Provient du message de Molosba
J'aimerais savoir ce que vous pensez des informations télévisées et radiophoniques.
Les journalistes des plus grosses rédactions, en France du moins, ont fait des études ( sisi, j'vous jure ) : pour les meilleurs, ils sortent de sciences po, pour les autres, des écoles de journalisme françaises.
Que font ces étudiants en journalisme, le plus clair de leur temps : ils lisent les journaux et les dépêches.
Le réflexe acquis, ils font de même une fois qu'ils ont été embauché à TF1, France 2/3, Arte, M6 ou Canal ( pour les hertziennes ), ou encore LCI etc ... Les journalistes TV ne l'avouent que rarement, mais 90% de leur "journal" TV, que ce soit celui de 13 heures ou 20 heures, est préparé grâce à la lecture des principaux quotidiens français, à savoir : Le Monde, Libé, Le Figaro, plus quelques gros tirages régionaux, comme Ouest France, l'Eclair, et des choses plus triviales type Le Parisien.
Ensuite, le format des "journaux" télévisés : 30 minutes, pour raconter ce qui est important dans une journée. C'est donc très peu, lorsque l'on sait qu'il me faut, ainsi qu'au lecteur moyen, environ 2 heures pour lire ce qui m'intéresse dans un journal comme Le Monde.
Par ailleurs, contrairement aux journaux où l'on peut zapper la pub, elle est un élément important à la TV. Les journalistes doivent donc parler de ce qui "intéressent" la "masse", de façon courte ( les sujets dépassent rarement 2 minutes ), en image, pas trop compliquer à saisir ( les nuances sont à bannir ). Bref, il faut attirer le client, pour qu'il regarde les pubs avant et après le JT, et aussi la météo, support pour un "sponsor", qui lui permet de recoller 2 spots en dehors des quotas de pub autorisés par le CSA.
L'information qu'on retrouve à la TV est donc : courte, sans grand intérêt intellectuel, pas approfondie, favorise l'oubli des sujets ( en 10 minutes, on a parlé de l'Irak, de l'économie japonaise, de la médaille d'or de curling du champion finnois, de la mémé écrasée, et des bouchons monstres sur l'A4 ), est superficielle.
Enfin, selon la ligne éditoriale du journaliste, les dernières 10 minutes sont parfois pitoyables. JE citerai un exemple connu, objet des quolibets des guignols de l'info : l'inénarrable J.P. Pernaud et ses fameux "sujets" de proximité, qui remplissent selon les jours entre 10 et 15 minutes de son "journal" qui en fait 30, et qui tournent toujours autour des mêmes sujets : un petit village victime de la désertification, où subsiste une activité ancestrale comme la fabrication de cloches, un jeu de quille vieux de plusieurs siècles, tati Ginette et sa recette secrète du pain d'épice alsacien, et autres conneries ...
Bref, l'objectif d'un "journal" télévisé ( vous noterez que je mets toujours journal entre guillemets quand je parle de "journal" télévisé ), n'est pas réellement d'"informer", mais de
relater ce qui s'est passé dans une journée.
Certains le font avec plus ou moins de succès. Le but final étant de faire la coupure la moins désagréable enter le Big Dil et le film du soir, et surtout pour que le téléspectateur regarde les 35 minutes de pub qui vont bien avec.
En conclusion, j'ai pris pour habitude de dire non plus "journal" télévisé, mais " magazine à caractère informatif ", qui renvoie à ce que sont vraiment ces journaux télévisés.
Il va sans dire que les meilleurs sources d'information sont : les dépêches ( donc de l'info à l'état brut ), et les quotidiens nationaux "sérieux ", où les journalistes relatent ce qu'ils lisent essentiellement dans les dépêches, mais où l'information prend aussi un angle analytique, et est mis en perspective avec d'autres points de vue. A ce propos, j'apprécie beaucoup la méthode du Monde : imaginons, ils vont faire une page sur l'économie japonaise : on va avoir en haut de page l'information principale, avec des commentaires du journaliste. Puis au centre, le point de vue d'un expert. Enfin, en bas de page, une vision plus "sociale", avec l'interview d'un quidam de base ( le thème en sera : conséquences concrètes sur les salariés japonais ), et enfin une approche sociologique du genre : " le Japon, un pays culturellement peu habitué au chômage ". Donc, un topo complet sur ce qui se passe, avec différents points de vue, de quoi se forger son opinion.
Le principal défaut de la presse écrite étant le temps : qui, de nos jours, à 2 heures pour lire un quotidien ?
L'idéal étant alors de regarder un "magazine à caractère informatif, puis d'aller approfondir ce qu'on veut dans un journal "écrit".