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L’épidémie de pneumonie atypique s’étend (01/04/2003)
L’Indonésie, l’Australie, la Malaisie, les Philippines et la Suède ont rejoint les pays où ont été enregistrés des cas suspects du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a déjà fait 63 morts et plus de 1.900 malades dans 22 pays. Sur le front médical, des sources proches de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont dit soupçonner la cohabitation d’animaux de ferme et d’habitants du sud de la Chine d’être à l’origine de l’épidémie apparue en novembre dans la région de Canton. Elle a fait depuis 34 morts en Chine, 16 à Hong Kong, 4 au Vietnam, 4 au Canada, 4 à Singapore et un en Thailande.
La frustration était perceptible à l’égard de la Chine qui n’a toujours pas autorisé l’OMS à se rendre dans la province de Canton et est accusée de pratiquer une politique du secret. En Australie, les autorités ont fait état mardi du premier cas suspect de pneumonie atypique, après l’hospitalisation d’un homme à Sydney qui a pu être guéri en deux semaines. Il était rentré en Australie le 12 février venant de Singapour. Aucun autre cas n’a été détecté. L’Indonésie a annoncé deux premiers cas suspects, la Malaisie ses premiers huit malades présumés, les Philippines ont placé 23 personnes en observation. En Europe, un cas a été signalé en Suède et le premier malade allemand a été confirmé en Allemagne.
A Hong Kong, d’où l’épidémie s’est propagée dans le monde, la maladie a continué à progresser malgré les mesures, parfois jugées tardives et insuffisantes, des autorités. Mardi, les responsables sanitaires ont annoncé un 16ème mort, un homme de 83 ans, et 75 cas supplémentaires, portant le total à 685 depuis le 12 mars. Les autorités ont dit examiner la possibilité de placer les porteurs du virus en quarantaine dans des camps publics de vacances.
Le territoire a déjà fermé ses écoles et pris une mesure draconienne d’isolement à l’égard d’un bloc d’habitations où l’épidémie s’est propagée à quelque 250 personnes.
Des centaines d’habitants de l’ensemble pourraient être transférés dans un camp de Hong Kong. «Un camp de quarantaine a d’ores et déjà été préparé», a déclaré Li Wah-ming, parlementaire du parti Démocrate à la suite d’une rencontre avec la directrice de la santé Margaret Chan.
A Singapour, où l’on compte 92 cas, les équipes masculines et féminines de rugby à sept ont été placées en quarantaine à leur retour d’un tournoi à Hong Kong. Par ailleurs, une des principales banques, la DBS Bank, a suspendu tous les déplacements de son personnel pour limiter les risques et consigné à domicile pour dix jours tous les salariés de retour des zones touchée. Le ministère chinois de la Santé a dit mardi que la Chine ne publierait pas de bilan à l’échelle nationale mais que des chiffres devraient bientôt être disponibles au niveau provincial.
Le ministère des Affaires étrangères a assuré de son côté que l’épidémie ne s’étendait pas au-delà des régions déjà affectées. «En dehors du Guangdong (sud), de Pékin et du Shanxi (nord), nous n’avons pas trouvé de cas dans d’autres régions chinoises», a déclaré un porte-parole.
Peu convaincu, le Wall Street Journal a appelé à un boycottage des voyages en Chine «étant donné le refus de Pékin de rendre les mesures de santé publique élémentaires».
Sans aller jusque-là, l’OMS a également fait preuve d’impatience. «Pendant une épidémie mondiale, tous les joueurs doivent participer. Si un des principaux joueurs choisit de ne pas le faire, cela peut devenir très problèmatique», a dit le Dr James Maguire, un spécialiste de l’OMS qui se trouve à Pékin. Le bilan de l’épidémie s’avère également lourd pour les économies de la région dont plusieurs piliers, le tourisme, la consommation et le transport aérien sont touchés. Le SRAS pourrait coûter jusqu’à 1,5 point de croissance à l’Asie cette année, selon une étude de BNP Paribas Peregrine.
Le Cambodge a dit souffrir d’une désaffection de 20% des touristes en raison de la maladie et de la guerre d’Irak. L’office du tourisme à Hong Kong (HKTA) a décidé de suspendre toutes les publicités et les campagnes de promotion.
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