|
Drek reprit connaissance.
Tout ce dont il se souvenait était l’irruption brutale des soldats rebelles dans la navette. Puis son esprit avait sombré dans un puits noir et profond. Des rayons paralysants, à n’en pas douter. Quand ses yeux se réouvrirent, l’officier se trouvait dans une petite pièce aux parois métalliques. Un néon diffusait une pâle clarté sur les murs sans âmes. Il se trouvait assis sur une chaise, les mains ligotés derrière le dos de son dossier. On ne l’avait pas encore touché, ni maltraité. Pas encore, du moins. Il ne chercha même pas à se défaire de ses liens, se doutant que le nœud avait été fait avec efficacité. De toute façon, cela ne lui aurait servi à rien. Il se décontracta donc et attendit patiemment une visite prochaine. Quand il fut certain que la trotteuse dans sa tête venait d’effectuer son soixantième tour, il se prit à rire. Le petit jeu et la petite mise en scène était fort bien connu de l’agent Drek, qui l’avait appliqué à quelques reprises. C’était tellement prévisible. Classique. Faire mijoter le prisonnier à petit feu en lui faisant ressasser et ressasser sa situation. Situation qui n’était pas très plaisante pour l’officier, mais il n’allait pas leur donner ce plaisir. Certainement pas. Il s’étira et décida, contre toute attente, d’essayer de dormir. Sa tête pendait en arrière et ses jambes étaient allongées, ce n’était pas confortable mais il avait connu pire. Il chercha mais ne trouva pas le sommeil dans les premières minutes… par contre c’est le sommeil qui le prit à l’improviste. Drek avait peu dormi ces dernières nuits et son corps avait décidé de profiter de l’occasion pour récupérer.
Il rêva. Combien d’heures Drek avait passé à dormir, il ne le saurait jamais. Mais il se rappelait très bien du personnage récurent qui était revenu dans chacun de ses rêves, comme un leitmotiv. Tao Nui. Cette… charmante ? Kaminienne dont il s’était rapproché au cours de sa mission. Au cours de ses rêves, elle arborait toujours la même tenue, magnifique et lumineuse. Son long cou penché sur lui, la conseillère lui chuchotait des mots de réconfort, de courage. A chaque fois qu’il voulait parler, elle lui intimait le silence en posant un doigt délicat sur les lèvres de l’officier. Elle lui caressa même les cheveux pendant un temps, apaisant ses craintes et ses doutes.
Après avoir été réveillé de la manière la plus brutale qui soit, une paire de gifles, Drek pouvait encore apercevoir la jolie Kaminienne qui lui susurrait que tout se passerait bien, qu’il devait avoir confiance. Il leva les yeux et détailla son interlocuteur… ou plutôt, son interlocutrice, car il s’agissait bien d’une rebelle de la gente féminine. Il fut terriblement surpris et cela dut se lire sur son visage.
- Je vous étonne ? commença-t-elle d’une voix qui était loin d’être froide. Vous n’avez pas l’habitude de voir une femme diriger un interrogatoire, avouez-le. L’empire que vous servez reste un indécrottable misogyne, en plus de ses nombreux défauts.
Drek se cantonna au mutisme.
- Vous ne voulez pas me répondre ? Ce n’est pas galant de votre part, officier.
- J’ai tendance à oublier la galanterie quand je suis réveillé d’une si charmante façon.
Elle sourit et Drek l’observa avec minutie. Elle était très mignonne, et là encore, il fut surpris. Il ne s’attendait pas à trouver devant lui une femme, et encore moins une femme au physique si agréable. Elle avait de magnifiques cheveux roux qui lui descendaient sur les épaules. Plusieurs mèches rebelles encadraient un visage doux et fin, tandis que deux petits yeux aux reflets émeraudes l’épiaient et le jaugeaient. Si on ajoutait à cette description que la jeune femme possédait des courbes à rendre jalouse la miss Coruscant, Drek aurait put se croire au paradis. Une mallette disposée à coté d’elle, à moitié ouverte, laissait apparaître une gamme d’outils de tailles et de formes diverses destinées à la pratique séculaire de la torture raffinée. L’officier revint vite sur terre.
- Oh ! pouffa-t-elle. Je suis certaine que vous avez aimé ça.
- Il va sans dire que je préfère être giflé par une créature aussi charmante que vous.
Cette discussion commençait à l’amuser, finalement.
- Merci pour le compliment, officier. Vous voyez, vous redevenez galant.
- Ne pas l’être serait un affront pour mon ego, même dans la situation actuelle.
Elle lui envoya une dose non négligeable de phéromones sexuels à travers le regard.
- Je connais pratiquement votre vie par cœur, souffla-t-elle.
- Je n’en doute pas. Allez, faites-vous plaisir et récitez-moi tout ça.
Sa voix était ironique et cassante.
- Drek… ne le prenez pas comme çà, tout avait si bien commencé entre nous ! Vous venez de me vexer, vraiment. J’avais tellement envie de vous raconter ce que je savais… mais vous m’avez coupé dans mon élan. Vilain garçon. Pour la peine, je crois bien que je vais vous punir.
Elle farfouilla sa mallette et en sortit un bandeau d’une teinte violemment rougeâtre. D’une main experte, elle banda les yeux de l’officier, sans oublier de déposer un furtif baiser sur sa joue alors qu’elle se rasseyait. Drek en connaissait un bout sur l’art de déstabiliser. Mettre le prisonnier en situation d'anxiété en le privant du sens de la vue. Encore un classique des manuels sur la torture douce. Par contre le baiser n’était mentionné nulle part !
- Vous connaissez mon nom mais je ne connais même pas le vôtre…
- Pour vous, ce sera Elna, bel officier.
Drek perçut le son d’outils qui s’entrechoquaient. La punition ?
- J’ai choisi un outil particulièrement classique que vous connaissez bien, officier. Mais je vous laisse la surprise de le découvrir, et aussi de découvrir sur quelle partie de votre corps j’en jouerais.
- Enna, s’il vous plait, vous savez bien que c’est inutile, constata Drek. Je suis pratiquement conditionné pour subir ce genre de traitement tout en gardant le sourire ! Ce n’est pas…
Une vive douleur sur sa cuisse gauche. Un jaillissement de souffrance puis plus rien. Pendant une fraction de seconde, Drek douta de son conditionnement. Mais la douleur s’effaça comme par enchantement. Il n’eut même pas le temps d’hurler. La douce voix d’Elna lui parvint.
- Je sais, ça fait mal. Vous m’en voyez désolée.
- J’en doute… mais ce n’est pas la question, lui répondit une voix affaiblie.
- Effectivement, officier. Je vous sais extrêmement intelligent. Mettez-vous un instant à ma place… que feriez-vous pour obtenir ces précieux renseignements ?
- Et bien, puisque nous parlons d’égal à égal, en ce qui concerne ce domaine tout du moins, j’emploierais en premier lieu le levier psychique car je ne suis pas un adepte des tortures physiques. Avec moins de douceur que vous, je dois bien l’admettre, je ne suis qu’un mâle.
- Vous l’avez dit vous-même. Parlons donc de votre femme et de votre fils.
Drek s’en voulut de l’avoir mit sur la voie. Mais de toute façon, elle en serait venu là d’une manière ou d’une autre alors autant ne pas retarder une discussion qui devait inévitablement arriver.
- Elles n’ont rien à voir avec notre affaire, lâcha l’officier sans le vouloir.
- Vous me décevez un peu. Combien de fois ais-je entendu cette phrase et combien de fois l’avez-vous entendu également ? Je vous le demande…
- Trop souvent, c’est vrai, souffla Drek.
- Les formalités étant échangées, à présent il est temps d’en venir au cœur même du sujet qui nous intéresse. N’est-ce pas, officier ? Je sais que vous ne pouvez pas me voir, aussi je vous ai lancé un clin d’œil aguicheur. Et je peux vous dire qu’il est loin de laisser les hommes… et les femmes ! indifférents. J’aurais presque envie de vous retirer ce bandeau pour que vous en profitiez.
- Nous sommes au moins d’accord sur ce point.
Comme un souffle, Elna détacha le morceau de tissu qui tomba sur les épaules de l’officier. Celui-ci tomba sur deux yeux de braises qui le fixaient. Il détourna le regard sur sa cuisse meurtrie. Le tissu était encore intact et rien n’indiquait l’origine de la douleur. Brûlure par induction, peut-être. Ses pensées dérivèrent vers les êtres qu’il aimait et qui l’attendaient sur Coruscant…
- Puis-je vous demander une faveur ? questionna-t-il.
- Qui est ?
- De connaître par quels moyens vous êtes parvenus à apprendre que j’avais une femme et une fille. J’ai passé des années à cultiver le mystère qui les entoure et je voudrais bien savoir ce qui a faillit.
Elle lui sourit presque avec tendresse.
- C’est vous qui me surprenez, officier. J’ai rencontré un tas d’hommes, je ne vous parlerais pas des femmes, célibataires ou mariés, jeunes ou vieux, vierges ou non, tendres ou machos… mais aucun ne possédait cette sensibilité qui affleure en vous dès que vous parlez de votre petite famille. Vous êtes l’archétype même du père de famille, amoureux et fidèle, et vous me plaisez. Si je n’étais pas si volage et frivole…
Drek sentit la main d’Elna lui caresser la cuisse. A travers le tissu rugueux de son uniforme, il pouvait sentir combien elle était douce. Il essaya de chasser de son esprit l’image de cette créature, en face de lui, mais sans y parvenir complètement. La main hésita quelques secondes puis s’approcha de son entrejambe. L’officier sursauta et ses cuisses tremblèrent. C’était loin d’être désagréable… c’était pire et il essaya tant bien que mal de se focaliser sur l’image de sa douce Anney.
- Voyons, officier… détendez-vous. Que vous importe de penser à votre femme en cet instant ? Elle est loin et moi, je suis là, tout près de vous. Sentez-vous la chaleur qui brûle en moi ? Libérez celle qui brûle au fond de vous, laissez-vous aller !
Drek ferma les yeux mais ne put effacer l’horrible et indécente vision d’Elna. Il ne fallait pas qu’il se laisse aller, Enna était désirable mais c’était tout. Il n’allait pas laisser ses bas instincts primaires prendre le dessus. C’était un officier Impérial et il devait garder la dignité qui sied à tout officier.
- Laissez-moi ! eut-il le courage de crier.
La main se retira et en même temps, le sourire sur le visage de la jolie rebelle.
- Vous n’êtes pas un homme !
- Je suis l’Officier Drek Svar, Agent de l’Ubiqtorat en mission pour le compte de l’Empereur.
- Si vous le prenez ainsi…
Sa voix s’était achevée sur une note des plus malsaines. Elle remit le bandeau sur les yeux de l’officier qui n’eut pas droit cette fois-ci au petit baiser. Le même bruit que tout à l’heure… Elna cherchait apparemment l’outil qui stimulerait le mieux ses pulsions sadiques.
- Je vais prendre du plaisir à jouer avec vous, Drek. Et dans quelques heures, vous me supplierez de faire de vous ce que je désirerais, pourvu que la souffrance se taise. Mais il sera trop tard. Je ne sais pas si je suis aussi experte que vous dans le raffinement sur la torture, mais je vous promets de faire de mon mieux. Dans quelques heures, vous ne serez plus le fier et pédant officier impérial, vous serez un morceau de chair sanguinolent et souffrant… vous serez ma chose à moi. Quand enfin, vous serez anéanti physiquement, je ferais en sorte de vous anéantir moralement en m’occupant de ce qu’il y a de plus sacré pour vous : Anney et… la petite Daphnée, c’est ça ? Vous n’imaginez pas à quel point mon imagination perfide est constructive, quand j’ai devant moi un si bel étalon, prêt à assouvir mes petits fantasmes. Au travail, officier, au travail, nous avons des choses à faire !
Drek ne se rappelait plus quand la douleur avait commencé, ni même quand elle avait fini. Si même elle avait fini car il avait toujours profondément mal. Elna avait débuté les choses en douceur, si on peut dire. Des micro-souffrances distribuées ça et là sur son corps nu. Car elle avait prit soin de le déshabiller complètement, lui enlevant toute dignité et profitant par la même occasion du spectacle de son corps. Drek n’avait rien dit. Qu’aurait-il put dire de toute façon ? Les supplications et les prières n’auraient rien donné, il le savait d’expérience. Et il était déterminé - avait-il jamais eu le moindre doute ? - à ne rien révéler de sa mission. Il était l’agent de l’Ubiqtorat et par la-même, le bras de l’Empereur : il ne devait pas faillir. Plutôt couper le bras que de le voir corrompre, pourrir jusqu’à la moelle, infecté par cette vermine rebelle.
Il avait toujours terriblement mal, il n’était même pas en état de dire si Elna était toujours dans la pièce, s’il était allongé ou encore attaché sur sa chaise. Il ne sentait de son corps que les milliards d’informations de douleur transmis par ses nerfs. Combien de temps la séance avait-elle duré ? Une heure, deux heures, dix heures ? Il ne pouvait le dire. Tout n’avait été qu’un déferlement de souffrance, une montée en puissance progressive de la torture jusqu’à ce qu’il hurle à la mort. Oui, il avait hurlé. Son corps avait hurler. Mais son âme, bien trempée par des années d’éducation, n’était toujours pas prête à se livrer aux rebelles. Après les micro-souffrances, Elna était passée aux coupures insidieuses, aux endroits où celles-ci irradiaient le plus de douleur, les muqueuses n’étant pas en reste, ainsi que les parties génitales. Le pire était bien de ne pas savoir sur quelle partie du corps la prochaine plaie naîtrait. Mais le fait d’avoir déjà administré ce genre de douleur le rendait plus fort pour la supporter. Ce qui le différenciait des autres prisonniers. La bouche emplie de sang et sa langue hurlant son tourment, Drek eut droit à un court répit.
- Vous êtes un bel homme et c’est plaisir à vous voir souffrir, officier. Je tenais à vous le dire.
- Je… ne dirais rien… c’est inutile, articula-t-il la bouche en feu.
- Je le sais bien. Je n’essaye même pas de soutirer les informations que vous détenez. Ce serait pure perte pour le moment. Vous êtes au-dessus de la souffrance physique, mais peut-être pas au-dessus de la souffrance morale. Et je compte bien tout savoir tôt ou tard.
- Alors… pourquoi ?
- Je vous avoue que ce n’est pas professionnel. Cette perte de temps n’est pas digne de moi, mais j’y prends un tel plaisir. C’est malheureux que vous n’en preniez pas, vous, mais soyez assurée que je m’amuse.
- J’aime assez ce que vous faites, Elna, ironisa-t-il. Non, vraiment…. Je n’y mets pas moi-même un tel art de la sophistication, mais j’admire votre façon de procéder, votre mise en scène, vos gestes sensuels et si… douloureux. Nous pourrions un jour mettre en commun nos connaissances, nous y gagnerons certainement tous les deux. Qu’en dites vous ?
Elna ria de bon cœur.
- Je vois que vous avez toujours le sens de l’humour. Vous me plaisez de plus en plus.
- A votre service, ma jolie rebelle.
- Bien, ne perdons plus de temps et passons au degré supérieur, alors !
Le degré supérieur était le préféré d’Elna. Sans la voir, il pouvait distinguer les petits cris jouissifs qu’elle poussait à chacun de ses hurlements. L’arrachage d’ongle était un jeu qu’elle maniait avec merveille. Rapide et précise, elle les faisait sauter avec dextérité, comme si elle pratiquait depuis sa naissance. Mais la souffrance qui l’accompagnait était tout sauf rapide. Une espèce de douleur sourde mais tellement forte que Drek en versait des larmes. Il ne bougeait même pas ses doigts, sachant qu’il ne faisait que retarder la douleur et qu’il valait mieux l’affronter plutôt que la fuir. Quand Elna passa à la souffrance par induction nerveuse, au niveau de son mâle attribut, il voulut s’évanouir mais son mental était si fort qu’il encaissa la douleur plutôt que de l’éviter. Il avait versé tant de larmes qu’il se demandait comment il pouvait encore en avoir. Cette douleur était multipliée par cette sensation de déshonneur, d’avilissement qu’il ressentait alors que son organe bondissait sous les inductions nerveuses. Et la nature étant ce qu’elle était et par un bizarre mécanisme chimique, celui-ci se durcissait au fur et à mesure que l’officier rugissait. Il y eut une seconde pause mais il ne sembla même pas s’en apercevoir.
- Un peu humilié, quand même ? s’interrogea Elna.
Il mit de longues minutes à récupérer ses esprits, avant qu’il ne perçoive à nouveau la voix de la rebelle.
- Un vrai régal… cracha-t-il avec dédain.
- Je savais que vous aimeriez.
Il sentit une poigne enserrer son « instrument » tout droit dressé. La main chaude d’Elna commença à serrer, comprimant veines et artères jusqu’à ce que le membre se mette à violacer. Ses ongles s’enfonçaient dans sa chair jusqu’au sang, lentement et tendrement. Cette situation lui était plus qu’insupportable mais pour une fois, il se taisait, conscient que gâcher le plaisir de la rebelle ne lui causerait que des problèmes supplémentaires.
- Je n’ai pas voulu lui causer trop de dommages, entama-t-elle. Je suis certain que tôt où tard, de votre plein gré, vous vous en servirez pour assouvir mon désir. Quand je posséderais enfin votre âme et votre corps, complètement et sans rémission. Nous passerons du bon temps, Drek, je m’en réjouis déjà.
La pression sur son appendice se relâcha et les sensations commencèrent à revenir comme la marée recouvre son territoire. La sale petite garce, pensa-t-il. Ses lèvres étaient sèches mais il continua de parler.
- J’ai hâte… d’y être. Ne peut-on pas… accélérer les choses ?
Sa voix était hachée par ses halètements tourmentés.
- Vous ne savourez pas assez l’instant présent, officier. Moi si.
- Désolé de montrer… autant d’empressement, Elna… mais je suis assez pressé, une mission de la plus haute importance m’attend… pour le compte de l’Empereur… je ne voudrais pas me mettre en retard !
- Je ne vois pas le temps passer avec vous, Drek. Vous êtes un amour. M’en direz vous plus sur votre mission ou resterez-vous borné comme un Bantha ? Notez que cela ne me gêne pas, car je finirais par le savoir. C’était simplement histoire de pimenter notre conversation.
- Vous êtes bien… rapide, jolie rebelle. Nous en sommes… à peine aux préliminaires.
Elle fit une petite moue de mépris.
- Excusez-moi, Drek. Continuons donc !
Il sentit des électrodes se poser sur ses tempes. Le matériel lourd. Si elles étaient aussi perfectionnées que celle conçues par l’Empire, l’officier savait qu’il avait du mouron à se faire. Mais dans l’état second dans lequel il se trouvait, plus rien ne lui importait, ni la vie, ni la mort, ni rien du tout. Sauf une seule et unique chose : ne rien révéler. Qu’était sa vie ? Rien. Qu’était l’Empire ? Tout. Il ne fallait pas sacrifier l’Empire pour un individu, aussi précieux soit-il. Il aurait bien tenté le grand plongeon dans le gouffre dont on ne revient pas, mais les rebelles avaient prit soin de retirer sa fausse dent remplie de cyanure. Pourtant, Marlek l’avait assemblé avec le plus grand soin, à partir de matériaux indétectables de la plus haute technologie. Elle devait passer inaperçue sur tout les types de scans et de filtres, et assurait aux membres de l’Ubiqtorat de pouvoir choisir la fin de leur choix en cas de capture. Il fallait croire que la technologie rebelle était bien avancée. Drek ne cessait de dire qu’il ne fallait jamais sous-estimer la menace terroriste. Il avait maintenant la preuve flagrante de son raisonnement, et ce depuis toujours. L’Empire avait sans doute du matériel de pointe, mais cette gangrène réussissait toujours à s’en procurer une partie, par quelque moyen détourné que ce soit. Il fallait compter avec ça maintenant.
Un déclic coupa le fil de sa pensée et quelques secondes après, son cerveau sembla exploser. Une douleur aiguë et inhumaine, pire que si une lame traversait et retraversait son cerveau sans s’arrêter. Il poussa un hurlement si fort qu’Elna en fut presque effrayée. Presque. Elle sourit et entreprit de monter le niveau d’intensité de l’appareil. Cette fois-ci, Drek put différencier avec une précision inouïe l’explosion de chacune des cellules de son cerveau. Elles ne semblaient pas exploser toutes ensemble, non, toutes crevaient comme des bulles qui remontent à la surface d’un verre de champagne (Corellien, cela dit), les unes après les autres et cet effet démultipliait la torture par un million. Quand ses poumons se furent vider de tout leur oxygène, l’officier se surprit à hurler encore. Son mental était à bout, mais le temps était loin encore ou il révélerait les sombres complots de l’Empereur. Le petit manège de la rebelle dura un temps indéterminé mais dans sa souffrance proche de la folie, Drek constata qu’il durait bien plus longtemps que les précédents jeux. Son corps lui faisait hurler des mots qu’il n’aurait pas prononcer en temps normal : des supplications implorant la pitié. La pitié était un sentiment qui avait disparu depuis bien longtemps à travers l’univers. Et il savait en son âme et conscience que cela ne servait à rien et ne faisait qu’accroître le sadisme du tortionnaire. Elna avait encore monter l’appareil d’un cran et cette fois ci, le corps de l’officier jugea que trop, c’était trop, et il sombra dans un profond coma…
Il était allongé, semble-t-il. A même sur le sol, ou alors dans un lit très dur, et froid comme la mort. Le bandeau était toujours sur ses yeux. Ses coupures lui faisaient souffrir le martyr, mais au moins elles restaient supportables. Il ne sentait rien sur sa peau, soit qu’elle était devenue totalement insensible, soit qu’on l’avait entre temps revêtu d’habits ou d’une couverture. Il tendit ce qui lui restait d’oreilles et analysa la pièce. Il n’eut aucune difficulté à localiser la respiration d’une seconde personne, non loin de lui. Selon toute probabilité, c’était Elna. C’était elle qui s’occupait de son cas… mais il n’aurait pas été surpris de découvrir une autre personne, plus compréhensive, plus amicale, prête à l’écouter et à l’aider, selon la vieille méthode de la dualité de personnalité. Un bourreau cruel et sadique et son opposé, dont le but était de soutirer la confiance du prisonnier. Mais ce ne fut pas le cas.
- Bonjour, officier.
Elna. Ils avaient bien fait de ne pas changer son interlocutrice. D’un coté parce que l’officier aimait bien la jolie rebelle, de l’autre parce que de toute façon, il connaissait bien le procédé et n’aurait pas craqué pour autant. Il se releva tout doucement et ne fut pas surpris de constater qu’Elna accourre pour lui apporter son aide.
- Attendez, Drek, je vais vous aider.
- Non… souffla-t-il.
- Comme vous voulez… répondit Elna, pour le moins vexée.
- Ce serait contraire aux règles de la galanterie et du savoir-vivre.
L’officier se força à sourire alors qu’il faisait des efforts désespérés pour se mettre d'aplomb. Ses jambes étaient faibles et refusaient d’exécuter correctement les ordres de son cerveau. Il se reprit à plusieurs fois, d’autant plus gauchement que ses yeux ne pouvaient rien voir. Une fois debout, ses jambes tremblèrent de plus belle et son corps oscilla vers l’avant de façon dangereuse. Un afflux trop rapide de sang dans le crâne lui fit soudain tourner la tête et ses yeux se révulsèrent. Son corps s’effondra comme une masse devenue soudain inerte et sans vie. Il bascula de tout son poids en avant… et fut rattrapé de justesse par la rebelle. Elle encaissa le choc sans broncher et enserra le torse de l’officier dans ses petits bras.
Une porte s’ouvrit et plusieurs soldats rebelles pénétrèrent dans la pièce, l’arme au poing.
- Un problème, mademoiselle ? s’enquit l’un d’eux.
- Aucun, retournez à votre poste.
- Voulez-vous que nous vous aidions à…
- Je vous ai donné un ordre ! aboya-t-elle.
Ils ne demandèrent pas leur reste et quelques secondes plus tard, la pièce était à nouveau redevenu le terrain de chasse d’Enna. Son terrain favori et elle compter bientôt agrémenter son tableau de chasse avec la tête de l’officier Drek. Ce n’était plus qu’une question d’heures.
- Ne vous inquiétez pas, vous êtes dans mes bras.
L’officier avait repris connaissance mais il était encore trop faible pour parler, encore moins pour bouger et tenter de se défaire de l’étreinte féminine. Son esprit n’était que chaos et à travers ce chaos, il percevait la douce voix de la rebelle. Cette dernière supportait toujours le poids de Drek sans ciller. Sa main droite glissa le long de son dos et vint caresser les cheveux de l’officier, tendrement.
- La… la… ne dites rien.
Ses pupilles étaient closes et pourtant, il semblait deviner la silhouette de celle qui le tenait dans ses bras. Une charmante extra-terrestre à la peau bleuté et douce, au regard transperçant et généreux. Elle lui caressait les cheveux, comme dans son rêve. C’était bon de se laisser aller, de se sentir en sécurité. Sa voix était douce et ses gestes si tendres. Drek aurait voulu que ce moment dure éternellement.
- Tao Nui… souffla-t-il.
Elna enregistra mentalement le nom pour de plus amples recherches, avant de répondre.
- Il n’y a pas de Tao Nui dans cette pièce. Il n’y a que votre amie et confidente, Elna.
|