L’air résonnait d’un bruissement terrifiant... Presque un millier de dragons se dressaient sur leurs pattes postérieures, les naseaux dilatés, le regard froid du reptile aux aguets.
En face d’eux, sur les collines de l’autre côté de cette immense plaine, d’innombrables sorciers d'Asmodéa. D’aucuns les disaient milles, d’autres riaient fort en les prétendant cinq milles. Et c’est de l’ordre de la moitié de ce dernier chiffre qui se situaient là.
D’où venaient-ils ? Que voulaient-ils ? Pas plus que les dragons, personne sur notre île ne les avait jamais vus. Les intouchables, deux royaumes, frères et ennemis, Thaystun et Thaysteudeuh, étaient soudainement apparus.
Nul d’entre nous ne comprenait ce qui se passait. Nous ignorions même s’ils respecteraient la règle vis à vis des plus faibles. Cette règle si ténue, devions-nous compter dessus ?
Puis une soudaine rumeur. "Ils se sont pas là pour nous" se répandit dans toutes les contrées comme une traînée de nova. Mais alors pourquoi ?
Tous, nous l’ignorions. Même les plus fous n’auraient jamais inventé cela.
Car il semble à présent certain, au cœur de chacun ayant put les voir de loin rejoindre leurs positions de combats, qu’ils n’avaient d’autres buts que de s’entre déchirer.
Personne, personne n’osa y risquer un émissaire. Il est des tailles militaires qui font éviter certaines ingérences.
Et ils se trouvaient là. Imaginez.
Imaginez deux telles armées ainsi rassemblées. Les cris explosifs de défis des dragons. Les psalmodies funèbres chargées de haine des sorciers.
Une atmosphère terrible. Deux sons discordants, ennemis jusque dans l’air, qui se marient en un oral combat pour venir en nos terres porter la nouvelle de ce fabuleux duel.
Tout à coup, le silence...
Puis, les craquements milles fois amplifiés du cuir reptilien qui se tend sur les muscles qui se bandent. Des mâchoires infernales, bouches de l’enfer pour le moins, qui s’ouvrent et se referment.
Et l’assaut !
Ils hurlent, ils courent, ils sautent, et à mi-chemin se stoppent comme un seul et lâchent un feu incommensurable. Une vague d’une densité inimaginable, de 3 âcres de largeurs, file vers leurs ennemis.
L’assaut fut si vif et rapide que les sorciers ne peuvent se protéger suffisamment. Les magies ne sont rien face à telle furie brûlante. Leurs rangs se clairsèment comme un champ de blé ravagé de vent sous la tempête . Les hommes se couchent, se calcinent, se meurent. Il est impossible de savoir combien rejoignirent ainsi leur Dieu. Mais plus d’un demi-millier, c’est une évidence. Cette vague, cette comète ardente, fut un tel prodige qu’il est impossible que jamais notre île n’ait connu cela.
Mais les sorciers, rompus à la guerre, en pleine maîtrise de leur art, d’immédiatement vouloir riposter. Et leur incantation, interrompue par la première vague, de reprendre de plus belle. En l’espace d’un instant, l’air vibre d’une pression comme si un Dieu mineur prenait la terre dans un étau et serrait. L’espace semblait rétrécir. Le temps s’arrêter.
Et cette bulle de non-temps tout à coup d’enfanter : une tornade de lumière et d’éclairs débouche du sommet de la sphère. Absorbant sa substance, elle s’étire en longueur vers les cieux, puis redescend vers les dragons alignés au fond de la cuvette. Et le choc.
Le choc phénoménal.
Comme un tremblement de terre de source surfacique. Les têtes sont arrachées par le souffle. Les corps des mastodontes vacillent sous la puissance. Mais c’est une incroyable résistance que représente ce front serré.
La boule se reforme autour des mages alors que les dragons reprennent leurs positions pour passer à l’attaque. Leurs mouvements entraînent la chute de leurs morts encore enchevêtrés, qui n’étaient soutenus uniquement que par la promiscuité. Ils se grimpent dessus pour se rassembler et refaire tonner leurs souffles unifiés. Ils semblent moins nombreux de près d’un quart des leurs, et c’est éberlués par leurs propres morts qu’ils font une erreur. Ils ne sont pas prêts. Ils se sont laissés surprendre. La boule en face déjà laisse échapper un second panache. Elle se vide pour le propulser aussi haut dans le ciel, puis il retombe.
Leurs cris d’effroi cette fois ont le temps de sortir. Ils savent leurs futurs incertains mais clament leur haine à cette mort qui file comme un cheval au galop à leur rencontre.
Et c’est le second choc dans les rangs de la vallée.
Dans cette épouvante de bruit d’os décharnés et projetés, les choses semblent ne plus exister. Et c’est un silence impénétrable qui recouvre les premiers instants après l’impact. Le cercle de la déflagration sonore est en train de disparaître que déjà ...
Que déjà on sent cette onde silencieuse d’un mouvement gracieux de près de cinq cent cous qui se cambrent d’un seul temps !
Et, sans un signal, sans aucun signe d’une coordination autre que surnaturelle, ou instinctive, toutes les têtes d’un coup se propulsent en avant et en bout de course, crachent à leur tour leur pouvoir de répandre la mort à distance.
Une deuxième vague. Les mages s’y attendaient mais leur bulle en reconstruction ne peut plus assez pour eux. Et c’est horrifiés qu’ils revoient la même chose, qu’il n’y a qu’un instant, ils venaient de subir. Un mur. Un mur mobile et accourant vers eux. Un mur de feu.
La chaleur les prend de plein fouet. Elle les encercle et colle à la bulle. La boule d’énergie magique ne peut résister, et perdant du terrain, elle offre beaucoup des siens aux flammes mortelles. Tous ceux de la périphérie voient en un instant leurs moments se finir.
Et alors que la plupart des sorciers regardaient les leurs brûler autour d’eux. Un cri d’horreur naît de l’avant.
Les Dragons ont recommencé. Loin de se laisser impressionner par le double assaut qu’ils ont subi, ils ont relancé une de leurs attaques. La première n’était que riposte. Mais la précipitation leur donne un crucial manque de coordination. La seconde est de loin moins cruelle que la première. Ou sont-ce les mages de l’avant qui ont sut se reconcentrer pour mieux la force dans la bulle insuffler et les protéger ? Car cette fois la bulle se rétracte moins sous le poids des flammes. Plus petite, moins d’hommes se retrouvent à nu lorsqu’elle diminue.
Les survivants, entendent alors, du fond de leurs rangs, monter une complainte, un chant, une incantation. Les premiers rythmes, ils les reconnaissent tous.
Qui a lancé cette tactique ? Personne ne le saura jamais.
Ils vont tenter une chose incroyable. Ils le savent et en sont parfaitement conscients. Tout aussi conscients que ceux du bord de bulle se savent déjà morts si les dragons recommencent. Alors c’est d’un cœur sans remords, sans même peurs, qu’ils reprennent tous les battements de la psalmodie.
Et c’est interloqués que les dragons du fond de la vallée, voient doubler cette fois le diamètre de la bulle. Instinctivement ils savent que tout va se jouer.
Si les sorciers ratent ce sort là, ils n’auront plus d’énergie pour gonfler leur boule protectrice. Toute leur vitalité va passer dans cet assaut.
Tenir
Il faut tenir.
S’il n’en reste qu’un, qu’un seul d’entre eux, les sorciers ne pourront plus rien. Même courir leur sera impossible. Les dragons bavent à l’idée d’être ce dernier. Les muscles se bandent. Ils vont les massacrer dès que ce sera passé.
Et deux comètes commencent à grimper. Elles partent de droite et de gauche et grimpent en diagonales opposées. Les dragons les regardent. Ils savent leur destination. Ils savent qu’ils vont souffrir. Quelques-uns ont encore le temps de se resserrer au milieu de la troupe pour le devenir, ce dernier.
Et dans ce sifflement affolant de deux tornades magiques, les cœurs s’arrètent.
Les sorciers conduisent chaque projectile par la force de leurs pensées communes.
Ne pas les rater.
Nous n’aurons pas d’autre chance. Tout est fini après ça. Pour eux, ou pour nous.
Ils froncent d’un même geste les sourcils au moment de dérouter les comètes pour les faire redescendre.
Les troupes de la vallée se rassemblent insensiblement. Chaque flan fait face à la menace. Les griffes s’enfoncent en terre, les articulations craquent. Les dragons deviennent statues de fonte. Inébranlables.
Et les doubles chocs. Mariage de deux folies pour aucun meilleur mais seulement le pire.
Comment traduire cette furie de magie ? Comment expliquer ce terrifiant moment où les corps s’enfoncent les uns dans les autres ? Sans même un cri audible dans cette explosion de bruit ! Comment retracer le changement de regard de ces reptiles, passant de confiants à espérant, puis à mourants. Et ce bruit infecte de ces os broyés quand les deux comètes viennent à se fédérer ? Comment l’oublier ?
Le silence.
Tout était fini.
Plus rien. Strictement plus rien ne bougeait, ni en haut, ni en bas.
Les sorciers encore sous le choc ne comprenaient pas que ce qu’ils contemplaient était un tas d’ossements blanchâtre et informe, fondus soudés par leur énergie.
Plus rien. Plus trace de vie en bas.
Les mages d'Asmodéa avaient vaincu. Ils étaient survivants.
Voici, mes amis, la légende que l’on conte parfois à nos enfants, pendant les très longues soirées d’hiver.
De ce qu’il advint de ces gens, personne ne le sut jamais. La légende raconte que les terres s’avalèrent l’une l’autre. Certains dissidents conspuent le pouvoir de s’être joué une partie d’échecs pour son amusement. D’autres encore avancent que c’est leur Dieu qui voyant ce massacre sans nom, les punit d’une disparition immédiate dans les tréfonds. Mais cela ne se peut. L’enfer ne saurait être pour ces mages survivants, qu’un piètre châtiment. Ils l’avaient déjà vu, l’enfer, véritablement.
A présent de ceci, on dit aussi que si l’on creuse un peu la vallée dite de TristeThaystes, on tomberait sur une matière étrange et maléfique. Blanche ivoire. Une matière fondue il y a longtemps, par une force magique incroyablement puissante, et que le temps aurait fini par refroidir et recouvrir de terre.
Mais alors pourquoi ? Pourquoi entend-t-on parfois comme des hurlements ?
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Voilà. Du fait de ma participation, je m'arroge le droit le donner mon opinion, même si les lignes qui vont suivre me couperont sans doute tout espoir d'accession à une clef. J'ai joué le jeu, la modération laissera peut être passer ce qui n'est qu'une opinion.
Je trouves extraordinairement désagréable, voire insultant, d'apprendre que je n'ai pas put récupérer une des 4000 clefs libres à la loyale car des mecs se sont permis d'en roxer 10, 20 voire peut être même plus, pour ensuite édicter leurs propres règles de sélection. Que cette dernière se fasse sur du RP, sur de la qualité d'imagination ou de grammaire, sur les euros en crédit sur un compte ebay, sur le poids d'une amitié réelle ou virtuelle, sur la féminité d'une voix sur ventrilo, ou tout autre critère de vos centres d'intérêt, ne change rien au fait que ça me dégoûte profondément.
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