Provient du message de Grenouillebleue
Je n'ai pas été déçu.
Moi un peu quand même par ce post. Je lui reproche 2 choses : les mensonges par omission (manquent pas mal de pans de la réforme de l'enseignement qui est bien une problématique globale en dépit du titre) et une vision caricaturale des gens confrontés à cette réforme comme des positions politiques qui s'y opposent, notamment le superbe "Gauche en difficulté -> appel aux leaders syndicaux -> affaiblissement du gouvernement".
Provient du message de Grenouillebleue
Il faut déjà savoir que la décentralisation est déjà effective pour les moyens financiers des écoles (construction, rénovation, équipement, bibliothèques...). Ce sont les départements qui financent les collèges, et les régions qui financent les lycées. Il y a déjà une grande différence de moyens entre le lycée de la Creuse, et celui de Rhône-Alpes. Donc, tous les professeurs qui font grève contre la décentralisation en croyant que les collèges et lycées des régions pauvres vont souffrir d'un manque de moyens informatiques, ou de locaux délabrés, peuvent déjà retourner chez eux: ça n'a rien à voir.
Ahlala, ces hordes de professeurs mous du bulbe et passablement idiots qui font grève "en croyant", quelle pitié à notre époque où l'on est censé être "informés".
C'est pourtant pas nouveau tout ça, les lois de 82 remontent à la nuit des temps. Mais non, apparemment Grenouille tu as assisté au prodige : rencontrer des enseignants qui ne savent même pas ça. Ca me sidère, je n'ai pas cette chance (une malchance dans le fond nous serons d'accord) au quotidien.
Sérieusement et que cela reste entre nous, tu n'as pas rencontré des enseignants bien sérieux. S'il y a grève, c'est avant tout par crainte d'une libéralisation du système (la concurrence est promise, elle aura lieu) et plus encore de sa politisation ras-des-pâquerettes. La décentralisation, c'est bien et mieux que le jacobinisme, mais on l'a tous vu en pratique, les dérapages sont conséquents. Une école veut conduire un projet culturel et demande des crédits à la mairie, que se passe-t-il ? La mairie donne, ou ne donne pas, selon tout un tas de considérations ma foi variés, et c'est vrai que si l'enveloppe budgétaire a été dépassée, le fait qu'elle ait été dépassée en finançant très largement le projet de l'école du centre-ville "prestigieuse" ne légitime pas l'établissement de la périphérie qui accueille les locaux version hlm à se plaindre.
Plus politique, tiens, je m'en souviens comme si c'était hier : un projet culturel avec un collège d'une ville de Seine-et-Marne = entretien avec le chargé de comm' du département pour un soutien = réponse texto : "vous ne vous imaginez quand même pas que le département va s'engager dans un projet ayant lieu sur le territoire d'une commune tenue par la gauche". Bé non, on y avait pas pensé...
Provient du message de Grenouillebleue
Elle concerne le financement de ce qu'on appelle le personnel péri-éducatif, à savoir toutes les personnes, non-professorales, qui gravitent autour d'un établissement scolaire. Cela inclut les balayeurs, les surveillants, les secrétaires...
Et cela implique aussi, merci de ne pas l'occulter, un changement d'employeur, donc de contrat de travail, et au passage la promesse pour une partie des revenus d'êtres revus à la baisse.
Provient du message de Grenouillebleue
Lorsque l'on cherche à obtenir des moyens supplémentaires pour un aide-éducateur de plus, ou un psychologue, ou quoi que ce soit, la décision est suspendue à Paris et prend généralement plusieurs mois pour être statuée (expérience concrète concernant la région grenobloise).
Très bien. Tant qu'on n'oublie pas de mentionner que ce génie de gouvernement réformateur est aussi celui qui baisse les crédits de l'Education nationale, avec pour conséquence.. . Tiens, exemple perso :
Une partie de l'activité de ma société consiste à mener des ateliers de réalisation vidéo dans les écoles/collèges/lycées. En Septembre dernier, moment de concrétisation ds contrats, que se passe-t-il ? 4 établissements renoncent, et un coordinateur zep nous annonce que le projet de formation des professeurs à la vidéo doit être annulé cette année. Motif similaire pour tous : impossible d'obtenir des aides-éducateurs, impossible de réunir les crédits, politique du gouvernement, etc.
Provient du message de Grenouillebleue
Concrètement, *rien* ne change donc en matière de financement. La seule différence sera une décongestion des lenteurs administratives et une baisse des coûts administratifs par la supression d'un maillon de la chaîne.
L'administration centrale a des lenteurs ? Oui... les administrations décentralisées également, d'ailleurs les règlements de fonctionnement applicables sont les mêmes. Par contre l'administration centrale reste garante d'une neutralité minimum, ce qui n'est pas les cas des décentralisées, du moins avec suffisamment d'assurance en amont que cela le soit.
L'explosion des "affaires", on la doit pour une très large part à la décentralisation et à la liberté de gestion qu'elle a octroyée aux collectivités, n'est-ce pas.
Et que dire du projet de réforme de l'université par Ferry, qui a tout plein d'avantages lui aussi au moins sur le papier, avec cette liberté de gestion qui reste un "plus" de liberté, mais qui passe aussi par un changement du statut de chercheur version "moins de recherche, c'est dépassé" et se conjugue admirablement bien avec la baisse du budget alloué à la recherche en France.
Provient du message de Grenouillebleue
Bref, pour moi, la manoeuvre est beaucoup plus politique qu'autre chose.
La manoeuvre je ne sais pas, ce post certainement.