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Aaah, le désespoir de la défaite.
Le goût amer de cendre dans la bouche. Ca fait mal, hein ? Mais regardez-moi dans les yeux, et répondez-moi sincèrement: êtes-vous toujours fier de ce que vous voyez dans un miroir ? Moi, non. Introduction Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII Chapitre XVII Chapitre XVIII Chapitre XIX Chapitre XX ---------------------------------------------- Laath n'aimait pas ce palais. Il ne se sentait pas à sa place, malgré ses beaux vêtements et les rapides leçons de maintien que lui avaient prodiguées Malek. Il avait l'impression d'être un rat au milieu de chats qui ronronnaient doucement, et la sensation était tout sauf agréable. Depuis près d'une heure qu'il tournait dans les couloirs, tentant de se fondre dans la foule, ses recherches n'avaient rien donné. Il ne savait pas très bien à quoi il s'était attendu. Il y avait des centaines de personnes qui arpentaient le palais dans tous les sens, commentant les dernières nouvelles de la santé de l'empereur. Essayer de découvrir la personne qu'il avait vu dans une telle cohue, cela revenait à chercher une pièce de cuivre particulière dans la recette d'un colporteur. Autant dire qu'il n'y avait aucune chance. Pourtant, il s'obstinait. Laath avait toujours eu la tête dure. Têtu comme un âne, sa mère disait. S'il n'y avait qu'une chance sur deux cent de découvrir la personne qui avait attiré Deria dans ce piège mortel, eh bien il y passerait deux cent fois plus de temps. Ce n'était pas plus compliqué, après tout. Laath ouvrait l'œil, et le bon. Se promener dans le palais était une vraie torture pour ses mains, cependant. Des plats en or, des couverts en argent, de riches tentures de soie, des statuettes d'ébène incrustées de pierres précieuses… Il n'avait jamais vu une telle fortune réunie au même endroit. C'en était tout bonnement aberrant. La moindre de ces gemmes permettrait à plusieurs familles de manger à leur fin, et qu'en faisait l'empereur ? Il les entreposait dans des coffres, à la vue de tout un chacun, pour exhiber sa puissance et sa fortune. Lorsque le tocsin sonna, Laath sursauta. Il ne connaissait pas ce bruit. Mais les cloches étaient lourdes de tristesse, un bruit fort et sourd à la fois, capable d'être entendu dans toute la ville. Laath ne mit pas longtemps à comprendre, à voir la mine des nobles autour de lui, le sens qu'avait le tocsin. L'empereur venait de mourir… Le jeune homme ne ressentait aucune tristesse, aucune peine, ni même une quelconque sensation de vide. Les gens vivaient et mouraient, c'était le cycle habituel. L'empereur ne représentait rien pour lui. Mais il avait visiblement de l'importance pour Shareen et Malek, aussi prit-il le temps d'envoyer une prière au Dieu des Morts pour qu'il facilite le passage de l'âme du souverain. "Seigneur Licornéen ?" Laath leva les yeux, surpris et vaguement inquiet. "Oui ?" Il était censé passer inaperçu, ici. Si quelqu'un s'avisait de vouloir discuter avec lui des derniers événements, il ne se sentait absolument pas préparé. Il lui faudrait fuir, alors, et vite; ce serait une catastrophe. Aussi offrit-il son plus beau sourire. L'homme qui venait de lui adresser la parole n'était pas seul. C'était un garde du palais, coiffé de l'habituel casque à plumes qui indiquait son rang. Trois hommes étaient derrière lui, traînant les pieds. Un regard suffit à Laath pour s'alarmer sérieusement. Il avait toujours été très bon juge de caractère, et ces hommes-là ressemblaient à des soudards de la pire espèce. Les cloches résonnaient toujours, comme une alarme, l'incitant à adopter une posture défensive sans même y réfléchir. "Nous avons un message pour vous" fit l'homme au plumier. "De la part d'une certaine personne, que vous auriez rencontré sur les berges du Verdoyant" C'était bien connu. Les méchants, dans les contes, aimaient toujours à parler plus que de raison, et perdaient ainsi souvent l'initiative. L'homme n'avait pas terminé son discours que Laath tournait brutalement les talons et se mettait à courir, esquivant ainsi le coup de dague que le sergent cherchait à lui porter. "Arrêtez-le !" hurla une voix derrière lui. "C'est un voleur et un assassin ! Arrêtez-le, pour l'amour de l'empereur !" L'empereur ne devait pas être très aimé, car les nobles restaient figés sur place tandis que Laath slalomait entre eux, courant aussi vite qu'il le pouvait en direction de la porte du palais. Il entendit des jurons derrière lui. En courant ainsi, il les empêchait de faire usage de leur arbalète, sous peine de blesser un des membres des dix Maisons présent sur son chemin. Eh bien, tout était pour le mieux. Il n'avait pas l'intention de se faire tirer comme un lapin. Quelques gardes réagissaient, cependant. Alors qu'il cherchait à atteindre la porte principale du palais, il vit un groupe s'interposer. Au temps pour cette bonne idée. Avisant le muret qui donnait vers la petite chapelle, il bondit par-dessus, et les jurons redoublèrent alors qu'il atterrissait de l'autre côté. La terre meuble amortit sa chute, alors qu'il roulait de côté. A partir de maintenant, les choses étaient plus faciles. Il se rappelait le chemin qu'il avait pris lors de la nuit fatale où Deria avait trouvé la mort, il ne s'agissait plus que de retrouver l'endroit où il était monté. Ses pensées tournoyaient furieusement dans son esprit. Quelque chose clochait. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose clochait. Les cris de la poursuite s'éloignaient progressivement derrière lui. Il avait toujours été rapide, et des hommes en cotte de mailles ne pouvaient tenir ce rythme très longtemps. Le seul ennui, c'était que le mur était long à escalader. Il ferait une parfaite cible en plein jour, épinglé comme un papillon. Non, escalader maintenant n'était pas possible. Jetant un regard derrière lui pour vérifier que personne n'était encore à portée de vue, il s'enfonça de nouveau dans le palais. Ce ne fut qu'une fois dissimulé de manière satisfaisante dans une pièce que personne ne songerait à visiter, qu'il comprit soudain le détail sur lequel il ne parvenait pas à mettre le doigt: Personne n'était au courant de sa présence dans le château, et personne ne savait qu'il était déguisé ainsi. Pourtant, les gardes étaient allés directement vers lui. Il y avait beaucoup de courant, à cet endroit-là. Le Verdoyant portait un nom heureux et bénéfique. C'était lui qui, plus loin vers le sud, fertilisait les terres et apportait le limon nécessaire pour des plantations saines et en bonne santé. Ses crues annuelles apportaient l'eau et la richesse aux plantations qu'il arrosait, et de nombreux villages avaient fleuri autour de son cours. Pour certains, le Verdoyant était un Dieu. Mais c'était un Dieu cruel et exigeant. Tout les citoyens de l'empire se souvenaient encore avec inquiétude et angoisse de la dernière crue non contrôlée, voici neuf ans, lorsque l'eau avait envahi les terres, noyant paysans et bêtes avant de se retirer, une semaine après, en laissant une terre vidée, détrempée, et trop saline pour que les récoltes puissent être sauvées. Parfois, au contraire, la crue avait du retard, ou bien ne touchait que les bords directs du fleuve, et les cultures en pâtissaient également. Le Verdoyant avait d'autres tours dans sa manche, également. Ses courants violents, lorsque les berges se rapprochaient, faisaient de sa navigation un tour de force. La plupart des marchandises arrivant à Musheim par voie fluviale étaient généralement débarquées à Gloasgas, à une demi-journée de cheval, et terminaient leur voyage dans de lourds chariots de transports, empruntant la Voie Impériale par le sud. Bien peu de bateaux osaient venir plus près. Les abords de la ville subissaient en effet un courant contraire d'une violence certaine, et le paroxysme en était atteint au pied du Palais. On prétendait d'ailleurs que la ville de Musheim avait originellement été construite ici lorsque les envahisseurs du Nord, avec leurs grands bateaux plats, ne cessaient de piller et de massacrer sur les berges du Verdoyant. Musheim n'avait alors été qu'un avant-poste, duquel on pouvait envoyer des soldats sans craindre une attaque directe. Mais tout cela remontait à près de mille ans, et ce n'était plus que conte et légende murmurée au détour d'une veillée. La dernière pensée qui passa par l'esprit de Shareen alors qu'elle chutait de la tour, était empreinte d'ironie morbide. Quel magnifique endroit pour apprendre à nager…. La fenêtre donnait bien sur le fleuve, mais c'était un plongeon de près de vingt-cinq pieds. Lorsqu'elle heurta la surface de l'eau, le choc fut terrifiant. Elle sentit ses membres se disloquer et son estomac se retourner, alors que le fleuve lui giflait méchamment le bassin. La douleur jaillit en elle, et elle ouvrit la bouche pour hurler, mais l'eau s'engouffra alors dans sa bouche, sentant le poisson mort, et le sel, et la mort. L'eau était glaciale. Elle cracha, et cracha, mais toujours les vagues revenaient, alors qu'elle se faisait entraîner vers le sud, ballotée dans tous les sens. Le fleuve jouait avec elle, lui permettant parfois de prendre une grande respiration avant de lui replonger la tête sous l'eau et de la noyer de nouveau. Elle se sentait comme une branche morte, comme un roseau dans le vent, comme un fétu de paille, alors qu'elle tourbillonnait. Lentement, elle se sentit sombrer. "Shareen !" Dans la mort aussi, il semblait bien que l'on puisse toujours entendre les voix des gens. Dérivant dans son univers de vert et de bleu, la jeune fille entendait maintenant une voix frêle, luttant contre le grondement des vagues. "Shareen !" Malek avait toujours été un bon nageur. Le château du Duc de Licorne était situé au sud-ouest de Musheim, en suivant la Voie Impériale sur sa quasi-totalité. Il donnait directement sur la Mer des Brumes, et sur une petite crique de sable fin réservée à la noblesse, bien loin des effluves du port de pêche tout près. Le jeune homme avait passé son enfance à plonger dans les vagues, et nager avec plaisir jusqu'aux petites îles qui constellaient la crique, luttant contre le ressac, poursuivant son précepteur ou son frère pour tenter de leur mettre la tête sous l'eau. Il ressortait généralement couvert de sel, la peau incrustée de grains de sable, et il pouvait alors s'abandonner aux plaisirs du bain et du massage par les mains agréables de la servante. En y réfléchissant bien, venu un certain âge, il plongeait dans la mer uniquement pour retrouver ces mains. Mais maintenant, il avait besoin de toute l'habileté qu'il avait acquise, de tous ses réflexes, et de toute son endurance, pour parvenir à garder la tête hors de l'eau et nager vers Shareen, d'un crawl puissant qui accompagnait le courant au lieu de résister. C'était dans des moments comme ça qu'il était heureux d'avoir laissé sa cotte de mailles pour venir au palais. Ses lourdes bottes de cuir épais suffisaient déjà à handicaper ses mouvements, et il n'avait pas le loisir de les enlever maintenant. Toutes ses pensées étaient concentrées vers la touffe de cheveux bruns qu'il pouvait voir s'agiter devant lui, alors que l'écart se rétrécissait. "Shareen !" hurla-t-il de nouveau lorsqu'il parvint à reprendre sa respiration. Il lança sa main en avant. Il y avait de l'eau, de l'eau, rien que de l'eau. Puis ses doigts accrochèrent enfin un bras flasque et sans force. Avec effort, il tira. Le courant les entraînait avec violence, et par deux fois il glissa, luttant pour reprendre sa respiration et conserver sa prise. Il connut un moment de panique alors que Shareen cessait de lutter et s'enfonçait lentement dans l'eau, l'entraînant avec elle. La lourde fabrique de ses vêtements était maintenant imbibée d'eau, et le poids n'en était plus négligeable du tout. Il toussa, battant des jambes avec force pour essayer de la sortir de là. Le Verdoyant devait se sentir d'humeur miséricordieuse. Dans de grandes gerbes d'eau, Shareen apparut enfin au-dessus de la surface, et Malek put assurer sa prise, posant la tête de la jeune fille sur son épaule. Le reste fut un océan de douleur et de fatigue. Le jeune homme sentait dans tous ses muscles le combat qu'il venait de mener et le manque de sommeil dont il souffrait depuis quelques temps. Shareen n'était pas bien lourde, pourtant elle pesait son poids, ainsi inerte. Lorsque Malek atteignit enfin la berge, il ne sentait plus ses bras ni ses jambes. Ce fut en rampant à moitié qu'il parvint à s'extraire de l'eau. Dans un brouillard, il hala Shareen également. "Shareen" balbutia-t-il. La jeune fille était bleue de froid. Ses yeux étaient fermés, et elle ne respirait plus. "Tu ne vas pas me faire ça" grogna Malek, ôtant avec précipitation les vêtements trempés de la jeune fille. Le bliaut résistait, et il s'énerva, jusqu'à ce qu'enfin le tissu se déchire par le milieu et qu'il se retrouve avec deux morceaux en main. Il les regarda stupidement, avant de les jeter de côté. Ils étaient trempés comme des éponges. En quelques secondes, Shareen était nue comme au premier jour. Sa peau était couverte de chair de poule, et d'une pâleur mortelle. "Respire, par le Sang ! Respire !" Il appuya doucement sur son ventre, comme il avait vu son père le faire, des années auparavant, lorsque l'embarcation d'un pêcheur s'était retournée et que l'homme avait dérivé jusque dans leur crique. Il mettait ses mains comme ça, et… "Respire !" Le froid paralysait lentement ses muscles. Lui aussi était trempé. Avec fureur, il arracha ses propres habits, et se pencha de nouveau vers la jeune fille. C'était stupide. C'était trop injuste. Avoir tant souffert, pour finalement la voir mourir ainsi ? Déterminé, il lui pinça le nez et commença à souffler de l'air dans sa bouche. Souffler, respirer. Souffler, respirer. Il s'arrêta, et pressa de nouveau son abdomen, puis revint souffler de l'air. Etait-ce comme ça que son père avait fait ? Il ne se souvenait pas, ça remontait à tellement longtemps ! Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Déesse de la Chance, ne m'abandonne pas maintenant ! Il se penchait de nouveau pour souffler de l'air, quand un gargouillis caractéristique le fit sursauter. Une seconde plus tard, un flot d'eau de mer envahissait sa gorge, alors que Shareen se cambrait brusquement, vomissant l'eau qu'elle venait d'ingurgiter. Ses yeux s'ouvrirent soudain, et elle se tourna sur le côté, glissant entre les mains de Malek pour venir rendre le contenu de son estomac sur le sol. Un spasme la secoua, et elle cracha de nouveau, avant de retomber sur le dos, anéantie. "Shareen" murmura Malek, grelottant. Il fallut un instant à la jeune fille pour lever les yeux vers lui, et ce fut uniquement pour les détourner aussitôt et vomir encore une fois. "Shareen…" répéta Malek. "Ca va ?" Elle le regarda, puis porta lentement sa main à la joue du jeune homme, incrédule. "Je… suis vivante ?" finit-elle par balbutier. "On dirait bien. Bienvenue parmi les vivants, ma grande" sourit Malek, avant d'éternuer. "Tu m'as fait une sacrée peur" "C'était vert… et bleu.. et c'était froid, si froid…" Elle grelottait encore, nue sur l'herbe de la berge. Le temps s'était considérablement adouci ces derniers temps, mais le printemps n'était pas encore totalement là, et le froid de la nuit leur déchirait les os. Malek la prit doucement dans ses bras. Sa peau était glacée. "C'est fini, maintenant" murmura-t-il. "Mais il faut qu'on parte d'ici rapidement" "Les gardes ?" Ses yeux s'arrondirent. "Je me souviens… Ils vont nous chercher ! Et Rekk ! Qu'est devenu Rekk ?" Malek haussa les épaules, claquant des dents. "Je ne sais pas, j'ai sauté avant lui. Il ne faut pas qu'on reste ici, Shareen. On doit rejoindre la caverne, d'une manière ou d'une autre. Il nous faut un feu et des vêtements, sinon on va geler sur place" "Des vêtem… oh !" Pour la première fois, sans doute, Shareen venait de réaliser qu'elle était complètement nue. Instinctivement, ses mains vinrent protéger ses seins et son bas-ventre. Malek se contenta de rire, alors qu'elle s'empourprait. "Ce n'est vraiment pas le moment de te préoccuper de ça. Il fallait que je t'enlève tes habits trempés, sinon tu serais probablement morte maintenant. Je n'attends pas de remerciements, mais cesse de me regarder avec ces yeux furieux et viens !" Shareen jeta un regard rageur au jeune garçon. Je n'ai pas des yeux furieux ! Mais elle se détourna bien vite en constatant qu'il était lui aussi complètement nu. "Tu as raison" murmura-t-elle enfin. "Je suppose que je te dois des excuses. Merci beaucoup pour…" "Pour ça non plus, on n'a pas le temps ! Tu arrives à tenir debout ?" La jeune fille se haussa péniblement sur ses jambes. Le sol tanguait désagréablement. Elle retomba presque aussitôt. "Je ne crois pas. Pas tout de suite. Il faudrait que je me repose un peu…" "Te reposer, nue, la nuit ? Tu as besoin de chaleur ! Viens, je vais t'aider !" "Ce n'est pas la peine" murmura mollement Shareen. Mais, sans attendre son consentement, Malek s'accroupit et passa son bras derrière la nuque de la jeune fille. Lentement, il la fit se lever, la laissant s'appuyer contre son torse. "Tu peux marcher, comme ça ?" "Je vais essayer" Elle claquait des dents, et la chair de poule envahissait son corps. Malek détourna les yeux, embarassé. Il était nu, lui aussi. Il n'avait aucune intention que son corps le trahisse en un moment comme cela, mais il ne pouvait contrôler certaines réactions physiologiques. "Allons-y, alors" murmura-t-il, les joues brûlantes. Ils devaient avoir une solide avance sur leurs poursuivants, si jamais le Prince avait envoyé du monde à leur recherche. Le fleuve les avait recrachés largement en aval du palais, à plusieurs lieues de distance. Même à cheval, cela prendrait un certain temps de les rejoindre; mais ce n'était pas une raison pour traîner Ils formaient un beau spectacle, clopinant de concert en suivant le fleuve, nus tous les deux, se soutenant mutuellement. Les berges du Verdoyant étaient couvertes de branches mortes et de cailloux pointus. Marcher pieds nus ne se révélait pas très agréable, et ils finirent par se résoudre à se traîner encore plus lentement, pour éviter les obstacles. Néanmoins, lorsqu'ils arrivèrent enfin en vue du renfoncement qui cachait la caverne, leurs pieds étaient en sang. C'était le moindre de leurs soucis. "Enfin" croassa Malek, titubant sur les dernières coudées. Sa respiration était saccadée. Il avait beaucoup trop forcé aujourd'hui, entre le combat et le sauvetage dans le fleuve. La lieue à parcourir pour atteindre la caverne avait achevé ses dernières réserves. Il ne se souciait plus de savoir s'il pouvait y avoir du danger, si l'endroit était sûr, si Dani s'y trouvait toujours, si Laath était là ou non. Avec un râle, il s'effondra à l'entrée, couvrant à moitié Shareen de son corps. Elle avait la peau douce, si douce. |
30/04/2003, 18h00 |
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Grenouillebleue |
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