Je ne donne pas beaucoup d'espérance de vie à ce thread mais bon
si.. peut-être que je vous parlerais de femmes nues et offertes à la fin si je vois que vous participez
Bon... (qu'est-ce qu'il faut pas faire)
"The Pillow Book", film de Peter Greenaway a été inspiré par le recueil des "notes de chevet" d'une dame d'honneur à la cour impériale de Kyoto (XIè siècle) - Sei Shônagon.
Je me suis récemment replongée dans ce bouquin à plusieurs reprise. Il est un de ces livres qu'on peut aisément feuilleter à loisir... et je voulais vous faire partager de ces instants piochés, vous proposer de vous essayer à son jeu d'évocations poétiques. Et par la même occasion, qui sait, vous faire découvrir une littérature différente de l'occidentale... une sensibilité particulière, et pourtant très accessible - si on en fait l'effort. (et non je ne parlerais pas de mon amour du cinéma oriental en général ce sera l'objet d'un autre fil qui sait ?)
Le principe du recueil, une succession de "Choses" comme sorties d'un inventaire des séquences de sa vie, des images que sa sensibilité a pioché dans sa vie quotidienne
Voici quelques exemples, je pourrais éventuellement vous en donner d'autres, si ça vous chante.
- Choses qui sont proches bien qu'éloignées -
Le paradis
La route d'un bateau
Les relations entre un homme et une femme
- Choses qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé -
Une natte à fleurs, vieille, et dont les bords usés sont en lambeaux.
Un paravent dont le papier, orné d'une peinture chinoise, est âbimé.
Un pin desséché auquel s'accroche la glycine
Un peintre dont la vue s'obscurcit
Un homme qui fut autrefois le héros élégant de nombreuses aventures amoureuses, maintenant vieux et décrépit
Dans le jardin d'une jolie maison un incendie a brûlé les arbres. L'étang avait d'abord gardé son aspect primitif, mais il a vité été envahi par les lentilles d'eau, les herbes aquatiques.
- Choses auquelles on ne peut se fier -
Un homme, vite rassasié, qui oublie facilement ses amours.
Un gendre qui passe souvent la nuit dehors.
Un bateau dont la voile est hissée alors que le vent souffle.
- Choses qui frappent de stupeur -
En nettoyant un peigne, on est arrêté par quelque chose, et il se brise.
La voiture dans laquelle on se trouve est renversée! On pensait qu’une machine aussi lourde, bien établie sur ses roues écartées, resterait toujours debout, et tout à coup on croit rêver; on se demande, avec stupéfaction, comment la chose a pu se faire.
Quelqu’un, enfant ou adulte, dit sans précaution, en présence d’une certaine personne, des choses dont il devrait éviter, par respect, de parler devant elle.
On a, toute la nuit, attendu un ami qui, pensait-on, devait sûrement venir. A l’aube, on oublie un moment cet homme, on s’endort; mais tout près, un corbeau croasse « kô », et l’on se réveille brusquement. Le jour est venu. On est frappé de stupeur.
Quelqu’un, en face d’une autre personne, parle avec assurance de choses qu’il ne connaît pas, qu’il n’a ni vues ni entendues, sans que son interlocuteur puisse le contredire. Stupéfiant aussi
Au concours de tir à l’arc, on tremble, on tremble, on hésite longtemps; enfin la flèche, déplacée, part dans une mauvaise direction.
Si ça vous dit de faire le même genre d'inventaire... enfin c'est une idée comme une autre ?
Tiens j'y pense à l'instant, mais ce recueil me fait énormément penser au concept du bouquin "La première gorgée de bière" version nippone
oui pour ceux qui sont curieux l'auteur c'est Philippe Delerm
|