Mh. Pas facile hein, quelle que soit la musique. En ce moment les sons que j'aime bien ce sont des trucs grinçants, un peu saturés, que je retrouve donc en électro et chez Justice par exemple. Attention, j'aime énormément de trucs, des choses variées, mais là on parle juste de musique électronique.
C'est répétitif. Oui. Souvent. Certains voient ça comme une tare moi je vois ça comme un attrait, mais pas tout le temps. Il y a du répétitif qui me lourde et du répétitif qui me plait. Le répétitif qui me plait est celui que l'on sent progresser, du sample de base, posé nu et froid au tout début du morceau, on arrive à un agencement fin et complexe, tendu, je trouve ça assez enivrant. J'aime bien aussi la façon dont sont construits les morceaux qu'on retrouve souvent en musique électronique. Cette façon qu'ont certains morceaux de commencer comme je l'ai dit de façon très dénudée, presque austère, pour ajouter petit à petit des éléments, créer une tension qui devient presque intenable jusqu'au moment où tout est relâché, généralement le bon gros thème, dancefloor ou non. J'aime le principe du sampling en fait. Prendre un petit morceau, le répéter, le déformer, le rendre harmonieux avec d'autres petits morceaux, et parfois créer des mélanges improbables. Je trouve qu'il y a du talent la dedans. Et puis en live il faut l'avouer il y a les "boum boum" qui tiennent vraiment de l'expérience physique, je trouve grisant de se sentir vibrer avec la musique, de sentir le souffle des baffles (avec des bouchons de protection bien sûr, il n'y a rien de kiffant dans les acouphènes).
Pour en revenir aux sonorités ce sont des sonorités qui me parlent par rapport à ce que je fais dans la vie, par rapport à l'univers dans lequel j'ai le sentiment d'évoluer, des sonorités qui me semblent "actuelles" et en adéquation avec moi. Je fais de l'infographie, je ne compte pas mes heures passées sur un ordinateur, sur internet, la relation homme-machine m'intéresse, me parle. Tout comme ces voix robotiques passées au vocoder, j'aime ça. Je sais pas, ça fait un peu artefacts de communication, les synthèses vocales sont de plus en plus performantes, bientôt on pourra sans doute parler à des robots... Je ne suis pourtant pas passionné par la SF.
Pour ce qui est des sentiments, ben il y a des musiques que je trouve énergiques, leur rythme assez rapide, le fait que ça se répète, j'écoute ça en bossant ça me motive. Il y en a qui sont planantes, certains morceaux de laurent garnier, écoutés dans le noir ça fait vraiment un certain effet, au bout d'un moment je ne perçois même plus la répétition comme une répétition, mais comme un flux non segmenté. J'ai l'impression que je peux faire corps beaucoup plus facilement avec la musique électronique qu'avec d'autres genres que j'apprécie pourtant. J'ai fait 6 ans de musique classique, il y a une virtuosité indéniable chez bien des compositeurs et des musiciens, mais... Je sais pas.
C'est vraiment pas évident de dire pourquoi on aime quelque chose. On peut facilement mettre en évidence ce que l'on aime dans un style, mais expliquer pourquoi... Je pense que rapidement on verse plus dans la sociologie, l'ethnologie que la musicologie. Pour finir le fait de faire sortir de la musique d'une machine restera toujours fascinant pour moi, tout comme les premiers instruments ont dû fasciner leurs contemporains.
edit : la musique électronique m'a aussi apporté des morceaux de plus de 15 minutes, véritable bénédiction pour moi car je ne supporte que très peu le carcan des sacro-saintes 3"30 radiophoniques, qu'on retrouve trop souvent dans la pop ou la chanson à texte, justement car les chanteurs sont humains et chanter non stop pendant 50 minutes n'est peut être juste pas possible. A la réflexion c'est aussi une des choses que j'aime en musique classique, la durée relativement plus importante qu'ont les oeuvres (en plusieurs mouvements ou non). Se laisser le temps permet selon moi de mieux développer une mélodie, me permet en tout cas de mieux l'apprécier, et surtout m'évite de faire tourner le même morceau 20 fois en une heure (ce que j'ai déjà fait pourtant).
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