Chapitre 33: Un grand coup de poing...

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S'il y a bien un chapitre qui devrait vous surprendre...



Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Chapitre XXIV
Chapitre XXV
Chapitre XXVI
Chapitre XXVII
Chapitre XXVIII
Chapitre XXIX
Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII

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"Nous nous organiserons par Mains de cinq hommes. Nous voyagerons de nuit, par des chemins différents. La journée, il faudra trouver des endroits isolés pour dormir et faire se reposer les montures. Je veux tous vous voir en selle à chaque fois que le soleil disparaîtra derrière les arbres, et sous vos couvertures au moment où le jour suivant commence à peine à poindre" Tous les regards étaient sur Rekk alors qu'il plantait son doigt sur la vieille carte comme s'il s'agissait d'une dague. "Vous m'avez bien entendu ? Au moment où le jour commence à poindre. Pas après. Pas alors que l'aube est déjà bien avancée. Les fermiers se lèvent tôt, pour aller voir les poules, pour traire les vaches, que sais-je encore ? Je ne suis pas paysan. Mais je sais qu'ils vous verront, si jamais vous restez trop longtemps en selle. Je ne veux pas prendre de risque, c'est bien compris ?"

Son regard fit le tour de la pièce, défiant quiconque de protester. Personne ne bougea. Depuis cette fameuse nuit où il leur avait promis gloire et fortune, il avait totalement repris le château en main. Ce qui avait surtout consisté, à vrai dire, à expliquer plusieurs fois son plan aux quelques hommes réticents. Etrangement, ces hommes bannis de tous, rejetés par l'Empire, semblaient éprouver une étrange réticence à se retourner contre ceux qui leur avait fait du mal. Dans cet endroit glacé et abandonné, la plupart s'étaient inventé une nouvelle fierté dans leur rôle de bouclier de l'Empire. Savoir qu'ils contribuaient, depuis plus de deux cent ans, à repousser les invasions barbares, leur donnait une raison d'exister, un sens à leur vie.
Shareen avait vu certains d'entre eux pleurer en se promenant sur les remparts. Ces hommes durs, agressifs et querelleurs, sanglotaient comme des gamins en regardant les murs qu'ils avaient défendu durant des nuits entières, et sachant qu'ils allaient bientôt devoir l'abandonner aux barbares, sans même un combat.

Rekk hocha la tête lentement, satisfait.
"Parfait. Le point de rendez-vous sera là. La forêt de Calmelac. Elle est assez proche de Musheim pour nous permettre d'agir rapidement, et assez touffue pour pouvoir nous dissimuler, si nous prenons les précautions nécessaires." Il fronça les sourcils. "Si jamais vous tombez sur des guerriers ou des soldats de l'Empire, je laisse au commandant de la Main la responsabilité de ses actes. Combattez, s'ils sont peu nombreux. Fuyez, si ce n'est pas le cas. Tant que vous n'êtes que cinq, il n'y a aucune raison que l'Empire réalise qu'il s'agit d'autre chose que de quelques pillards égarés." Il fit une pause. "Pas d'autres questions ?" Les guerriers s'agitèrent, vaguement mal à l'aise, mais personne ne parla. "Parfait. Alors organisez-vous en Main. Je vous fais confiance pour les groupes. Nous partons ce soir"

Il se détourna, n'attendant aucun commentaire à ses derniers ordres. Shareen hésita un instant, puis s'approcha de lui. Elle portait, accrochée dans son dos, le lourd glaive dont elle s'était emparée dans le palais. Sa main vint s'accrocher farouchement au pommeau de l'arme.
"Et nous, que fait-on ?"
Rekk la regarda des pieds à la tête, et sourit légèrement. La jeune fille s'empourpra. Elle avait revêtu une cotte de mailles bien trop grande pour elle, qui tombait sur ses épaules comme une robe de chambre, mais il n'avait aucun droit de se moquer ainsi d'elle ! Furieuse, elle ouvrit la bouche pour le sermonner, mais il ne la laissa pas parler.

"Vous venez dans ma Main, tous les deux. Toi et Laath. Personne ne vous connaît, ici, personne ne vous acceptera dans un groupe" Il haussa les épaules. "Vous avez encore le choix de renoncer et de prendre votre propre chemin, par contre. Une ou deux épées de plus ne feront probablement pas la différence, et nous avons tous de bonnes chances de perdre la vie dans cette entreprise. Ces vieux brigands" - Il indiqua d'un geste ses hommes qui discutaient déjà entre eux et s'organisaient en petits groupes – "n'ont plus rien à perdre, et moi non plus. Pour vous, c'est autre chose."
"N'espèrez pas vous débarasser de nous comme ça" fit Shareen fermement. "J'ai bien l'intention de voir ce foutu empereur ramper sur le sol en répandant ses entrailles" Elle haussa les épaules en voyant le regard que Laath lui lançait. "Quoi ?"

Rekk resta un instant pensif, le visage dénué de toute expression. Finalement, il poussa un long soupir.
"Petite, je sais ce que c'est que la vengeance. Ca te ronge de l'intérieur. C'est un pire démon que je le serai jamais. Est-ce que tu es certaine de vouloir le suivre ? Je peux te donner un peu d'or, de quoi refaire ta vie ailleurs. Assez pour t'installer, avoir une famille, une vie" Il sourit. "Pareil pour toi, Laath. Je ne suis pas sûr que la bataille qui s'annonce soit faite pour toi. Est-ce que tu veux vraiment continuer ? Je pourrais être généreux, pour le garçon que ma fille a aimé… sans compter que tu m'as sorti de prison"
Shareen secouait la tête avant même qu'il ait fini.
"Non. Ma réponse n'a toujours pas changé. Je viens avec vous. De toute façon, je ne sais pas dans quel endroit je pourrais me rendre pour m'installer. L'empereur a toujours ma tête mise à prix"
"Mais il n'y aura bientôt plus d'empereur" murmura Rekk, les yeux étincelants.
Shareen hésita.
"Même ainsi, c'est toujours non. Je viens avec vous"

Rekk acquiesca. Sa lèvre s'incurva en un semblant de sourire.
"Et toi, Laath ?"
Le jeune cambrioleur était resté silencieux jusque là. Lorsque le regard de Rekk ne lui laissa plus aucune échappatoire, il laissa échapper un profond soupir.
"Non, moi aussi, je viens avec vous. Ne serait-ce que parce que j'ai envie de voir comment vous allez vous y prendre, avec vos deux cent hommes, pour renverser un empire plusieurs fois centenaire. Appelons cela de la… curiosité. Il y a une chanson à écrire là-dessus, certainement"
"Je t'en prie, ne la chante pas de mon vivant" murmura Rekk, avant de se détourner. "Bien, voici une bonne chose de réglée. Il manque deux personnes dans notre Main" Pensif, il regarda autour de lui les guerriers qui cherchaient encore à s'organiser, puis il éleva la voix. "Jon Bras-Gauche ! Tem le bavard ! Vous venez avec nous."

Les deux hommes se détachèrent du groupe pour rejoindre le Banni sans protester, bien qu'ils aient visiblement tous les deux déjà trouvé une Main dans laquelle s'intégrer.
Shareen esquissa un mouvement d'horreur alors que Jon venait s'installer à côté d'elle. Son surnom était facilement compréhensible: son bras droit s'arrêtait brutalement au coude.
"On m'a coupé le bras à la naissance" fit-il tranquillement lorsqu'il vit le regard de la jeune fille s'arrêter sur son moignon. Sa voix était grave, teintée d'un fort accent du sud. "Paraît que ça aide, quand on est mendiant. Ca amadoue les bourgeois. Mais" Il fit un clin d'œil. "Ca ne m'empêche pas de me servir d'une épée de la main gauche"
"Et il y a peu de combattants plus braves" murmura Rekk sans paraître y faire attention, ses yeux sombres observant les dernières disputes liées à la constitution des Mains. "Pareil pour Tem. Eh, Tem ?"
L'autre homme qu'il avait choisi se contenta d'acquiescer d'un mouvement de tête. Il était massif comme un taureau, avec un cou de taureau et de grands yeux de vache.
"Il était scribe, mais il a trahi son maître" expliqua Jon complaisamment. "Alors on lui a coupé la langue, avant de l'envoyer ici. C'est nous qui l'avons surnommé Le Bavard. Ca lui va bien, pas vrai ?"
Tem hocha de nouveau la tête. Il n'avait pas l'air très futé, mais une étincelle d'amusement brilla dans ses yeux placides alors qu'il s'accroupissait confortablement sur le sol.

Dix minutes plus tard, la totalité de la population du château était constituée en groupes de cinq – et deux groupes de six. Les dernières provisions que pouvait fournir la forteresse furent partagées équitablement, puis tout le monde monta à cheval alors que la nuit tombait.
"Dans vingt jours, dans la forêt de Calmelac !" rappela Rekk, luttant avec ses rênes alors que son cheval piaffait. "Installez-vous où vous le pouvez. Envoyez tous un de vos hommes à minuit à l'intersection de la Route Impériale pour que nous puissions vous guider vers le camp que nous aurons établi. C'est bien compris ?"
Les guerriers rugirent leur assentiment. Ils avaient les yeux brillants. La plupart pensaient déjà à l'or qu'ils allaient pouvoir piller, et aux combats qu'ils allaient avoir à mener. On pouvait sentir certains saliver devant cette perspective.
"Allons-y" rugit Rekk, et tous se dispersèrent dans toutes les directions.
Trois nuits pour quitter la toundra. Une bonne quinzaine pour arriver dans la forêt de Calmelac. Le chemin allait être long, et pénible. Laath grimaça alors qu'il talonnait sa monture. Les brûlures qu'il avait aux fesses ne s'étaient pas encore résorbées.
Shareen rit à gorge déployée. Le vent de la nuit jouait avec ses cheveux. Elle prenait enfin le contrôle de sa vie. Elle galopait vers le sud pour venger sa meilleure amie. Elle galopait vers le sud pour venger celui qu'elle avait aimé. Elle galopait vers le sud pour se débarasser de ce goût de cendre qui lui envahissait la bouche alors qu'elle pensait à Eleon et à ce qui s'était passé dans la forêt de Calmelac.

Deux semaines et demie plus tard, sa bonne humeur avait disparu complètement. Et elle était définitivement écoeurée des voyages de nuit.
Les chemins étaient traîtres, les branches basses, et les ornières nombreuses. Plus d'une fois, sa jument trébucha dans un nid-de-poule qu'elle n'avait pas pu prévoir. Rekk avait été très clair avec tout le monde. Si un cheval se blessait, il fallait l'abandonner, avec son cavalier. Vitesse et discrétion étaient les maîtres mots.
La jeune fille s'était attachée à sa monture. Elle n'aimerait pas la voir souffrir. Mais, surtout, elle n'avait pas l'intention de rester derrière et de manquer le reste du voyage. Sous aucun prétexte.
Si elle y prenait vraiment garde, plissant les yeux comme une vieille grand-mère, elle pouvait parvenir à distinguer le terrain accidenté qui se déroulait sous les sabots. Mais elle n'avait pas vraiment le loisir de se concentrer ainsi. Le plus souvent, ses yeux étaient fixés sur les quatre cavaliers devant elle. Habillés de noir et de gris sombre, ils se fondaient dans l'obscurité environnante. Cela ne lui rendait pas la tâche plus facile. Le fait de savoir qu'elle était tout aussi invisible avec son manteau sombre, ses chausses sombres, ses bottes sombres, son pourpoint sombre et ses cheveux sombres, n'était qu'une piètre consolation. Elle se lécha les lèvres, et sentit le charbon de bois dessus. Même son visage était noir.

Cela faisait vingt jours qu'ils descendaient vers le sud, en comptant cette nuit. Ils sellaient leurs chevaux au crépuscule, et trottaient jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil apparaissent à l'horizon. Ils trouvaient alors un endroit pour se reposer durant la journée, à l'abri du regard des paysans. Oui, il était important de rester discrets. Cependant, confrontée à la réalité de la situation, Shareen se demandait si finalement, il n'aurait pas été plus efficace de se déplacer normalement. Elle n'arrivait pas bien à dormir durant la journée. La lumière du soleil la faisait souffrir, et l'empêchait de vraiment se reposer. Certains avaient simplement mis un heaume et refermé la visière, mais elle avait essayé une fois, et elle avait eu l'impression de rôtir et d'étouffer à l'intérieur. Elle savait maintenant ce que les morceaux de lard ressentaient lorsqu'on les jetait dans la marmite de soupe. Son seul soulagement, c'était qu'ils étaient presque arrivés à destination. Elle avait presque envie qu'il se passe enfin quelque chose, n'importe quoi, qui puisse la sortir de cette monotonie usante et de ce voyage insupportable.
Elle fut brutalement tirée de ses pensées, alors qu'elle allait encore trouver une bonne dizaine de raisons pour voyager durant la journée, par un mouvement brusque devant elle. Une des silhouettes fantômatiques qui la précédait tira sur les rênes et attendit de se faire rattraper.

"Tu ne devrais pas rester en arrière" murmura Laath, se penchant dangereusement par dessus l'encolure de sa monture. "On n'y voit vraiment rien, par ici. Si jamais tu nous perds, ça prendra un temps fou de se retrouver, si même on y arrive. Rekk sera furieux. Il faudrait que tu remontes à notre niveau"
Shareen haussa vaguement les épaules.
"C'est lui qui t'envoie ?"
"Non ! Non, pourquoi est-ce que tu dis ça ? Je m'inquiète pour toi, figure-toi. Depuis que nous sommes partis, tu as l'air continuellement dans les nuages. J'ai peur que ta jument ne se brise une jambe. Et alors, tu sais ce qu'il se passerait"
"Je suis vaguement au courant, oui" persifla Shareen. Le Banni avait été extrêmement clair sur ce point, malgré ses protestations. Elle soupira. "Tu as probablement raison. De toute façon, il ne reste plus beaucoup de temps avant que le soleil ne se lève et qu'on s'arrête."
"Je dois dire que je n'en suis pas fâché, pour ma part" Ses dents blanches brillèrent dans l'obscurité alors qu'il souriait. "Ca commence à m'user les yeux, ce voyage de nuit. Et puis, où sont les autres ? On n'a rencontré aucun groupe pour l'instant"
"Tu penses qu'on aurait dû ?"

Il cracha sur le sol.
"On va bientôt rentrer dans la forêt de Calmelac. C'est le point de rendez-vous, tu te souviens ? On converge tous vers ici… je trouve ça bizarre qu'on n'ait rencontré personne…"
Shareen resta un instant muette. Elle n'avait pas réalisé qu'ils étaient aussi près. La forêt de Calmelac… Les souvenirs affluèrent. Malek… Sa tombe devait être quelque part, au milieu de ces milliers d'arbres. En fermant les yeux, elle pouvait presque sentir son souffle dans sa nuque.
Elle secoua la tête. Elle ne se laisserait pas distraire. Ses mains se portèrent à son cou. Un pendentif en forme d'épée y pendait désormais. C'était elle qui portait le flambeau. Et elle allait le venger.
"Ca prouve qu'ils sont aussi précautionneux que nous. C'est plutôt une bonne chose, tu ne trouves pas ?"
"Oui, ou bien qu'ils ont rencontré des ennuis quelque part." Il secoua la tête. "C'est juste que… ça me paraît un peu irréel, tout ça."
Il acquiesca lentement.
"Qu'est-ce que je devrais dire ? Parfois, je me demande si notre vengeance vaut tout cela, tous ces hommes prêts à mourir. Deria est morte et enterrée depuis longtemps. Il est peut-être temps de l'oublier et de passer à autre chose"
La gifle le fit reculer. Sans un mot, il se frotta la joue, puis rejoignit le reste de la colonne. Shareen le regarda s'éloigner, les dents serrées.

Ils n'avancèrent pas tellement plus longtemps. Moins d'une heure plus tard, le ciel commença à se colorer de rose, alors que l'aube d'une journée chaude et ensoleillée s'annonçait. L'air sentait le printemps. Devant elle, les hommes mirent pied à terre.
"Nous allons établir notre camp dans ces sous-bois" fit Rekk à voix basse. Il indiqua le sud-est d'un geste négligent. "Pas de feu, comme d'habitude. Il nous reste de la nourriture ?"
"Assez" grommela Jon Bras-Gauche en fouillant dans les fontes de sa monture. "Mais il faudra qu'on se mette à chasser, demain ou le jour d'après. Je commence à en avoir assez de la viande séchée"
"Estime-toi heureux d'avoir quelque chose à te mettre dans l'estomac" fit Rekk. "Sans feu, ça ne servirait pas à grand chose d'abattre du gibier." Jon hocha la tête d'un air dubitatif. Son regard était franchement écoeuré alors qu'il s'emparait de sa portion. "Bien. Pour les tours de gardes, faisons comme d'habitude. Demain, nous monterons un véritable camp. Nous sommes à deux pas de Musheim, désormais. Les chances de nous faire remarquer sont d'autant plus grandes. Je vous demanderai d'ouvrir l'œil, et le bon"
Les deux guerriers lui lancèrent un regard offensé, clairement irrités qu'il remette en question leur professionnalisme. Mais Shareen savait que ces paroles s'adressaient à Laath. Le jeune cambrioleur s'était endormi, deux jours auparavant, alors qu'il était censé donné l'alerte. Rekk n'avait pas été particulièrement agréable lorsqu'il s'en était rendu compte.

"Nous ferons attention" promit la jeune fille, en s'installant pour la nuit. Traditionnellement, c'était elle qui prenait le premier tour. Les hommes semblaient penser que c'était le plus facile à assumer, et le réservaient donc, avec un sens de la galanterie bourrue, à la seule femme parmi eux. Elle s'en était offusquée les premiers jours, mais rien n'avait pu faire changer Rekk d'avis. Jon l'avait regardée avec une surprise non feinte, et Tem avait hoché la tête, ses larges yeux implorants. Elle avait finalement levé les bras au ciel. S'ils voulaient la materner, grand bien leur fasse. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'ils auraient agi de même avec quelqu'un de la trempe de Deria… ou de Dani. Cette pensée l'irritait, et ne voulait pas partir alors qu'elle se préparait pour sa leçon d'escrime de la matinée. C'était au moins un rituel qui n'avait pas changé. Tour à tour, Rekk, Jon et Tem tentaient d'inculquer à coups de bâton les principes de l'escrime dans le crâne des deux enfants. Ils apprenaient vite, même si les deux guerriers échangeaient souvent des sourires entendus: quelques jours ne suffiraient pas à les transformer en combattants professionnels.

Mais l'humeur de Shareen s'était améliorée alors que tous s'installaient pour la nuit, la laissant s'installer dos à un arbre, une lance dans la main. A l'horizon, le soleil se levait. Elle sentait la bonne fatigue de l'entraînement glisser sur elle.
Deux heures plus tard, elle alla secouer Rekk pour qu'il prenne sa place, et se glissa dans les couvertures avec gratitude.
"Rien de particulier ?" grogna-t-il avant de s'installer à son tour dos à l'arbre. Il avait les yeux vifs, comme s'il ne sentait pas la fatigue. Shareen le haïssait pour cela.
"Rien du tout. Ah si, un écureuil" persifla-t-elle.
Le Banni ne sourit pas. Elle resta un instant à regarder son visage sans expression puis, vexée, ferma les yeux. Elle ne tarda pas à s'endormir.

Ce fut Laath qui la réveilla d'une main nerveuse.
"Shareen. Debout. C'est la nuit. Il faut qu'on aille trouver les autres groupes" Il grimaça. "Nous avons deux jours de retard. Certains doivent déjà être arrivés"
Elle se leva, un sourire vague sur les lèvres.
"Je rêvais de Malek" murmura-t-elle. "C'était agréable"
Toute trace du camp avait disparu, alors que les guerriers, comme à leur habitude, faisaient disparaître les branches brisées et redressaient l'herbe et les broussailles qu'ils avaient écrasées en dormant. Le résultat n'était pas forcément convainquant, mais cela suffisait à tromper l'œil au premier regard.
Rekk avait déjà bouclé son ceinturon.
"Il n'est plus temps de dormir" fit-il. "Nous avons un rendez-vous à assurer ce soir. C'est moi qui irai"
Un concert de protestations s'éleva.
"Laissez-moi y aller" protesta Jon, levant son bras amputé. "Si jamais il y a un problème, il vaut mieux que vous restiez à l'abri". Même sans langue, Tem grommela son assentiment de plusieurs grognements rauques.
Rekk resta inflexible.
"C'est à moi d'y aller. C'est moi qui vous ai emmené ici. Et puis…" Il sourit froidement. "Si jamais il y a un problème, comme vous dites, je pense être mieux à même de… l'aplanir"

Sa main se posa sur son épée. Cela faisait maintenant près de deux mois qu'il s'était fait blesser, et il ne restait plus de ses blessures que d'affreuses cicatrices qui venaient enrichir sa collection. Rekk était de retour. Brutal, violent, et mauvais comme une teigne. Shareen se surprit à hocher la tête avec admiration. C'était à ça, qu'elle voulait ressembler. C'était à lui, qu'elle voulait s'identifier. Instinctivement, sa main se posa sur le pommeau de sa propre arme. Elle espérait qu'elle avait l'air aussi terrifiante, elle aussi.
Rekk s'enfonça sans un bruit dans les branchages. Quelques secondes, et il était parti.
"Il ne reste plus qu'à attendre" grommela Jon entre ses dents. "Par les enfers gelés de la tundra, je ne supporte pas ces veilles de bataille, avec leur incertitude" Il leva les yeux alors que la jeune fille s'approchait de lui. "Quoi, encore ?"
"Continuez à m'apprendre" Il hocha la tête, mais elle battit des cils avec candeur. '"S'il vous plaît ? On ne peut rien faire qu'attendre, de toute façon ? Et puis, ça me sauvera peut-être la vie.."
Le guerrier poussa un soupir à fendre l'âme. Il avait peut-être été un paria, lorsqu'il était enfant, mais il avait une bonne âme. Son visage s'éclaira d'un sourire tranquille.
"Puisque tu y tiens… allons-y !"
"Oh… merci ! merci !"

Rekk revint quelques heures plus tard. Six Mains l'accompagnaient. Il resta le temps de vérifier que tout le monde s'organisait, puis il repartit doucement. Lorsqu'il arriva, le soleil se levait dans son dos. Il ramenait avec lui une véritable armée, plus de cent hommes d'un seul coup, qui tombèrent dans les bras de ceux déjà arrivés avec un plaisir visible. Les conversations éclataient de tous côtés, alors que les voyages des uns et des autres étaient commentés. Certains étaient tombés sur des patrouilles, et un homme s'était fait tuer dans une Main, qui avait finalement dû fuir. D'autres étaient légèrement blessés par une rencontre avec des barbares, dès le début du voyage, alors qu'ils n'avaient pas encore quitté la toundra. Mais tous arboraient de grands sourires et montraient leurs cicatrices comme des trophées dont on devait être fier.
"Tout le monde est là ?" s'enquit Rekk par-dessus le brouhaha ambiant. "Est-ce que quelqu'un manque ?"
"Jak TêteBuche" fit une voix sombre. "Il s'est fait tuer par…"
"Je sais ça" coupa le Banni, irrité. "Je voulais dire, quelqu'un d'autre ?"
Le bruit de la terre piétinée emplit la clairière alors que tous se tournaient et se retournaient en tous sens pour essayer d'apercevoir leurs amis, leurs connaissances, leurs relations.
"Nous sommes tous là" fit Bok, résumant le sentiment général. "Jusque là, tout s'est passé sans problèmes"
"Parfait" Rekk se permit un léger sourire, qui jamais n'atteignit ses yeux. "Jusqu'à maintenant, tout s'est bien passé. Mais le plus dur est devant nous. Nous n'avons pas été remarqués durant notre voyage, parce que nous voyagions en petits groupes discrets. Mais notre présence dans ces bois finira par se faire savoir, si nous restons trop longtemps. Deux cent hommes ne peuvent rester discrets, aussi dur que l'on essaye. Il va donc falloir que l'on agisse cette nuit, si l'on veut continuer à suivre le plan et les prendre par surprise.

Les cris de "Oui !", "Rekk avec nous !", "Mort à l'Empereur !" se firent écho dans la clairière, et le Banni leva aussitôt un doigt à ses lèvres, calmant les acclamations.
"Pas si fort" siffla-t-il. "Je viens de vous dire que nous sommes en terrain dangereux !" Quelques guerriers baissèrent les yeux, honteux. Lentement, le Banni se détendit. "Comme prévu, vous allez devoir attendre ici. Laath et moi, nous allons nous rendre à Musheim."
Shareen fronça les sourcils. Ils avaient déjà discuté de cette partie du plan, et elle était nécessaire, mais elle ne supportait pas cette idée d'être mise de côté. Elle comprenait que trois personnes attireraient plus l'attention que deux, mais quelque chose en elle lui disait qu'elle aurait dû les accompagner. Elle ouvrit la bouche pour demander une dernière fois de participer, mais le regard de Rekk, froid et distant, la fit ravaler les mots qu'elle se préparait à dire.
Sourcils froncés, elle les regarda monter à cheval et s'éloigner à travers les fourrés.
"Petite…" grommela Jon de sa voix grave. "Ce n'est pas grave, tu sais. Le vrai combat, c'est demain qu'il se passe"
Elle se tourna vers lui, un sourire forcé aux lèvres.
"Entraînez-moi une dernière fois, alors"
Il leva les bras au ciel. Mais elle constata qu'il avait gardé le bâton d'entraînement dans sa main.


Rekk remonta le capuchon de son manteau sur son visage alors qu'ils chevauchaient vers la ville. Il avait troqué ses habits sombres, pratiques pour voyager de nuit, pour des vêtements de voyage simples, aux couleurs vertes délavées. Il s'était rendu compte durant sa longue vie qu'en plein jour, les mystérieux cavaliers habillés de noir attiraient toujours plus d'attention que ceux qui portaient des couleurs plus habituelles.
Laath fit de même, machinalement. A ce qu'il savait, il n'était pas recherché, mais il préférait ne prendre aucun risque. Pourtant, il n'avait pas tellement à s'en faire. La barbe qui lui mangeait le visage depuis quelques mois changeait totalement sa physionomie androgyne et le faisait paraître plus âgé qu'il l'était réellement.
Ce fut donc deux cavaliers tout à fait ordinaires, sur des montures tout à fait ordinaires, qui galopèrent le long du Verdoyant jusqu'à atteindre la caverne de Dani. C'était bien trop risqué de passer par les portes. La guerre et les rumeurs d'insurrection avaient probablement contribué à doubler les gardes. Si un seul d'entre eux le reconnaissait, tout l'effet de surprise tomberait à l'eau – sans parler des ennuis dans lesquels ils se trouveraient immédiatement, eux.
Mais le souterrain qu'employait Deria semblait sûr. Ils rentrèrent leurs montures dans la caverne et les attachèrent avec soin à l'intérieur. Il y avait toujours le risque que quelqu'un soit attiré par ici par les hennissements, mais personne ne se promenait jamais par ici, de toute façon. L'autre solution aurait été de tuer les chevaux, et Rekk s'y refusait. Non par sentimentalisme, mais parce que cela leur ferait perdre du temps sur le chemin du retour.
"Il fait sombre, ici" murmura Laath alors qu'ils s'engageaient dans l'ouverture. "Je n'ai pas pensé à amener de torche"
"Moi si" répondit Rekk, haussant les épaules. Un mouvement de briquet, et la lumière envahit le couloir. Laath poussa un soupir de soulagement.
Suivre les boyaux sur toute leur longueur leur prit plus de temps qu'ils l'avaient prévu. Les couloirs ne cessaient de s'embrancher avec d'autres. Par deux fois, ils durent revenir en arrière, s'étant trompés de direction. Laath marmonnait des mots sans fin, dans lesquels on pouvait deviner qu'il parlait de "pièges" et de "malédictions"
"Ne dis pas n'importe quoi, petit" fit Rekk, poussant enfin la trappe qui devait déboucher dans l'ancienne maison de Dani.

L'endroit avait été récemment visité par les voleurs et les cambrioleurs, ce qui n'était pas tellement étonnant au vu de l'état dans lequel ils avaient laissé la porte et les murs la dernière fois. Ou peut-être Dani elle-même avait-elle ramené ses affaires dans un autre endroit. Quoi qu'il en fût, les cloisons étaient pâles là où de fines tapisseries avaient été enlevées, et même la vaisselle de cuivre et d'étain n'était plus près du puits.
"Nous sommes dans Musheim" murmura Rekk, son visage étiré dans un sourire mauvais. "Nous sommes dans Musheim, et nous n'avons pas eu à nous soucier des murailles ou des gardes. Jusqu'à maintenant, tout se passe bien" Laath hocha la tête. "Bien, conduis-moi là où tu penses qu'elle est, maintenant"
"Je vous ai bien dit que c'était une supposition, rien de plus" observa Laath, mal à l'aise. "Si ça se trouve, elle ne sera pas là du tout"
"Mais tu as bien dit que c'était un endroit qu'elle visitait souvent ? Tu m'as bien dit que c'était là qu'elle t'avait trouvé ? Attention, gamin, si on a fait tout ce chemin pour rien, je risque d'être de très mauvaise humeur !"
Le jeune cambrioleur déglutit.
"Je vais faire de mon mieux" promit-il.
"Ca ne suffit pas" fit Rekk. "Débrouille-toi, mais trouve-là. Je t'attends ici"

Il regarda le jeune garçon détalé, et rentra de nouveau de quelques pas dans le souterrain. Machinalement, il vérifia que son épée glissait bien dans son fourreau. Il avait confiance dans le garçon. Sa fille était une bonne juge de caractère. Mais il n'avait pas survécu aussi longtemps sans rester méfiant. Si jamais le gamin ramenait la garde, au lieu de retrouver Dani, il serait prêt. Il s'installa confortablement, et se prépara à attendre.
Mais ses craintes étaient infondées. Une heure à peine était passée que déjà, des bruits de pas se faisaient entendre. Ce n'étaient pas des bottes, et l'une des deux personnes devait certainement être bien en chair au vu du vacarme qu'elle produisait en descendant les escaliers. Il sourit.
"Rekk ! Qu'est-ce que tu fais de nouveau ici ?" s'enquit Dani, ne lui rendant pas son sourire. "Tu devrais être en train de fuir le plus vite que tu peux ! La récompense sur ta tête a encore été augmentée voici quelques jours, je ne sais pas pourquoi. Les gens ici seraient prêts à vendre leur mère pour quelques pièces d'argent, imagine ce qu'ils pourraient faire pour cinquante pièces d'or"
Rekk haussa un sourcil.
"Cinquante pièces d'or, eh ? L'empereur a dû recevoir le cadeau que je lui avais envoyé"

Dani se planta devant lui, les poings sur les hanches.
"Qu'est-ce que tu cherches encore à faire, espèce de singe sans cervelle ? Tu vas me faire le plaisir de reprendre ce souterrain dans l'autre sens et de filer hors d'ici. Ca ne sert à rien de rester là"
"J'ai deux cent hommes dehors" murmura-t-il, ses yeux sans expression plantés dans ceux de la grosse femme. "Deux cent hommes qui, ce soit, vont s'introduire dans le palais et tuer l'empereur. Mais j'ai besoin de toi"
Dani resta un instant interdite.
"Non" murmura-t-elle.
"Si" fit-il tranquillement.
"Ce n'est pas possible. Tu n'as quand même pas fait ça ? Je pensais que tu plaisantais, que tu ne le ferais jamais… Tu as ramené les hommes de ton château ici ?"
"Est-ce que tu m'as jamais vu plaisanter ?"
Dani devint pâle comme la mort.
"Ca veut dire que les barbares du nord peuvent maintenant se répandre sur l'empire sans obstacle ?"
Rekk hocha la tête.
"Je pense, oui. C'est ennuyeux, tu crois ?"
Elle le regarda comme s'il avait perdu la raison.
"Mais enfin ! Tu te rends compte de ce qu'il va se passer ? Nous sommes en guerre contre Koush, et bientôt contre les sauvages du nord. Si jamais tu tues l'empereur cette nuit, ce sera la guerre civile en plus. Ce sera la fin de l'Empire ! Musheim sera rasée. Il n'y aura plus la moindre pierre l'une sur l'autre"
"C'est en effet ce qui risque de se passer" acquiesca Rekk, pas le moins du monde ému.

Dani le regarda avec incrédulité.
"Tu es prêt à détruire l'empire pour ta vengeance ? Mais… des centaines de gens vont mourir. Des milliers ! Ce sera la cohue à Musheim. Les gens vont se faire tuer ! C'est grotesque !"
"Tu es au courant. Tu peux quitter la ville, maintenant. Refaire ta vie ailleurs"
"Mais je me fiche de ma vie, Rekk ! Ce n'est pas à moi, que je pense ! C'est à toutes les familles qui vivent dans la ville que je songe ! A tous les gens qui essaient déjà d'exister depuis assez longtemps pour que tu ne leur rajoutes pas une guerre civile et une invasion barbare par-dessus." Ses yeux vacillèrent. "Tu es fou, Rekk. Tu es complètement fou"

Le Banni haussa les épaules. Une lueur d'incertitude brilla dans son regard un instant mais, la seconde d'après, elle disparut, laissant de nouveau deux yeux sombres comme l'abîme de la mort.
"Peut-être que je suis fou. Peut-être que tu as raison. Mais je vais venger ma fille. Je vais venger Malek, aussi. J'aimais bien ce gamin, et l'empereur l'a tué, lui aussi. Ce soir, il paiera"
"Mais ce n'est… comment ? Malek, aussi ?" Dani resta un instant haggarde, puis elle se leva. "Je ne peux pas te laisser faire ça. Je ne t'aiderai certainement pas, Rekk, quel que soit le service que tu voulais que je te rende. Je crois même que je vais prévenir la garde et que je vais les avertir de ce souterrain. Comme ça, tu renonceras à ta vengeance stupide. Toi et tes hommes, vous pourrez aller vous faire pendre ailleurs."
"Non, je ne pense pas que tu préviendras la garde" fit doucement Rekk.
Il avança sur elle, et Dani recula d'un pas, terrorisée par le regard sombre de celui qu'elle avait toujours aimé.
"Rekk…" murmura-t-elle.
"Chhht" fit-il doucement, presque tendrement, alors qu'il sortait une corde de sous ses vêtements et entreprenait de la ligoter. "Ne te débats pas"

Elle se débattit, pourtant, et il jura, et elle le mordit au bras. Il n'y avait plus ni amour, ni amitié, dans ses yeux, alors qu'elle le repoussait brutalement de côté. Surpris, il faillit tomber. Elle courut vers la porte, sa robe à moitié arrachée.
"A la garde !" hurla-t-elle à pleins poumons, se retournant sur le pas de la porte. "Au meurtre ! Au viol ! A la garde !"
Quelques têtes curieuses apparurent à plusieurs fenêtres, et plusieurs volets se refermèrent brutalement. Elle se retourna vers Rekk. "Fuis, maintenant. La garde va arriver. Tu as le temps de fuir, dépêche-toi ! Je ne veux pas que tu meures, mais tu n'auras pas cette ville"
Elle tendit la main pour l'étreindre une dernière fois, et le Banni la frappa alors. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait dégainé son épée. La lame transperça la robe, et la peau, et le cœur qui battait derrière. L'acier siffla avec tendresse en aspirant la vie hors du corps imposant.
"Nooooon !" hurla Laath, incrédule, alors que la compréhension se faisait soudain jour dans les yeux de Dani.
La contrebandière porta la main à l'épée, et caressa le métal avec une sorte de fascination. Ses yeux s'embuèrent.
"Je t'aimais, Rekk" murmura-t-elle, et elle cracha du sang.
"Je sais" fit-il tristement, retirant la lame.
Elle tomba sans un bruit et sans un mot. Elle était morte avant d'avoir touché le sol.

"Non !" répéta Laath, se jetant à terre à côté de la femme. Les larmes coulaient sur son visage. Il ne se rappelait pas quand il avait commencé à pleurer. "Ce n'est pas possible ! Qu'est-ce que vous avez fait ! Qu'est-ce que tu as fait !" Sanglotant, il releva la tête. "Elle avait raison, vous savez ! Vous êtes complètement fou ! Fou à lier ! Je voudrais que vous soyez mort ! Je voudrais ne jamais vous avoir rencontré !" Il cracha sur le sol, autant pour montrer son mépris que parce que les larmes l'étouffaient. "Tout ce que vous touchez meurt ! Tout ce qui s'approche de vous meurt ! Vous êtes un monstre !"
Le cambrioleur poussa un petit cri incrédule alors que l'épée s'enfonçait dans sa gorge. Soudain, les mots ne voulaient plus sortir. Il resta un instant figé sur place puis, lentement, il glissa à son tour sur le sol. Son regard était accusateur.
Des cris montaient de la rue, alors que les gens cherchaient à comprendre ce qu'il se passait dans cette maison à l'abandon. Personne n'avait encore eu le courage de se rapprocher, mais ça ne saurait tarder.
"Tu as raison" murmura Rekk, lâchant son épée tachée de sang pour se prendre la tête dans les mains. "Tout ce que je touche meurt. Je suis un fou. Je suis le Faiseur de Veuves. Je suis le Démon Cornu. Je suis l'Epée de Feu" Il hésita un instant, puis partit d'un rire sans aucun humour. Il allait bientôt gagner un nouveau surnom, si jamais des bardes continuaient à exister après son passage. "Je suis le Destructeur d'Empire".
Yavait qu'a demander

Preums

[Edit]

Je vais etre grossier, mais ca exprime la reaction subite que j'ai eu en finissant ce chapitre :

Alors la tu me troues le c..

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Ekios sans voix.

PS: c'est tres bon, tres bien ecrit, mais je suis decu. Mais c'est genial quand meme. Disons que c'est le genre d'histoire qui me decoit a la fin. Ca pourrait mal finir, mais genre que le Rekk tue Laath et Dani, non.
Citation :
Provient du message de Ahlmael
Arf ç fini mal, le genre d'histoire qui met mal a l'aise


mechant crapeauuuuuuuuuuuu !!!!

Ah au fait, vu comme ca part en sucette, d'ailleur avec Helnea on etait d'accord sur le fait qu'on est presque sur que Shareen va tuer Rekk de ses mains au final.

Nota bene : apres l'eventrage de ce porcelet de prince de mes valseuses. Et que le role de Rekk sera interpreté par le Crapo himself, Shareen n'etant autre que Helnea.

Moi, je ferais la dague (*)

Ekios poete qu'on prefererait disparu




(*) Une dague, une epee, une hache, ou tout autre objet, qui éfile finement une gorge, sectionne sans preavis une jugulaire, fend tendrement la trachee artere, pour grincer sournoisement sur une colonne vertebrale avant peut etre de la faire ceder dans un craquement immonde et brutal.
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Thumbs down
Je suis d'accord, Rekk qui tue Dani et Laath, franchement la, non.

Ca colle pas du tout avec le personnage que l'on a ressenti tout au long de l'histoire.
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Sans MMO-Fixe
Voila je ne sais pas si cette remarque à déjà était faites mais Rekk me fait enormément penser a un personnage de BD , à Conrad de Marbourg dans une BD qui s'apelle " Le Troisième Testament", dailleurs je t'invite à la lire c'est un peu la même ambiance que dans ton histoire. .
Peut être que tu connais déjà , cette BD et que tu en as tiré l'inspiration pour le personnage de Rekk, je ne sais pas , mais bon pour changer je te dit que c génial ce que tu fait
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Après reflexion, je dois avouer que la fin du chapitre me turlupine beaucoup...

Je suis d'accord avec les deux dernière réflexions au final : ca ne colle pas.

Certes Rekk est violant, sans pitié. Mais tout au long de l'histoire, on l'a vu évoluer, se surprenant lui-même à ressentir des sentiments, en protégeant autrui.

La, c'est exagéré. Déjà le fait qu'il les tue, c'est ultra-choquant, mais surtout la manière dont il le fait. Comme ça...

Autant la mort de Malek, à laquelle on ne s'attendait pas du tout, était superbement décrite, émouvante et tout le tralala, ici j'avoue que c'est un poil trop... sec, sans sentiment, trop... violent ? Mais d'une violence qui n'est pas celle de rekk je pense. Certes il c'est un "faiseur de veuve", mais de là à tuer Dani (laath à la limite, mais même, il le considérait juste un peu plus haut avec une certaine amitié), et surtout comme ça...

Vi, finalement, même si j'aime toujours autant cette histoire ( quoique ) je trouve ce chapitre "choquant"...

Mais bon, ca vire au mélodrame (et je pense comme ahlmael que rekk finira sûrement mort par les mains de Shareen ) et c'est pas ce que je préfère Enfin on peut pas tout faire plier à ses petites volontés

Je pense que tu as un plan, et j'attends avec tout autant d'impatience la suite, même si je préférerais une suite moins sombre
Tiens, pour une fois je prends vos suggestions, si la fin ne vous plaît pas.

On a un gars, appelons-le Rekk, au hasard, qui pour satisfaire aux besoins de sa vengeance, a tout simplement livré l'empire aux barbares sans le moindre remords pour les centaines, non, les milliers de morts que cela va forcément causer - sans compter les problèmes à long terme. C'est facile de tenir une passe quand un château aussi formidable que Bertholdton le défend, ça l'est beaucoup moins une fois qu'il n'y a ni passe, ni château.

Et, non seulement il fait ça, mais dans le même temps, il se prépare à anéantir la seule poche de résistance et de légitimité qui aurait pu faire face.

Vous ne trouvez pas qu'il est un peu psychopathe ? Qu'il a un peu pété les plombs à la mort de sa fille ?

Maintenant, imaginez que vous vous appelez Dani, et que vous vivez dans la capitale. Vous avez tissé des liens avec tous les pauvres de la ville, vous gérez un réseau de contrebande presque uniquement dans le but de leur donner quelque chose à manger et de les faire survivre. Quand soudain, un gars arrive et vous dit que, à cause de lui, l'Empire va bientôt s'effondrer.

Vous faites quoi, vous l'encouragez ?

Il y avait forcément un clash à venir, à un moment où à un autre. Rekk est allé trop loin maintenant.

Je n'ai hésité que sur un point: Dani meurt-elle, ou bien Rekk la neutralise-t-elle seulement ?

J'aimerais bien l'avis de tout le monde sur cette question.
En clair, il y a deux possibilités
  • Soit la fin vous choque, parce que vous vous êtes attachés aux personnages et que ça vous attriste de les voir mourir - dans ce cas, c'est que j'ai bien fait mon boulot de narrateur
  • Soit la fin vous choque, parce que vous trouvez que ça ne correspond pas du tout à l'idée que vous vous faisiez de Rekk - dans ce cas, c'est que j'ai mal fait mon boulot de narrateur

La différence est importante.
Bon, je vais commenter ici : la fin des personnages en elle-même ne m'a pas arraché une larme (même pas un semblant). Certes, ce sont des personnages attachants, et, si je puis m'exprimer ainsi, c'est emmerdant de les voir mourir ainsi.
Par contre, ce qui est plus gênant, c'est qu'effectivement Rekk les tue de cette façon qui plus est. Il a beau avoir soif de vengeance, Dani, Laath et Shareen sont les seuls personnages pour qui il éprouve des sentiments d'affection (Dani pour elle-même, parce qu'il l'admire quelque part, Laath parce que sa fille l'avait choisi, finalement, et Shareen, parce qu'elle était l'amie de sa fille).
Donc les tuer comme ça, je pense que cela ne lui ressemble pas (c'est presque une trahison par rapport à ce qu'est Rekk tout au long de l'histoire, la façon dont il change, etc). Ne pas oublier non plus qu'il doit une dette de vie (si ça peut signifier quelque chose à ses yeux) à Dani qui l'a soigné et lui a fourni les chevaux ...
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
  • Soit la fin vous choque, parce que vous vous êtes attachés aux personnages et que ça vous attriste de les voir mourir - dans ce cas, c'est que j'ai bien fait mon boulot de narrateur
  • Soit la fin vous choque, parce que vous trouvez que ça ne correspond pas du tout à l'idée que vous vous faisiez de Rekk - dans ce cas, c'est que j'ai mal fait mon boulot de narrateur

La différence est importante.
Sans hesiter la 2eme
Certes il abandonne le chateau de Bertholdon, mais je te rappelle egalement que sa tete est mise a prix, que l'empereur a tenté de le tuer, de le detruire, il a aussi tué sa fille.

J'aurais agi de même que Rekk en prenant mes hommes d'armes pour aller percer le coeur de l'ennemi tant qu'il est encore a découvert, quitte a laisser un chateau et un titre que tu a toi meme decrit comme "fantoche"
__________________
Sans MMO-Fixe
Version soft, après une longue discussion avec ma chère et tendre qui pense comme vous:


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Le Banni haussa les épaules. Une lueur d'incertitude brilla dans son regard un instant mais, la seconde d'après, elle disparut, laissant de nouveau deux yeux sombres comme l'abîme de la mort.
"Peut-être que je suis fou. Peut-être que tu as raison. Mais je vais venger ma fille. Je vais venger Malek, aussi. J'aimais bien ce gamin, et l'empereur l'a tué, lui aussi. Ce soir, il paiera"
"Mais ce n'est… comment ? Malek, aussi ?" Dani resta un instant haggarde, puis elle se leva. "Je ne peux pas te laisser faire ça. Je ne t'aiderai certainement pas, Rekk, quel que soit le service que tu voulais que je te rende. Je crois même que je vais prévenir la garde et que je vais les avertir de ce souterrain. Comme ça, tu renonceras à ta vengeance stupide. Toi et tes hommes, vous pourrez aller vous faire pendre ailleurs."
"Non, je ne pense pas que tu préviendras la garde" fit doucement Rekk.
Il avança sur elle, et Dani recula d'un pas, terrorisée par le regard sombre de celui qu'elle avait toujours aimé.
"Rekk…" murmura-t-elle.
"Chhht" fit-il doucement, presque tendrement, alors qu'il sortait une corde de sous ses vêtements et entreprenait de la ligoter. "Ne te débats pas"

Elle se débattit, pourtant, et il jura, et elle le mordit au bras. Il n'y avait plus ni amour, ni amitié, dans ses yeux, alors qu'elle le repoussait brutalement de côté. Surpris, il faillit tomber. Elle courut vers la porte, sa robe à moitié arrachée, mais il la rattrapa avant qu'elle ne parvienne à sortir. Le cri qu'elle voulait lancer s'étouffa alors qu'il plaquait une main contre sa bouche.
Dani était forte, mais elle n'avait aucune chance contre le Banni. Malgré son poids, il la souleva et la ramena au fond de la pièce.
"Je suis désolé, petite princesse" murmura-t-il, "mais je ne peux pas me permettre de te laisser donner l'alarme. Crois-moi, je fais ça pour ton bien" Elle lui lança un regard furieux, mais il l'ignora. "Lorsque tout sera fini, tu viendras avec moi – avec nous. Fais-moi confiance. Tu seras en sécurité"

Laath le regarda la ligoter avec des yeux incrédules. En quelques nœuds habiles, Rekk venait de la réduire totalement à l'impuissance.
"Qu'est-ce que vous faites ? Elle n'était pas censée nous aider ?" Il gémit. "Arrêtez de serrer les cordes comme ça, vous la blessez jusqu'au sang !"
Il recula machinalement alors que le Banni relevait la tête. Ses yeux étaient hantés, et voilés d'indécision. Pour la première fois, Laath le voyait hésiter. Il pouvait presque entendre les pensées tournoyer dans le crâne de l'homme. Mais cela ne l'empêcha pas de terminer son ouvrage. Il se releva et caressa doucement la joue de la grosse femme. Ses mâchoires étaient serrées.
"Nous allons devoir te cacher dans le souterrain, le temps que nous arrivions. Je suis désolé de te faire subir ça, mais tu ne peux plus rien arrêter, maintenant. Il est trop tard. Ma fille est morte, et ils paieront le prix du sang." Il prit une grande inspiration. "Je suis le Démon Cornu, le Faiseur de Veuves, l'Epée de Feu. Je suis le Destructeur d'Empire."
wow


moi j'adore la version originale !
ça correspond tout à fait à l'image que j'avais de Rekk.

Et puis de toutes façons y en a marre des 'Happy End' des héros gentils qui sauvent tout le monde, la terre la galaxie et plus encore parce qu'ils leur restent 5mn ...

Donc voilà !
Vive Rekk !



Oui je suis un grand malade
Oui oui je sais ....
et alors




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Nepher
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
Rekk ne laissera pas Dani se mettre en travers de son chemin, mais il ne la tuera pas. Donc version 2.
Bon, le maître a parlé

Et dis au fait, ils meurent au moins à la fin Rekk et Shareen ?



nan ... patapay !!


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Nepher
[edit] erf désolé, mauvais post ... je voulais mettre ca sur le Bar[edit]
Je préfère la deuxième version dans le sens où même si Rekk est un barbare, un sanguinaire, on a vu tout au long du roman qu'il avait certaines valeurs, qu'il avait sa propre justice...

Et je ne pense pas que tuer comme ca sur un coup de tête, une femme qu'il apprécie, qu'il a meme certainement aimée et qui lui a toujours été entièrement dévouée puis un gamin, l'amoureux de sa fille ceci dit en passant, qui l'a aidé à s'enfuir de prison et dont il a entrepris de faire l'entrainement, ce soit en accord avec le reste de l'histoire.

Donc si tu veux les faire mourir, pourquoi pas, histoire que ca ne devienne pas le conte de fée qui se termine bien, comme certains ont l'air de le dire, mais pas de cette manière !
Trouve leur une fin plus digne tant qu'à faire !
Mon avis sur la chose ...
d'abord bravo Grenouille bleue , tres beau texte tres fort et tres violent comme je les aime .


Parlons de Reikk, c'est un outil ! forgé tout au long des années par l'empereur , il ne reflechis pas , on lui dicte des ordres ; il agis (voir la revolte des paysans)
apres son bannissement il a trouvé en la gestion d'un fort , une autre tache a accomplir : se lever , combattre les barbares , compter les morts , se coucher en attendant le lendemain ...

Mais a la mort de sa fille , pour moi ce monomaniaque a trouvé une autre raison de vivre : la vengence . et en meme temps le reste s'effondre ...

C'est un outil doté maintenant d'une volonte propre mais il reste sur son fonctionnement premier , tout ou rien , avec en ligne de mire l'efficacite !

En extrapolant un peu , on pourrait dire que son sacrifice lors de sa confrontation avec l'empereur est aussi un don a l'efficacite ? il estime Malek , n'y voit il pas un potentiel successeur ? capable en cas de mort de Reikk de reprendre le flambeau ? surrement ... donc sans regrets il se sacrifie , pour donner une chance a la vengence de se produire ...

A plusieur reprises on peu avoir une bonne idee du fonctionnement de Reikk , il fait des choix , certes certains sembles <humain> ou du moins <compatissant> au sujet des enfants , mais .... pour moi il a juste estimé que la gene etait moindre

Pour moi ce dernier chapitre est tout a fait logique , proche du but l'esprit ravagé de vengence de Reikk reprend son fonctionnement ... efficace : Dani va crier , appeler les gardes , la vengence ne se fera pas , donc elle meurt .
le jeune homme est temoin , il pourrait par les liens qui l'unnissent a Dani contrecarer Reikk ... il meurt ... simple et efficace .

Meme si cela doit encore plus l'enfoncer dans la folie il agit , pour son but , rien n'existe plus pour lui
Je pense meme qu'il a realisé que l'empire n'etait pas meme fidele a son instrument le mieux rodé , mais juste oportuniste ... et comme un enfant gatté , l'empir brise ses jouets ...

Lui Reikk , brisé , rendu fou par tant d'annés et la mort de sa fille , se cantonne maintenant a une progression simple , la ligne qui le separe de l'empereur , il la parcours mais il elimine tout ce qui se dresse contre lui , amis ou ennemis , peu importe ,Reikk ne fait plus partie du monde des vivants .


Voila , ma plaidoyé pour conserver la premiere version ...
bien humblement ...
__________________
7 Days to Die

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