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Aujourd'hui, j'ai lu un poème qui m'a touché. Je l'ai lu en anglais, je l'ai retrouvé sur le net et je vous en mets la copie ici. Plus bas, je mets une version française.
Please Hear What I'm Not Saying
Don't be fooled by me.
Don't be fooled by the face I wear
For I wear a mask, a thousand masks,
Masks that I'm afraid to take off
And none of them is me.
Pretending is an art that's second nature with me,
but don't be fooled,
for God's sake don't be fooled.
I give you the impression that I'm secure,
that all is sunny and unruffled with me,
within as well as without,
that confidence is my name and coolness my game,
that the water's calm and I'm in command
and that I need no one,
but don't believe me.
My surface may be smooth but
my surface is my mask,
ever-varying and ever-concealing.
Beneath lies no complacence.
Beneath lies confusion, and fear, and aloneness.
But I hide this. I don't want anybody to know it.
I panic at the thought of my weakness exposed.
That's why I frantically create a mask to hide behind,
a nonchalant sophisticated facade,
to help me pretend,
to shield me from the glance that knows.
But such a glance is precisely my salvation,
my only hope, and I know it.
That is, if it is followed by acceptance,
If it is followed by love.
It's the only thing that can liberate me from myself
from my own self-built prison walls
from the barriers that I so painstakingly erect.
It's the only thing that will assure me
of what I can't assure myself,
that I'm really worth something.
But I don't tell you this. I don't dare to. I'm afraid to.
I'm afraid you'll think less of me,
that you'll laugh, and your laugh would kill me.
I'm afraid that deep-down I'm nothing
and that you will see this and reject me.
So I play my game, my desperate, pretending game
With a façade of assurance without
And a trembling child within.
So begins the glittering but empty parade of Masks,
And my life becomes a front.
I tell you everything that's really nothing,
and nothing of what's everything,
of what's crying within me.
So when I'm going through my routine
do not be fooled by what I'm saying.
Please listen carefully and try to hear what I'm not saying,
what I'd like to be able to say,
what for survival I need to say,
but what I can't say.
I don't like hiding.
I don't like playing superficial phony games.
I want to stop playing them.
I want to be genuine and spontaneous and me
but you've got to help me.
You've got to hold out your hand
even when that's the last thing I seem to want.
Only you can wipe away from my eyes
the blank stare of the breathing dead.
Only you can call me into aliveness.
Each time you're kind, and gentle, and encouraging,
each time you try to understand because you really care,
my heart begins to grow wings --
very small wings,
but wings!
With your power to touch me into feeling
you can breathe life into me.
I want you to know that.
I want you to know how important you are to me,
how you can be a creator--an honest-to-God creator --
of the person that is me
if you choose to.
You alone can break down the wall behind which I tremble,
you alone can remove my mask,
you alone can release me from the shadow-world of panic,
from my lonely prison,
if you choose to.
Please choose to.
Do not pass me by.
It will not be easy for you.
A long conviction of worthlessness builds strong walls.
The nearer you approach me
the blinder I may strike back.
It's irrational, but despite what the books may say about man
often I am irrational.
I fight against the very thing I cry out for.
But I am told that love is stronger than strong walls
and in this lies my hope.
Please try to beat down those walls
with firm hands but with gentle hands
for a child is very sensitive.
Who am I, you may wonder?
I am someone you know very well.
For I am every man you meet
and I am every woman you meet.
By Charles C. Finn
version française
"Je t'en prie, entends ce que je ne dis pas!"
poème de Charles C. Finn
Ne te laisse pas duper par moi.
Ne te laisse pas duper par les masques que je porte.
Parce que je porte des masques, mille masques,
Que je crains d'enlever,
Et aucun de ceux-ci ne dit qui je suis.
Le faux-semblant est une seconde nature chez moi,
Mais ne te laisse pas duper.
Pour l'amour de Dieu, ne te laisse pas duper.
Je donne l'impression d'être sûr de moi,
Que tout va bien, tant au-dedans qu'au-dehors de moi,
Que la confiance et le calme sont mes apanages,
Que la mer est belle et que je maîtrise la situation,
Que je n'ai besoin de personne.
Mais surtout ne me crois pas.
Les apparences sont trompeuses,
Mais elles ne sont qu'un masque,
Toujours variantes, toujours dissimulatrices.
Sous elles, confusion, peur et solitude.
Mais je cache cela. Personne ne doit savoir.
J'ai peur à la seule idée
Que mes faiblesses et mes craintes puissent être révélées.
Voilà pourquoi je compose des masques
Derrière lesquels me cacher,
Une apparence sophistiquée, nonchalante,
Qui m'aide à faire semblant,
Qui me protège du regard connaisseur.
Mais un tel regard est précisément salvateur,
Mon seul espoir et je le sais.
Mais seulement si l'acceptation le suit,
Si l'amour le suit.
C'est la seule chose qui puisse me libérer de moi-même,
Des murs de la prison que j'ai construite,
Des obstacles que j'ai douloureusement mis sur ma route.
C'est la seule chose qui peut m'assurer
De ce que je ne puis m'assurer moi-même,
Que j'ai une valeur réelle.
Mais je ne t'en dis rien. Je n'ose pas. J'en ai peur.
Je crains que ton regard
Ne soit pas suivi d'acceptation,
Ne soit pas suivi d'amour.
Je crains que tu ne te fasses
Une mauvaise opinion de moi, que tu te moques
Et que ton rire ne me tue.
Je crains profondément de n'être rien,
De n'être qu'un vaurien,
Que tu t'en rendras compte et me rejetteras.
Alors je joue désespérément à faire semblant,
En prenant une assurance de façade que je n'ai point
Et un enfant terrifié à l'intérieur.
Ainsi commence un défilé de masques colorés mais vides,
Et ma vie devient une vitrine.
Je bavarde avec toi d'une voix suave,
Tiens des propos superficiels.
Je te dis tout ce qui ne veut rien dire,
Et rien de ce qui veut tout dire,
De ce qui pleure en moi.
Alors lorsque je reprends ma routine,
Ne te laisse pas duper par mes paroles.
Veuille écouter et entendre ce que je ne dis pas,
Ce que je voudrais pouvoir dire,
Ce que pour survivre j'ai besoin de dire,
Mais ce dont je suis incapable.
Je n'aime pas me cacher.
Je n'aime pas jouer à des jeux superficiels.
Je veux cesser de les jouer.
Je veux être sincère et spontané et moi-même,
Mais tu dois m'aider.
Tu dois me tendre la main,
Même si je ne semble pas le désirer.
Toi seul peux soulever le voile de l'illusion
Couvrant les yeux de mort vivant.
Toi seul peux me ramener à la vie.
Chaque fois que tu es douce, gentille, encourageante,
Chaque fois que tu tentes de me comprendre vraiment,
Des ailes poussent à mon cœur,
De très petites ailes,
Des ailes très faibles,
Mais des ailes tout de même!
La puissance qui est tienne
De me faire ressentir mes émotions véritables
Me redonne un souffle de vie.
Je veux que tu le saches.
Je veux que tu saches à quel point tu m'importes,
A quel point tu contribues à créer
L'être que je suis
Si tu choisis de le faire.
Toi seul peux ébranler le mur derrière lequel je tremble,
Toi seul peux retirer mon masque,
Toi seul peux m'éloigner du monde des ombres
Et de l'incertitude, de ma prison de solitude,
Si tu choisis de le faire.
Je t'en prie, choisis en ce sens, ne me laisse pas tomber!
Pour toi, ce ne sera pas chose facile.
Une longue conviction de mon inutilité
Érige des murs solides.
Plus tu approcheras de moi
Plus je pourrai te rejeter.
Cela est irrationnel mais,
Quoiqu'en disent les ouvrages sur l'Homme,
Souvent je suis irrationnel.
Je combats la seule chose à laquelle je tiens vraiment.
Mais on dit que l'amour est plus fort
Que les plus solides murailles,
Et en cela je fonde mon espoir.
Je t'en prie, tente de faire tomber ces murs
D'un geste ferme,
Mais d'une main douce
Parce que fragile est l'enfant.
Qui suis-je? te demandes-tu.
Je suis quelqu'un que tu connais très bien.
Car je suis chaque homme que tu rencontres,
Je suis chaque femme que tu croises sur ta route.
Il y a quelque chose que je n'aime pas, dans ce poème, c'est la dépendance de l'auteur, qui prétend que son salut vient du regards de l'autre. Je reste persuadé que notre bonheur, notre état d'esprit, vient avant tout de nos décisions, c'est notre responsabilité.
Pourtant... J'ai trouvé ce texte touchant. Touchant parce qu'à un moment donné ou à un autre, on passe tous, je pense, par un moment de doute, de spleen, de rejet de soi. Un moment où on peut donner le change aux autres, mais où on aurait terriblement besoin d'être juste accepté pour ce que l'on est, juste rassuré.
Bref, j'aime ce texte.
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