Chant d'Io et Eme

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Dans la plus grande lumière qui abrase l'horizon
Et fait étinceler l'innocence et la vive beauté
Il y a toujours une petite part d'ombre tout au fond
Cette part consubstantielle de la lumière, comme innée

C'est un grand jour pour Eme, le sans-sous fier
Hiératique dans le midi de la place de Cairnkegg
Ici à Ringfell on s'apprête aujourd'hui comme hier
A fiancer deux âmes sensibles, avec l'amour en leg

Eme et Io ces deux-là sont un, regardez-les bien
Faits l'un pour l'autre, cheveux au vent, debout
Mais le destin est un escamoteur qui tourne sa roue
Et mêle le clair et l'encre en un jeu de boîtes malin

Le père ! - quoi ? - le promis n'a pas assez de dot
Et point d'épousailles pour Io en larmes, Eme blème
Rien n'y fait, tempêtes et pourparlers, même si on aime
La loi du commerce étreint et broie les mots en glotte

Eme part alors avec cette promesse, devenant dette
Cent peaux de bêtes féroces il rapportera au père
Et l'accord du fou conclu, prend ses armes de guerre
Et serre cuirasse, étuis, ceintures, lame et hachette

La main d'Io il aura, il en est sûr, sûr de sa jeunesse
Au retour le ruban d'Io il arborera sur sa lance !
Ainsi de très loin l'on verra ses amis en liesse
Et mariage et bonheur préparent la future danse

Semaines et nuits que le temps est long malgré l'espoir
Ringfell cache entre ses plis terreurs pour le preux
Eme et ses amis taillent, piègent et rusent comme ces dieux
Changefaces, et vite cent peaux sont comptés dans le noir

Ivre de triomphe, accompagné par la lumière de la joie
Et ses cortèges de trombones et des flûtes endiablées
Eme et comparses gorgés d'assurance et de juste foi
Reprennent le chemin de Cairnkegg pour être fêtés

Tout est joué, le jeu de boîte se grippe et se fige
Il n'y a pas de revers pour celui que le bon droit porte
Quand l'amour l'entoure comme un dai qu'on érige
Eme oublie de hausser le ruban, en tête de cohorte

La boîte bouge et le jeu se recrée entre les pièces
Fragilité de deux vies, Io comprend que son aimé
N'a pas survécu aux tourments malgré sa hardiesse
Le visage de son coeur en un instant se rouille, défiguré

Rien n'arrête Io, court sa vie et sa peine, jambes affolées
Les larmes elles ne les sent plus, la jeune enamourée
Jusqu'aux rafiots-roche à perdre haleine, qu'importe !
Pour celle qui est déjà morte... elle saute dans l'éternité

La chute est brève, là puis soudain absente à jamais
Eme dans quelques moments saura, en place du bourg
Que peut l'âme quand la nuit y a fait son domaine sourd
Que ne nourrit qu'un feu, qu'un cri, sans avant ni après

La planche du quai grince en écho au coeur sec du fiancé
Blanchis en une nuit sont ses cheveux, face au rien d'une vie
La boîte du destin tourne d'un cran et Eme sûr se sacrifie
Il plonge dans le Deadspell rejoindre son feu et son cri

L'on dit qu'au crépuscule, un coeur pur et dénué de tourment
Peut parfois voir dans le vide nébuleux, fugitivement révélés
Deux éclats de roche laiteux, miraculeusement chevillés,
Souvenir et apaisement d'Io et Eme les merveilleux amants

Et si toi, lecteur, tu passes à Cairnkegg va vers les quais enténébrés
Dans le fort de ton être crois et ferme les yeux, fais-toi sérénité
Et dans l'attente devant toi, aime l'amour d'aimer qui est l'unique beauté.
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Guilde Loge Onarius
http://spellborn.onarius.net/forum
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