[ShaadeSoleara]

Une pièce noire. Juste un filet de lumière à travers une fenêtre aux volets clos.
Des armes qui s’entrechoquent, des souffles courts, c’est cela qu’un visiteur curieux pourrait entendre s'il s’approchait un peu de cette cabane perdue dans une colline non loin de Camelot.
S'il s’approchait un peu plus, il pourrait entendre une unique voix.

« Non pas ainsi ! Voilà c’est bien, encore ! Plus vite ! Esquive ! »

Et si il lui prenait l’envie de regarder par l’entrebâillement des volets , alors il verrait deux jeunes femmes à peine vêtues , tenant entre leurs mains des armes en bois, le corps ruisselant de sueur, s’entraîner durement.

L’un est sarrasine, elle semble être l’instructeur. L’autre, une blonde, les cheveux en bataille, bretonne sûrement, doit être son élève.

Elle ne dit mot, pourtant, entre les passes d’armes, elle agite ses mains et la sarrasine lui répond. Parfois cette dernière utilise son prénom, Soleara, parfois elle l’appelle autrement, de manière plus tendre.

Les deux femmes se mettent en garde, elle se tournent autour, s’observent, leurs regards semblent briller dans cette pièce si sombre. Le premier coup est porté par Soleara, la sarrasine esquive promptement, tente de répliquer mais manque son coup. Soleara, trop sure d’elle, arrive à se placer dans le dos de son instructrice, deux épées factices en main, elle se retourne, entame un mouvement de balancier pour porter un coup puissant, la sarrasine fait un pas de coté. Notre observateur, s’il était attentif, pourrait distinguer un petit sourire accroché à ses lèvres. Soleara, emportée par son poids, manque sa cible et tombe en arrière, épuisée.
Tout s’arrête, maintenant. Les deux femmes s’observent, accrochent leur regard.
Le combat est fini. L’élève est encore loin de son maître.
L’instructrice lâche ses armes et tend la main vers Soleara, afin de l’aider à se relever.

« Tu ne vas pas assez vite. »
« … »
« Je sais, mais si nous nous entraînons dans le noir, c’est justement pour que tu apprennes à ne pas trop compter sur tes yeux.
Tu dois sentir les coups, savoir où l’adversaire va frapper, anticiper ses attaques, sentir l’air effleurer ta peau et réagir vite, très vite. »

En silence, Soleara répond par des gestes rapides.
Elle plaque ses mains sur son visage, elle sanglote, du moins semble sangloter, car même ses pleurs sont silencieux.

D’une main, la sarrasine attrape une gourde qu’elle tend à son élève. Soleara la prend d’une main molle, et en boit de longues gorgées. Elle semble épuisée, vidée, découragée.
Elle sent un regard se poser sur elle. Ses yeux verts a nouveau se mettent à briller, d’un bon agile, elle se retrouve sur ses pieds, les armes en mains et se met en garde.

L’instructrice sourit doucement et se relève, attrape l’épée de bois , le bouclier et se met en garde.
L’entraînement suit son court.


Notre espion n’a désormais plus rien à observer, peut-être reviendra-t-il, mais qu’il soit prudent et silencieux, car au fond de la pièce, la raie de lumière se reflète sur ce qui pourrait être des lames en acier, luisantes d’une substance étrange.

[Natachou]

[Koren Rougelame]