Manifesto : prévoyez le café avant et pendant la séance. Manifesto est à l'origine une installation multi écrans prévue pour les musées d'art contemporain. Le passage vers le format cinéma n'est donc pas nécessairement pertinent. C'est intéressant, certes, parfois même passionnant, mais il faut s'accrocher. Grosso merdo : Cate Blanchett interprète treize personnages, dans treize contextes bien marqués et elle déclame des manifestes sur l'art (que des textes du XXème). Le décalage entre le texte et l'image est parfois très pertinent (l'enterrement+le manifeste dada par exemple), d'autant plus que c'est plutôt bien filmé. Je ne le conseille pas vraiment, sauf si vous avez envie de vous taper un petit trip ou si vous avez une passion pour les théories de l'art.
Une année polaire : l'histoire d'un jeune danois qui quitte tout (pas grand chose manifestement) pour devenir instituteur dans le coin le plus paumé du Groenland. Apparemment, ce n'est pas tout à fait un film, pas tout à fait un documentaire. Quoi qu'il en soit, le personnage principal est attachant et toutes les problématiques qu'on s'attend à voir à l'écran sont bien présentes : stéréotypes danois sur le Groenland, les conditions de vie extrêmes, le problème de la langue, les traditions etc. C'est un contexte qu'on voit peu au cinéma, alors qu'il y a un imaginaire incroyable. Une année polaire aborde quelques points politiques, mais c'est très léger. Le fait de ne pas se focaliser sur l'instituteur est une bonne chose, la trajectoire de l'enfant inuit dans le film est intéressante.
Gueule d'ange : l'histoire d'une mère pas tout à fait adulte, et sa fille qui n'a, de fait, pas un quotidien très enviable. Par son approche, ce film a beaucoup de points communs avec The Florida Project. Gueule d'ange n'est pas simple à voir, il aborde la thématique de l'abandon sous un angle plutôt difficile. Un film qui met du temps à démarrer. Marion Cotillard est globalement juste et touchante dans ce rôle de cagole, même si cela peut manquer de subtilité. Le début est long, un peu lourd, mais la dernière partie du film vaut le coup, c'est une bonne surprise.
En Guerre : c'est une fiction mais tout est filmé comme un documentaire, c'est presque un mode d'emploi gauchiste (le réal n'est certainement pas neutre), les situations présentées dans le film ont du sens, tout sonne juste, et on sent qu'il y a eu un gros travail sur les dialogues. Tout est prévisible, mais la tension narrative fonctionne néanmoins très bien (et la musique aide bien, également). J'imagine par contre que le film est irregardable si on a une sensibilité de droite. Par contre, c'est la plus mauvaise fin de film depuis bien longtemps, et on a le sentiment que c'est une réécriture grossière. Pire encore, elle donne l'impression qu'elle est là uniquement pour Vincent Lindon. Peut-être que je me goure mais ça donne vraiment cette impression.
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