Enfin, faire une blague sur les blondes / femmes voire graveleuse n'est pas forcément une marque de sexisme.
[...]
Comme dit Timsit (j'ai bien aimé son spectacle "On ne peut pas rire de tout"), on devrait au contraire, pouvoir rire de tout avec tout le monde. L'ennui, c'est qu'on ne peut plus, chacun veut cloisonner son monde avec ses critères, ce qui engendre tensions, replis et méfiance. Le phénomène s'étend à tous les domaines et c'est dramatique pour la cohésion.
Comme tu le soulignes, l'humour n'est pas "juste" de l'humour, il a une portée bien plus grande. Sur le plan de la cohésion, par exemple, comme tu le dis, l'humour joue un rôle.
Et c'est pourquoi l'humour est problématique quand on rit
contre ou au dépens des femmes, homosexuels, trans, minorités, handicapés, etc.
Du coup, s'ils veulent s'intégrer, ils doivent rire, même s'ils trouvent ça blessant, et s'ils protestent, on les culpabilise à coup de cohésion et "c'est de l'humour".
Plutôt que de réfléchir à pourquoi on accepte sous couvert d'humour de se montrer blessant envers des gens, quand l'humour peut être drôle sans ça.
Note que oui, on peut faire des blagues sur quantité de sujets en étant drôle et sans être blessant ni raciste/sexiste/homophobe/transphobe/etc. Le fait est que quand des gens dénoncent un humour problématique, ils visent plutôt les blagues qui sont faites au détriment d'autrui.
L'humour ça n'est pas une protection pour dire n'importe quoi, et l'humour n'est pas neutre. A partir de là, il est important de réfléchir à pourquoi certaines formes de cohésion impliquent de se moquer de certaines personnes et pourquoi on les force à l'accepter comme normal.
Surtout, l'humour aussi véhicule des messages, qui contribuent à faire intégrer des idées comme acceptables.
Il me semble qu'il y a une confusion entre harcèlement et grossièreté/sexisme chez pas mal de personnes.
En fait, c'est surtout que des faits de harcèlement vécus par une personne peuvent n'être pas considérés comme du harcèlement par la loi, mais avoir un impact sur cette personne néanmoins.
Par exemple, mettons que je reçoive régulièrement des appels de démarcheurs téléphonique/arnaqueurs. Un pour me vendre des panneaux solaires, un pour m'offrir un bon d'achat de 1000 euros, un pour me dire qu'il faut que je fasse un nouveau bilan énergétique, un pour m'offrir un voyage, un pour une consultation avec une voyante, un pour me dire qu'il y a une anomalie sur mon dossier santé...
Bon, y'a un moment ou je peux me sentir harcelée, même si je n'ai jamais affaire deux fois à la même personne. Mais légalement, il n'y a pas harcèlement (a priori sauf si j'ignore quelque chose).
Une femme harcelée dans la rue, c'est le même principe. Il n'y a pas action répétée d'une personne, mais pour la personne qui est touchée, le harcèlement est réel. Légalement, elle n'a pas de moyens d'agir, mais ce n'est pas pour autant que ce qu'elle vit n'a pas de réalité.
Le truc c'est que le terme est le même, et que cette définition du terme harcèlement est valide aussi sur un plan sémantique. D'ou la confusion entre ce qui est vécu et ce qui est puni par la loi.
Ca ne veut pas dire que ces femmes ne vivent pas du harcèlement, ça veut dire que ce n'est pas puni par la loi.
On peut dire la même chose concernant les viols : des actes de viol sont requalifiés en agression sexuelle (jugement plus rapide, pas de procès en assise qui peut être intimidant, etc). Dans les faits, la victime a subi un viol. D'un point de vue légal, son agresseur (quand il est jugé coupable) a commis une agression sexuelle.
Il y a un décalage (à mon avis, inévitable) entre la réalité et sa perception judiciaire. Si on doit repréciser ce qu'il en est des lois, des textes, des jugements, pour que chacun connaisse ses droits et les situations ou il est possible de porter plainte et sur quelle base, il est aussi important de garder à l'esprit qu'on peut vivre des situations de harcèlement sans avoir de recours légal de par la forme particulière que celui-ci peut prendre.
Le dire ne relève pas d'une volonté de défendre cet "art de séduire" (
) c'est juste que se montrer con, grossier et prétentieux n'est pas suffisant en soi pour caractériser un harcèlement (et inversement se montrer moins direct peut quand même en être un).
Oui sauf que tu vois, on peut tout à fait entendre que non, on ne va pas condamner quelqu'un pour avoir juste dit
"t'as des gros seins, j'ai bien envie de te baiser, je vais te faire jouir toute la nuit" une fois à une passante dans la rue.
Ca c'est pas une défense du comportement, c'est un rappel que ce n'est pas punissable légalement.
Par contre, des gens qui défendent effectivement un art de séduire, il y en a. Regarde récemment, la défense de la "grivoiserie à la française". Au moment de l'affaire Baupin, au moment de l'affaire DSK, des minimisations sur le thème de l'art de séduire à la française il y en a eu aussi. Le fait est que oui, il y a des défenses de certains comportements tels que les agressions sexuelles comme étant inscrits dans notre façon de draguer, séduire, etc. Alors si c'est possible pour des agressions sexuelles, je te laisse imaginer ce qu'il en est de phrases, même vulgaires.