Le témoignage est intéressant, mais j'ai du mal avec le tutoiement dans la lettre, notamment le ton employé lorsqu'il écrit "Sébastien".
Si tu souhaites prendre quelqu'un à parti, je ne sais pas si employer un ton donneur de leçon et légèrement dénigrant est celui à prendre.
J'en suis même convaincu.
S'il ne reste que la forme à critiquer, c'est que le message de fond est au moins un peu passé, malgré tes ricanements sur la prison à ciel ouvert. C'est chouette (oui, j'ai envie d'être positif aujourd'hui).
Pour le reste je suis d'accord sur le fait que Jérôme Laronze devrait avoir le droit de ne pas respecter les normes sanitaires s'il le souhaite. Pour ma part du moment que le consommateur est informé au moment de l'achat, ou de la consommation s'il consomme des produits dérivés, que la viande a échappé à tout contrôle sanitaire, le vendeur comme l'acheteur doivent pouvoir faire ce qu'ils souhaitent.
Bon après à ce moment-là il ne faudra pas venir se plaindre qu'on ne parvient pas à vendre la viande.
Et bien justement, Macron parlait de mettre au pas au moins un agriculteur qui ne suivait pas à la lettre la législation sur le sujet du lait je crois (ie. je ne sais rien de ses pratiques hygiéniques, mais ça ne veut pas dire qu'il n'en a pas). Hors, cet agriculteur arrive à vivre de ses ventes et échanges sur la Zad. Et sans se gaver de subventions européennes qui lui permettraient de vivre plus ou moins bien. Si tu me dis que tu es d'accord avec ça, j'imagine que tu vas continuer à éviter de la ramener par ailleurs quand il s'agit de confondre ce qui est la loi d'un côté, et le bon et le juste de l'autre.
Si il y a des règles d'hygiène c'est bien parce que l'histoire nous a montré qu'il faut absolument être rigoureux là dessus. […] Le mec était probablement pas éleveur pour faire vivre de vieillesse ses bêtes.
Mets de côté les premiers paragraphes au sujet de Laronze pour te concentrer la suite : c'est le plus important.
Toi aussi, tu confonds normes et standards avec règles sanitaires. Encore une fois, c'est une (très grosse) erreur de rigueur intellectuelle que j'ai pourtant déjà corrigée plus haut (pourtant l'histoire nous a montré que la rigueur intellectuelle aussi était importante).
Et, tu sais, des quantités de paysans et même d'agriculteurs gardent au moins une petite partie de leurs «*mères*» (comprendre les reproductrices) mourir de vieillesse, parce-qu'ils les aiment bien et quand ils en ont la place ; c'est pas pour l'argent que leur fera gagner une vieille carne de toute manière.
Je ne compte plus les vieilles (ou jeunes) brebis «*improductives*» que des éleveurs me payaient pourtant à garder, en toute connaissance de cause.
J'imagine déjà les industriels se frotter les mains. Ils rêvent tous les jours de pouvoir choisir les normes qu'ils veulent bien appliquer et refuser les autres.
En fait, peu ou prou c'est déjà le cas. Ça reste vaguement pondéré par un système de délégués élus ou nommés, plus ou moins compétents, plus ou moins sous pression, plus ou moins intègres, et qui se sentent plus ou moins concernés, des chambres d'agriculture au parlement européen. De toute évidence, ce n'est pas tout à fait suffisant : d'un côté un Lactalis produit de la merde et rend quelqu'un millionnaire sans risquer la taule. De l'autre, même une fois mise de côté la différence d'échelle, on entend rarement parler des dommages de l'agriculture paysanne, hors norme ou pas. Et quand ça se produit plus ou moins (Jérome Laronze a-t-il empoisonné quelqu'un ?), la pression est telle qu'il craque et que la situation dérape.
Encore une fois, la présence de normes et de législation n'est pas forcément garante de qualité (et parfois au contraire). Pas plus que leur absence n'est garante de manque de qualité (et parfois au contraire).
D'un point de vue personnel, il me semble que les compétences, la formation, la diversité des méthodes, et la motivation (oui, l'ardeur, ça compte !) sont de bien meilleurs outils que des carottes et des bâtons souvent bien maladroitement passés.
Publié par
Zangdar MortPartout
Et le fait que les agriculteurs sont responsables en bonne partie de l’apocalypse bactérienne (résistance aux antibiotique) qui s'en vient, d'une perte massive de biodiversité et qu'ils représentent une source majeure de pollution on en parle des fois ?
Bien ouèj' le subtil changement de paradigme, mais ça ne passera pas non plus : je te parle de paysannerie, de production locale, et d'accords entre « producteurs » et « consommateurs », et tu réponds justement en parlant des dérives de l'agriculture conventionnelle,
made in FNSEA.
My point, exactly. Une fois ceci mis au clair, je peux te le dire : merci du soutien.
C'est cool, en fait quand on vous explique et quand on creuse un peu, on se rend compte qu'en fait, vous êtes tous des zadistes en puissance ⸮
[Modéré par Aedean : ... ]
Oui, c'est sur des prétextes d'hygiène et de traçabilité que des normes sont édictées. Et parfois même, c'est un peu efficace. Sauf qu'en fait, elles sont souvent rédigées après coup pour limiter un dérapage de l'agro-industriel déjà avéré, qui aurait pu ne pas se produire en paysannerie.
Parler des farines animale, c'est une extrêmement bonne idée de ta part parce-que ça va exactement dans mon sens (mais après tout, c'est ton droit de tendre le bâton pour te faire battre).
Sinon, je peux aussi te parler du puçage des brebis et de l'obligation de baguer les deux oreilles, puisque c'est un de mes domaines*: c'est une pratique qui peut avoir du sens dans les troupeaux quand ils dépassent une certaine taille, une taille qui est d'ailleurs souvent contre-productive en terme de prophylaxie. Ironique,
isn't it ?
Dans des troupeaux plus petits, en plus de coûter abusivement cher, c'est demander aux éleveurs de mutiler leurs brebis et d'augmenter les risques de blessures et de points d'entrée de maladies, tout en n'apportant rien en terme de suivi.
Ya deux textes qui parlent assez bien de ces problématiques aux adresses suivantes : «
Mes brebis comme des machines*», et «
Des moutons & des hommes ».