C'est bien ce qui me gêne : pour le moment ce n'est pas de tous bords. La preuve, la gauche et les syndicats n'arrivent à savoir par où reprendre le truc. Je regrette aussi que lorsqu'on invite des GJ sur les plateaux, on les écoute se plaindre mais jamais on ne leur demande après avoir visité les pages de leurs meneurs et leur chaînes YT pourquoi on retrouve tant de commentaires liés à des idées qui font le lit de l'extrême droite, celles dont je te parlais au-dessus. Idem rapport aux revendications qui deviennent impossibles à satisfaire (c'est trop tard, c'est pas assez, on le croit plus), en fait tu décryptes que c'est la République qui est attaquée, et la République c'est le truc à abattre pour l'extrême droite. Tout ça c'est quand même vachement leur truc en terme de lexique et de leitmotiv.
Quant à la population, pour la manipuler c'est pas compliqué, surtout en période de vaches maigres, d'agiter le salaire, les élites, les taxes… c'est pas irréaliste non plus, suffit de creuser un peu au quotidien : tu trouves toujours par exemple des gens pas du tout antisémites (sans ironie, tu vas voir où je veux en venir) au sens idéologique du terme, mais qui trouvent que les juifs quand même ils aiment bien l'argent. Dans ce genre de mouvement la foule se fait souvent embarquer dans des trucs pas possibles, quit à dire après : on savait pas ou on a pas vu venir. La révolution de 17, le nazisme… l'histoire est remplie d'exemple du genre, de grands ou de petits courants qui sont ignorés au moment où ils se mettent en marche (c'est le cas de le dire).
Bref, je me plante peut-être, mais encore une fois je ne crois pas au truc spontané et l'hypothèse de l'Ed ne me parait pas du tout farfelue.
Très sincèrement je vois surtout les extrêmes courir après ces gens là, entre la nana antifa qui débarque dans un rond point pour dénoncer les fachos et les fachos qui parlent à tout le monde du 10 décembre comme de la fin du monde (rien que sur aujourd'hui)
Les gens veulent tout renverser car ils se sont mis dans l'impasse ou plutôt le gouvernement les a mis dans l'impasse en multipliant les marques de mépris ("les mecs qui fument des clopes et roulent au diesel", et autres phrases dévastatrices parfois sorties de leurs contextes), résultat ils ne se voient pas être restés 3 semaines dans le froid pour avoir obtenu un moratoire et une promesse de négociation.
La gauche et la droite c'est devenu pour eux la même choses étant donné que la plupart identifient leurs malaises à quelques dizaines d'années et les syndicats parfaitement ancrés dans le jeu politique ne font pas mieux à leurs yeux.
Maintenant dire que c'est téléguidé par les chemises brunes c'est une nouvelle fois dévastateur, c'est voler à ces gens leurs colères, comme si leurs ressentiments n'était qu'une illusion.
Personnellement j'ai de plus en plus de mal à garder un contact avec ses gens, ils se ferment et rentrent dans un syndrome de persécution collectif (la faute aussi a une communication désastreuse)
La question n'est pas qui est à l'initiative du mouvement mais bien qui va le récupérer car il faudra bien concevoir un discours en adéquation avec ce malaise qui ne transige pas sur nos valeurs fondamentales.
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