Un jour qu'il traversait la plaine des bouftous, il apperçut deux silhouettes noires. Intrigué par ces mouvements furtifs, voire craintifs, il s'approcha et les salua. Il fit alors la connaissance de deux roublards, l'un portait le nom d'Abbadhon et l'autre de Maxiboulette. Qu'ils étaient beaux dans leurs sombres habits maculés de sang séché... Les roublards traitèrent l'éni avec indiférence, même si Abbadhon dut retenir sa compagne d'agression pour qu'elle ne mange pas l'éni tout cru. Le mal appellant les deux compères roublards, ils prirent rapidement congé de l'éni non sans avoir glissé dans la conversation les secrets de la confrérie: trouver un arbre maléfique abritant l'homme étant à la tête de la confrérie: Vil Smisse. Défiant les marigots les plus poisseux et les tombes les plus versatiles, il arriva devant le chêne. Au beau milieu du Cimetière de la contrée d'Amakna. Drôle d'endroit pour vivre... Sous le chêne semblait émerger une grotte, d'où on entendait des sons de gaieté et des rires tornitruants noyés dans des litres et des litres d'alcool. Sacré se présenta à l'entrée et demanda à être des leurs. Les roublards s'étaient regroupés autour de l'éni, et se moquaient de sa petitesse, de son culot aussi. Vil Smisse arriva et les roublards se déplacèrent pour le laisser venir à la hauteur de l'éni.
- Que veux tu, petit? demanda-t-il en toisant cruellement l'éni.
- Devenir un des votres, répondit Sacré.
Les roublards éclatèrent de rire puis se turent lorsque Vil leva la main, réclamant le silence. Il s'approcha de l'oreille de l'éni et sussura:
- Je vois du sang sur tes mains. Du sang de gardien de temple. N'est ce pas? Un sourire cruel se dessinait sur ses lèvres. Si tu n'as rien à perdre.. Va, et tue une trentaines d'autres innocents, fais les souffrirs, et reviens me voir avec leur tête. Si tu réussis cette première épreuve, tu auras accès aux deux autres... Et tu seras des nôtres.
Sacré sorti de la caverne sous l'arbre tout exité. Voulant à tout prix vétir l'uniforme noir et argent des roublards, il senti monter en lui une soif qu'il n'avait jamais ressenti. Ses yeux bleus virèrent au rouge lave pour la première fois de sa vie.. Il avait faim, très faim. Il voulait voir la souffrance dans les yeux de ses victimes, il se sentait.. monstrueusement cruel. Cela le faisait rire, et il parti en quête de victimes. C'est ainsi que dès la première journée il tua une vingtaine d'aventuriers dans les bois de la plaine d'Amakna, les faisant souffrir de plus en plus à chaque fois. Au bout du deuxième jour, il en avait tué près d'une cinquantaine, commençant à maitriser l'art de la torture et de la souffrance... L'éni était proie à une soif inétanchable de sang. Il commença même à dévorer les victimes les plus belles, les plus charmantes.. Et il adorait ça.
Il se rendit alors dans le repaire des roublards, comme la dernière fois, il trouva une ambiance de festivités dans la grotte, et Vil Smisse se retrouva face à l'éni qui avait toujours les yeux rouges lave.
- Ainsi donc, tu as réussi.. mais en plus tu t'es nourris de quelques victimes. Il eu un rire cruel. Passons aux épreuves, petite fée! Dans la première salle tu trouveras un paysan.. tue le et rapporte moi sa tête. Ensuite nous verrons pour la deuxième épreuve.
Sacré, tout exité, entra dans la pièce faiblement éclairée et y trouva un paysan armé d'une fourche assoupi. Sacré s'approcha mais pas assez sournoisement. Le paysan se réveilla, et hurla. Sacré saisi la fourche qu'il avait laissé tomber, et en un hurlement de joie, il enfonça la fourche dans le poitrail du paysan, dont la tête s'afaissa quelques minutes seulement après. Prenant un couteau, il trancha la tête encore chaude de sa victime, sorti de la pièce et la jeta aux pieds de Vil Smisse qui toisa l'éni avec un sourire de plus en plus cruel.. tellement cruel qu'il semblait chaleureux.
- La deuxième épreuve t'attend dans l'autre salle... Tue ce qui s'y trouve et ramène moi une preuve que tu l'aies tué.
L'assemblée de roublard éclata de rire, et Sacré put entendre deux roublards échanger "il n'y arrivera pas, il est trop faible".
Sacré pris son courrage à deux mains, quoi qu'un peu refroidi par les commentaires des roublards, et entra dans la deuxième salle dont la porte claqua violement lorsqu'il fut une fois à l'intérieur. La pièce était sombre. Quelques caisses étaient disposées par terre.. mais aucune trace de la "chose" à assassiner. Puis Sacré perçut un souffle rauque derrière lui, et senti que l'on plantait deux choses pointues de même dimension dans sa peau, puis une sensation que son âme le quittait. Il bredouilla un mot de prévention avant de perdre connaissance.
Il se réveilla la tête suspendue dans le vide. La caverne humide où il se trouvait était froide. Il cligna des yeux avant de se remémorer les évènements qui l'avaient plongé dans cet état. Soudain un bruit de sucion se fit entendre et une douleur fulgurante lui traversa le cou. Il hurla si fort que la stalagtite la plus proche explosa, et un morceau lui trancha le poignet gauche. Misérable et désarmé, il ne pouvait se débattre contre le vampire lui suçant le sang. Alors il tenta le corps à corps dans le vide. Le vampire éclata de rire et enfonça plus profondément ses crocs dans le cou tendre de l'éniripsa. Du sang noir coulait abondamment de la plaie, et Sacré commençait à perdre des couleurs, devenir pâle et sentait sa vie s'enfuir. Il réfléchi à toute vitesse, espérant trouver une solution à ce problème, et finit par le trouver. Son regard se fit dur, sans peur ni douleur. Le vampire arrêta de sucer le sang et regarda l'éniripsa d'un air intrigué. Sacré ferma ses yeux bleu lagon, puis les rouvrit. Les yeux gris du vampire s'écarquillèrent quand des yeux rouge lave incandescents se braquèrent sur lui. Cependant, cet effrayement ne se fit que passager, et il se rapporcha de l'éni afin de finir son repas, en ricanant. Sacré plaqua sa main contre le bras du vampire approchant, qui hurla telle une femme violentée. Il se retira violement, se tenant un bras complètement carbonisé. Les liens retenant Sacré au plafond fondirent, sans aucune raison apparente, et une aura rouge sombre apparu autour de la frêle silhouète de l'éni. Il descendit avec grâce au sol humide de la grotte, puis regarda avec une haine immense le vampire où son sang maculait encore sa bouche. Le vorace tenta de s'enfuir, se changeant en chauve souris.. Peine perdue. Sacré murmura un mot qui créa instantanément une cage de feu autour du fuyard. Il s'approcha, lentement, prenant son temps, un sourire cruel aux lèvres, faisant fondre la pierre sur laquelle il marchait, et quelques peu aveuglé par les nuages de vapeur d'eau qu'il créait avec la chaleur émanant de lui.
Pourquoi? demanda le vampire, appeuré dans sa cage de feu et se brulant constamment.
Sacré éclata de rire, et répondit d'une manière chaleureuse, mais brulante de haine, tel un vent d'été soufflant sur la plage de Moon:
- C'est la loi du plus fort, je ne peux arrêter ma vie ici, par contre toi...
Il ferma sa main, et la cage se rétrécit, enflamant et réduisant en cendre le vampire. Il ne trouva pas de dent, mais senti une présence derrière lui. Vil Smisse approchait, nonchalament vers Sacré et lui tint à peu près ces mots:
- Pas mal pour un bleuet.. Tu me rappelles quelqu'un, qui mourru trop vite. Je t'accorde le privilège d'entrer dans la confrérie des Roublards, petit.
Sacré se senti pousser des ailes lorsqu'il enfila pour la première fois l'habit sombre des Roublards.. Il était comme eux: un rebelle de la société vivant de méfaits. Il allait adorer.
Un jour, alors qu'il venait de semer la terreur avec quelques amis dans le champ de Farle, il surpris une conversation entre deux roublards. Il entendit parler de "Brakmar", d'une Cité Sombre, de quelque chose de démoniaque, d'une politique.. d'une guerre. Ils se turent lorsqu'ils remarquèrent les yeux bleu lagon de Sacré posés sur eux, feignant l'indiférence. Malheureusement, la mouche avait eu le temps d'inoculer à Sacré le virus de la curiosité. Il alla voir Smisse, et lui demanda des renseignements sur une cité nommée Brakmar. Il avait fait le rapprochement entre le nom du mont de la déesse, et le nom de la Cité Sombre.. Smisse regarda Sacré, puis, pris d'une colère indéfinissable, le giffla quatre fois. Sacré, les joues rouges, entra dans une colère noire, et hurla dans la caverne, demandant une explication. Smisse le frappa alors, et voyant que l'éni allait répliquer, lui dit ceci:
- Brakmar est la Sombre Cité du Sud. Le clan des Roublard en est banni, et son nom en notre sein est sacrilège! Oserai tu porter la main sur ton maitre?
Pour toute réponse, Sacré retira son bandeau noir, qui lui cachait le visage, et le déposa aux pieds du Roublard. Il cracha dessus puis tourna les talons, tournant ainsi une autre page de son histoire... et mettant les voiles en direction du Sud.
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