Provient du monde
Pour le secrétaire d'Etat américain, arrivé mardi à Riyad, dernière étape de sa tournée au Proche-Orient, ces explosions "portent la signature d'Al-Qaïda".
Un complexe résidentiel dans l'est de Riyad, principalement habité par des Américains et des Britanniques, a été visé par trois explosions qui ont secoué simultanément, lundi soir, la capitale saoudienne, faisant au moins 20 morts dont 10 Américains et quelque cent soixante blessés.
Un Australien, un Libanais et un Saoudien, ainsi que dix Américains selon le secrétaire d'Etat américain, figurent parmi les victimes de l'explosion à l'intérieur du complexe résidentiel Al-Hamra, dans l'est de Riyad. Deux villas dans le complexe ont été totalement détruites, alors qu'un restaurant et un centre récréatif ont été incendiés dans l'explosion provoquée par une voiture piégée, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Au moins 44 ressortissants américains auraient été blessés, a indiqué un responsable de l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale saoudienne. "Leurs blessures varient, certains étant dans un état critique alors que d'autres ont été blessés par des débris de verre", a déclaré John Burgess, conseiller pour les relations publiques de l'ambassade. Il a ajouté que la chancellerie n'avait pas d'information sur d'éventuels morts américains dans les explosions. Entre 30 000 et 40 000 Américains résident et travaillent dans le royaume saoudien, contre 60 000 il y a dix ans.
Les auteurs de l'attaque ont utilisé des engins explosifs et tiré "avant et après l'explosion", a indiqué un habitant, qui n'a pas été en mesure de donner plus de détails sur le nombre des assaillants, ni sur leur sort.
Un premier bilan obtenu de sources médicales avait fait état d'une cinquantaine de personnes blessées admises dans le seul hôpital de la Garde nationale, à Riyad. Un porte-parole du ministère de l'intérieur s'est contenté de déclarer à l'agence officielle SPA qu'"une enquête a été ouverte sur ces explosions" et que "les résultats seront annoncés ultérieurement".
LA PISTE D'AL-QAIDA
Cet attentat s'est produit à quelques heures de l'arrivée, mardi, du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, à Riyad, dernière étape de sa tournée au Proche-Orient. Ces explosions "portent la signature d'Al-Qaida. Cela fait partie de la volonté d'Al-Qaida et d'autres organisations terroristes de tuer des innocents pour servir leur programme criminel", a dit M. Powell lors d'une conférence de presse à Amman, en Jordanie, avant de se rendre en Arabie saoudite. "Le terrorisme est un phénomène global que nous devons tous combattre. Les Etats-Unis ne se laisseront pas dissuader" de poursuivre le combat contre le terrorisme, a-t-il ajouté.
M. Powell a affirmé qu'il allait "discuter avec les autorités saoudiennes pour voir comment redoubler d'efforts" dans ce domaine. "Al-Qaida a été affaiblie mais pas détruite. Elle peut toujours frapper. C'est toujours une menace pour le monde. La guerre continue, nous avons fait des progrès, mais elle n'est pas terminée", a souligné le secrétaire d'Etat. M. Powell a indiqué ne pas pouvoir "attribuer (ces attentats) au conflit israélo-palestinien". "Nous ne devons pas les masquer par des buts politiques quelconques", a-t-il ajouté. Colin Powell a annoncé qu'il se rendrait sur l'un des sites des attentats.
Le chef de la diplomatie australienne, Alexander Downer, a également accusé, mardi, le réseau terroriste d'Oussama Ben Laden, Al-Qaida, d'être à l'origine de l'attentat. "Notre impression est qu'il s'agit probablement d'une opération d'Al-Qaida, notamment parce qu'il y avait eu des mises en garde sur un possible attentat de cette organisation en Arabie saoudite", a-t-il déclaré. Il a précisé que Canberra était préoccupé par ces avertissements depuis quelques semaines. Samedi 10 mai, le gouvernement avait déconseillé aux ressortissants australiens de se rendre en Arabie saoudite compte tenu de ces menaces. Quelque 3 000 Australiens vivent actuellement en Arabie saoudite. Pour Alexandre Downer, cet attentat est la preuve qu'Al-Qaida n'a pas été démantelé. "Le combat contre cette organisation a enregistré de nombreux succès. Environ 3 000 membres d'Al-Qaida ont été soit tués, soit appréhendés au cours des dix-huit dernier mois, mais il en reste encore", a ajouté Alexander Downer.
Les trois explosions, lundi soir, contre des cibles américaines et occidentales ont été perpétrées par des kamikazes liés au réseau Al-Qaida, a annoncé le ministre saoudien de l'intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, dans des déclarations publiées mardi. "Les trois explosions sont des opérations-suicides, qui sont sans précédent dans le royaume" et sont liées à une cellule terroriste découverte la semaine dernière à Riyad, qui appartient au réseau Al-Qaida d'Oussama Ben Laden, a déclaré le ministre, cité par le quotidien saoudien Okaz. Le prince Nayef, cité par Al-Watan, un autre quotidien saoudien, a indiqué avoir décrété un état d'alerte élevé dans tout le royaume.
Le 8 mai, les autorités saoudiennes ont annoncé traquer "19 terroristes, dont 17 Saoudiens" liés à Al-Qaida et qui préparent des "actes terroristes". L'une de ces 19 personnes "s'est rendue et nous a fourni des informations, qui sont toutefois fragmentaires", a indiqué le prince Nayef dans sa déclaration mardi à Al-Watan. En annonçant au début de la semaine dernière la traque du groupe "terroriste", le ministère saoudien de l'intérieur avait annoncé avoir saisi le 6 mai, dans une maison du groupe, 55 grenades à main, 377 kg d'explosifs, 2 545 balles de différents calibres, sept fusils-mitrailleurs Kalachnikov, plus de 80 chargeurs et du matériel de communication.
L'Arabie saoudite est le pays d'origine d'Oussama Ben Laden et de 15 des 19 pirates de l'air auteurs des attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington.
Avec AFP et Reuters