[Broc] Journée semi-ordinaire d'une Ombre

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Le poison perlait de la lame. Précautionneusement, le lurikeen recueillit les gouttes dans une des nombreuses fioles qu’il portait sur lui. Un réflexe d’économie, venu avec les années, mais aussi un réflexe d’assassin. Ne jamais laisser de traces. Une goutte de poison sur l’herbe, sur la neige, sur le roc et c’est un indice de sa présence de plus sur le terrain. En plus des cadavres…

Il rangea ses armes dans leur fourreau. A sa ceinture, des stylets, des dagues, une rapière, et sa besace de toute sorte de poisons : ceux qui faisaient mourir l’ennemi dans d’abominables souffrances, d’autres qui paralysaient, affaiblissaient.

Le Lurikeen réajusta sa pèlerine avec soin, puis commença à lisser ses bacchantes blanchies par les épreuves. Du fond des orbites, ses yeux n’étaient plus que deux minuscules lueurs qui vrillaient les tant soit peu craintifs, qui perçaient l’obscurité et le brouillard, et les audacieux camouflages.

Combien d’années pour arriver au sommet de l’art ? L’art de tuer, de chasser, de traquer, d’acculer la bête, de porter les coups justes, de se dissimuler aux yeux mêmes des plus vigilants. Combien d’années pour devenir un Seigneur de l’Ombre ?

Le Lurikeen se mit en route, seul comme à son accoutumée. Il ne désirait pas subir les quolibets du barde celte, à quelques pieds de lui, plus longtemps. Il s’arrêta sur le flanc des Gorges, puis se retourna vers la Forteresse de Druim Ligen. A destination du barde, il l’agrémenta d’un geste obscène, avant de reprendre sa route.

« Long est l’apprentissage de l’Ombre. Dure est la Solitude.
L’Isolement est nécessaire pour ne pas sombrer dans la Servitude.
On ne peut être du côté du Soleil et du Sombre en même temps.
Seules les Abysses sont éternelles compagnes du Fantôme Errant.
Et les portes de l’Annwn s’ouvrent du bout des stylets aiguisés.
La Puissance du Voile sourd dans les veines tel un Souffle d’Été.
La Proie lâche son dernier Soupir, devenant à son tour une Ombre. »

Ainsi était le credo, qu’on lui avait enseigné, imprimé comme une griffe dans sa chair. Et une fois de plus, il partait l’honorer. Il évita soigneusement les Duns, continua en empruntant des sentes connues de lui seul.

Plus, il se rapprochait, plus il entendait les rumeurs étouffées de combats au loin. Le soir tomberait. Ainsi avait-il bien calculé. La nuit serait sa meilleure alliée. La Traque pouvait commencer. Le lurikeen fit appel à ses talents de dissimulation, puis se fondit dans la nature. Ne pas faire de bruit, retenir son souffle bruyant, ne pas plier les brins d’herbe, ne pas laisser de traces…

Il arriva en vue de la muraille de défense. Les deux portes béaient, éventrées, et vers l’Ouest, les rumeurs de combat s’atténuaient ou s’éloignaient. Ainsi, ils étaient passés. Et bien, il gênerait les renforts, comme à l’accoutumée, en tuant les imprudents isolés…

Il décida de passer de monter sur la muraille. Traces sanglantes de combat, des flèches fichées dans le bois quand celui-ci n’était pas calciné, noirci par les sorts de combustion. Un craquement se fit entendre. Les oreilles pointues et fines du lurikeen perçurent d’où il venait. Avec infinie précaution, il se dirigea vers la pièce centrale de la muraille. La porté était ouverte. Et rien. Juste un volet qui grinçait, à moitié pendant dans le vide.

Le Lurikeen s’avança, avec précaution. Relâcher son attention et la mort viendra. L’atmosphère exhalait une odeur étrange. De sueur. Une fraction de seconde plus tard, un stylet et une rapière fusaient dans l’obscurité. Elles touchèrent quelque chose de mou, puis s’enfoncèrent dedans, alors qu’un petit cri était poussé. Très vite, le lurikeen retira ses armes et trancha les mollets. En face de lui, se tenait un sarrasin. La peur et la fureur se lisait dans ses yeux, lorsqu’il tomba sur ses genoux, sans avoir pu sortir ses armes. Le Lurikeen dégaina un autre stylet, qui termina sa trajectoire dans le cou. Un gargouillement d’agonie, et la proie tomba au sol. Le Lurikeen n’eut pas le temps d’apprécier sa victoire, que la froideur de deux lames se faisaient sentir dans son dos. Il esquiva de justesse une des lames, mais l’autre s’enfonça dans la chair de son épaule, diffusant son poison…

Se rétablissant, il sortit à nouveau une autre rapière, esquiva un autre coup de dague. L’autre effleura son bras. Il répliqua, portant un coup au crâne de l’adversaire. Un instant aveuglé, le Lurikeen put ainsi se saisir d’une fiole et il la jeta sur l’adversaire. La fiole de terre cuite se brisa et un poison puissamment corrosif s’attaqua au plastron. L’adversaire hurla, la chair de son torse brûlée. Sur le visage du Lurikeen se dessina un sourire de satisfaction, il s’apprêta à donner le coup final, lorsqu’à nouveau deux éclairs fusèrent. Elles se fichèrent profondément dans le corps du Lurikeen, qui ne put se retenir de pousser un cri de douleur.

Il tomba au sol, déjà affaibli. Son corps était secoué de spasmes, et dans ses yeux, la lueur s’atténuait. Le traqueur traqué. Le loup tué par la horde.

Ainsi se termine ou commence le destin de Sigthe Virtz.
chouette
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"We'll get a world divided between a genetically superior upper class that's tall, slim, health, attractive, intelligent, and creative; and an underclass of substandard humans who probably spend all day looking for message boards to flame."
Citation :
Provient du message de djx
pkoi t as pris un sarrasin comem cobaye et pas un koby tt moche
car ce sont les sic qui campent à 6 sur l'amg
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"We'll get a world divided between a genetically superior upper class that's tall, slim, health, attractive, intelligent, and creative; and an underclass of substandard humans who probably spend all day looking for message boards to flame."


sympa je ne te connaissai pas ce talent d'écriture

/clap très sympa
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"L'intelligence c'est comme un parachute, quand on en a pas... on s'écrase"
Pierre Desproges
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