Sous l'ombre d'un arbre touffu désordonné, non loin, un vieil homme jouait de la flûte. Sa mélodie retentit, vibrante, dans l'air chaud de l'après midi et vint secouer les feuilles de l'arbre au dessus de lui. Sans un bruit, une petite fée sortit des branchages et vint se poser sur son épaule, assise en amazone, les yeux tournés vers le jeune homme au centre de la place, que les passants moqueurs bousculaient avec indifférence. Elle était vêtue de noir, d'un noir triste et froid à la fois, sur lequel les yeux s'écorchaient sans en tirer la moindre part de lumière. Le vieil homme cessa son chant et s'avança vers le nain et le jeune homme. La fée se mit à parler, d'une voie douce.
- Je suis sans-nom, le conteur, et je n'ai pas d'âge. On m'appelle parfois Abel, ou Iselnah, parfois Siltus ou Silens parfois Tempus ou Kelemvor, parfois Mystra ou Lathandre, parfois Silk gris ou Fredol'nar. Parfois aussi dans la langue de ton peuple, nain, Krichrin'dechr'zartalk. On me nomme aussi le muet. Je suis sans-nom, le conteur, et je n'ai pas d'âge.
La fée cessa de parler un instant, puis repris la parole, d'une voix fraîche et chaude à la fois.
- Et moi je suis Alika, diminutif de Alikadan Seriestek de Manin-Adernia Salnidernal. On m'appelle la fée plus souvent. Ce n'a pas d'importance. Enchantée. Il y a dans vos coeur une fleur que peu d'êtres savent encore apprécier à Eauforte, ou dans cette partie de Faërun...
Le conteur baissa la tête lui lança un regard malicieux, une étincelle douce et vive jaillissant derrière ses yeux bleus profonds, mais ne dit rien.
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