La CECA et la CEE avaient dès le départ un objectif politique et non économique : parvenir à la paix et à une intégration progressive des pays dans une nouvelle entité (effet de spill-over)
L'économie n'était qu'un moyen pour y parvenir. C'est la politique des petits pas. L'idée est que le développement économique crée une interdépendance entre les pays qui ne se font plus la guerre.
Autant que je sache, les échanges économiques ont toujours été massifs entre grandes puissances, et n'ont pourtant jamais empêché les échanges de bombes .
Tu te fais ici l'écho des lumiéristes qui ont eu l'idée raisonnable et pas du tout croyante de
remplacer le dieu spirituel par le dieu argent avec tout ce que cela comporte comme miracles à venir: la paix entre les nations (on l'a vu en 14-18 où les échanges entre grandes puissances européennes battaient leur plein), l'art (je trouve que les squatteurs de Lascaux se sont bien débrouillé malgré l'absence de financement par le ministère de la Culture) et l'amitié entre les hommes (l'avidité étant comme chacun le sait source de liens étroits entre personnes désireuses des mêmes choses).
Je pense que les européïstes de l'époque d'après guerre étaient bien moins idiots que ceux de l'époque actuelle dans la mesure où ayant connu l'horreur de la guerre, ils ne traînaient pas avec eux d'idéologie négationniste sur la réalité du genre humain en général et sur l'Europe en particulier (comme on nous explique aujourd'hui qu'il suffit de faire voter un texte disant que
les européens sont complémentaires et pas concurrents malgré les 2000 dernières années pour que chose se fasse). C'était aussi une époque où les hommes étaient éduqués, connaissaient l'histoire et ne se serraient jamais permis de réduire le projet européen à de vulgaires aspirations humanisto-adolescente.
Mais c'est malheureusement ce dans quoi la pensée post-moderne patauge aujourd'hui, en témoigne la médiocrité des solutions proposées tel ce prix nobel de la paix qui ne fait plaisir qu'aux adeptes de la pensée magique.
Ensuite j'ai lu plus haut (Borh je crois) que l'Europe pêchait par manque d'intégration alors que c'est précisément ce qui fait freiner des 4 fers à tous les européens, même les sceptiques d'hier: je ne comprendrais jamais cette tendance à penser que face à un mouvement contraire massif, il faut pousser plus avant pour régler le problème.
L'Europe de vos rêves (fédération) ne fonctionnerait que si les peuples européens ne se voyaient pas comme issus de peuples différents, et l'exemple donné de la Suisse est un mauvais exemple puisque tous les Suisses se sentent suisses, d'où l'absence de questionnement quant à savoir qui commande parmi les communautés de langue (ou de façon moindre).
-> comment espérer que cette question ne se pose pas pour l'Europe et génère en retour une montée des nationalismes quand toute l'actualité nous prouve que les dirigeants français ou allemands sont absolument français ou allemands lorsqu'ils se rencontrent et pas du tout européens? En fait comment espérez-vous que les gens cessent de ressentir ce qu'ils sont (issus de nations aux visions et intérêts très différents) pour devenir ce que vous aimeriez qu'ils soient (à savoir européens), sans être en même temps incapable de définir ce qu'est être européen?
Pour moi, il ne saurait y avoir d'Europe réelle sans culture européenne (= au delà des textes de loi qui ne sont pas bibliques et que pour ces derniers personne ne respecte d'ailleurs, c'est vous dire l'autorité naturelle que peut espérer un fonctionnaire bruxellois
) , or ce sont les mêmes qui vont prêcher une Europe idéalisée d'un côté et qui combattent de l'autre côté toute idée
. d'héritage culturel fort (
the world is flat, toutes les cultures se valent, fin du politique en somme pour laisser la place à de la gestion pure et simple)
. de frontière absolues (non, la Turquie ne fait pas partie de l'Europe, on pourrait d'ailleurs en dire autant de certains pays de l'Est)
. de participation démocratique des peuples (j'ai voté pour la dernière fois en 2005, essayez de deviner pourquoi).
. d'une volonté de puissance assumée (bouh, c'est fasciste l'ambition de ne pas être esclave des desiderata des autres puissances)
Insulter les peuples à la moindre occasion et attendre des encouragements en retour, se départir de toute autorité face aux autres puissances et institutions faussement internationales et vouloir apparaître comme une entité protectrice inspirant la confiance...
En effet la tâche est ardue.
En fait je pense que pour les idéalistes actuels,
le principal problème de l'Europe ce sont les Européens. Ils me font penser aux actionnaires des grandes entreprises qui font mine de ne pas comprendre que leurs profits proviennent du travail de salariés qu'il daignent à peine considérer par ailleurs... Quelle époque intelligente et responsable mes amis!
ps: il y a quand même une bonne nouvelle, l'Europe Star et Humaniste vient de réduire de 1 million d'Euros sa dette grâce au Nobel!