Désert...

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Du sable...

L'homme regardait l'horizon depuis la petite grotte où il venait de se réfugier.
Il avait couru pendant plusieurs dizaines minutes mais la fatigue et la douleur de sa jambe blessée lui avait donné l'impression de courir pendant plusieurs heures.

Du sable à perte de vue...

Le désert s'étendait sur tout le sud-est de l'île. En temps normal et avec le chargement qu'il portait, il lui aurait fallut trois jours pour sortir de cet océan de sable. Mais sa jambe droite lui faisait encore mal malgré qu'il l'ai bandé et soigné avec les herbes médicinales que contenait son sac.

Il lui faudrait encore une semaine pour sortir de cette maudite histoire...

Taedorn Gaern _ c'était le nom de l'homme_ était un de ces aventuriers-marchands qui erraient en quête d'aventures et de trésor, tout en survivant en vendant ce qu'ils pouvaient. La chance l'avait toujours accompagné jusque là. Il connaissait le désert et savait qu'il arriverait a s'en sortir avec les provisions qui lui restait.

A moins qu'ils ne le retrouvent....

Ils lui avaient infligé cette blessure, ils avaient volé ses deux chameaux tout ce qu'il possédait; ou plutôt il avait été obligé de les abandonnés quand ils lui avaient donné la chasse. Tout ce qui lui restait était son sac dans lequel il avait sa nourriture et des herbes médicinales. Il s'estimait heureux d'avoir pu les garder, mais il savait qu'ils avaient fait exprès de les lui laisser, pour que la chasse soit plus excitante.

La chasse, il n'y avait aucun autre mot possible, il n'était plus qu'un gibier.


Il avait couru pour atteindre les monts Kalaor, qui regorgeaient de grottes comme celle où il se trouvait, avant la nuit. Le soleil venait de se coucher à l'horizon et, bientôt, comme chaque nuit, le vent se lèverait, effaçant les traces de pas qu'il avait laissé sur sa route. Il avait fait de nombreux détours et laissé de nombreuses fausses pistes pour ses poursuivants. Le vent effaceraient toutes ses traces, au cas où ses ennemis le poursuivraient toujours. Il avait joué a ce petit jeu depuis deux jours, depuis le jour où, croyant les avoir semé, il était tombé dans un piège de l'un d'eux. Il savait qu'il aurait dut mourir ce jour là, mais son ennemi, ou plutôt son ennemie, en avait décidé autrement.
Lysae, la meilleure archère des Ombres, lui avait seulement décochée une flèche dans sa jambe droite, puis avait disparue. Taedorn était certain que pour elle, cette chasse était un jeu. D'ailleurs, il se demandait si, pour les Ombres, la mort et le meurtre n'étaient pas des jeux.

Un jeu? Ou un rituel?

Les Ombres priait un dieu qu'il ne nommaient jamais. Ce dieu était connu pour sa cruauté et sa soif de destruction, il était d'ailleurs prié comme étant le dieu du néant. Son culte avait été chassé et exterminé il y a de cela plus de mille ans. Enfin, c'est ce que le monde croyait. Certains avaient réussit a trouver refuge dans le désert. Leurs descendants avaient survécu tels des nomades perpétuant les rites du culte.

Taedorn décida de ne plus y penser. Son petit jeu avait du lui permettre de semer ses ennemis qui ne s'étaient plus montré depuis qu'il avait commencé. Du repos lui ferait du bien, il ferma les yeux et s'endormit quelques temps plus tard.


Qu'est ce que c'était?
Non, ce devait être un rêve. Il n'aurait pu entendre ce qu'il croyait avoir entendu avec le bruit du vent, dehors. Ce devait être le sable, entraîné par le vent, qui lui avait joué des tours.
Oui, c'était sûrement cela, son rêve ou bien le vent. Il ne pouvait pas y avoir d'autres explications.

Le bruit se fit a nouveau entendre. Cette fois, aucuns doutes n'étaient possible, c'était bien le son d'un cor. Comment avaient ils pu le retrouver? Il avait pourtant fait tout ce qu'il pouvait.

Il rampa jusqu'à l'entrée de la grotte. Le vent et le sable l'empêchaient de bien distinguer l'extérieur. Puis il la vit. Une silhouette sur un chameau, a quelque dizaine de mètre en dessous de sa grotte. Aucun doute possible, ils savaient qu'il se cachait là. La fuite serait inutile, il venait de comprendre qu'ils le retrouveraient toujours. Il décida de profiter de son avantage pour passer a l'attaque.
Il commença a chercher quelque chose qui pourrait lui servir d'arme dans la grotte. Une pierre assez grosse de préférence.
Il n'en trouva pas qui lui convenait, il regarda son sac. Si il le lançait sur son poursuivant, peut-être cela le retarderait dans sa réaction...
Il s'approcha a nouveau de l'entrée et remarqua que la silhouette n'avait pas bougé. Il inspira profondément plusieurs fois pour se donner du courage et passa à l'action. Le sac toucha l'être en pleine tête. Taedorn avait dut escalader, difficilement avec sa jambe blessée, les quelques mètres qui séparaient sa grotte du sol. Cette fois, il prit un chemin plus rapide, il sauta. Choix qu'il regretta a l'atterrissage lorsqu'il la douleur de sa jambe lui arracha un cri.
Il avait atterri près de sa victime. Il observa celle-ci: une ashtark, une sorte de robe qu'utilisait les Ombres car sa texture et sa matière en faisait un vêtement parfait pour la vie dans le désert.
Une capuche et un foulard recouvraient tête ainsi que son visage. Il les arracha violemment, de fureur et de colère.
Ce qu'il vit le laissa bouche bée. Ce qu'il croyait être un être vivant se révélait n'être qu'un mannequin.

Plusieurs secondes s'écoulèrent avant qu'il ne reprenne ses esprits.
Ce mannequin l'avait forcé a sortir de sa grotte, à révéler sa position a ceux qui devaient l'observer.
Puis, soudain, il se rappela le chameau. Il pourrait peut-être fuir avec vers un autre refuge, peut-être même jusqu'à la sortie du désert.
Le chameau était plutôt docile, mais, bien qu'il eût l'habitude de les manier, il perdit un peu de temps à se mettre dessus: sa jambe lui jouait souvent des tours, et son saut n'avait rien arrangé,bien au contraire.

Quelques instants plus tard, d'un léger coup de pied dans le flanc, il encourageait le chameau a aller au galop. Sans hésiter, l'animal obéit a son nouveau maître et s'élança. Ou tout du moins tenta de lui obéir. A peine la monture commençait a avancer que deux traits d'argent quasiment simultanés fendirent le ciel et se plantèrent dans les pattes de sa monture. Taedorn se retourna, nul tireur en vue, mais il savait qu'il, ou plutôt elle, était là... Lysae et son plaisir sadique...
Elle devait avoir escaladé la montagne après avoir laissé le mannequin. Elle l'avait observé, lui laissant croire a une possible évasion de cet enfer de dunes et de sable. Elle lui avait laissé cet espoir pour pouvoir lui enlever au dernier moment et le faire souffrir mentalement.
Elle l'avait blessé physiquement lors de leur première rencontre, et cette fois elle achevait son mental.
La destruction devait être complète pour que son rôle soit achevé.
Taedorn savait qu'il n'avait aucune chance, mais il se mit a courir, ou essaya du mieux qu'il put, laissant derriere lui la trainée de sa jambe blessée dans le sable et immédiatement disparue; tandis que Lysae descendait agilement la paroi abrupte de la montagne où s'était caché l'homme et où elle s'était embusquée.
Lorsqu'elle toucha le sable, Taedorn avait déjà disparu derrière un dune, mais elle savait qu'il ne pouvait aller loin.Elle se mit a marcher, calmement. Taedorn boitait, il essayait d'aller le plus vite qu'il pouvait. Lorsqu'il arriva au sommet de la deuxième dune, Lysae arrivait à celui de la première. Elle prit son arc, visa d'instinct, tira et recommença immédiatement.
Les deux flèches touchèrent chacun un genou. Taedorn bascula en avant et dévala la pente de la dune, emportant avec lui le sable qui n'était pas emporté par le vent. Lysae reprit sa marche, souriante: elle avait eu sa cible et l'avait détruite.
Taedorn ne pouvais plus se relever, il tentait désespérément de ramper dans le sable. Il savait qu'il allait mourir, il voulait que cela se finisse le plus vite possible. Lysae le rattrapa, toujours souriante, elle lui dit froidement:
_ Le jeu est fini.
Elle pointa son arc, Taedorn ferma les yeux, se préparant a mourir.
La flèche partit, pour s'enfoncer a quelque millimètres du visage de l'homme.
La jeune femme rigola et retourna d'où elle venait, vers l'est.
Taedorn comprit que sa mort ne serait pas aussi rapide qu'il l'espérait, qu'il souffrirait encore longtemps.
Les vautours ne volaient pas encore en cercle au-dessus de lui, il lui faudrait attendre le jour. Il n'avait plus la force de parler, de dire ce qu'il voulaient leur dire, il voulait appeler ces maudits oiseaux: Venez! Venez vite! Tuez moi... Je veux... Mourir...Que tout se finisse!!!
Mais tout n'était pas si simple... Il lui faudrait attendre des heures que le jour se lève. Les charognard alors pourront l'achever. Le jour...le jour...depeche toi de te lever, astre solaire...
La nuit durait des siècle pour lui, il avait eu l'impression d'avoir vécu des millènaires lorsque les premières lueurs de l'aube pointèrent sur le sable doré. Son corps, toute la nuit, avait été battu par la tempête de sable qui sévissait ici chaque nuit. Elle l'avait meurtri, blessé, mais pas tué, pourtant, il n'avait rien fait contre. Il voulait mourir...

Encore quelques siècles d'attentes... le soleil commencait déjà a desséché sa peau, quand ils arrivèrent! Enfin!
Mais la déception l'attendait encore... Son corps se desséchait encore, il les attendait, mais ils ne venaient pas! Pourquoi? Pourquoi??


Les charognard volants étaient comme celle qui l'avait chassé. Ils attendrait qu'il soit à point.
Il voulait pleurer, mais son corps desséché ne pouvait lui fournir le plaisir des larmes. Il voulait crier mais son corps meurtri ne pouvait lui fournir le plaisir des hurlements. Il voulait mourir, mais rien de pouvait lui fournir, encore, le plaisir de la mort sans souffrance.

Les secondes duraient des années les minutes étaient des siècles pour lui...
Puis soudain, les cercles aériens se rapprochèrent, les points devinrent des oiseaux...
La nuit tomba sur son esprit...










Puis le jour se fit!
Encore ce cauchemar, ce maudit cauchemar! Il savait que ce cauchemar était prémonitoire, il savait que tout allait se passer ainsi. L'espoir, l'anéantissement, la mort, une mort pire que la mort. Ils les avaient vu faire tant de fois... Cela ne pouvait se passer autrement. Il se colla contre les barreaux de sa cellule. Les barreaux de sa cellule, sans lit, sans fenêtre, sans lumières, étaient comme des serpent dans son dos... Le froid de la mort... Dans quelques instants, ils viendraient le chercher et son cauchemar,
son rêve, deviendrait réalité. Et il se posa cette question:
Y a t il pire chose pour un homme de savoir qu'il va être heureux de mourir, qu'il attendra la mort et qu'elle sera sa délivrance?
Citation :
Provient du message de Ligeia Zenox
J'aime bien l'histoire La phrase est bien inquiétante étant donné qu'on pourrait souvent l'appliquer à notre monde.
Pas trop souvent, heureusement.


L'histoire est bien écrite, mais je ne "l'aime" pas vraiment. Je n'ai jamais eu le goût de la mort.
Citation :
Moi je tiens a dire un grand bravo a mon amis Aoshy pour cette magnifique histoire
Citation :
Aoshi, j'adore ton dénouement
et tout le reste d'ailleurs
Merchi
Ps: Yo Shadock

Citation :
L'histoire est bien écrite, mais je ne "l'aime" pas vraiment. Je n'ai jamais eu le goût de la mort
Les gout et les couleurs, personne peut faire l'unanimité...

Citation :
La phrase est bien inquiétante étant donné qu'on pourrait souvent l'appliquer à notre monde.
Comme dit plus haut, pas trop souvent quand meme...
Mais malhereusement encore applicable...
J'ai bien aimé l'allusion à la mort dans ce texte, surtout que l'on pourrait considérer le désert comme l'anéantissement de l'esprit face à la folie, et pis les poursuivants comme les géniteurs de cette folie mais qui ne veulent pas donner la mort tout de suite.

Dans de nombreux textes on perçoit la mort comme une délivrance, m'enfin, les avis sont très partagés

Bravo pour le texte.
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