pour moi l'erreur est de ne pas séparer le scolaire de l'extra-scolaire ou para-scolaire,comme on peut le voir dans d'autres pays.Je suis d'accord avec toi sur le fait que certaines occupations,comme l'artistique ou le sport,ont leur importance...Mais celà devrait se faire séparément de l'éducation scolaire (le fameux:cours le matin et extra-scolaire l'après-midi...je ne comprends pas qu'il ne soit toujours pas testé à grande échelle).
Ca a été longtemps le cas en Allemagne, et il me semble qu'ils sont en train de revenir à une formule plus "classique" (c'est à dire comme la notre). Je chercherai plus avant dans ce domaine, car je ne sais ni pourquoi ni comment ce revirement a été fait.
Voilà pourquoi ce petit changement dans le bouquin de Ferry me hérisse : ça veut dire qu'on glisse vers le 2eme type d'école, celle purement "utilitaire", dans son sens le plus strict. Or le dangers est donc de faire des gens incapables de réfléchir par eux mêmes mais simplement là pour répéter ce qu'on leur à dit.
Donc donner des cours ne servent aux élèves qu'à mémoriser puis répéter...Pour moi c'est grave et il faut changer çà.
Nous sommes bien d'accord.
Or, relis ce que je dis, c'est, à mon avis, vers ça que l'école se dirige aujourd'hui.
Et je m'oppose farouchement à cette vision là de l'école. Elle est là pour faire réfléchir les élèves, pour les faire s'épanouir et pour leur faire connaitre des tas de domaines (tant pis s'ils ne les utiliseront pas plus tard, ça ne peut pas être perdu).
C'est comme quand un élève me demande "à quoi ça sert d'apprendre ce théorème ? Ca nous servira plus tard ?".
Et voilà : il faut que tout soit utile, que tout serve, que tout soit rentable...
Je m'oppose à cette vision des choses...
Excuse l'élève qui ne fait que se poser une question légitime...C'est le propre de l'homme de vouloir trouver une raison à chaque chose...Combien de profs m'ont répondu:"tu verras plus tard" au lieu de se donner la peine d'expliquer.
Mais je lui explique bien entendu !
Simplement quand on lui dit "ça n'a pas vraiment d'utilité en soit, tu ne vas peut-être pas t'en servir dans ton quotidien, mais ça t'aura permis de réfléchir, d'essayer de résoudre des problèmes qu'auparavant tu ne pouvais pas résoudre... Ca t'entraine aussi à disposer d'outils et à choisir les bons.."
Ben l'incompréhension guette car l'élève peut te répondre "ah bah ça sert à rien alors ?".
Je suis très sensible à ce sujet et lors des premiers cours de la rentrée j'explique pourquoi le programme est fait de telle façon, pourquoi on voit ça même si ça parait, au quotidien, inutile...
Et c'est sur ça que je voulais mettre le doigt : aujourd'hui, on nous bassine qu'il faut absolument que tout serve, que tout soit rentable et utilitaire. Et ça rejaillit sur l'école, et dans une moindre mesure sur les enfants, qui ne comprennent pas qu'on ne leur apprend pas forcément des trucs immédiatement utilisables, mais que sur le long terme c'est bénéfique.
C'est le risque actuel, je pense.
Ce que dit Alaman est très juste et résume bien mon opinion : on ne "prépare pas les enfants au monde de demain", on "prépare les enfants à faire le monde de demain".
C'est complètement différent.
Mais sais-tu que la grande majorité de ces enfants ne changera pas le monde?Il ne faut pas vous borner à faire de tous vos élèves de grands révolutionnaires,où alors la révolution se fera et celà donnera quoi?Rien.Arrêtez de croire que de vouloir se trouver une place dans notre société,d'avoir un boulot,une famille etc..c'est si horrible...
Où est-ce qu'on a dit ça ???
Quand je dis "faire le monde de demain", il ne faut pas forcément prendre "faire" au pied de la lettre ! Je dis juste que les enfants d'aujourd'hui ne doivent pas subir le monde, mais y être, y vivre, en ayant une vision aussi large que possible de la façon dont il est fait.
Et dans l'école d'aujourd'hui il y a plein de branches qui permettent aux enfants de trouver un métier assez vite, qui sont tournées vers les formations, les apprentissages. Il y a des filières pour les gens qui ne veulent pas suivre des cursus longs. Il y a des diplômes qui permettent d'entrer dans la vie active directement.
Et ces filières sont indispensables (et se sont largement améliorées, ce qui est très bien).
MAIS il n'y a pas que ça. Et même dans ces filières, il doit y avoir un petit résidu de "culture générale". On ne peut pas se borner, à mon avis, au strict utilitaire.
Or, c'est ce que est remis en question, justement...
Celà a amené à un autre problème:le lycée de masse (oui pret de 80% des élèves en terminale ont leur bac....Mais quel est le niveau de celui-ci aujourd'hui?question posée par un prof),avec la dévalorisation de certains métiers nobles,du travail manuel pour lesquel on n'a pas besoin d'avoir le bac mais d'une formation adequate...Les jeunes savent penser,ont des diplomes,des connaissances....Mais sont au chômage...
Les 80% au bac sont une décision politique et regrettable, c'est certain (d'ailleurs on fait machine arrière en ce moment, dans une certaine mesure : les filières "pros" ont tendances à avoir de plus en plus de candidats). Comme je le disais dans un autre thread, à mon sens les plus grandes erreurs aujourd'hui sont des erreurs d'orientation des élèves, qu'on pousse à avoir un bac général, ce qui est tout à fait inutile pour certain.
Mais tu ne peux pas imputer tout le reste à l'école... Il y a des facteurs externes, politiques, historiques, sociologiques, qui font que trouver un travail aujourd'hui n'est pas une sinécure.
Le chômage lui même, par exemple, implique que les diplômes sont sous évalués. Un type avec bac +5 va peut etre accepter un poste loin de son niveau, parce qu'il a peur du chomage.. On va alors dire "regardez, le diplome vaut plus rien, ce type est sous employé". Or ce n'est pas l'école qui a donné le diplôme la responsable, dans ce cas, mais bel et bien la société elle même (c'est René Passet qui disait justement que pour les employeurs, avoir un chômage résiduel est bénéfique, car les négociations de contrat sont à leurs avantages).
Bref, c'est un débat beaucoup plus large qui s'ouvre ici...