Ah, on est repartis sur la charge des Dothrakis ? Cette discussion, et la façon dont elle ressort sans cesse, c'est vraiment une incarnation de tout ce qui ne va pas dans ce thread.
Sinon une peinture, une chanson, un livre n’atteins le statu d’œuvre que grâce à cette interaction entre elle, le ou les artistes, et le ou les publiques. Tu ne peux pas faire de dichotomie entre les trois mais tu vas plutôt étudié la façon dont ils interagissent.
Absolument pas d'accord, et c'est même l'énorme différence entre une oeuvre d'art et un produit.
Une oeuvre d'art existe avant tout dans l'imagination de son(ses) créateur(s). Elle s'incarne dans une chanson, une peinture, un film, etc. Et si elle rencontre un public et qu'il s'en saisit, elle devient un succès. Mais elle n'est pas créée pour le public et dans le but d'avoir du succès. Et un artiste se perd souvent quand il abandonne sa vision pour chercher à contenter son public.
A l'inverse d'un produit, qui est créé pour un public (un marché), et n'existe que par et pour le succès qu'il va rencontrer (ou pas).
Bal'E a linké un interview de James Hetfield de Metallica qui dit sensiblement la même chose.
Et c'est pour ça que le post Facebook de Mike Portnoy me semblait intéressant, précisément parce qu'il dit la même chose: au bout du compte, qu'on le veuille ou non, la série, en tant qu'oeuvre d'art, appartient à ses créateurs (au sens large), pas à son public. Et qu'on les aime ou non, les choix qu'ils ont fait, ce sont leurs choix, leurs parti-pris artistiques. Sont-ils parfaits ? Non, mais aucune grande oeuvre d'art ne l'est, et toute oeuvre d'art qui ne tend que vers la perfection technique devient vite chiante et plate (comme la musique de ces 15-20 dernières années, lissée et déshumanisée à grands coups de Beat Detective et Autotune, nous le prouve).
Non pas qu'il faille rechercher l'imperfection "gratuite" (encore que les punks auraient à redire à ça), mais qu'une recherche systématique de la moindre erreur et imperfection (comme c'est le cas de ceux qui regardent en image par image pour traquer la petite bête) est antinomique avec ce qu'est l'art.
Typiquement, l'histoire de la bouteille d'eau et de la tasse de café: souvenons-nous d'un des monuments du cinéma,
Ben Hur. Sur un plan de la course de chars, on se rend compte qu'un des légionnaires en arrière-plan porte une montre au poignet. Aujourd'hui, le film se serait fait tailler en pièces pour un détail comme celui-là. Quitte à occulter le fait que cette course de chars, c'est une des scènes les plus emblématiques (ou iconiques, pour employer un anglicisme à la mode) du 7e Art. Et des cas comme celui-ci, l'histoire du cinéma en regorge.
De la musique aussi, d'ailleurs: juste avant le solo de guitare de
Beat It (de Michael Jackson), on entend des coups frappés plus ou moins arythmiquement. C'est une personne de la production qui a frappé à la porte pendant la prise, et les micros ont repiqué le bruit. Dans une production "moderne", ça aurait été viré ou la prise refaite. Mais ils sont là pour la postérité, parce que cette imperfection faisait partie d'une prise qui était musicalement magique...et qu'au bout du compte c'est ce qui compte (un autre exemple c'est l'accord de piano et les rires au tout début de
Roxanne de Police).
Alors, qu'est-ce qui compte, au bout du bout ? Les émotions que la scène nous procure, ou le moindre petit détail discutable ?
Est-ce que le plus important, c'est qu'une scène soit techniquement parfaite, parfaitement cohérente historiquement et militairement parlant, ou qu'elle nous fasse ressentir des émotions ?
C'est pour ça que je dis que les réactions sur ce thread doivent nous interroger sur notre rapport à l'Art, et sur ce que nous en attendons.