Un joueur défensif avant tout, d'accord, donc vous êtes bien resté en 2005, au moins c'est confirmé.
D'ailleurs en y repensant ce qui me fait marrer c'est qu'à l'époque où Federer se cassait les dents sur Nadal systématiquement, on lui reprochait (à raison selon moi, et surtout vu les résultats plus récents) de jouer au même jeu que Nadal plutôt que d'essayer de varier, justement.
Telle que je me le figure, un joueur offensif prend l'initiative, tout le temps, là où un joueur défensif va user son adversaire en le faisant jouer toujours un coup de plus. Mais on parle d'un des meilleurs joueurs de l'histoire du tennis, et du meilleur de l'histoire de la terre battue, alors évidemment que Nadal sait faire des choses et ne se contente pas de renvoyer la balle jusqu'à l'épuisement de l'adversaire. Mais c'est pas ce que j'ai dit, personnellement.
La grosse différence entre ces deux profils de joueurs (offensif et défensif), c'est la prise de risque. Est-ce que Nadal est un joueur qui prend des risques ? Non, ou très peu. Et la "révolution" majeure dans son jeu elle tient au fait qu'au lieu de rester en fond de cours et d'attendre la faute ou s'ouvrir le court pour s'offrir un winner "facile", va davantage monter au filet pour conclure.
Mais attention, ce n'est pas parce qu'il monte plus à la volée (cf les stats de Niluje) qu'il faut se jeter dans la brèche pour nous soutenir que Nadal est un joueur devenu offensif. Ses montées respectent quasiment toujours le même schéma : le mec est totalement dépassé mais réussi son coup de défense, offrant une volée pénalty à l'espagnol. Et ça, vous pouvez le vérifier dans 90% de ses montées. Ce qui explique ses statistiques dans ce domaine. Et ça, c'est une évolution qui était nécessaire pour briller ailleurs que sur terre et compenser l'usure naturelle de son physique (l'idée de raccourcir les échanges dès que possible).
Là où un Federer par exemple va monter à la volée, parfois à contre-temps, pour déstabiliser l'adversaire. Parfois, une seule volée suffira mais bien souvent (surtout face aux cadors), il en faudra 2 ou 3 de plus. Et les qualités de Federer dans ce domaine sont bien meilleures que celles de Nadal, pour la simple et bonne raison que le suisse a débuté sa carrière avec un style de serveur-volleyeur et surtout, est un joueur qui préfère prendre l'initiative et planter un coup gagnant, quitte à prendre des risques. C'est son jeu.
Si Federer s'est autant planté face à Nadal, en plus des raisons évoquées B£iss, c'est aussi parce qu'ils se sont beaucoup rencontrées sur terre battue, là où le style de Federer est le plus difficile à mettre en place et où, à contrario, celui de Nadal s'exprime le mieux. Ensuite, la raison est matérielle : sa raquette était ridiculement petite par rapport aux standards et ce, même au début des années 2000. Un tamis qui avait cependant un énorme avantage : la puissance. Mais avait aussi le très gros désavantage (surtout face à Nadal) de tolérer très peu le décentrage. Prendre la balle tôt quand elle est très liftée, avec un rebond démentiel favorisé par la terre, c'est techniquement extrêmement difficile, même pour Federer. Et il lui a fallu une coupure forcée et 6 mois d'entrainement et de travail pour dégainer le revers qu'on lui connait depuis 2017.
Il suffit de regarder les statistiques des H2H Federer-Nadal pour se rendre compte de la différence entre un joueur offensif, qui prend des risques et va commettre plus de fautes directes mais également réaliser plus de winners, et un joueur défensif qui commettra moins de fautes directes et réalisera moins de coups gagnants. Maintenant il faut également prendre en compte l'opposition, hors Nadal en a relativement peu à Roland Garros. Et si cela donne le sentiment qu'il agresse plus qu'il ne subit, c'est assez normal.