Il n'y a aucune limite à a liberté d'expression, à moins de considérer l'incendie de bâtiments ou le lynchage de flic comme faisant partie de la liberté d'expression.
Pour la gestion pro-active des casseurs, vous êtes les premiers à hurler lorsqu'elle est mise en place, vu que ça implique d’interpeller des gens qui n'ont encore rien fait. Du reste, c'est exactement ce qui s'est passé lorsque ça a été fait certains samedi : des gens arrêtés préventivement et interdits de rejoindre les manifestations. Bien entendu, tous ont juré-promis qu'ils n'étaient pas des casseurs mais de gentils manifestants. Faut croire que les fichiers de la gestapo macronienne ne sont pas au point...
Enfin bref, puisque vous parlez du traitement des opposants, je rappelle que plusieurs gilets jaunes ont reçu des menaces de mort et ont été ciblés par des campagnes de harcèlement et de diffamations totalement staliniennes. Certains ont même été attaqués sur les ronds-points avec des liquides inflammables pour les faire partir. Je vous laisse deviner qui était à l'origine de ces agressions ciblées d'opposants. Une des caractéristiques des vrais mouvements totalitaires, c'est la pratique régulière de la purge.
Qu'on arrête de manière préventive (ou qu'on astreigne à résidence) un mec connu pour être membre d'une milice violente qui se vante de ses actions (Action Antifa Paris Banlieue, Black Block, LDJ, Bétar...), ça ne me pose aucun problème personnellement, puisque les gens revendiquent des violations individuelles et collectives, souvent en récidive, de la loi, et sont une menace objective pour l'ordre public. Il paraît que ça a bien marché pour lutter contre les hooligans (et je veux bien le croire).
Que ça serve à empêcher le père Michu de dire son raz- le- bol face à une politique dont il est une victime objective, pour un maintien plus pérenne des inégalités et des privilège de caste de gens qui se sont illustrés par leurs bassesses humaines et leur incompétence... Non. Juste non. Jamais. Or, le problème, c'est que ce genre de lois générale, ça n'impacte pas nécessairement sur le terrain les professionnels de la révolte, qu'on retrouvait déjà il y a un an à plus de mille à Paris en toute impunité... mais plutôt les mecs qui n'avaient pas de casier, qui montaient pour la première fois de leur vie dans une manif à Paris (toujours violente, ce qu'on ne rappelle jamais), et qui pète un plomb parce qu'il ne maîtrise pas les codes de l'exercice et n'en peut plus de se faire gazer la gueule.
Chacun doit assumer SES actes et SES paroles. Tout le monde, sans la moindre exception : ça n'est que comme ça qu'on sort d'un conflit, parce qu'il ne peut y avoir de paix sans justice. Et tout le monde sent bien que, s'il accepte de rentrer sagement chez lui, il n'aura pas terminé de fermer la porte du logement qu'il entendra Castaner et Macron l'insulter, et tous les autres (re)pointer le bout de leur nez pour chanter en choeur le chant du mépris des gueux. En tout cas, un sacré paquet de gens en sont convaincus à présent, et ne veulent pas avoir fait "tout ça pour ça". Quand on a regarde avec recul les 18 semaines passées (18 semaines !!!), comment en douter ? Comment ne pas comprendre que ce sentiment soit un minimum légitime ?
Quand j'entends les policiers du collectif "policier en colère", je suis d'accord avec eux, parce qu'ils abordent les différents aspects des choses. L'aspect terrain pour les flics (et on comprend comme c'est dur pour eux et comme ils sont professionnels tout en se faisant prendre pour des cibles d'un côté et pour des cons de l'autre). L'aspect critique des incompétences et du cynisme de la hiérarchie. L'aspect social mais aussi violent des mouvements ces dernières années.
Quand j'entends d'autres syndicats qui pleurnichent sur la police tout en validant la mentalité de guerre entre elle et la population qu'elle est censée protéger, sans jamais condamner les mains arrachées et les yeux explosés sous prétexte que "c'est bien fait pour sa gueule" (ou les relativisant mais en oubliant qu'il n'y a pas d'équivalent policier à l'heure actuelle, en tout cas pas que je sache), désolé, mais c'est un discours que je balaie purement et simplement d'un revers de main, parce qu'il ne va que vers toujours plus de répression et d'autisme (un moment, un acteur du jeu social DOIT être capable de se faire entendre relativement calmement, ce dont sont trop peu capables les syndicats majoritaires policiers, dont on se demande s'ils savent bien ce qu'ils font ou s'ils sont aussi cons que les autres ou simplement centrés sur leur seul nombril).
Quand j'entends Fiona Lazaar ou Gabriel Attal, qui se comportent comme des roquets inquisiteurs, j'ai juste envie de les mettre face à une dizaine de GJ en colère juste pour voir s'ils se comporteraient dans la vie réelle comme ils le font sur un plateau... M'est avis que non... Et la sagesse, ça comment là : dans la confrontation au réel et dans la prise de conscience des limites immédiates qu'il impose...
On a bien vu que le Gouvernement n'attendait que ça : réduire au maximum le nombre des GJ dans la rue et leurs soutiens dans l'opinion publique afin de sonner la fin de la partie d'une manière autoritaire et brutale. Le problème, c'est que ce pourrissement a vraiment eu lieu, mais qu'il a été d'une lenteur imprévue, et pas du tout aussi massif que prévu. Et que le reflux du soutien n'a rien d'évident. Au contraire, en dépit de tout, il reste fort.
A la limite, ce n'est même plus que les gens soutiennent les GJ, c'est que ce Gouvernement- là réalise l'union / la convergence des hostilités contre lui, précisément parce qu'il s'est isolé face à ses opposants après avoir détruit les corps intermédiaires sur lesquels il ne peut plus s'appuyer (en dépit de la mascarade du grand débat avec les maires qui n'a jamais été qu'un enfumage présidentiel de plus). Après avoir montré crûment son incompétence, ses inaptitude à la fonction, sa frivolité (Castarner en boîte avec une jeunette, Macron au ski... mais quel désastre de communication politique !!!). Après avoir contribué à affaiblir l'Etat par sa politique et par sa gestion calamiteuse d'une gestion de crise qui n'est que le prémisse de ce qu'il risque d'arriver sous peu dans notre pays.
Du coup, on serre la vis avec des lois difficilement applicables sur le terrain, avec des flics épuisés et au bord de la rupture, avec des gens peu nombreux mais très actifs et mobilisés qui ont vu que le gouvernement est à leur portée et qui vont tenter de vraiment l'atteindre et de le faire tomber, et avec des soutiens qui ne le sont plus vraiment et que par défaut, tant en France qu'à l'étranger (que pensent aujourd'hui les Européens de la lettre que leur a adressé notre glorieux président, cet enfant qui croit que les mots façonnent la réalité ?). Que reste- t- il à Macron, à part des postures grotesques qui ne cessent de l'affaiblir (le mec rejoint une cellule de crise à 22h30 ! A 22h30 PUTAIN !!! Mais même G.W. Bush était plus réactif avec son livre à l'envers dans une école le 11 septembre 2001 au matin...) ?
Quel effondrement...
Pour en revenir aux purges, nous n'y sommes pas, pas plus que nous ne sommes dans le totalitarisme. Nous sommes dans une sorte de révolte populaire, dont on trouve des similitudes tout aux long des XVIIIème (révoltes fiscales en provinces, journées révolutionnaires, mouvement Sans- Culotte, Terreur, répression de la Vendée, répression sous le Directoire ou loi Le Chapelier,...), XIXème (émeute des Canuts, grèves dans les mines et les usines pour la reconnaissance des syndicats et les revendications sociales, Commune de Paris...), XXème (grève des vignerons sous Clémenceau qui a modifié les lois militaires relatives à la conscription pour assurer une répression plus efficace, occupations d'usines en juin 1936, soulèvement d'Alger en mars 1958, révolte étudiante et mouvements sociaux de mai 1968...) et XXIème (Bonnets Rouges, Loi Travail, GJ...) siècles. Lire Arlette Farge notamment sur ces questions XVIIIème siècle). Il n'y a absolument rien de nouveau sous le soleil : au contraire, on est dans un schéma très classique de lutte des classes (mais alors pour le coup, ça peut vraiment se formuler de manière tout à fait marxienne). Il est étonnant d'ailleurs (en fait pas du tout, c'est évident) qu'on n'utilise JAMAIS la dialectique dans le discours médiatique : il faut absolument condamner la violence de la base, et ne jamais interroger ses causes ou ses modalités ("comprendre c'est être complice"... de même que "réfléchir c'est désobéir, désobéir c'est trahir"...). Les discours du haut sont juste affolants en ce moment.
On est dans une séquence profondément politique à la base, avec un parti présidentiel issu de la dépolitisation du pays et de la société des dernières décennies, et qui ne peut donc ni comprendre ni répondre à cette base, dont il prétend tirer sa légitimité et ses prébendes, et dont il exige désormais une obéissance immédiate en la menaçant, et tous ceux qui seraient tentés de la soutenir de près ou de loin, en actes, en paroles ou même en pensées...
Les cibles sont politiques et ont une forte portée symbolique. On parle de violence, mais on n'insiste jamais assez sur cet aspect des choses, dont tout le monde a tout de même au moins une conscience vague. Le Fouquet's, c'est la pizza de chez Lulu. Les Champs, c'est pas le boulevard de Clichy. Les casseurs, ce ne sont pas des pilleurs de banlieue, qui cassent, volent et repartent sans autre horizon que le consumérisme zombie. Les Champs, c'est le luxe, c'est Bernard Arnaud, c'est le monde qui a mis Macron au pouvoir, et qui veut bien que les gueux défilent mais loin de sa marchandise de luxe réservée à l'hyper-classe mondiale de passage à Paris. Le refus du Champ de Mars, c'était l'acte constitutif d'un affrontement éminemment politique.
Je n'aime pas les Black BLock. Je ne les ai jamais aimé. J'ai toujours souhaité que ce genre de groupe se prenne les FDO dans la gueule pour redescendre sur Terre rapido... Eux et tous ceux qui leur ressemblent.
Mais je comprends dans le contexte actuel que des gens se sentent finalement plus proches d'eux (sans pour autant casser eux- mêmes) ou ne se sentent pas le coeur de condamner leurs actes (même s'ils les déplorent et qu'ils auraient aimé ne pas en arriver là).
Dans le même temps, j'ai toujours voulu espérer être gouverné par des gens amoureux de leur pays, de son peuple, avec le souci du bien commun et dans un esprit d'éthique et de responsabilité. Je vois aussi le naufrage total du macronisme et de tout ce qu'il représente : il est tout ce que je ne veux pas, tout ce que je ne supporte plus. Et par ses contorsions PERMANENTES et son absence de probité, il est directement responsable (mais il n'est pas le seul, bien qu'il l'assume finalement très bien) de la situation actuelle de MON pays (et oui, c'est ma terre, celle de mes ancêtres, et je n'en ai pas d'autre, et je n'ai pas prévu de l'abandonner à qui que ce soit). Macron, c'est la première génération de gouvernants formés par Science Po à la sauce Richard Descoings, celle dont Attali disait des programmes qu'il faisaient de l'élite française des étrangers dans leur propre pays (et ce n'est pas peu dire de la part d'Attali...).
Le printemps va secouer...