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Que de stress, que d'émotion, ami lecteur !
Mais que va-t-il se passer ? L'angoisse t'étreint, alors que tes mains s'accrochent fébrilement aux dernières pages de l'histoire. Je me suis bien fait plaisir en écrivant ce chapitre, j'espère qu'il vous plaira aussi Introduction Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII Chapitre XVIII Chapitre XIX Chapitre XX Chapitre XXI _________________________________ Il faisait maintenant complètement nuit. Le temps s'était lentement couvert durant la soirée. Par deux fois, le tonnerre gronda dans le lointain. Désormais, les nuages obscurcissaient complètement le ciel, étouffant les étoiles et réduisant la lueur de la lune à une pâle nuisance. Une brise légère soufflait dans les rues désertes, jouant avec les panneaux des échoppes, faisant tintinabuler les clochettes des perrons, et caressant sensuellement la joue de Malek. Des écharpes de brume descendaient vers la capitale, effleurant les toits des maisons avec délicatesse. Laath leva les yeux, puis renifla doucement le vent. Il eut un sourire satisfait. "On ne pouvait pas rêver mieux. Je sens la pluie, et le brouillard. Ca ne devrait pas tarder, maintenant, une véritable averse. Je commence à croire que nous pourrions avoir une chance, après tout" "Une chance de nous écraser sur le sol comme une limace atrophiée, plutôt que de nous faire prendre et empaler, c'est ça que tu veux dire ?" grimaça Malek. Ses doigts caressaient lentement son fourreau, comme s'il le voyait pour la première fois. Il allait devoir laisser son épée ici, et ça lui plaisait modérément. "C'est moi qui escaladerai. Vous n'avez pas à vous en faire pour la montée. C'est une fois à l'intérieur que les choses se compliqueront" "Doux euphémisme" murmura Malek. Il avait du mal à se rappeler comment il s'était laissé entraîner dans cette aventure. Des histoires d'honneur, de courage, de dette à repayer. Shareen l'avait regardé avec ses grands yeux plein de reproche, et Laath s'était contenté d'arborer son stupide demi-sourire, comme s'il trouvait tout cela très amusant. Il ne serait pas dit qu'un licornéen ne montrerait pas autant de courage – Deesse du Destin, ce n'est plus du courage, c'est de la stupidité ! – que les autres. S'ils voulaient tous risquer leur vie dans cette entreprise stupide, alors il n'avait qu'à les accompagner. Ainsi, il pourrait au moins veiller sur Shareen, et vérifier qu'elle se sorte de là vivant. Qu'elle s'en sorte vivant ? Je pourrais m'estimer heureux si je m'en sortais, moi ! Il eut un regard en coin pour la jeune fille qui marchait à ses côtés. Comme lui, elle s'était habillée suivant les conseils de Laath. Elle portait maintenant des habits d'un gris neutre, amples et pratiques, qui ne risqueraient pas de l'handicaper lorsqu'elle monterait. Elle arborait un rictus crispé. Le vent jouait dans ses cheveux, les agitant en tous les sens. Elle était belle, ainsi, réalisa soudain Malek. Lentement, son expression s'adoucit. S'il devait mourir, ce n'était pas la peine d'y penser pour l'instant. Il y avait des choses bien plus agréables auxquelles rêver. Machinalement, il tâta le rouleau de corde qui était enroulé autour de sa taille. Quarante pieds de corde, pas moins ! C'est ce qu'avait exigé Laath, et la vieille contrebandière était parvenu à le trouver en moins d'une heure. C'était un épais cordage de près d'un pouce d'épaisseur. Cela devrait pouvoir soutenir leur poids; normalement. "Une patrouille" murmura soudain Laath, calme et composé. Malek sursauta. Le cambrioleur avait de bons yeux. Ce ne fut que quelques secondes après qu'il aperçut les gardes qui se dirigeaient tranquillement vers eux, lanterne tendue pour percer l'obscurité. Ils étaient une demi-douzaine, et leurs regards étaient féroces. Aucun d'entre eux ne devait apprécier de devoir patrouiller par une nuit pareille, alors que la pluie n'allait pas tarder à tomber. "La paix sur vous, citoyens" grommela l'un d'entre eux alors qu'ils passaient à côté des trois jeunes gens. "Que les dieux vous gardent du mal et des brigands" "La paix sur vous, sergent" répondit tranquillement Laath, s'inclinant à demi. Les gardes passèrent sans leur accorder un second regard, et Malek put se permettre de respirer de nouveau. La sueur perlait à son front. "Et s'ils nous avaient arrêté ?" murmura-t-il. "S'ils nous avaient reconnus ?" "Je trouve que je n'ai pas trop raté mon maquillage" sourit Laath. "Tu n'as plus tellement l'air d'un fils de duc maintenant, mais d'un mignon des bas quartiers. Je ne pense pas que les gardes fassent le rapprochement" Shareen éclata de rire, plus par relâchement de tension nerveuse que parce qu'elle trouvait sa drôle. Malek lui lança néanmoins un regard vexé entre ses cils allongés. "Il n'y a rien d'amusant là-dedans. Continuons ! Je ne voudrais pas rencontrer une autre patrouille avant que nous arrivions aux murs du palais. La ville était réellement sinistre, la nuit. Ils avaient beau traverser les quartiers traditionnellement bourgeois, avec leurs riches maisons et leurs larges allées, l'obscurité rendait tout recoin suspect. Malek avait l'impression que des milliers d'yeux l'observaient, sachant pertinemment ce qu'ils allaient faire, ce qu'ils allaient tenter, et se moquant de lui par avance. A vrai dire, il ne pouvait les en blâmer. Lui aussi aurait ri, s'il n'avait pas été partie prenante de cette aventure. Trois rouleaux de corde. Deux torches, et un briquet à silex. Des sortes de crampons, que Laath prétendait pouvoir utiliser dans ses escalades. Et c'était tout. Un peu maigre, pour attaquer un palais impérial. D'autant plus qu'avec la cérémonie du couronnement, la plupart des nobles étaient présents avec leurs escortes, et que l'enceinte devait grouiller de centaines de gardes. Il leur faillait un miracle. Il leur fallait une intervention divine quelconque. Ou une armée; l'un ou l'autre feraient l'affaire. Et qu'avaient-ils ? Un briquet à silex ! Ha ! Il ressentait douloureusement l'absence de son épée au côté, alors qu'il cherchait par deux fois à en caresser nerveusement le fourreau pour évacuer la tension. Le geste l'avait toujours rassuré mais, maintenant, il n'avait plus ni fourreau ni épée. Laath prétendait qu'une telle arme empêcherait totalement l'escalade. Malek avait dû se contenter de deux poignards, pendant négligemment à sa ceinture. Les poignards étaient rassurants, bien sûr. Mais cela n'empêchait pas ses doigts de chercher désespérément un fourreau sur lequel ils auraient pu pianoter. "Voici la pluie" murmura Laath, satisfait. "Tout se passe comme prévu" Malek sentit une goutte lui frapper la main, puis la joue. Puis les gouttes se muèrent en crachin, en averse. En quelques minutes, c'était un véritable rideau d'eau qui s'abattait sur la ville endormie. La pluie crépitait sur les toits de tuile rouge, coulait le long des murs et s'insinuait dans les fissures. Son bruit monotone emplit bien vite les oreilles des jeunes gens alors qu'ils continuaient d'avancer, remontant leurs manteaux gris pour se protéger des intempéries. Le tonnerre gronda. "Je ne vois pas vraiment en quoi c'est un avantage" grommela Malek, alors que l'eau lui dégoulinait dans le cou. "Pour la baignade, j'ai déjà donné, merci. C'est froid, et les pavés sont glissants. On n'y voit pas à dix pas. Déjà que je ne m'imagine pas escalader les murs du palais, là, ce sera encore plus difficile." "C'est vrai que l'escalade n'en sera pas facilitée" fit doucement Laath, "mais ce n'est pas cette partie qui m'inquiétait, de toute façon. Par contre, maintenant, on pourra beaucoup plus facilement justifier d'avoir nos visages cachés sous nos manteaux" "Ca n'est pas faux" acquiesca Malek avec réticence. Il avait lui-même remonté sa capuche, mais cela n'offrait qu'une maigre protection contre les gouttes. Il se sentait déjà frigorifié. "Et puis, ce n'est pas tout. Tu dis qu'on ne voit pas très loin, et c'est vrai, mais ça joue aussi en notre faveur. Les gardes ne seront pas très attentifs, par ce temps et, même s'ils le sont, il faudrait qu'on passe juste sous leur nez pour qu'ils nous aperçoivent. Non, je te le dis, cette pluie est une bénédiction des dieux" "Eh bien, c'est déjà ça !" soupira Malek. "Par le Sang, je ne sais même plus où nous sommes, avec tout ça. Est-ce qu'on n'a pas tourné en rond ? On devrait déjà apercevoir les murailles, non ?" A peine avait-il dit ses mots que Laath s'arrêtait brutalement et tendait le bras pour leur enjoindre de faire de même. "Les voici" murmura-t-il. Il y eut une lumière aveuglante, suivi d'un coup de tonnerre. La foudre n'était pas tombée loin d'ici. A la lueur éblouissante de l'éclair, tous purent voir qu'ils étaient arrivés. Le mur se dressait devant eux, à une centaine de pieds, à peine. Le brouillard et la pluie se refermèrent sur lui alors que la lumière de la foudre s'évanouissait, mais quelques pas en avant suffirent pour qu'il ressurgisse. Malek se souvenait des cours d'histoire qu'il avait suivis à l'Académie. Il n'avait jamais été très attentif à ses leçons, mais certains détails l'avaient particulièrement impressionnés. On disait que cette enceinte remontait à plus de cinq cent ans, sous le règne de Dherlot le Bâtisseur, alors que l'Empire n'était encore qu'un rassemblement de quelques tribus, et que les barbares menaçaient chaque année d'envahir Musheim. C'était un temps de guerre, de conquêtes et de gloire. C'étaient des années sanglantes, remplies d'espoir comme de découragement. Certains noms avaient survécu à cette période. Melankol l'archer et ses flèches magiques, Baalbus et Beelbus les deux inséparables guerriers, Morlohar le colosse à la Hache Double, et tant d'autres dont les bardes chantaient les exploits, le soir à la veillée. A cette époque, l'enceinte n'était qu"un clos de bois vaguement arrangé, qui permettait de repousser les envahisseurs à la pointe de la lance. Au fur et à mesure que les guerres faisaient rage, l'idée de construire des défenses plus solides s'était imposée comme la meilleure, malgré son coût en hommes et en temps. Lentement, les murailles s'étaient élevées, nourries par le travail de milliers de guerriers désireux de mettre leur famille en sécurité. C'avait dabord été une double palissade de rondins équarris, puis la pierre avait remplacé le bois, et le mur s'était élevé de plus en plus haut. A l'origine, ce n'était pas le palais qu'on trouvait à l'intérieur, mais un large bâtiment dans lequel les familles pouvaient se réfugier lorsque les barbares arrivaient. Les historiens s'accordaient tous sur le fait que ces enceintes avaient réellement changé le cours de la guerre et permis, à terme, la création de l'empire tel qu'il était aujourd'hui. Les fiers bâtisseurs avaient saigné leurs adversaires dans une défense sauvage, puis avaient commencé à contre-attaquer, tout en sachant que leurs femmes et enfants seraient en sécurité de toute représailles. Plus tard, lorsque Musheim n'avait plus été directement menacée, c'est là qu'on avait construit le palais. Et c'était ces murailles qu'ils devaient désormais franchir ? "C'est de la folie" murmura Malek, touchant du bout des doigts les pierres ruisselantes. "On va se rompre le cou"' "Allons, que serait la vie sans un peu de risques" fit Laath avec bonne humeur. Il tira fermement sur la corde qu'il portait autour de la taille, et parut satisfait. "A partir de maintenant, plus un bruit. Attendez-moi en bas, pendant que j'escalade. Personne ne devrait passer par ici, mais si c'est le cas, éloignez-vous du mur ou faites diversion d'une manière ou d'une autre" "Si tu le dis" fit Malek, haussant les épaules. Et Laath commença à monter. Malek leva les yeux vers lui, malgré la pluie battante, observant sa progression. Le jeune homme était un grimpeur-né, ou peut-être était-ce l'expérience qui lui donnait cette habileté. Il montait rapidement, sûrement, sans jamais sembler hésiter. Ses doigts trouvaient avec sûreté les fissures et les craquelures dans le mur. Il assurait ses prises, se hissait, calait ses pieds et recommençait. De là où il était, Malek avait des difficultés à voir la taille des trous dont se servait le jeune cambrioleur, mais ils n'avaient pas l'air terriblement grands. A sa place, le licornéen ne se serait certainement pas senti rassuré. Pourtant, Laath avançait sans même sembler prendre le temps de juger de la solidité de ses appuis. En deux minutes, il avait déjà grimpé une quinzaine de pieds, et ne semblait pas vouloir ralentir le rythme. Puis, le brouillard l'engloutit. "Il n'est pas si timoré, finalement" observa Shareen, plissant elle aussi les yeux contre la pluie. "Je n'aurais jamais le courage de faire ce qu'il fait là" "Il m'impressionne aussi" admit Malek à contrecoeur. "Il a l'air chétif, comme ça, pourtant il est capable de se hisser sans effort. Il est beaucoup plus fort que ce que je pensais. Et plus résolu, également. Je pensais vraiment qu'il n'avait aucune volonté. Pourtant, il n'a pas hésité une seule seconde à se lancer dans cette aventure avec nous. Il ne connaît pas Rekk, il n'avait aucune raison de lui venir en aide" "C'est peut-être parce qu'il ne le connaît pas bien qu'il veut l'aider" Shareen sourit. "Tu es odieux, Malek ! Mais ça n'est probablement pas faux" "Bah. Je suppose qu'il a ses propres raisons, comme tout le monde. A mon avis, si Deria et lui étaient aussi proches, peut-être a-t-il envie de connaître le fin mot de l'histoire" "Quoi qu'il en soit, c'est un bon grimpeur !" Ils levèrent tous les deux les yeux vers le ciel, tentant d'apercevoir le cambrioleur au milieu du brouillard. Avec un effort d'imagination, certaines parties un peu plus sombres pouvaient peut-être refléter sa silhouette – mais rien n'était moins sûr. "Quelle purée de pois…" "Attention ! La corde !" chuchota Shareen en réponse. Avec un bruit sourd, les quarante pieds de l'épais cordage se déroulaient sur le mur, descendant rapidement jusqu'à ce que l'extrémité se trouve à portée de mains des deux jeunes gens. "Qui commence ?" "Vas-y, vite !" fit Malek, poussant la jeune fille en avant. Je monterai en dernier, pour être sûr que personne ne nous voit" "Mais…" Shareen se préparait à objecter, mais elle se ravisa en voyant l'air soucieux du jeune homme. Elle hocha la tête et s'empara fermement de la corde. "Il ne reste plus qu'à espérer que Laath l'a arrimée convenablement, sinon c'est le grand plongeon" "Je serai toujours là pour te rattraper" sourit Malek. "Me voilà totalement rassurée" fit-elle, entamant sa montée. Le jeune homme suivit sa progression avec des yeux soucieux. Maintenant qu'elle se hissait à la force des jambes, la corde était tendue à se rompre. Elle devait probablement râcler sur les aspérités et les morceaux de pierre coupants qui constellaient le mur. Laath avait paru satisfait de la solidité du cordage, et Malek supposait que c'était lui qui s'y connaissait le mieux, mais cela ne l'empêchait pas de surveiller avec appréhension la montée de la jeune fille. Vue ainsi, de dessous, elle avait des fesses magnifiques, qui tendaient la toile de son pantalon d'une manière tout à fait charmante. Il y avait donc une telle beauté dans la nature ? Malek se sentit rougir, et détourna le regard avec colère. Il avait bien d'autres choses à avoir à l'esprit maintenant, et la courtoisie la plus élémentaire l'incitait à baisser les yeux. De plus, ce n'était certainement pas la première fille qu'il regardait ainsi ni, pour être tout à fait honnête, la plus belle. Mais, si leur entreprise était vouée à l'échec, comme elle le serait certainement, il aurait au moins la consolation d'avoir vu un charmant spectacle avant de mourir. Tous les hommes avaient-ils réellement cette chance ? Une minute après qu'elle ait elle aussi disparu dans le brouillard, la corde s'agita, puis devint brutalement lâche. Cela ne pouvait signifier qu'une chose: elle était arrivée là-haut sans encombre, et Laath l'avait aidée à prendre pied sur le petit parapet. Parfait. C'était donc à son tour. Malek prit une grande inspiration en agrippant la corde. L'aventure jusque là avait paru complètement irréelle, mais le contact rugueux du chanvre dans ses mains moites ne lui laissait désormais plus aucun doute. Contrairement au sens commun le plus élémentaire, il était bien en train de se préparer à escalader les murs du palais d'un empereur qui l'avait condamné à mort ! Il eut un rire sans joie, puis entama lentement l'escalade. C'était plutôt facile de monter ainsi. La majeure partie de l'effort était fournie par ses jambes, et il ne se hissait avec les bras que lorsqu'il avait un appui solide. il ne mit que deux minutes pour atteindre le sommet, à peine essouflé. "Prends ma main !" chuchota Laath, sa silhouette se découpant soudain dans la brume omniprésente. Il se fit hisser sur la dernière coudée, et s'installa lui aussi à califourchon sur le parapet, comme Shareen. "Tout s'est bien passé, pour l'instant" murmura-t-il, presque incrédule. "C'était vraiment le plus facile" répondit Laath de la même manière. "Mais nous avons de la chance qu'ils n'aient pas protége le haut de leur mur d'une autre manière. J'ai déjà escaladé la maison d'un marchand qui avait installé des lames d'acier pour trancher les cordes et empêcher les gens de prendre pied sur le parapet" "Et alors ?" "Alors, je suis passé par l'entrée principale" sourit Laath. "Mais je vous raconterai ça une autre fois. Maintenant, il s'agit de descendre." Avec habileté, il remonta la corde qu'ils venaient d'utiliser et la laissa se dérouler de l'autre côté. "Mais… si jamais un garde était en train de passer dans l'enceinte du palais au moment où tu as lâché la corde, il va la voir, non ?" protesta soudain Shareen. "Alors, prie les dieux auxquels tu crois que ce ne soit pas le cas. Mais ce serait vraiment un manque de chance flagrant" Laath vérifia une nouvelle fois la solidité de la corde. "Passez en premier. Je détacherai ensuite la corde, et je descendrai par mes propres moyens. Sinon, quelqu'un va forcément passer à un moment ou à un autre et se rendre compte que quelqu'un a pénétré dans le palais." Shareen s'engagea sans hésiter dans la descente. Quelques secondes plus tard, la corde pendait de nouveau, inutilisée. Malek s'en empara à son tour. Descendre se révélait plus facile que monter. Il foula bientôt l'herbe de la cour impériale. Quelques instants à attendre, puis la corde remonta silencieusement dans la brume, comme happée par une main invisible. Encore deux minutes, et Laath atterissait à côté d'eux, sautant de près de dix pieds pour rouler à leurs pieds. "Jusque là, tout va bien" murmura-t-il, reprenant son souffle. "Mais c'est maintenant que les choses sérieuses commencent" "Tu as déjà dit ça quand on était en haut du muret" protesta Malek, souriant nerveusement. "Je suppose que, lorsqu'on se sera introduits dans la cellule de Rekk et qu'on l'aura libéré, tu nous répéteras encore que le plus dur est à venir ?" "Tu ne crois pas si bien dire" murmura Laath avec sérieux. "Maintenant, il faut rentrer dans le palais. Le brouillard est un énorme avantage, mais ça risque de nous faire rentrer nez à nez avec une patrouille, également. Il vous faudra tendre l'oreille. Vous savez tendre l'oreille ?" "Shareen a de très grandes oreilles, elle écoutera pour deux" persifla Malek. La jeune fille lui donna une bourrade dans les côtes, et il étouffa un sourire. Tant qu'il pouvait se permettre de plaisanter, il parvenait à oublier l'importance de la situation et le danger dans lequel ils se trouvaient tous. Machinalement, il baissa la main pour toucher son fourreau, et se rabattit avec amertume sur ses dagues en se rendant compte qu'il n'était pas là. "Allons-y" souffla Laath. "Suivez-moi de près. Il ne faut surtout pas se perdre" Malek hocha la tête en signe d'acquiescement, mais Laath ne regardait déjà plus. Avec précaution, il avançait vers le palais. On ne voyait décidément rien dans un tel brouillard. Par deux fois, Malek manqua perdre le jeune cambrioleur de vue. Shareen lui avait pris la main, à un moment. Il ne se souvenait pas quand, mais le contact de la main était chaud, et agréable. Il n'avait pas l'intention de la lâcher. "Tout est calme dans la nuit ! Rien à signaler !" clama soudain une voix forte vers sa gauche. Le halo d'une torche se rapprochait dangeureusement. Instinctivement, et sachant parfaitement que c'était bien trop tard, il se jeta au sol. |
01/05/2003, 21h48 |
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Grenouillebleue |
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