Chapitre V : De l'action, du stress, et des testicules !

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Bon, comme d'hab, le rappel des épisodes précédents:

Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV


Merci pour tous vos commentaires, ca m'encourage vraiment !

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Malek serra les dents lorsqu’il vit la jeune fille se faire brutaliser. Les choses avaient l’air de mal tourner, et l’homme la soulevait à bouts de bras, avant de la laisser retomber sur le sol. Même d’aussi loin, Malek pouvait apercevoir, à la lumière dansante du feu de bois, le rictus démoniaque sur le visage de l’homme, et la peur sur celui de Shareen.
« J’ai tué un barbare, ce n’est pas un démon qui va m’arrêter » grinça le jeune homme.

Il était convaincu que la Déesse du Destin veillait sur lui. Quelles étaient les chances qu’il tombe, complètement par hasard, sur les traces des deux chevaux ? La toundra était si immense, et la piste si petite… Et sur quelle impulsion avait-il décidé de les suivre ? Non, le destin est forcément à l’œuvre ici. La déesse me donne une chance de me faire pardonner la mort de Deria. C’est le pendentif qui m’a guidé jusque là.

Ca n’avait pas été un voyage facile. Qui que fussent les deux cavaliers, ils avançaient rapidement, et le cheval fatigué de Malek avait peine à les suivre. A plusieurs endroits, le jeune homme avait repéré des traces plus brouillées, comme si les gens qu’il poursuivait s’étaient arrêtés. A chaque fois, il avait senti l’adrénaline monter en lui, convaincu que ce contretemps de leur part allait lui permettre de les rattraper. Et à chaque fois, il avait dû se rendre à l’évidence : la pause avait été courte, et ils avaient toujours autant d’avance. Mais cette fois-ci, je vous tiens. La patience est toujours récompensée !

Il avait eu beaucoup de chance, encore une fois. La neige avait disparu peu à peu, et les traces avec. Mais il avait visiblement beaucoup plu, et la boue révélait la piste aussi bien que la neige l’avait fait. Oui, les dieux étaient avec lui.

Quelques temps auparavant, Malek était resté perplexe. Il ne voyait plus les empreintes de chevaux dans la boue, et il lui fallut un certain temps pour réaliser que les voyageurs s’étaient enfoncés dans la végétation, plus à l’ouest. Il s’autorisa un léger sourire en ramassant quelques branches brisées. Il n’y avait aucun doute, ils étaient passés par là. Et cela ne pouvait signifier qu’une chose : ils cherchaient à se mettre à l’abri des regards, sans doute pour monter le camp. Enfin, ils s’arrêtaient ! Enfin, il pouvait les rattraper !

Pas une seule fois, il ne lui vint à l’idée que la piste qu’il suivait n’était pas celle de Shareen. Pas une seule fois, il ne se demanda dans quel traquenard il s’engageait. La chance était avec lui, et il n’avait aucunement l’intention de la faire partir en se posant des questions. Et il avait eu raison, puisque Shareen se trouvait dans le camp en contrebas, en bordure de rivière.

Et il avait également eu raison de penser qu’elle avait besoin d’aide. Elle n’était certainement pas ici de son plein gré. Même si Malek, de cette distance, ne voyait aucune trace de liens ou de chaînes, il paraissait évident que la jeune fille était en danger. L’homme qui voyageait avec elle – son geôlier – paraissait brutal, cruel et sans pitié. Il n’avait pas hésité à lever la main sur Shareen, et cela prouvait ses mauvaises intentions.

« Attends un moment, Shareen, je vais te sortir de là » souffla le jeune homme, allongé à plat ventre dans la mousse pour ne pas se faire remarquer.

Il avait hésité à intervenir lorsque l’homme avait frappé la jeune fille, et sa main s’était posée sur le pommeau de son épée. Mais… Mais j’ai réagi comme un lâche, voilà ce qu’il s’est passé. Comme un foutu lâche qui n’est pas foutu de se conduire comme un foutu héros alors qu’il en a la foutue occasion !

Et puis, il ne voulait pas risquer la vie de la jeune fille. S’il s’était lancé à l’attaque ainsi, sans réfléchir, qui sait si l’homme ne l’aurait pas prise en otage ? Ou, pire, lui aurait directement tranché la gorge ? On ne pouvait savoir comment allait réagir quelqu’un qui avait tellement peu d’honneur qui allait jusqu’à brutaliser ainsi une fille. C’est ça. Ce n’est pas de la lâcheté, simplement du calcul. Je risquais de la mettre en danger.

Mais se répéter cela ne suffisait pas à diminuer ce sentiment de culpabilité et d’impuissance. Attends un peu, Shareen. Encore une petite heure, et j’arrive te sauver.

L’heure était certes petite, mais elle s’écoula lentement. Malek bouillait d’impatience, et tremblait de froid. Couché comme il l’était sur le sol, il pouvait observer le camp sans être vu, mais sa position n’avait pas que des avantages. La fraîcheur de la nuit se diffusait à partir du sol, et la boue gluante s’insinuait lentement dans ses bottes. Plusieurs fois, il remua vaguement pour essayer de trouver une meilleure position, mais il n’osait pas bouger pour ne pas faire de bruit. Il était raisonnablement loin du campement, mais il valait mieux ne prendre aucun risque.

Au bout d’un moment, ses pensées vagabondèrent autour de Deria. Qui donc avait pu la tuer ainsi, avec autant de sauvagerie ? La violer, aussi. Et puis, pourquoi laisser son corps aussi en évidence ? Ca n’avait aucun sens. Mais d’abord, qu’est-ce qu’elle est partie faire dans ce quartier maudit ? Elle connaissait quelqu’un, là-bas ? Qui ? Il avait fait sa petite enquête, bien sûr. Il avait fréquenté plusieurs auberges, était entré dans plusieurs tavernes, avait posé de nombreuses questions. Mais autant les langues se déliaient lorsqu’il payait à boire, autant les visages se fermaient lorsqu’il commençait à poser les vraies questions. Il n’avait rien appris, et il avait dépensé sa solde d’Académicien en deux semaines. Un véritable désastre. J’aurais pu acheter du vin, et de la bière, et des filles… Il grimaça.

Le temps passait plus vite, lorsqu’on réfléchissait. Lorsqu’il releva la tête, la lune était bien plus haute dans le ciel, et les deux formes allongées des deux côtés du campement ne bougeaient plus. Lorsqu’il s’approcha, précautionneusement, de quelques coudées, il put entendre, faiblement mais distinctement, le ronflement caractéristique des gros dormeurs.

« Parfait… » murmura-t-il.
Il n’y avait pas grande gloire à trucider un ennemi endormi, mais il y en avait beaucoup à sauver une jeune fille en détresse. Il s’accroupit, et sortit lentement son épée du fourreau. Le métal émit un doux crissement en glissant sur le cuir, et Malek sursauta. Mais les formes n’avaient pas bougé. Calme-toi, mon garçon, calme-toi. Ca n’a pas fait tant de bruit que ça. C’est dans ton imagination. Ta foutue imagination !

Il resta immobile l’espace de quelques battements de cœur, puis se redressa enfin, dans une position courbée qui lui permettrait de marcher tout en restant le plus discret possible. Calme comme un lac tranquille, souple comme un roseau… L’épée dans sa main ne cessait de glisser, et il ne parvenait pas à assurer une bonne prise dans sa main tremblante. Il avait la bouche sèche, la main humide.

Lors de son combat contre le barbare, il n’avait pas eu le temps de réfléchir, ni même un quelconque choix à faire. Mais cette fois-ci, il avait tout le temps de songer aux conséquences de ses actes, et il marchait consciemment vers le campement. Un pas. Il faisait un froid pôlaire, en pleine nuit, pourtant il était baigné de sueur, et sa cape collait à son cou. Un pas. Il avait envie de se gratter, il avait envie de fuir à toutes jambes. Un pas. Il déglutit en voyant le sang séché qui recouvrait la lame de son épée. Un pas. Il avait oublié de la nettoyer, dans l’affolement du combat, et maintenant la pointe de son arme était recouverte d’une croûte sombre. Un pas. Si jamais il mourait dans cette aventure, son sang serait bientôt noir, lui aussi. Un pas. Ne pense pas à ça, abruti ! La foutue déesse du foutu destin est avec toi ! Il voulut cracher pour conjurer le mauvais sort, mais il avait la bouche trop sèche. Un pas.

Les ombres dansaient à l’extrémité du camp alors que les dernières braises disparaissaient. Je ne peux plus reculer, maintenant. Il hésita un instant, cependant. Devait-il d’abord tenter de réveiller Shareen, ou plutôt essayer de neutraliser l’homme dans son sommeil ? L’indécision le cloua sur place quelques secondes, mais il prit rapidement sa décision.

Doucement, Malek contourna le cercle de lumière, s’approchant à pas de loups de l’homme endormi. Chacun de ses mouvements semblait durer une éternité, et les légers froissements d’étoffe étaient insupportables. Lorsqu’il se pencha enfin sur son ennemi, il lui semblait que son cœur faisait encore trop de bruit dans sa poitrine. Les dés en sont jetés ! Déesse du Destin, je t’ai écoutée, maintenant reçois ma prière !

Rassemblant son courage, il leva son épée… et les yeux de l’homme s’ouvrirent. Noirs, si noirs.

« Un gamin… » gronda-t-il.
Hurlant de terreur, Malek abattit son arme mais la main de l’homme jaillit alors, paume étendue, et vint le frapper avec force au bas-ventre.

Le combat était fini avant même d’avoir commencé. Avec un hoquet, Malek lâcha son épée et se plia en deux. Ses yeux roulaient dans ses orbites alors que la douleur atteignait son cerveau. Il tituba, puis s’effondra sur le sol, cherchant désespérément à reprendre son souffle. Loin, très loin, il pouvait entendre le cri de Shareen. Ma chance… Où est passée ma chance ?


« Un gamin ? Ils m’envoient un foutu gamin et ils pensent qu’il fera l’affaire ? Qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’est-ce qu’ils s’imaginent ? »

Shareen regardait la scène avec de grands yeux. Je rêve encore. Ca doit être ça. Qu’est-ce qu’il se passe ?
« Malek ? » écruta-t-elle, stupéfaite, alors que Rekk s’approchait du jeune garçon recroquevillé sur le sol.

« Je ne sais pas de qui il s’agit » grinça Rekk, songeur, « mais le fait est que c’est un sacré maladroit. Probablement un abruti quelconque qui espérait se faire une réputation. »

Sans retenir son coup, il envoya violemment sa botte dans les côtes de Malek, sur le sol. Il y eut un craquement sourd, et le jeune homme émit un petit bruit, comme un chaton sevré, avant de glisser sur le côté. Ses yeux étaient vitreux, et sa respiration sifflante.

« Transmets mon bonjour en Enfer » siffla Rekk, appuyant son pied sur la gorge du jeune homme.

« Arrêtez ! » hurla Shareen, se jetant en avant. « C’est un ami ! »

La botte parut hésiter un instant, mais ne se retira pas.
« Que tu le connaisses ou non ne change rien. Tu sais pourquoi je suis toujours en vie après tant d’années ? » Il haussa les épaules devant l’incompréhension de la jeune fille. « Parce que je ne laisse jamais à mes ennemis une seconde chance. » Il lança un regard indifférent à sa victime. « Rien de personnel contre toi. Tu n’as pas eu de chance. »

Il appuya doucement sa botte sur la pomme d’adam, mais Shareen lui attrapa le bras.
« Non, ne faites pas ça, non, non, c’est Malek, c’est Malek » Elle bredouillait. « C’est un ami de Deria, c’est un grand ami, ne le tuez pas, s’il vous plaît, pour moi, pour elle, non, c’est Malek… »

Presque sans y penser, il la souffletta de la main gauche, et la jeune fille s’effondra dans la boue. Mais une expression pensive envahissait ses traits, jusque là totalement impénétrables.
« Malek… » Il fronça les sourcils. « Je me rappelle d’un Malek. Ma fille m’en avait parlé dans une lettre. Un épéiste de l’Académie, et une des seules personnes dont elle m’ait parlé ». Il cracha sur le sol. « Elle ne m’avait pas parlé de toi, gamine. Mais lui, elle l’a mentionné. »

Sans que son expression ne change, il ôta sa botte de la gorge du jeune homme, et la reposa au sol. Il aurait donné la mort sans un battement de cil, et il redonnait la vie sans même un sourire.
« On a beaucoup de choses à se dire, gamin. Et tu ferais bien d’avoir des réponses satisfaisantes. »

Shareen resta un instant couchée sur le dos, là où la violence de la gifle l’avait faite tomber. Personne ne l’avait encore frappée ainsi, avec autant de négligence et de désinvolture. Sa joue la brûlait horriblement, et ses yeux la piquaient alors qu’elle retenait ses larmes. Au moins, Malek est encore en vie… Deesse Vierge, j’espère qu’il l’est !

De fait, Malek semblait respirer de plus en plus mal. Son visage était congestionné, et ses yeux roulaient dans leurs orbites alors qu’il griffait le sol de ses mains. Rekk soupira.

« Si j’avais su qu’il venait en paix » fit-il ironiquement, « je l’aurais frappé moins fort. Là, je ne suis pas sûr qu’il s’en remettra » Il ne paraissait pas affolé outre mesure.

Shareen se pencha sur son ami, palpant son torse avec précaution. Elle grimaça en sentant un morceau d’os rouler sous la main.
« Il a une côte cassée, peut-être deux » fit-elle.
« Une seule » affirma Rekk. « Mais probablement les testicules en très mauvais état. Tu veux les lui palper, aussi ? »
« Taisez-vous, s’il vous plaît ! » hurla Shareen, perdant enfin le contrôle de ses nerfs.

Elle avait survécu à la mort de sa meilleure amie, elle avait découvert que son père était un boucher réputé pour ses massacres et sa cruauté, elle avait voyagé dans le froid et la neige et le vent et la faim, elle s’était faite soulever, jeter de côté, frapper… Finalement, les émotions qu’elle avait réussi à garder depuis si longtemps enfouies en elle tout en gardant bonne contenance ressurgirent. Les larmes se mirent à couler librement, alors qu’elle serrait le corps de Malek contre elle. C’était trop, beaucoup trop. Pourquoi est-ce que je suis venue ici, pourquoi est-ce que je suis allée chercher ce monstre alors que personne ne me demandait rien ? Deesse Vierge, maintenant Malek est probablement mort, et moi, qu’est-ce que je vais…

Avec un râle, Malek se tourna dans ses bras, et rendit son repas sur le côté. Rekk hocha pensivement la tête, le regard clinique.
« S’il est encore capable de vomir ainsi, c’est plutôt bon signe. Il va survivre » Il haussa les épaules. « Je me fais vieux »
« Je croyais vous avoir dit de vous taire ! » cria Shareen, furieuse. « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez fait ? Vous n’en avez rien à faire, bien sûr ! Ca n’est qu’un mort de plus parmi des milliers ! »

Rekk sursauta comme si elle l’avait giflé. Ses dents grincèrent, mais il ne répondit pas. Au contraire, il se détourna et marcha lourdement jusqu’à son cheval. Shareen ne le regarda pas partir. Bon débarras, et ne reviens plus jamais dans ma vie, Démon Cornu !

Avec tendresse, Shareen berçait le jeune homme contre sa poitrine, fredonnant une chanson douce pour l’apaiser. Petit à petit, Malek reprenait des couleurs, et sa respiration se faisait plus facile. Ses yeux étaient toujours vitreux, mais ils bougeaient désormais normalement. Avec un visible effort, il se tourna pour regarder celle qui le tenait dans les bras.

« Sha…reen » murmura-t-il, avant de retomber, épuisé.
« Chhhhht… je suis là » tempéra la jeune fille, caressant doucement son front. « Tout va bien, tout va bien »
Elle leva les yeux. Rekk n’était pas parti, tout compte fait. Il s’était contenté de récupérer une nouvelle couverture dans les fontes de son cheval, et il l’installa avec une douceur surprenante sur les épaules du jeune homme.
« Il faut lui tenir chaud, et lui donner à boire. Il devrait vite se remettre » fit-il tranquillement. Mettant ses propres conseils en application, il produisit une gourde d’eau de sous ses vêtements, et entreprit la difficile tâche de verser quelques gouttes dans la gorge de sa victime.

Malek cracha et toussa, mais il paraissait désormais aller beaucoup mieux. Il eut un sourire piteux, renversant la moitié de l’eau.
« Le beau sauveur que je fais, eh ? Deria serait fière de moi, tu crois ? » Il hoqueta, et laissa retomber sa tête pour se reposer.
« J’en suis convaincu » promit Shareen. Le jeune homme la regarda avec gratitude.

«Tout de même » gronda Rekk, étrangement mal à l’aise « si ce gamin était vraiment un ami de… alors qu’est-ce qu’il faisait à essayer de m’agresser comme ça ? C’est ridicule ! »

Malek se tourna avec effort vers lui.
« Vous ? » Il roula des yeux. « Qu’est-ce que… Shareen, tu n’es pas la prisonnière de… » Les mots n’arrivaient pas à sortir, alors qu’il reprenait lentement sa respiration.

« Je ne suis la prisonnière de personne » protesta Shareen.
« Ce n’est pas ma prisonnière, en tout cas » confirma le Boucher d’une voix badine. « Je suppose que je devrais m’excuser de t’avoir mis dans cet état, mais d’un autre côté j’aimerais bien savoir ce que tu essayais de faire. Estime-toi heureux que ton amie se soit réveillée à temps… »
Malek eut un sourire qui tourna en grimace de douleur.
« Je me suis plutôt mal débrouillé, hein ? La chance aurait dû être avec moi, pourtant. » Il laissa échapper un rire bref, et se souleva sur un coude. « Il semblerait que la Déesse m’ait abandonné au moment le plus important »
Rekk grimaça un sourire en réponse.
« La chance n’a rien à voir là-dedans, petit. Je fais partie des gens qui ne dépendent pas du Destin pour survivre. » Ses yeux s’étrécirent soudain. « Qu’est-ce que tu portes là ? »

Malek eut un sursaut alors que la lueur de cruauté apparaissait dans le regard de l’homme qui lui faisait face. Pétrifié, il lâcha le pendentif qu’il tripotait machinalement, laissant l’autre l’observer.

« Qui t’a donné ça ? » exigea Rekk, passant un doigt sous la lourde chaîne d’or.
D’un effort surhumain, Malek parvint à poser un genou en terre, puis à se relever. La sueur baignait son visage, et sa respiration était de nouveau sifflante. Il ne tenait que par la force de sa volonté, mais ses yeux confirmaient qu’il ne tomberait pas.
« Je ne sais pas qui vous êtes, ni ce que vous faites avec Shareen. Mais ce pendentif m’a été donné par quelqu’un à qui je tien… tenais beaucoup »

Rekk eut un sourire carnassier.
« Nous allons avoir une petite discussion, toi et moi »




Semos regardait d’un air absent le duc qui l’insultait du bas des marches.
C’était une petite maison, et elle n’avait que peu d’importance. Les Licorniers avaient été puissants, autrefois, mais il ne restait plus aucun vestige de leur ancienne suprématie, à part cette insupportable morgue et ce code de l’honneur vétuste qui leur collaient au corps.
Le fils avait été difficile à vivre, le père l’était encore plus.

« …une honte ! C’est absolument intolérable ! L’Empereur lui-même… »

L’Empereur, maintenant. Semos soupira. L’Empereur ne ferait rien, d’un côté comme de l’autre. Marcus avait été on ne peut plus clair, et la réponse n’était pas particulièrement agréable. Semos avait la désagréable impression de jouer à un jeu qu’il ne connaissait pas, avec des joueurs qui n’avaient pas tous daigné se montrer. Le maître de l’Académie n’était pas mauvais, habituellement, aux jeux de stratégie. La fortune était également souvent de son côté dans les jeux de hasard, lorsqu’on pouvait piper les dés, piper les cartes. Mais il ne savait pas quelles étaient les cartes qui avaient été distribuées, et il détestait avancer dans le noir.

Comment se faisait-il que l’Empereur refuse de mener une action contre ce maudit Rekk ? Il savait pourtant à quel point l’homme se montrait dangeureux, Semos en était convaincu. L’empereur, comme Gundron, étaient des vieillards. Des hommes rescapés d’un temps où la légende de Rekk était en train de s’écrire dans le sang et les flammes. Oui, l’Empereur devait comprendre le danger. Pourtant, il avait refusé purement et simplement d’envoyer des troupes, ou de fermer sa ville au Banni. Il avait même suggéré de l’accueillir dans le palais, si celui-ci se montrait. Dans le palais ! Semos sentait la fureur monter en lui.

« …vais moi-même prendre les mesures nécessaires… » continuait le duc de Licorne.
« Silence ! » rugit Semos, tranchant net le discours onctueux du noble devant lui. « Comment osez-vous vous présenter ainsi devant moi, m’accuser de complicité, m’accuser d’enlèvement, de meurtre ou d’incompétence ? Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? »
Le duc recula d’un pas, décontenancé. Il n’avait clairement pas l’habitude qu’on lui parle sur ce ton. Eh bien cela va changer !
« Je ne voulais pas… » protesta-t-il.
« Vous ne vouliez rien du tout ! » grinça Semos. « Votre enfant s’est enfui de l’Académie, il a déserté lors d’une permission, et la faute en revient à votre éducation, pas à notre Maison ! Nous ne pouvons surveiller tous nos élèves lorsqu’ils ne sont pas dans l’enceinte du bâtiment. Nous n’acceptons dans nos rangs uniquement les jeunes de noble famille qui savent se conduire et qui ne nous feront pas honte ! Et c’est précisément ce que votre fils nous fait en ce moment ! Honte ! » Il plissa les yeux sournoisement. « Par ailleurs, il était particulièrement prêt de cette enfant retrouvée morte, il y a deux mois… quel était son nom, encore ? » Il parut chercher. « Deria, c’est ça. Je ne sais pas si vous avez entendu ces discussions, comme quoi, la dernière fois qu’on l’a vue, elle était en train de se disputer avec lui. C’est étrange, vous ne trouvez pas ? Un enfant si sûr de lui, si séducteur, qui voit une proie lui échapper… »
« Vous ne suggérez pas… » cracha le duc, outragé, serrant la garde de son épée à s’en blanchir les jointures.

Semos se pencha en avant, un sourire satisfait sur le visage.
« Je ne suggère rien, je me contente de réfléchir. Et je me demande ce que vous faites ici à venir m’importuner et me critiquer, alors qu’il était de votre responsabilité de veiller sur votre enfant » Son visage se ferma. « Si jamais vous voyez les choses autrement, cependant, j’aurai plaisir à faire appel au jugement des Dieux, et terminer notre discussion les armes à la main… »

Le duc lâcha le pommeau de son arme comme s’il le brûlait. C’était un bel homme, dans la force de l’âge. Son visage aquilin était orné d’épaisses moustaches qui semblaient tomber en signe de défaite, alors que la confusion se le disputait à la colère sur son visage.

« Nous nous reverrons » grinça-t-il, tournant les talons. « Je n’en ai pas fini avec vous, Samos ! »

Le maître de l’académie haussa les épaules.
« C’est cela même. Bonne journée, duc»

Les échos des pas du noble licornéen ne s’étaient pas encore évanouis qu’il avait déjà chassé l’homme de ses pensées. Trop insignifiant.

Non, si l’Empereur ne voulait pas bouger, si Gundron tissait ses plans en secret, si Rekk était réellement en train d’avancer vers Musheim, il ne restait qu’une seule chose à faire. Appelant un de ses hommes, il lui donna une bourse d’or, sans même en vérifier le contenu.

Légende ou pas, personne ne survivait aux chasseurs de primes.
Citation :
Sans retenir son coup, il envoya violemment sa botte dans les côtes de Malek, sur le sol. Il y eut un craquement sourd, et le jeune homme émit un petit bruit, comme un chaton sevré, avant de glisser sur le côté. Ses yeux étaient vitreux, et sa respiration sifflante.
J adore pour le chat :bouffon:
J'ai lu les 5 chapitres, je n'ai jamais posté pour te dire à quel point j'aimais beaucoup te lire. Et bien il est temps :
Bravo, j'adore ton style et je te remercie de m'offrir autant de diversion.
Merci
Citation :
...//...« Il a une côte cassée, peut-être deux » fit-elle.
« Une seule » affirma Rekk. « Mais probablement les testicules en très mauvais état. Tu veux les lui palper, aussi ? »...::...
excellent !!
Bon comme d'hab , vraiment tres tres agreable a lire , le style délié , fluide , bref
"que du bonheur" [(c) Loftconnerie 2002]
__________________
7 Days to Die

http://www.sloganizer.net/en/style2,MegaTomte.png
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
Merci, merci

Le chapitre 6 est en cours d'écriture, ca ne devrait pas trop tarder
*choppe la grenouille par le col et la secoue furieusement*
TU LE POSTES CET EPISODE 6 OUI !!!


..

pardon je m'emporte
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
Mais elle est sur tous les forums, elle

mé non je ne fais que te traquer partout ou tu vas pour que tu postes plus vite !!

Roses are red
Violets are blue
You'll be afraid
For I'm behind you


Talking




wé cé tro bien petite grenouille !!! je te promé de plu dévoré té copins désormé .



en tout cas chapeau toi est koren vous êtes de bons écrivains





__________________
"La Barbarie n'est pas la préhistoire de l'Humanité mais l'ombre fidèle qui accompagne chacun de ses pas."

http://img487.imageshack.us/img487/4782/sepulcral17sj.jpg
Thumbs up
JE VEUX
LE CHAPITRE
SIIIIIIIIIIIIIIIX !!!!


Edit : Han la suite est déjà sortie je me jette dessuuuuuuuuuuus
__________________
> Sleeping
[DAoC-Carnac] Mat R9 Savage & Matoo R7 Healer <L'âme des compagnons>
[DAoC-Glastonbury] Mat R7 Valewalker & Matou R7 Cleric <Eden>

> Playing
[SWToR-Begeren Colony] Automat L50 Sith Marauder
Grenouille, j'adoooore ce que tu fais !

Je lis ces pages alors que le X est sorti... mais je poste ici parce que dans cet épisode qqch m'a frappé :

Mais j’ai réagi comme un lâche, voilà ce qu’il s’est passé. Comme un foutu lâche qui n’est pas foutu de se conduire comme un foutu héros alors qu’il en a la foutue occasion !


4x "foutu" dans la meme phrase.. on a beau considéré que c'est voulu, ca fait un peu lourd... ^^
Citation :
Provient du message de Opossum


Mais j’ai réagi comme un lâche, voilà ce qu’il s’est passé. Comme un foutu lâche qui n’est pas foutu de se conduire comme un foutu héros alors qu’il en a la foutue occasion !


4x "foutu" dans la meme phrase.. on a beau considéré que c'est voulu, ca fait un peu lourd... ^^
Moi au contraire, je trouve que ca colle très bien, et j'imagine bien le personnage ponctuer chaque "foutu" d'un mouvement de tête par ex, et chaque "foutu" donne encore plus d'emphase à son emportement contre lui meme ...
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