Roman d'une Caernite immigrée

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Je me réveillais, en boule sur le sol, on avait mis avec soin une couverture sur moi. J’étais rompue. Le soleil brillait haut dans le ciel , Nicolas était assis a quelques pas, c’était sans doute son tour de garde, mes compagnons dormaient encore.
Je me levais prudemment, le sang me battait aux tempes et mon équilibre était précaire. Je m’approchais du garde qui me sourit et me tendis une tasse de liquide brûlant et amer.
« - Buvez demoiselle, c’est du café très sucré, cela va vous remettre d’aplomb. »
J’avalais ma tasse, cela avait un goût et une odeur très agréable et je sentis aussitôt mes membres se dégourdir, mes maux de tête par contre, ne se calmaient pas.
J’allais fouiller ans mon sac et j’en tirais un petit sachet de poudre que je diluais avec de l’eau puis que j’avalais en faisant la grimace.
« - Allez dormir Nicolas, je vais veiller
- Mais demoiselle, vous avez dormi à peine deux heures.
- Je vais bien, je vous assure, allez dormir, vous avez plus besoin de reprendre des forces que moi… »

L’homme me jeta un regard ou je sentis de l’admiration et de la reconnaissance et il parti s’allonger un peu plus loin.
Assise au coin du feu, je regardais mes compagnons dormir. Améniel était blottie dans les bras d’Enguerrand, Cydric dormait d’un sommeil agité, il avait conservé la main sur la garde de son épée.
Je réfléchissais aux événements de la nuit, j’avais été faible, Magnus avait raison, j’avais encore beaucoup à apprendre si je voulais être utile lors de circonstances de ce genre. Mais avais-je vraiment envie que cela se reproduise. J’avais ressenti de l’exaltation, et la douce sensation de la victoire . mais a quel prix ? J’avais tué un homme, de sang-froid, j’avais été au bout de mes limites, j’avais mis tout le monde en danger a cause de mon vertige, je m’étais rendu ridicule en clamant ma faiblesse,.
Alors ? Que devais-je faire ? Continuer cette vie d’aventures, tracer ma voie dans celle des héroïnes des épopées de mon enfance ? Ou alors m’installer dans un village ou une ville pour faire bénéficier les habitants de mes talents de guérisseuse ?
Osgard me manquait terriblement, il aurait su me conseiller. J’étais entourée d’amis, de mon frère et je me sentais pourtant terriblement seule.
Tout à mes pensées, je n’entendis pas Cydric s’asseoir près de moi. Je sentis soudain un bras se glisser autour de mes épaules et une voix chaude, agréable rassérénante me glissa à l’oreille :
« - Tu as été merveilleuse petite sœur, tu n’as pas le droit de douter de toi. »
Je me laissais aller contre l’épaule de mon frère, je fermais les yeux et sourit à la vie.

Le chemin du retour jusqu’au port se passa calmement, Abélard avait, semblait-il renoncé à nous poursuivre.
Arrivé au port, je leur annonçait ma décision de ne pas rentrer avec eux. Améniel était tout à fait rétablie, la drogue puissante qu’on lui avait donné s’était dissipée peu à peu.
Enguerrand refusait de me laisser partir seule, et je le sentais prêt à m’accompagne, mais je refusais son offre. J’avais besoin de solitude pour réfléchir au sens que j’allais donner à ma vie.
Plus ému qu’il ne voulait bien le laisser paraître, Cydric me prit dans ses bras, il me serra fort, m’insufflant un peu de sa force et de son courage. Il me fit promettre de faire attention à moi et de revenir à Tinville.
Au moment de partir, alors qu’ils était déjà sur le bateau, Cydric redescendit très vite et les yeux brillant me tendit son épée. Il me ferma la bouche de la main lorsque je voulus le remercier.
Je regardais longtemps partir dans le brume de ce petit matin le navire qui emportais ce que j’avais de plus chère au monde. Je caressais le chanfrein de Salto et remontais en selle.
Chapitre 8

Je me dirigeais résolument vers l’auberge de Clarisse, j’avais envie de la revoir, cela faisait plus d’un an à présent et je me disais que, peut-être, elle avait des nouvelles d’Osgard.
Le trajet me pris presque 7 jours, mais Cydric m’avait généreusement laissé une bourse bien pleine avant de partir. Je n’avais donc pas de soucis d’argent et je pouvais m’arrêter dans les auberges ou soulager un peu la misère des paysans qui me donnait un morceau de pain et du lait.
Un soir ou je décidais de dormir dans une forêt j’entendis des gémissements dans un fourrée. Je découvris le cadavre encore chaud d’une louve tuée par une flèche et qui avait du se traîner là pour mourir. A ses cotés son louveteau geignait à fendre l’âme. je passais une partie de la nuit à l’amadouer et il finit par accepter un peu de lait dans ma gamelle. Au matin, il dormait près de moi et lorsque je me remis en selle il commença à me suivre. Je tentais de le chasser mais ses yeux implorants eurent vite raison de ma détermination.
Salto ne semblait pas enchanté que nous prenions un nouveau compagnon, surtout un loup qui s’amusait à lui mordiller les pattes, mais je ne pouvais me résoudre à l’abandonner. Feu -Follet devint donc le troisième larrons de notre petit équipage.
Il me ramenait régulièrement , l’air fier, des petits mulots qu’il m’offrait et que nous nous partagions comme repas.
J’étais, je crois, assez heureuse.
Le soir du septième jour j’arrivais à Pemgrim ville de l’auberge de Clarisse. Je prenais soin, avant d’entrer en ville, je veillais à me coiffer les cheveux et à revêtir une tunique propre.
Les gardes me laissèrent passer, non sans un regard étonné sur Feu-Follet. J’arrivais devant le « Cerf Cornu » avec beaucoup d’émotions, j’avais l’impression d’avoir dix ans de plus qu’a mon précèdent passage.
Je laissais Salto à un valet affairé et je rentrais dans l’auberge. Tout était exactement comme dans mon souvenir. Je sentis mes yeux me picoter, je les essuyais d’un revers de manche rapide. Je m’installais à la même table que l’année précédente et j’attendis. L’auberge était très calme, seul deux clients était attablés.
J’eus peine à reconnaître Clarisse. Elle avait maigri, ses cheveux étaient ternes et son teint pâles. Une griffure lui marquait la joue droite et elle peinait visiblement à marcher.
Elle me demanda ma commande d’une voix atone, sans même me regarder. Je l’appelais doucement par son prénom. J’étais emplie de culpabilité, nous aurions du l’emmener, je n’aurais jamais du la laisser là.
Elle me regarda quelques instants et ses yeux se remplirent de larmes.
« - Mademoiselle Sariel ?
- Oui Clarisse, c’est moi, assied toi.
- Oh non mademoiselle, je ne peux pas ». Me dit elle en jetant un regard apeuré vers la cuisine..
- « Nous avons changé de patron et celui là n’est pas commode.
- Assied toi te dis-je, je me charge du patron. »
Furieuse je me dirigeais vers le comptoir et frappais vigoureusement du poing sur celui-ci. Un homme apparu. Loin d’être le gros homme jovial qui nous avait accueilli Osgard et moi l’année passé, celui ci était maigre avec dans le regard une lueur mauvaise.
« - Je souhaiterais un repas pour ma compagne et moi. « Dis –je sans ciller.
Il jeta un regard vers la table ou Clarisse était assise la tête baissée, puis il leva vers moi des yeux chargés de mépris.
« - Ta compagne est ma servante et elle ne mange pas à la table des clients, sauf quand ils payent pour elle !
- Et bien je payerais !
- Elle n’est pas au service des gamines, mais a celui des hommes !
- Sachez messire que si vous ne nous servez pas dans les minutes qui suivent, il vous en cuira. »
Il éclata de rire
« - Voyez vous ça. Mais pour qui te prends tu péronnelle ?
- Dernier avertissement !
- Sors de chez moi sinon c’est la raclée et je te garantis que tu ne seras pas la seule à la prendre.
- Comme vous voudrez messire ! »
Je lançais un regard courroucé vers les timbales et les gobelets bien rangés sur une étagère derrière lui. Je prononçais quelques mots et l’étagère s’écroula dans un grand bruit.
« - Je continue ?
- Sale gosse, tu vas voir ! »
Il lança son poing vers moi, mais poussa aussitôt un cri de douleur. Feu-Follet était en train de lui mordre le mollet.
« - Clarisse, va chercher tes affaires, on s’en va
- Mais….
- Ne discute pas, je ne te laisse pas une minute de plus ici »
La jeune fille disparu dans l’arrière salle, pendant que Feu-Follet prenait un malin plaisir à échapper à l’homme furieux. Les deux clients se tordaient de rire. Au bout d’un moment Clarisse revint. Je lançais un sot d’immobilisation à l’aubergiste et j’entraînais ma compagne à l’extérieur. Avant, je regardais les hommes attablés.
« - C’est ma tournée, servez vous avant qu’il ne puisse de nouveau bouger. »
Sans aucun scrupules je me dirigeais vers les écuries, je demandais à Clarisse quel était le cheval de son patron , elle me désigna un grand hongre gris que je sellais. Je l’aidais à se mettre en selle et me dirigeais vers la sortie de la ville.
Abasourdies, les gardes nous regardèrent passer, ils connaissaient forcement Clarisse de vue et son départ les étonnaient. Je leur décrochais un sourire éblouissant .

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Celui ci est commencé depuis fort longtemps, mais il avance doucement
J’étais assez fière de moi mais assez embêtée aussi. D’abord Clarisse ne savait pas monter et nous étions obligé d’aller au pas. De plus, il fallait que je trouve un endroit pour la nuit, je n’allais pas la faire dormir à la belle étoile dans l’état de faiblesse ou elle était. Or il était déjà tard, personne n’accepterait de nous ouvrir une porte a cette heure là.
Après environ une heure de marche, nous arrivâmes en vue d’une ferme, a tout hasard et sans conviction j’allais frapper. Une femme, encore jeune entrouvrit la porte, l’air apeurée, derrière elle j’entendais les pleurs d’un enfant. Je tentais de la rassurer. Ma bonne mine et la promesse d’une pièce d’argent eurent raison de sa crainte. Je poussais Clarisse à l’intérieur puis j’allais m’occuper des chevaux.
Lorsque je rentrais la femme, inquiète et serrant un nourrisson dans les bras regardait Clarisse qui vomissait au dessus d’une bassine. Je me précipitais vers elle, mais déjà elle se redressait.
« - Pourriez vous me donner de l’eau je vous prie ? »
La femme apporta un linge humide que je mis sur le front en sueur de Clarisse, puis je la fit asseoir sur l’une des deux chaises de la pièce unique ou nous étions.
« - pardonnez nous madame, il semble que mon amie soit malade, je ne le savais pas et je suis désolée de vous occasionner ce dérangement. »
A mon grand étonnement la femme sourit.
« - Oh, je vous en prie, c’est tout à fait normal dans son état. Mon mari est absent, il est parti chasser pour le seigneur, elle pourra dormir dan le lit avec moi.
- Dans son état ? Comment ca dans son état ?
- Hé bien elle est enceinte non ? «
Je regardais Clarisse qui me fit oui de la tête . Je m’assit à mon tour.
« - Tu es enceinte ? Mais… mais pourquoi ne m’as tu rien dit ? Qui est le père ?
- Je ne sais pas Sariel
- Comment ça tu ne sais pas ? Tu ne sais pas qui est le père de ton enfant ?
- Non Sariel, je ne sais pas… Tu sais…j’étais très… demandée à l’auberge, cela peut être n’importe qui… même l’homme que tu as vu !
- Quoi ? ? ? ? Mais c’est impossible, pourquoi n’es tu pas parti ?
- Pour aller ou ? Mais tout va aller maintenant, tu es là, tu vas m’en débarrasser. «
La femme et moi ouvrirent des yeux horrifiés.
« - Te débarrasser de quoi Clarisse ?
- Du bébé pardi, il est hors de question que je le garde. »
Je me pris la tête entre les mains incapable de supporter le regard plein d’espoir de Clarisse.
« - Je ne peux pas faire ça Clarisse. « Bredouillais-je
« - Comment ça tu ne peux pas ? Tu es magicienne ou pas ?
- Oui, je le suis, mais je ne sais pas faire ce genre de choses, ni par magie, ni avec les plantes .
- Mais tu vas trouver, il faut que tu trouves, tu ne peux pas me laisser comme ça, pas après m’avoir sorti de cet endroit.
- Clarisse, je ne peux pas prendre la vie de cet enfant, je risquerais de te faire mal, j’ai déjà aidé a accoucher des femmes mais Lug interdit ce genre de choses.
- Lug ?
- Oui, Lug, le père des esprits de la nature. Il est interdit de détruire la vie, encore plus celle d’un enfant
- Mais je ne veux pas de cet enfant, sa conception est contre nature, j’ai été forcée. »
Je rougis violemment, je connaissais bien sur les mystères de la conception mais je me refusais à imaginer ce que Clarisse avait pu subir.
« - Ecoute Clarisse, nous allons dormir, il est tard. Madame, auriez vous quelques chose a nous donner à manger, puis nous irons nous coucher, je dormirais dans la grange. Tout le monde ici a besoin de réfléchir. »
Sans un mot, notre hôtesse sorti de la viande séchée et du fromage . Elle servit Clarisse avec beaucoup de précaution. J’avais conscience que ces deux femmes avaient en commun des choses que je ne pouvais pas comprendre. J’avais vécu tellement de choses, mais j’étais si ignorante des choses de la vie que je me sentais exclue du silence compréhensif qui unissait Clarisse et la jeune femme.
Je veillais au confort de Clarisse. Avant de sortir et d’aller dans la grange, je restais un long moment à regarder la jeune mère allaiter son bébé, émue par la scène.
Je me blottissais dans la paille, enfouie sous ma couverture. Je mis longtemps à trouver le sommeil. Encore une fois, un choix crucial s’imposait à moi, mais je n’avais aucune idée de ce que j’allais prendre comme décision.
Le lendemain, la nuit m’avait permis d’y voir clair. Je n’aiderais pas Clarisse à se débarrasser de son fruit. Elle était jeune, elle risquait d’en être marquée a jamais, de plus, je ne savais pas vraiment comment faire. J’avais bien entendu parler de plantes abortives mais je ne savais pas m’en servir et je refusais de prendre un tel risque.
Je rentrais dans la petite maison, une odeur de lait chaud m’accueillit En entrant, je vis Clarisse penchée au dessus du berceau de l’enfançon, elle le berçait pendant que sa mère préparait la collation du matin. Je fus confortée dans ma décision par cette image de paix. Clarisse finirait par aimer son enfant, il n’était en rien responsable de sa conception et naîtrait dans l’innocence, comme toute les créatures de la nature.
Le petit déjeuner fut gai. Je repassais de la pommade sur les blessures de mon amie, et déjà elles avaient meilleures couleurs que la veille. Sa boiterie venait d’une entorse mal soignée, il était probable qu’elle garderait une claudication légère malgré mes soins.
Pendant que Clarisse faisait une toilette sommaire, je discutais avec la jeune mère, Emilie, et lui fit part de ma décision. Elle m’avoua que Clarisse avait pleuré une partie de la nuit et qu’elle s’était calmé quand 2milie avait mis le bébé entre elles deux. Nous eûmes un sourire de connivence.
Je savais ou aller. Je rétribuais généreusement Emilie qui accepta mon argent d’un air gêné. Pendant le trajet je parlais à Clarisse, elle se rebiffa, pesta, se fâcha, pleura, cria mais je ne cédais pas. A bout de ressource je lui proposais de se débrouiller et de se trouver une vieille sorcière qui la mutilerais à vie. Je lui dit qu’elle était belle, jeune, qu’elle pouvait encore rencontrer l’amour, qu’elle ne devait pas mettre sa vie ainsi en danger.
Elle finit par se taire, l’air boudeur. Je me tut aussi, il n’y avait plus rien à dire.
Nous voyagions à petites journées, il faisait une chaleur étouffante en ce mois de juin Clarisse se fatiguait vite et chaque soir nous devions trouver un endroit ou dormir, je ne voulais pas lui faire passer une nuit à la belle étoile. En même temps, j’évitais les auberges pour ne pas rappeler de mauvais souvenirs à ma compagne. Enfin, au bout de quelques jours j’aperçut au loin la maisonnette de Dame Marianne la nourrice d’Améniel.
Celle ci nous reçu à bras ouverts. Elle avait eu une lettre d’Améniel lui contant nos aventures et elle ne cessait de me remercier.
Je lui expliquais ce qui m’amenait, Clarisse nous gratifiait toujours d’une humeur boudeuse, mais très vite, la douceur et la joie de vivre de Dame Marianne eurent raison de son humeur sombre. J’étais sure de ce résultat et je pus enfin demander à Clarisse si elle avait des nouvelles d’Osgard. Elle me dit que l’on était en plein milieu des foires de printemps et que je risquais de le trouver en ce moment à la foire de Havreclair, ville qui selon elle était à trois jours de cheval d’ici, au sud.
Je laissais les deux femmes ensemble et repris ma route dés le lendemain en promettant de revenir très vite.
J’allais beaucoup plus vite étant donné que j’étais seule, je m’arrêtais la nuit, n’importe ou, et j’atteignais Havreclair en deux jours.
J’arrivais le soir et ravie, j’entendis de la musique et des rires. Puis je fus prise d’un frisson, je n’avais pas conscience exacte du jour ou nous étions, mais je priais intérieurement pour que ce ne soit pas le soir de la grande fête de Printemps.
A l’entrée de la ville, il y avait deux gardes, si goguenards que je les soupçonnais d’avoir abusé de l’alcool, il me laissèrent passer et j’entendis derrière moi des commentaires un peu grivois.
Je me dirigeas vers ce que je pensais être le centre de la ville. Partout, des groupes en costumes bariolés se tenaient par les bras circulaient en riant et en chantant des chansons. Je les suivais de loin, ils allaient tous dans la même direction.
Je traversais plusieurs rues ou les devantures des façades étaient décorées de tissus et de banderoles de couleurs.
Puis j’arrivais sur une grande place cernées d’étals de marchands recouverts pour la nuit.. Je descendis de cheval. Feu-Follet, apeuré par ces odeurs nouvelles se serrait contre ma jambe. Plus j’avançais plus le bruit de la fête se faisait entendre. Des odeurs de viandes grillés et d’alcool fort me chatouillèrent le nez.
Je vis soudain la lueur d’un grand feu, je ne pus m’empêcher de me remémorer des souvenirs désagréables mais j’étais à présent armée pour me défendre.
J’attachais Salto a proximités de la foule, vers d’autres chevaux. Je comptais voir si je trouvais Osgard avant de me mettre à la recherche d’un lieu ou dormir. J’étais visiblement à l’une des extrémités de la ville, la fête avait été organisée dans un grand champ. Plusieurs feux étaient allumés, des bœufs entiers y étaient mis en broche. Tout autour, des tavernes faites en toile avaient été installées. Des tables et des bancs étaient disposés un peu partout. Sur un coté un orchestre composé d’une dizaine de jeunes gens aux costumes bariolés jouaient une danse entraînante.
Je me frayais un chemin à travers la foule surexcitée et observait un à un les visages des buveurs attablés. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, j’avais reconnu Osgard, un verre à la main en grande discussion avec un autre marchand.
Sans ménagement pour les autres clients j’avançais rapidement vers lui, provoquant des commentaires désobligeants. Je me plantais devant lui et lui souriais. Conscient d’un regard insistant il leva la tête et me vit. Je vis dans son regard une grande joie, un immense soulagement aussi.
Il se leva et me serra simplement dans ses bras, puis il m’avança une chaise. Il me présenta à son voisin, un marchand de vin dont je ne retins pas le nom.
Je lui demandais à Osgard ou il dormait et s’il était possible que je me trouve une chambre. Il me répondit que les auberges et maisons d’hôtes étaient sans doute pleines en ce premier jours de foire. Le gros marchand de vin qui ne me lâchait pas du regard me dit qu’il était de la ville et qu’il serait ravi de m’accueillir. je grimaçais d’abord, puis lui faisant mon plus charmant sourire je lui répondis qu’Osgard et moi étions ravis de sa proposition et que nous acceptions volontiers. Il fit une drôle de tête, mais pouvait difficilement revenir sur sa proposition. A ce moment là Feu-Follet sauta sur mes genoux, j’assurais le marchand de sa propreté et de sa grande sagesse. J’ajoutais qu’il ne perdait presque pas de poils.
Nous avons ensuite discuté une partie de la nuit. Pour faire bonne mesure j’accordais une danse au marchand de vin. Son contact me révulsa un peu mais il eu la grande intelligence de ne pas avoir les mains baladeuses.
Il était fort tard lorsque je récupérais Salto. La maison du marchand était une grande demeure bourgeoise.
Sa femme, une matrone courtaude aux joues rouges ne parut pas ravie de notre présence. Elle attendait son mari, sans doute pour le réprimander de rentrer si tard, et regimba lorsque celui ci lui demanda de préparer deux chambres.
Avec Osgard nous échangions des regards amusés. Dés que nos chambres nous furent attribuées, j’abandonnais la mienne pour aller dans la sienne. J’avais tant de choses à lui raconter !
Le petit matin nous pris encore en train de parler. Osgard se prépara pour retrouver son étal et je décidais de l’accompagner.
Je passais une journée formidable malgré la fatigue. Osgard vendait un peu de tout, bimbeloteries, vaisselles, colifichets, quincailleries et j’avais l’impression de jouer à la marchande.
Les clients se pressaient nombreux et nous étions sans cesse en train de présenter de la marchandise, négocier un prix, encaisser de l’argent…
Le soir, la fête recommença mais nous étions trop épuisée pour y participer. J’avais pris quelques instants dans la journée pour nous trouver une auberge, l’hospitalité du marchand était trop pesante. Nous nous sommes retrouvés dans une hostellerie chic, mais les affaires d’Osgard marchait bien et il pouvait se le permettre. Il m’appelait son associé, disant que ma fraîcheur et ma jeunesse attiraient le chaland.
La foire dura 10 jours, je vivais une vie, sinon reposante, du moins plus calme que mes aventures passaient. Il m’arrivaient parfois de m’ennuyer, mais entre les comptes qu’Osgard m’avaient confiés et la boutique, j’arrivaient à m’occuper et à oublier mon ennui.
A la fin de la foire, nous partîmes vers une autre foire et ainsi jusqu'à la fin du mois de septembre. Il était temps pour moi de retourner voir Clarisse, a qui j’envoyais régulièrement de mes nouvelles et un peu d’argent.
Osgard m’accompagna. Je retrouvais une Clarisse toute ronde et radieuse, j’en fut ravie.
Le soir de notre arrivée, nous étions à table et Osgard parlait des mois d’hiver. Il allait rentrer chez lui, il ne repartirait qu’au mois d’avril se réapprovisionner en vue des foires de l’année suivante.
Pour la première fois, il me parla de sa grande maison, bien solitaire depuis la mort de sa femme, 4 années auparavant. Il n’avait pas d’enfants et il nous proposa de l’accompagner, toutes les trois. Dame Marianne rougit un peu, ce qui me fit sourire. Mais effectivement, je pensais que pour Clarisse, vivre la fin de sa grossesse dans une maison chauffée et confortable serait mieux que la cabane, charmante mais précaire, de Dame Marianne.
Finalement, tout le monde accepta avec enthousiasme.
Nous avions près de 10 jours de cheval, il nous faudrait partir le lendemain, Clarisse ne pouvait pas faire de longues journées de voyage, Il fut décidée qu’elle et Marianne voyagerait dans la charrette, a présent presque vide.
Un voisin promit de veiller sur la maisonnette de Marianne, et au bout de deux jours, tout était prêt pour le départ.
Le voyage fut excessivement long et fastidieux. Je n’avais pas l’habitude des bavardages incessants et parfois je partais devant, seule, sous le prétexte de vérifier la route, mais en réalité pour avoir un peu de calme.
Nous passâmes près de chez Magnus, mais je refusais de m’y arrêter.
La maison d’Osgard était une grande bâtisse au bout d’une très belle allées d’ifs. elle était située à quelques miles d’un village.
Une nuée de serviteurs nous accueillie à bras ouverts. La maison était claire et les pièces spacieuses. Les chambres mises à notre disposition étaient très jolies, pleines de fleurs et de tableaux charmants représentant des scènes de vie paysanne.
Les serviteurs de la maison étaient très gentil, attentifs à nos moindres désirs. La campagne environnante offrait de longues promenades agréables et Osgard avait, lui aussi, une bibliothèque bien fournie.
L’automne s’installa nappant la nature de couleurs chaudes. Le vent jouait dans les feuilles mortes à la grande joie de Feu-Follet qui se roulait dedans à la moindre occasion. Mon loup grandissait vite et tout le monde s’y était habitué, sauf la cuisinière a qui il volait régulièrement les meilleurs morceaux malgré mes sermons qui ne lui faisaient aucun effet.
La maison était confortable et les soirées s’étiraient dans la quiétude, Clarisse et Marianne cousaient et tricotaient de la layette, Osgard et moi lisions pour elles. Parfois, tout le monde gardait le silence. Nous étions simplement heureux d’être ensemble, le crépitement du feu et le bruit du vent chantaient une douce musique à nos oreilles.
Un soir de début décembre Clarisse arriva à son terme. Une sage-femme était déjà là depuis quelques jours en prévision de l’événement.
Il faisait très froid ce soir la et le feu peinait à réchauffer la chambre ou Clarisse gémissait doucement. Parfois, elle poussait un long cri qui me faisait mal. J’avais été obligé de chasser Feu-Follet de la chambre, il refusait de quitter Clarisse, et maintenant, derrière la porte il pleurait ajoutant à notre nervosité.
Je n’avais jamais accouché personne, même si j’avais assisté à des accouchements, mais Clarisse me serrait la main à la broyer et j’avais toute les peines du monde à la calmer, à lui dire que tout se passerait bien, malgré mes inquiétudes.
Enfin, la sage-femme et Marianne entrèrent dans la chambre. Une servante les suivait portant de grands récipients d’eau chaude. Clarisse hurlait de plus en plus fort, elle souffrait et je ne pouvais rien faire pour elle.
Je lui humectais les tempes avec un linge humide en lui susurrant des mots apaisants. Le travail avait commencé, la sage-femme donnait ses ordres à Clarisse qui pleurait de douleur le corps en sueur, arqué par la souffrance.
J’eus l’impression que cela durait une éternité. Il semblait que le bébé se présentait mal et je voyais l’angoisse dans les yeux de Marianne. Clarisse faiblissait, je l’encourageais mais elle ne faisait plus d’effort pour pousser, à présent, je craignais pour sa vie. Je réfléchissais à toute allure, ma magie pouvait elle l’aider ? Je ne le pensais pas. Je savais résorber les plaies, calmer les brûlures, soulager les souffrances, mais je ne pouvais pas aider Clarisse, je me sentais inutile et malheureuse.
Alors j’eus une idée, cela pouvait se révéler dangereux mais nous n’avions plus rien a perdre, Clarisse s’évanouissait par intervalle et le bébé menaçait d’étouffer et peut-être de la tuer.
Je me concentrais. Magnus avait utilisé ce sort sur moi une ou deux fois sur moi, quand la fatigue physique était trop forte. Il m’insufflais son énergie, c’était un sort inversé de nécromancie. Mais Magnus était fort, là, il s’agissait de donner ma propre énergie à Clarisse, d’utiliser de la nécromancie sur moi à son profit. Je n’avais jamais utilisé ce sort, je ne savais pas ce qui allait m’arriver. J’hésitais encore lorsque j’entendis la sage-femme hurler.
« - Le bébé étouffe, il ne bouge plus ! »
Je me concentrais de toute mon âme et mettant une main sur ma tempe et une main sur celle de Clarisse j’incantais l’un des sorts les plus puissants que je connaissais. Dés la fin de mon incantation j’eus juste le temps de crier à Clarisse de pousser, avant de m’écrouler au sol, inconsciente.
Et c'est là qu'une personne malhonnête déboula et s'empressa de faire copier-coller et d'ajouter à ses potes lorsqu'il envoiera ladite copie qu'elle est de lui

Franchement c'est pas une bonne idée de poster comme ça sur un forum

Enfin moi j'dis ça, j'dis rien
Et j'ai même pas lu


Vous êtes tous très gentils et ce sont vos encouragements qui m'aident à continuer. Rassurez vous, pour ceux qui aime, c'est loin d'être terminé, le roman comportera près de 200 pages je pense, on en est a peu près à la 50éme. Mais, c'est pour moi une grande aventure et j'ai l'intention d'aller jusqu'àu bout, c'est a dire jusqu'a la publication. je me dois donc, effectivement de protéger cet écrit afin qu'on ne le vole pas. Donc, deux solutions : soit c'est publié et vous aurez les 50 dernières pages dans les rayons de votre librairie, soit, aucun éditeur n'en veut et je donnerais la suite.
M'enfin, on en est pas la... J'ai le droit de rêver, c'est le rêve qui m'aide à écrire.
Allez va, si ca marche pour de vrai, je vous enverrais des bons de réductions *en plein délire*
Citation :
Provient du message de Sasa, scribouillarde
Vous êtes tous très gentils et ce sont vos encouragements qui m'aident à continuer. Rassurez vous, pour ceux qui aime, c'est loin d'être terminé, le roman comportera près de 200 pages je pense, on en est a peu près à la 50éme. Mais, c'est pour moi une grande aventure et j'ai l'intention d'aller jusqu'àu bout, c'est a dire jusqu'a la publication. je me dois donc, effectivement de protéger cet écrit afin qu'on ne le vole pas. Donc, deux solutions : soit c'est publié et vous aurez les 50 dernières pages dans les rayons de votre librairie, soit, aucun éditeur n'en veut et je donnerais la suite.
M'enfin, on en est pas la... J'ai le droit de rêver, c'est le rêve qui m'aide à écrire.
Allez va, si ca marche pour de vrai, je vous enverrais des bons de réductions *en plein délire*
si le premier cas est de vigueur tu me dira le non du bouquin histoire que je le commande
Je crois que je mis plus de temps à me remettre que Clarisse à relever de ses couches. J’étais très faible et le personnel mis en ébullition par l’arrivée du bébé avait fort peu de temps à me consacrer. De plus, ce n’était tout au long de la journée qu’exclamations ravies ou silence religieux.
Au bout de trois jours, quand même, on m’amena la merveille. C’était une petite fille, rose et grassouillette, avec un nez minuscule et un vagissement qui donnait déjà une idée de son caractère futur. On lui avait donné comme prénom Amélia.
Lorsque je me levais enfin, une chambrière affectée à mon service, Nora, pris mes mesures à mon grand étonnement. J’apprit, à force de questions que je serais la marraine de la petite et que l’on me préparait une robe pour la cérémonie. Je voulais bien, mais je ne savais pas quelle religion vénérait Clarisse, et moi, qui avait été baptisé par les esprits de la nature, il y avait bien longtemps que je n’avais pas prié. De plus, et ce n’était pas la première fois que je me posait la question, avais-je encore le droit de prier les esprits ? En effet, je m’en étais détournée et par certains de mes sorts il m’arrivait détourner la nature de sa fonction initiale. Certains druides avaient, bien sur, des pouvoirs magiques, mais je n’avais jamais vu ceux ci utiliser des sorts agressifs. Parfois, dans le silence de mes nuits, j’étais tenté de prier, mais aucune litanie ne me venait plus à l’esprit.
Peut-être était-il temps que je mette ma conscience en paix, mon esprit était vide de prières et cela créait parfois un grand vide en moi. Je me décidais a aller au village, peut-être y trouverais-je un sage qui saurais me guider, m’aider à retrouver une communauté, non pas pour y vivre, mais pour y retrouver une forme de paix de l’âme qu’il me semblait avoir perdue chez Magnus.
Pour l’instant j’allais voir Clarisse et je lui demandais en quoi consisterait la cérémonie du baptême. Elle me dit qu’il s’agissait juste d’un baptême entre nous, pour désigner le parrain, Osgard et la marraine. Osgard vénérait un Dieu marchand, un prêtre de cette religion officierait. Un Dieu marchand ? J’ignorais qu’il existait un Dieu des marchands. J’ignorait beaucoup de choses en fait, je ne m’étais jamais vraiment intéressé à l’histoire des religions et dans la communauté de mon enfance, on ne nous enseignait pas qu’il puisse exister d’autres divinités. Il fallait que je m’informe.
Dés que je pus monter à cheval, je me rendis au village. Les gens me connaissaient, et me saluaient gentiment.
Au bout de la rue principale, il y avait une petite construction en bois que l’on m’avait déjà signalée comme étant une chapelle.
Je m’en approchais et descendis de cheval. Je dis a Feu-Follet de m’attendre et poussais la porte en bois.
C’était une petite construction avec une pièce unique. A l’intérieur, sur un autel, brûlait une petite bougie dans un récipient en verre rouge. Tout autour de l’autel, de nombreuses fleurs, pourtant rares en cette saison, des feuillages aussi, disposés artistiquement. Les murs étaient nus, seul quelques bancs de bois meublaient l’espace.
Mais au fond, derrière l’autel sous une grande fenêtre fermée par un papier huilé il y avait un tableau qui tenait presque le reste du mur. Et sur ce tableau, un homme, enfin, ce qu’il me semblait être un homme. Devant un paysage grandiose qui semblait regrouper à la fois la mer et la montagne, les prairies et les collines, les rivières et les lacs, le ciel et la terre un personnage gigantesque se dressait. Un homme, qui semblait ne pas avoir d’âge, qui était la jeunesse, mais qui en même temps, avait toute la sagesse du monde dans ces yeux étonnamment bleus. Il était vêtu d’habit très simples, mais sa position même dégageait une puissance et une autorité inégalable.
Je restais figée, longuement devant cette œuvre. Je ressentais une grande paix intérieur.
Je n’entendis pas la porte s’ouvrir. Je ne sais pas combien de temps je restais là, sans bouger, mais ce fut une main posée sur mon épaule qui me tira des ma songerie.
Je me retournais. Encore bouleversée je me trouvais face à un vieillard, si maigre qu’on aurait dit qu’un souffle de vent pouvait l’emporter. mais il avait au fond des yeux une flamme qui lui donnait toute la force du monde.
Je m’inclinais devant lui, en marque de profond respect. Sa longue tunique bleue indiquait qu’il était prêtre et je respectais profondément mes aînés porteur de savoir.
« - Bonjour jeune fille, je lis en toi que tu es à la recherche de la vérité…
- La vérité, je ne sais pas, mais en effet, je suis à la recherche d’un but pour mon âme.
- Tu as été éduquée par les druides n’est ce pas ? Pourquoi est ce que le chemin des esprits est devenu obscur pour toi.
- J’ai appris la magie, je respecte et respecterais toujours les esprits, mais je sens qu’ils me rejettent pour ce que je suis devenue.
- Et tu cherches une divinité à adorer ? pourquoi ? On ne se met pas a prier quelqu’un sur commande jeune fille
- Non, non ce n’est pas ça… Enfin si, peut-être… Je ne sais pas en fait. J’ai quitté mon père le jour ou les esprits m’ont abandonnés, je me sens orpheline, je ne sais pas comment expliquer cela.
- Je pense que je comprends, mais saches que tu ne peux pas décider seule de vénérer un Dieu ou un autre. C’est Lui qui te choisira.
- Et lui, dis-je en désignant le tableau, Lui, qui est-il ? »
Le vieil homme sourit
« - Lui, c’est le porteur de tous les espoirs, de tous tes espoirs. C’est le père des Dieux, celui qui regroupe en sa puissance toutes les divinités qui compose notre monde. C’est le Dieu suprême, celui qui intervient quand plus rien ne peut être réglé.
- Quel est son nom ?
- Tu l’appelles comme tu veux dans le secret de ton cœur, mais on a coutume de lui donner le nom de Calderic.
- Alors, pourquoi tout le monde ne le vénère t’il pas s’il est le regroupement de tous les autres ?
- Parce que, jeune fille, chacun a besoin de croire en des valeurs qui lui sont propres, Calderic représente toutes les valeurs, il est trop omniscient pour la majorité des mortels. Tout le monde le vénère, a travers ses propres croyances, a travers sa vison du monde, a travers la divinité qui l’a choisi.
- C’est bien compliqué.
- Non, en fait c’est assez simple, mais comme tu n’as pas encore été mis sur le chemin de ta foi, tu as du mal à comprendre.
- Et comment saurais-je lorsque je serais mis sur le chemin de ma foi. Je ne connais même pas les divinités qui existent.
- Si tu veux te renseigner sur l’histoire de la religion, ce n’est pas compliqué, je peux te l’enseigner, mais cela ne t’apprendra qu’un savoir qui ne touchera que ton intelligence. Lorsque ta divinité te choisira, tu le sauras, comme lorsqu’il fait nuit et que l’aurore commence à éclairer tes pas.
- Puis je revenir vous voir en ce cas ?
- Bien sur, quand tu le voudras. »
Je quittais la chapelle en proie à un grand trouble. Je fis le chemin du retour dans un espèce de brouillard, je n’avais pas compris ce que m’avais dit l’homme, mais j’avais conscience d’avoir appris une grande vérité.

Le baptême devait avoir lieu le lendemain de mon séjour au village. J’avais une robe blanche, bordée de dentelles aux poignets et au cou. Alors que tout le monde s’extasiait sur ma tenue et celle du bébé, je songeait seulement que toute cette dentelle me grattait et que j’avais hâte d’ôter cette tenue.
La cérémonie fut simple. Le prêtre dit des mots simples et doux, il parla d’avenir serein et d’affection.
Je jurais de tout faire pour que ma filleule ait une vie dénuée de tout problème, et s’il venait à arriver malheur à sa mère, je devrais assurer son éducation. C’était une charge dont je prenais la mesure. Bien sur, j’étais prête à m’occuper de la petite, mais je n’allais pas passer ma vie à pouponner entre des femmes bavardes et tout occupées d’habillage et de dentelles.
Osgard me regardait avec un sourire narquois, je sentais qu’il lisait dans mes pensées et qu’il me comprenait. Mais je savais aussi qu’il préférait me savoir ici, en sécurité que sur les routes, livrée à moi-même.

Je passais les mois d’hiver sereinement. Régulièrement, j’allais au village ou je retrouvais le vieux sage. Il m’apprit que Caldéric était le géniteur, à la fois père et mère de nombreuses divinités Chaque divinité avait un apanage. Il y avait une divinité pour le commerce Melgor, une divinité pour les arts Tercimène, une pour les magiciens Sylies et une pour les guerriers Rorg. Au delà, il y avait une multitude de sous divinité que vénéraient les paysans, les malfrats et tous les corps de métiers. Les esprits que vénéraient les druides étaient, eux, issus directement des forces de la nature.
Un jour que je le retrouvais dans la chapelle, je fus surprise de voir qu’il avait voilé le grand tableau qui représentait Caldéric.
« - Sariel, aujourd’hui je dois te parler d’une chose grave, j’ai voilé la face de mon Dieu car le ce que je vais te raconter ce jour, le nom que je vais prononcer ne doit pas l’être devant lui.
Il faut que tu saches qu’il existe une puissance qui est presque aussi forte que celle de Caldéric. Mais cette puissance est celle des ténèbres.
Il y a longtemps, alors que notre monde n’était que Chaos, alors que nul homme n’existait, les Dieux vivaient entre eux, s’amusant à imaginer la création. Les forces de la nature avait depuis longtemps créées les esprits, et alors que la nature prenait sa forme, Caldéric créait les hommes, et distribuait à ses enfants les pouvoirs qui sont à présent les leurs.
Je t’ai déjà dit que Caldéric était à la fois père et mère de ces enfants, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Tu sais que tout à un coté bon et un coté mauvais. Caldéric, crée par la formation originelle n’était que bonté, alors, naquit du chaos primordial l’étincelle du mal….
L’étincelle…. oui, une étincelle, qui au début n’était rien, juste la petite chose qui rétablissait l’équilibre, qui devait donner aux créatures existantes les petits défaut tel que l’envie, la coquetterie, la gourmandise…
Mais ce qui n’était au début qu’une petite goutte d’eau dans l’histoire du monde pris bientôt des proportions terrifiantes. L’étincelle du début se nourrit des petits défauts des hommes, de la cruauté de certains animaux… Et cette… cette chose devint bientôt une entité à part entière, le mal personnifié, l’allégorie de tous nos travers, nos défauts, nos peurs et nos doutes.
Caldéric dut l’affronter pour permettre au bien de perdurer, il le vainquit en combat singulier et l’enferma magiquement dans une prison de bonté.
Malheureusement le mal était fait. Des hommes vénéraient déjà cette créature et la puissance de leurs prières lui permit, lui permet encore de ne pas mourir complètement.
Cette entité est connu sous le nom de Salmador. Si un jour tu croises l’un de ses disciples, fuis, fuis et ne réfléchis à rien d’autre.

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Je ne suis pas vraiment satisafite des noms, je vais y penser plus sérieusement, mais si vous avez des idées, je suis preneuse.
Ouaiiiiiiiiiiiiis merci!!! =)
On vas enfin avoir la fin, marchie =)



P.S: Je me trompe peut être, mais pour un livre ou toute autre oeuvre, il suffit de la faire enregistrer à son nom pour que personne ne puis s'en servir, même si tu ne fais pas commercialiser ton bookin... Enfin, je me trompe peut être.
Sur ces mots, il baissa la tête. J’étais sceptique, était-il possible que cette chose existe ? Le vieillard n’exagérait-il pas ? Le mal à l’état pur ? J’avais du mal à y croire, mais j’avais aussi du mal à croire à la présence des Dieux.
Machinalement, je posais une main sur son épaule, puis sans un mot, j’allais enlever le drap qui recouvrait le tableau, je le pliais soigneusement et le remis à l’homme, puis je sortis dans le froid de ce soir de février, je devais me hâter, il faisait nuit, mes amis allaient s’inquiéter.
Le mois de mars et mon anniversaire passèrent, j’avais 18 ans, je grandissais encore, Osgard voulait m’offrir des robes mais je faisaient toujours retoucher mes vieilles tuniques. Osgard se préparaient à repartir pour chercher sa marchandise aux quatre coins du pays, Amélia faisait notre bonheur et son premier sourire fut l’objet de commentaires infinis.
J’avais envoyé de mes nouvelles a Cydric, j’avais reçu une lettre en retour, me demandant de revenir au château dés le printemps. Je n’avais pas encore pris ma décision, mais il me démangeait de partir, je m’étais assez reposée. Peut-être allais-je accompagner Osgard et voir ce que le destin me réservait.
Dame Marianne décida de rester ici, avec Clarisse. Le maître des lieux n’y vit aucun inconvénients, bien au contraire. Je le soupçonnais d’être ravi de les retrouver à son retour.

Mi avril, le climat nous parut propice au départ. La vielle charrette avait été remise à neuf.
Après des au revoir touchants nous nous mimes en route en direction du nord, vers la capitale du royaume, la cité aux 7 vents, Hurlevent.

Chapitre 9

Au bout de quelques jours de voyage tranquille, nous arrivions en vue de Hurlevent.
Osgard nous fit arrêter en haut d’une colline et me présenta la ville. Je fus stupéfaite. Jamais je n’avais vu quelques chose d’aussi grand, les maisons, les jardinets s’étendaient à perte de vue. Des bâtiments plus haut, parsemait l’espace, Osgard me dit que c’était des temples et des bâtiments militaires ou administratifs. Au nord de la ville, un château magnifique, dentelle de pierre tout en hauteur semblait veiller, sentinelle élégante, sur le reste de la cité : le château du Roy.
Une grande enceinte en pierre et très haute ceignait la ville. Plusieurs portes en assuraient l’accès, toutes gardées par de nombreux gardes et protégées par un pont-levis.
Mon compagnon me dit que pour entrer dans cette ville il fallait avoir un laissez-passer signé par un personnage important. Si vous n’en aviez pas, vous étiez soumis à une enquête minutieuse.

Nous nous sommes dirigés vers la porte d’entrée sud, Osgard montra un papier qui lui ouvrit la porte sans difficultés. Il me présenta comme sa nièce, mais je sentis le regard suspicieux des gardes sur mes vêtements d’homme et mon épée au coté.
Il me semblait ne pas avoir assez d’yeux pour tout voir. Les rues étaient larges, mais très sales, la puanteur était présente partout, relent d’égout et de détritus. Les maisons étaient très hautes, a plusieurs étages ou semblaient s’entasser plusieurs famille. Des enfants courraient dans les rues, certains étaient fort mal habillés et nous réclamaient quelques pièces en s’accrochant au montants du chariot. Des hommes et des femmes passaient, certains vêtus somptueusement, d’autres en haillons que les premiers observaient d’un regard méprisant.
Parfois, dans l’encoignure d’une porte, un homme ou une femme dormait en boule, serrant contre lui une flasque d’alcool. Des chiens errants fouillaient à la recherche de quelques nourritures pendant que de superbes lévriers paradaient au bout d’une laisse tenue d’une main négligeante par une élégante.
Je gardais un visage fermé, j’avais déjà vu de la misère humaine, mais là, il y avait une sorte de fatalité qui me dépassait
Arrivant dans une grande rue passante, un amas de chariots bouchait le passage. Les conducteurs se lançaient des injures provoquant un brouhaha infernal. Mon loup était complètement affolé et il me sembla plus raisonnable de le faire monter à coté d’Osgard qui le calmait d’une main posé sur son col.
Avec la force d’une longue habitude, mon ami guida son chariot vers une hostellerie. Rien de comparable a ce que j’avais vu jusque la. Une foule de véhicules divers encombrait la cour d’une immense maison à plusieurs étages. Des valets et des servantes s’affairaient en tous sens. De grandes écuries bordaient les cotés de la cour. Une enseigne, toute dorée affichait le nom de l’endroit : Le Bœuf couronné.
Osgard laissa son véhicule au milieu de la cour, Feu-Follet sauta par terre et se blottit contre ma jambe, montrant les dents dés que l’on me frôlait de trop près.
.La salle ou nous entrâmes était immense, Deux cheminées se faisaient face ou l’on pouvait, me semblait-il brûler un tronc entier. Il y avait de très nombreux clients attablés, je remarquais parmi eux, à ma grande surprise, des hommes à la peau noire, d’autres d’un teint ocre, d’autres aux curieux yeux en amande. Le vacarme était infernal et ce fut miracle si Osgard nous fraya un chemin jusqu’à une table et héla une serveuse au teint gris de fatigue.
Il commanda un repas substantiel et demanda a voir maître Paul, le patron des lieux. Au bout d’un moment, une sorte de géant barbu et moustachu aux yeux rieurs serrait mon ami qui semblait minuscule à coté sur sa large poitrine. Puis, ce colosse d’homme me regarda avec un regard appréciateur qui me gêna. Osgard lui expliqua ma présence et j’eus droit à deux énormes baisers qui m’étouffèrent à moitié. Après notre repas, que je partageais largement avec un Feu-Follet très mal à l’aise, nous sommes montés au second étage. Là, Osgard ouvrit une porte et nous désigna notre chambre. Ca, une chambre. C’était plus grand et plus confortable que ce que j’avais connu à Tinville. Il y avait en fait deux chambres, séparée, luxe suprême, par un cabinet de toilette avec, je n’en revenais pas, une chaise d’aisance.
Osgard me désigna la seconde chambre, un peu plus petite mais beaucoup plus éclairée par une large fenêtre. Aussitôt, je l’ouvris et me penchais à l’extérieur. Cela donnait sur l’arrière de l’auberge dans une charmante petite cour avec un puits ou était disposée des tables ou il devait faire bon déjeuner par beau temps.
Je laissais la fenêtre ouverte et j’explorais mon domaine. Un grand lit avec un baldaquin, un petit bureau avec une chaise, un grand coffre à effets et un grand fauteuil près d’une petite cheminée. Sur la cheminée, un miroir entouré de deux chandeliers à 3 branches.
J’étais en train de déballer mes affaires lorsque j’entendis la sonnerie de toutes les cloches de la ville. Je fus assez étonnée, mais n’y prêtait pas plus attention que ça.
Tout a coup, je vis Osgard débouler dans ma chambre et se précipiter vers la fenêtre pour la fermer. Trop tard. Un vent violent s’engouffra bouleversant tout, dispersant mes vêtements, faisant tomber les chandeliers, faisant voler toutes les cendres de la cheminées et mettant les draps du lit sans dessus-dessous.
Puis, aussi brutalement qu’il était venu, le vent se calma. La pièce était dans un désordre indescriptible et j’étais couverte de cendres.
« - Cette cité n’est pas appelée la cité des 7 vents pour rien Sariel. Quand tu entends les cloches, surtout ferme fenêtres et portes. »
Sur ce, il me regarda, sourit et me souhaita un bon rangement.
Osgard, qui devait faire le décompte de ses visites m’envoya me promener en ville. Feu-Follet avec moi, garant d’une certaine sécurité, je parcourais les rues. Je passais par le quartiers des tanneurs, emplie d’une épouvantable puanteur, puis j’approchais le quartier des forgerons et des tailleurs de pierre ou là ce fut le bruit qui m’agressa. Enfin j’arrivais dans un quartier ou se tenait la plupart des marchands. Incroayble, chaque marchands vendait une chose particulière, moi qui dans les villages étaient habituée au bazar a tout vendre. Mais là… Des bijoutiers, des tailleurs, des marchands de cuirs, des chapeliers, des bouchers, des fruitiers, des pâtissiers, des boulangers… et même un vendeur de livre qu’on me dit s’appeler un libraire.
Je ne pensait pas être une femme futile, et pourtant, lorsque je rentrais à l’hostellerie j’avais les bras chargés d’eau de senteurs, de khôl et divers fards, de rubans pour mes cheveux, d’une très joli bague en cuivre ornée d’arabesques, d’un ouvrage sur les Dieux sans compter les pâtisseries que j’avais dévorées en route. Je me promis que le le,demain je serais plus sérieuse et que je me rendrais dans le quartier des temples.
Pendant ma promenade, les cloches avaient sonnées deux fois. Fruit d’une longue habitude, tous les marchands avaient baissés leur auvents, pendant que les passants se réfugiaient sous des proches. Un jeune homme m’avait poussé sous l’un d’eux, en profitant pour me serrer de près, ce qui lui avait valu une gifle et une morsure au mollet.
Le soir, curieusement, j’étais épuisée, je m’endormit profondément, et je rêvais à de jolies choses, les cloches ne me tirèrent même pas de mes songes.
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