...
C'est surtout les plus pauvres et les plus socialement fragiles qui sont contre les systèmes ouverts (dont l'UE) qui les tuent au lieu de les protéger, et quel que soit leur âge (cf électorat du FN en France).
Ce qu'ils demandent d'ailleurs, via les partis dits "populistes" c'est plus du protectionnisme européen que de l'ouverture totale comme la pratique l'UE (en tout cas, elle est perçue telle alors que c'est plus nuancé : mais ces nuances sont inaccessibles à des personnes en détresse sociale). Comme l'UE ne leur donne pas ce besoin essentiel à leur vie, ils votent contre, ou du moins, ils votent pour que la contestation à ce modèle soit la plus haute possible, sans pour autant vouloir vraiment en sortir.
Le vote a montré la fracture que met en évidence pour la France Christophe Guilly depuis prés de dix ans. On parle de stupéfaction à Londres, et on s'étonne de ne pas comprendre le vote (et si on ne le comprends sincèrement pas, c'est bien pire...) des régions plus périphériques.
Tout le coeur du problème est justement là, mais jamais clairement formulé : l'opposition entre les systèmes ouverts qui bénéficient de l'Europe et de la mondialisation, et les systèmes qui n'ont pas les moyens de cette ouverture et qui subissent donc ces mêmes Europe et mondialisation (par leurs logiques territoriales propres, ou parce qu'ils sont justement dévitalisés et / ou polarisés par les espaces plus intégrés, qui sont eux- mêmes pris dans une logique d'accumulation et de monopole).
Le débat aurait été plus cohérent si le remain se plaignait du manque de protectionnisme. Mais c'est justement là où tu te trompes.
99% des arguments sur les relations avec le autres pays était présenté à la TV et dans les meetings à l'aune de l'excès de protectionnisme de l'UE!
Oui, tu lis bien: les leaders du leave ont passé leur temps à expliquer comment ils pourraient hyper rapidement faire des accords de libre échange avec les USA et la Chine car l'UE les en empêchait.
Et les gens ont gobé ça.
Alors peut être en France les populations les plus fragiles ont une autre approche et vue sur le monde, mais au RU, ils répétaient tous le slogan qu'ils pourraient s'enrichir plus en ouvrant les frontières sans l'UE. Il n'était nulle question de protéger les populations.
A la radio j'ai entendu un des économistes du leave, c'est limite s'il disait "au pire on ouvre juste nos frontières aux autres. On a rien à négocier, on veut juste le libre échange".
Enfin, pas dur à imaginer vu la tronche ultra conservatrice/libérale des leaders du Leave.
Plus le temps passe, plus je pense qu'une composante non négligeable du vote était une sorte de fuck you envers ceux qui se présentent comme plus éduqués qu'eux. Le nombre de reportages où j'ai entendu un leaver dire "I don't like being told what to do". Le souci, c'est qu'on converge vers la définition du populisme quand on rejette les technocrates, les universitaires, les profs d'écoles, les diplômés, les analystes, les gouvernants, etc... en bloc car ils "se croient mieux que nous".
Ceci n'est pas un argument, et c'est vraiment malsain quand l'électeur se prend pour un Zidane qui donne un coup de boule car on insulte sa soeur. On t'insulte ou tu crois qu'on t'insulte? Ignore les, wtf c'est pas compliqué... Vote pour tes intérêts, pas pour "punir", surtout quand ceux qui mettront en application la punition vont probablement paupériser encore plus ta CSP...
Les gens là ils ont suivi des leaders qui feraient passer Madelin pour un modéré.