Je veux pas être méchant mais ca, c'est le discours typique de ceux qui l'ont eu.
Pas que je ne sois pas d'accord avec toi sur le fond, mais ca ce n'est pas recevable. Le principal défaut d'un concours étant de classer...ceux qui s'y présentent exclusivement, et n'étant pas un gage intrinsèque de qualité. Son second défaut étant dans sa forme même, ce n'est pas seulement une question de niveau mais aussi une question de "savoir gérer un concours". C'est problématique en sciences notamment, parce que si le mec qui défonce tous les autres a besoin de plus que le temps imparti pour cela, il ne passera pas. en gros il vaut mieux être assez bon et rapide que génialissime et lent.
C'est un choix, mais de la à le présenter comme le meilleur il y a un pas que je ne franchirai pas.
J'avoue que je me suis laissé allé à une petite bassesse. Mea Culpa.
Ce que tu pointes comme des "défauts" n'en sont pas à mes yeux. Je dirais tout simplement que ce sont les règles du jeu qu'on demande de jouer au candidat qui veut obtenir ce pour quoi il travaille. Et ça n'a rien d'évident pour les candidats, dont la plupart chutent en fait parce qu'ils n'ont pas intégré ces règles pourtant vitales.
Sur ce point je suis d'accord, le premier élément de réussite n'est pas la qualité de la personne ou son niveau, mais sa capacité à jouer selon les règles données par le jury / l'institution, et à réussir dans ce cadre. Ca oui, c'est à mon sens l'élément majeur. Je me souviens que tous les profs à la Sorbonne insistaient sur ces règles à maîtriser, qu'un membre actuel du jury que j'ai eu comme prof avait parfaitement résumé par une formule que je n'ai jamais oublié : "
la réussite au concours n'est pas une question d'intelligence, mais d'intelligence du concours".
Oui, il y a des gens brillants qui n'obtiennent pas le concours parce qu'il y a meilleur qu'eux dans la maîtrise de ces règles, et oui, ça peut paraître injuste. Mais dans le même temps, ça ne l'est pas vraiment, parce que la nature même du concours fait qu'on recrute un certain profil (comme pour n'importe quel poste dans le monde du travail je pense), pas fermé ou stéréotypé, mais assez clair : culture générale large et solide, forte capacité de synthèse, capacité à s'exprimer clairement en allant à l'essentiel et en étayant son propos sur des exemples choisis et variés, capacité à maîtriser rapidement l'essentiel de pans entiers de l'historiographie (même superficiellement). En gros, ce sont toujours les mêmes éléments qui reviennent, et qui permettent de penser qu'en somme, le "bon agrégé moyen", n'a rien d'un génie, mais doit être en revanche un "solide généraliste". Et la base de tout pour réussir, c'est de comprendre que ça n'est pas le concours qui s'adaptera à toi, mais que ça sera à toi de comprendre la logique du concours pour la maîtriser et, peut- être, obtenir le concours : il faut du réalisme, et le réalisme fait souvent défaut à la majorité des candidats.
Et surtout, ce qui manque à la plupart, c'est la culture du concours. Trop ont l'illusion du diplôme, l'illusion faussement démocratique que la sélection n'existe pas. Un concours du type de l'agrégation repose tout entier depuis sa création sur la notion d'excellence, et implique une sélection que je n'hésite pas à qualifier de "sauvage" (pour celle d'Histoire en tout cas). J'ai croisé beaucoup de gens qui se pointaient après des années de facs, et qui se ramassaient au concours. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... toujours avec des notes misérables. Ils incriminent le concours, disent que ça n'est pas juste, que ça devrait changer... mais aucun ne se demande à la base s'il a vraiment le niveau pour le passer et l'obtenir (comme si c'était un droit...) et surtout, s'il s'y prend comme il faut pour le faire (parce qu'au fond, c'est ça le vrai paramètre). Car le concours est un moment de vérité : on accepte de se livrer à une sélection réelle, qui va vraiment pointer du doigt toutes les lacunes qu'on peut avoir. Si on n'est pas prêt à la critique, il vaut mieux ne pas aller dans cette voie, parce que ça fera mal. Mais si on accepte humblement la critique et qu'on essaie vraiment de voir où on s'est planté et comment on peut s'améliorer (dans l'optique du concours, toujours), alors on peut avancer très vite. C'est un moment pendant lequel on ne peut pas se mentir, et c'est ça que j'aime au fond. Le mec qui ne sait pas tenir son temps, il peut bien se dire qu'il aurait pu faire ceci ou cela... oui, mais dans la réalité d'une épreuve chronométrée, il n'a pas été capable... il n'est donc pas aussi bon qu'il aurait aimé le croire, il n'est pas au niveau, parce que d'autres au moins aussi bon que lui ont su faire ce que lui n'a pas su faire. point final. Oui, c'est bête, c'est cruel. C'est la vie, c'est le principe de la sélection.
Tu dis que c'est un défaut de classer. Et bien non : c'est la nature même du concours que de faire un classement, c'est sa finalité. On recrute les meilleurs (pas dans l'absolu : les meilleurs selon les normes du concours), on les classe, et en fonction de ce classement, on leur donnait la place qu'ils choisissaient (avant, parce que maintenant, ça ne se passe plus comme ça, sauf encore dans certains concours de la fonction publique).
Savoir gérer le concours est justement le premier critère de sélection. Cela suppose de savoir gérer le temps des épreuves. Mais que serait un prof qui ne saurait pas gérer le temps de son cours et de sa programmation ? Tu vois le lien, et tu comprends la logique de la sélection. Savoir faire une vraie dissertation de concours, ou un vrai commentaire de concours, dans les temps impartis, parce que c'est aussi ça qu'on aura ensuite à enseigner (avec des nuances, évidemment) : qu'enseignera un prof qui ne sait pas organiser sa réflexion selon un plan clair et ordonné, dont les cours ne seraient qu'un méli mélo indigeste et informe dans lequel ses élèves ne comprendraient rien parce qu'il n'y aurait aucune logique argumentative ?