L'humanité s'en va !

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Citation :
Provient du message de un gob mélomane
C'est vrai tu as raison ... j'oublie totalement les "bien heureux" ... ceux qui sont convaincus qu'un jour, oui, un jour tout s'arrangera ... et ça fait des millénaires que ça dure.
Tiens, c'est bizarre. J'ai récemment assisté à un colloque à la fac de sciences po d'une certaine université et un certain M. Liviu Bota, ex-haut-fonctionnaire de l'ONU, ambassadeur de Roumanie à l'OSCE etc., affirmait que, pour être diplomate, il fallait être un homme d'idéaux. Mme Raymonde Martineau, professeure et ex-fonctionnaire de l'ONU aussi, corroborait ses propos.

Un certain Gilles Duguay, ex-ambassadeur du Canada et ancien professeur de droit à l'université nationale du Rwanda, me confirmait cela durant le dîner.

Tiens donc...
Citation :
Provient du message de Fingo SARCASME Rakar
Tiens, c'est bizarre. J'ai récemment assisté à un colloque à la fac de sciences po d'une certaine université et un certain M. Liviu Bota, ex-haut-fonctionnaire de l'ONU, ambassadeur de Roumanie à l'OSCE etc., affirmait que, pour être diplomate, il fallait être un homme d'idéaux. Mme Raymonde Martineau, professeure et ex-fonctionnaire de l'ONU aussi, corroborait ses propos.
Un certain Gilles Duguay, ex-ambassadeur du Canada et ancien professeur de droit à l'université nationale du Rwanda, me confirmait cela durant le dîner.
Tiens donc...
Tiens, voilà une remarque amusante .... Pour être diplomate, il faut être un Homme d'idéaux... Et bien je ne suis pas d'accord. Les idéalistes sont les pires des emmerdeurs : Che Guevara en est l'exemple parfait.
Un idéaliste ne vise qu'une chose, a priori, c'est son idéal. Rien ne peut le faire dévier, tout est dédié à l'obtention de ce but.
L'Homme d'idéaux est un Homme de combat. Convaincre, faire changer les choses, se battre pour des idées, voire mourir pour elle.
Rien n'invite à la diplomatie dans la sauvegarde d'un idéal. Je pense qu'au contraire ce sont les idéalistes qui font avancer les choses, car cet idéal leur donne des oeillères qui leur permettent d'ignorer les obstacles, les moqueries.
A mon sens, le diplomate est tout sauf un Homme d'idéaux. Le diplomate doit être pragmatique, proche des réalités, à l'écoute des instructions qu'on lui donne, jouer les faux-culs de façon culturelle ( pour ça l'ENA + Langues O. sont tout indiqués ).

Bref, le diplomate n'est pas un idéaliste. Tout au plus un Homme qui se met au service d'une cause : celle de son pays.
Chaplin n'était pas diplomate, Chaplin était un Homme de combat, un idéaliste.
Citation :
Provient du message de un gob mélomane
C'est vrai tu as raison ... j'oublie totalement les "bien heureux" ... ceux qui sont convaincus qu'un jour, oui, un jour tout s'arrangera ... et ça fait des millénaires que ça dure.
Ca doit en faire un paquet de cordes...
Qu'est ce qui te dis que ces gens là n'ont pas conscience de cet état de fait? L'espoir reste malgré tout une belle chose. Peut-être que ça ne sert à rien, peut-être que rien ne changera, qui sait? Pas moi. Le tout c'est de continuer à avancer tout en sachant que c'est peut-être peine perdue. Oui mais au moins on avance ou alors on essaye quoi qu'il arrive.

Comme la miss aux serpents, aucune corde ne pend à mon plafond et pourtant...


"Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir

[...]

Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.

C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui‑même. Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.

Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tragique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa misérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.

Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au cœur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher lui‑même.
[...]
Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur. « Je juge que tout est bien », dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers farouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.

Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.

L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.

Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux."


Extrait de: Le mythe de Sisyphe de Camus

Crois-tu que Sisyphe a besoin d'une corde? Et pourtant aucune chance que ça s'arrange pour lui mais il continue de rouler sa pierre aussi vain que cela puisse paraître.
Citation :
Provient du message de Myvain
Ca doit en faire un paquet de cordes...
Qu'est ce qui te dis que ces gens là n'ont pas conscience de cet état de fait? L'espoir reste malgré tout une belle chose. Peut-être que ça ne sert à rien, peut-être que rien ne changera, qui sait? Pas moi. Le tout c'est de continuer à avancer tout en sachant que c'est peut-être peine perdue. Oui mais au moins on avance ou alors on essaye quoi qu'il arrive.
Comme la miss aux serpents, aucune corde ne pend à mon plafond et pourtant...
Crois-tu que Sisyphe a besoin d'une corde? Et pourtant aucune chance que ça s'arrange pour lui mais il continue de rouler sa pierre aussi vain que cela puisse paraître.
J'aime parfois la morale qui se dégage des contes mythologiques. Ceci dit, Sisyphe n'a jamais eu à connaitre une telle punition. Même si je sais que tu donnais cet exemple comme argument, cela m'inquiète. La mythologie c'est comme la Bible : on est édifié devant les belles morales, mais on va quand même se confesser tous les dimanches parce que des conneries, on en fait des tonnes.

Bref, je pense que si Sisyphe avait eu une corde, il ne l'aurait pas utilisé. Il se serait contenter de jeter la pierre aux Dieux .... Mmmm, c'est profond ça !
Citation :
Provient du message de Ulgrim
Bref, le diplomate n'est pas un idéaliste. Tout au plus un Homme qui se met au service d'une cause : celle de son pays.
Chaplin n'était pas diplomate, Chaplin était un Homme de combat, un idéaliste.
Eh bien je ne suis pas d'accord.

Tout au plus un homme qui se met au service de son pays ? Alors pourquoi M. Duguay a-t-il été enseigner au Rwanda ? Ça servait son pays ? Pourquoi la coopération internationale ? M. Bota a été prisonnier politique pendant 2 ans. Des gens se sont battus à l'ONU pour sa libération et l'ont obtenue. Ils voulaient sûrement défendre un pays !


Citation :
Un idéaliste ne vise qu'une chose, a priori, c'est son idéal. Rien ne peut le faire dévier, tout est dédié à l'obtention de ce but.
Tu as déjà lu le préambule de la Charte des Nations Unies ? Je t'y invite... tu pourrais te rendre compte que, justement, les Nations Unies ont pour but de rassembler les peuples afin qu'ils défendent des idéaux.

Alors oui, tu as raison, les idéalistes ne visent qu'un seul but, leur idéal, et les Nations Unies sont remplies d'idéalistes qu'on appelle des diplomates.
Citation :
Provient du message de Ulgrim
Même si je sais que tu donnais cet exemple comme argument, cela m'inquiète. [...]
Pas un argument, un exemple, qui ne vaut que par sa visée symbolique, même si d'une certaine manière on a tous une pierre à rouler. Ca n'en fait pas pour autant une règle de vie.
Citation :
Provient du message de Fingo SARCASME Rakar
Eh bien je ne suis pas d'accord.

Tout au plus un homme qui se met au service de son pays ? Alors pourquoi M. Duguay a-t-il été enseigner au Rwanda ? Ça servait son pays ? Pourquoi la coopération internationale ? M. Bota a été prisonnier politique pendant 2 ans. Des gens se sont battus à l'ONU pour sa libération et l'ont obtenue. Ils voulaient sûrement défendre un pays !


Non, nous sommes d'accord : ils n'ont pas fait / vécu tout cela en étant diplomates....

Citation :
Tu as déjà lu le préambule de la Charte des Nations Unies ?
oui

Citation :
tu pourrais te rendre compte que, justement, les Nations Unies ont pour but de rassembler les peuples afin qu'ils défendent des idéaux.
Alors oui, tu as raison, les idéalistes ne visent qu'un seul but, leur idéal, et les Nations Unies sont remplies d'idéalistes qu'on appelle des diplomates.
Tu as déjà lu le préambule de la Constitution de la République Française de 1958 ? Si je suis ton raisonnement, tous les politiques français sont des diplomates ?

Il y a une énorme différence entre les objectifs que posent un traité / une constitution, et ce qui se passe dans les faits, de façon à ce que soient appliqués lesdits principes. Enseignez au Rwanda participe des objectifs de l'ONU, certainement. Etre emprisonné pour des idées aussi, surtout si elles résident dans le préambule en question.
Mais il ne s'agit plus de diplomatie ici. Mais bel et bien de combats, même intellectuels.

Le diplomate ne combat pas. Il observe, négocie, obéit, exécute. Il est un pragmatique, pas un idéaliste.

Conclusion : je pense que nous sommes d'accord.
Citation :
Provient du message de Myvain
Pas un argument, un exemple, qui ne vaut que par sa visée symbolique, même si d'une certaine manière on a tous une pierre à rouler. Ca n'en fait pas pour autant une règle de vie.
Oui, c'est sûr.
........... Tiens j'avais pas remarqué que tu jouais à Agone. Tu y joues souvent ?
Citation :
Provient du message de Ulgrim
Non, nous sommes d'accord : ils n'ont pas fait / vécu tout cela en étant diplomates....¸
Pas tout à fait, puisque M. Bota a été emprisonné dans le cadre des ses fonctions (il ne plaisait pas à Ceaucescu).


[qupte]Tu as déjà lu le préambule de la Constitution de la République Française de 1958 ?[/quote]Euh non.

Citation :
Si je suis ton raisonnement, tous les politiques français sont des diplomates ?
Je n'ai pas dit que tous les idéaliste = diplomates

Citation :
Il y a une énorme différence entre les objectifs que posent un traité / une constitution, et ce qui se passe dans les faits, de façon à ce que soient appliqués lesdits principes. Enseignez au Rwanda participe des objectifs de l'ONU, certainement. Etre emprisonné pour des idées aussi, surtout si elles résident dans le préambule en question.
Mais il ne s'agit plus de diplomatie ici. Mais bel et bien de combats, même intellectuels.

Le diplomate ne combat pas. Il observe, négocie, obéit, exécute. Il est un pragmatique, pas un idéaliste.

Conclusion : je pense que nous sommes d'accord. [/i]
Oui, mais on ne fait pas QUE négocier pour préserver ses intérêts à l'ONU, ce serait oublier tous les programmes de coopération internationale. Je rectifie donc : il faut être croire en des idéaux pour envisager une «carrière internationale», pas juste une carrière en diplomatie (oxymoron, il n'y a pas de carrières en diplomatie).
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