Portrait d'un blaireau de compagnie

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C'est en parcourant mes archives que j'ai retrouvé ce petit texte que j'avais écrit il y a de ça quelques années.. Quelques digressions à l'encontre d'une personne que j'ai connue. Il n'est pas fini, ma rancoeur s'étant depuis calmée, il ne reste que ces quelques lignes qui me font sourire et que je vous livre en pature.
En bleues sont quelques réflexions d'auteur lors des différentes relectures



Six heures du mat’, son réveil s’envole vers un coin encore non défini de la pièce. Atterrissage prévu dans H moins 1 seconde. Après cette traversée en solitaire sans escale de la chambre, le petit, mais non moins inutile appareil se ramasse sauvagement les aiguilles entre la télé et la pile de cassettes égarées pendant leur sortie dominicale.

Réveillé (enfin presque ) par le cri d’agonie prémonitoire de son réveil, qui soit dit entre nous n’en a plus vraiment l’air ni la chanson maintenant, notre zéro de service, que par égard au genre humain je ne nommerais pas, rampe héroïquement hors de ces couvertures.

Une main dans le cendrier, l’autre dans l’assiette de lentilles de l’avant-veille, il se redresse en renversant délicatement les quelques cadavres de bière stationnés illicitement à coté de son matelas. Notre heureux blaireau débute sa journée...

Ce blaireau, comme beaucoup d’autre de son espèce en voie d’apparition, possède depuis très jeune un rite ancré dans ces gènes, nous l’appellerons pour simplifier le rite du « M.B.D. » ou rite du « Métro-Boulot-Dodo » (à ne pas confondre avec le « M.B.D. » du dimanche qui là veut dire « Mémorable-Biture-Dominicale »... ).

Nous n’allons pas étudier aujourd’hui le blaireau de base, mais un spécimen plus rare découvert par hasard. Celui-ci poussé par on ne sait quel instinct à émigré récemment dans un terrier en béton plus communément appelé par ces congénères « HLM » (c’est à dire Hors Limites Maternelles).

Je tiens quand même à vous mettre en garde dès à présent que le spécimen étudié ici est au-dessus du commun de sa race. Veillez à ne pas vous laissez abusé par les grands airs qu’il essaye de se donner, il est assez malin pour vous faire croire qu’il est de notre espèce. Moi-même après avoir passé deux ans à ses cotés, j’ai faillit être trompé. Bon mais revenons plutôt à l’observation de cet étrange animal qui débute sa journée.

Comme vous vous en souvenez notre « presque-pas-trop-con-pour-être-bien » blaireau s’est tant bien que mal mis en position semi-verticale. L’intelligence étant à cette heure-ci encore au fond de son slip, se sont les instincts de la bite rude qui prennent les commandes.

Escaladant une pile de linge, il se dirige, enfin disons plus simplement qu’il se rend (ce n’est pas évident de commenter la route d’un grand huit) aux toilettes en vue d’expulser les quelques litres de bière squattant, sans permission, ni papiers, sa vessie.

Après avoir refait la déco. des W-C, façon « bords de mer, jours de tempête », tel un Indiana Jones à la retraite, il gagne la cuisine (à droite en sortant des chiottes).
Le peu de cellules grises égarées dans la boule qu’il porte en guise de tête commencent à s’illuminer, égalant presque une ampoule de 200 watts branchée sur une pile de 1,5 Volts.
Première difficulté en vue ! « Mon capitaine, une cafetière électrique s’approche par tribord ! Branle-bas de combat moussaillons ! ».

Plusieurs années d’études aidant, il prépare la cafetière en saupoudrant généreusement tout ce qui l’entoure de café moulu «Mammouth».

Avec la rapidité d’un panda sous tranquillisants, il repousse le tas d’objets informes qui manifestaient leur agonie, de sa table de camping-cuisine de 30 cm2 pour pouvoir poser sa gamelle.

Assis sur sa chaise en bois «Jardiland», il se lance dans une contemplation éperdue de sa cafetière, qui se sentant si impoliment dévisagée, ralentit sournoisement son écoulement.

L’oeil glauque et injecté d’alcool, la lèvre inférieure pendante à en faire baver d’envie un babouin, il attend...

Vous ai-je dit que dehors les oiseaux chantent déjà ? Le ciel de son bleu « fumée déchèterie » s’éclaircit doucement. Les pigeons urbains entament leur concerto de miaulements quotidiens avec pour accompagnement le roucoulement des chats de gouttières. Les camions-poubelle verts (ça fait plus écolo) arpentent fièrement les rues, histoire de réveiller ceux qui auraient oublié de mettre en marche leur réveille-matin.

Pardon ? Ah ! Le blaireau ? Non, ne vous inquiétez pas, il est toujours sagement rangé dans sa cuisine ! Que voulez-vous, sa cafetière n’est pas tombée de la dernière pluie (alors du dernier camion peut-être ?), elle est vicieuse, elle est patiente, elle ne l’aime pas ! (Soit dit en passant, moi non plus). Elle prend son temps, elle retient chaque goutte autant qu’elle le peu avec son petit filtre musclé. Brave petite, on voit dans cette détermination, qu’elle est de la vieille école, elle va lui en faire baver à ce trouffion, elle va tout faire péter mon général !...

Mmm ! Scusez-moi, un moment d’égarement. En fin bref, cette cafetière, pour tout vous dire, c’est une chieuse de la meilleure espèce.

Alors si vous voulez que je vous décrive quand même cette scène de déchéance contemporaine, pas de problèmes, c’est vous qui l’aurez voulu...

Assis sur sa chaise en bois «Jardiland», il est toujours lancé dans une contemplation éperdue de sa cafetière qui se sent toujours aussi impoliment dévisagée, ralentissant toujours aussi sournoisement son écoulement. L’oeil glauque et...

Non ! Stop ! Le temps que ça finisse, je n’aurais plus assez de pages pour vous conter la suite de ces palpitantes aventures. Profitons plutôt de ces quelques minutes de répit pour visiter son terrier.

Environ 30 m2, (ça paye bien d’être blaireau) au 3eme étage. Vous voulez vraiment en savoir plus ? (Un ange passe, les ailes chargées de plans d’architecte et s’enfuit à tombeaux ouverts en apercevant la scène de la cuisine.)

Juste le temps pour moi d’enfiler ma casquette de guide et c’est parti...

Si ces Messieurs-Dames veulent bien me suivre, la visite va commencer...

Comme vous pouvez le constater la porte d’entrée imitation placage-bois est blindée et comporte en son centre une sorte de petite loupe communément appelée par le commun des sauterelles « oeil de boeuf » (pourquoi pas « oeil de beauf » ?) ou encore « judas » (ce qui reflète assez bien sa personnalité).

Nous pénétrons actuellement dans le « hall » d’entrée...

Sur votre gauche, un placard à portes dites coulissantes (elles ne sont pas coulissantes, elles sont croulantes ou couinante à la rigueur !) et sur votre droite, la salle de bain-toilette.

Non ! S’il vous plaît, ne donnez pas à manger aux cafards ni aux salamandres, veuillez respecter l’écosystème précaire qui subsiste dans cette pièce. Merci !

Pardon ? Oui ! Le canard en plastique jaune était livré d’origine avec la baignoire...

D’autres questions ?

Ah ! Non, pas du tout monsieur, la texture gris-vert à l’apparence soyeuse qui recouvre les murs, ce n’est pas de la moquette murale, c’est de la moisissure et ceci n’est pas non plus un porte-serviettes mais bien une magnifique culture de champignons.

Bien continuons...

Voici donc le séjour-salon-chambre à coucher-salle de jeux-télévision-musique et musculation. Vous remarquerez l’aspect rustique très bien rendu par les nombreuses fissures dans les murs gris-cassé ainsi que par les lézardes du plafond. Dans le renfoncement à votre gauche,... Oui juste à côté du cendrier et des cadavres de bières, se trouve la couche de notre spécimen.

Imprégnez-vous aussi de ce décor néo-moderne-post-apocalyptique magnifiquement orchestré par les piles de linge et les nombreux cartons « déménageurs bretons » savamment dispersés au milieu de la pièce.

Ce n’est pas par un souci d’économie, mais bien en vue d’une optimisation spatiale que vous ne voyez aucune table, ni aucune chaise; ce qui est beaucoup plus convivial lors des réceptions ou des repas qu’il organise : en effet chacun peut ainsi se choisir un bout de moquette pour y poser son assiette et accessoirement le bas de son pull ou le haut de son pantalon (pourquoi tu ne dis pas carrément « poser son cul » ?).

Mmmm ? Oui ! Suggestion très judicieuse madame, il serait très intéressant d’organiser une étude archéologique de la moquette. L’étude des différentes couches de sédiments nous apporterait très certainement de précieux renseignements sur l’alimentation et les moeurs de cette espèce en voie d’apparition.
Mal pris ? Bof ce texte date de 8 années en arrière et ne fait aucune référence à une personne en particulier
C'est juste une petite satyre contemporaine, mais je suis ouvert à toutes les critiques, j'ai juste ressorti ce texte pour éviter qu'il finisse dans une poubelle virtuelle comme tant d'autres avant d'avoir pu être lu par d'autres personnes que son auteur
Je trouve ce texte méchant à souhait et dégoulinant d'un sentiment de supériorité mal contrôlé de la part de son auteur : même dans un but comique, je ne vois pas ce qui pourrait justifier que l'on parle d'être humain qui soit "au dessus" ou "au dessous" de telle ou telle "race".

Mais ça ne doit sûrement pas venir du fait que je n'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit à cause de deux moustiques qui au passage m'ont dévoré. Ni non plus avec le fait que mon disque dur a refusé deux fois de booter au réveil. Et encore moins que je vais passer la journée à dégouliner de sueur avec cette température.

*part chercher une corde*
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