Eh bien, que de témoignages intéressants et intimes par ici !
J'aimerais moi aussi apporter mon témoignage. Et tant pis s'il ne vous sert à rien de le lire.
Il y a 2 semaines, un bon pote à moi a eu un accident. Il est désormais "amputé fémoral bilatéral". Vulgairement, il est amputé des 2 jambes au-dessus du niveau des genoux.
Je suis allé le voir hier à l'hôpital.
Evidemment, j'étais très content de le voir, mais ça m'a fait bizarre de le voir en fauteuil roulant et surtout de le voir avec une partie aussi manquante de lui. L'absence de jambes est définitivement bien plus visible que leur présence.
Il était en forme, il parlait beaucoup, rigolait quelques fois. Il est courageux, il tient le coup et ça m'a fait vraiment plaisir de le voir aussi vivant et aussi énergique!
Il positive en disant qu'il est heureux que son accident n'ait pas été mortel. Ca peut paraître con, mais je n'avais même pas pensé qu'on pouvait considérer qu'il avait eu de la chance dans son malheur.
Il a aussi la chance d'avoir beaucoup d'amis qui le soutiennent à fond. Depuis qu'il est sorti du coma, il n'est pas resté tout seul une seule journée, ni même plus de quelques heures. En gros, de l'heure du début des visites à l'heure de fin des visites, ses proches (amis et famille) sont à côté de lui. Sa chambre a été surnommé par certains membres du personnel médical la "caverne d'Ali Baba" à cause de tous les cadeaux qui s'y sont accumulés.
Je suppose que le soutien est une nécessité absolue dans ce genre de cas.
A l'hôpital où il est, j'ai vu des gens gravement malade et gravement handicapé qui restaient seuls. Toute l'après-midi, nous étions avec mon pote, pendant qu'eux déambulaient dans l'hôpital, sans personne à leurs côtés. N'avaient-ils pas d'amis avant leur maladie/accident, ou bien les ont-ils perdus, petit à petit, après ?
J'imagine que, dans ces cas-là, ça doit être horrible de se sentir, jour après jour, de moins en moins soutenu, parce que nos proches préfèrent vivre leur vie que nous aider à soutenir notre maladie/handicap.
Aussi horrible que ça puisse paraître, j'imagine que,
dans certains cas, on supporte plus facilement la mort d'un proche que son handicap lourd ou sa maladie grave, comme le dit si bien Léonardo DiCaprio dans
La plage. Si un proche décède, on déprime, on l'enterre, on fait le deuil, puis on reconstruit sa vie sans lui. Si un proche est atteint d'un très grave problème, on doit être à ses côtés jour après jour et l'aider à soutenir son fardeau, même s'il est lourd pour nous aussi.
Mon pote garde l'espoir de remarcher un jour avec l'aide de prothèses. Ce qui, effectivement, sera possible, mais difficile et coûteux vu qu'il s'agit des 2 jambes, et qu'elles sont amputées au-dessus du niveau du genoux.
C'est un bon dessinateur, et ça il peut toujours le faire. Il compte aussi faire de l'handisport, ce qui me paraît être la façon la plus saine et la meilleure d'apprendre à "surmonter" psychologiquement son handicap, et accessoirement à se muscler les membres supérieurs.
Quand même, malgré tout, dans ses yeux, j'ai pu lire qu'il avait perdu une petite part de vie, d'énergie, de joie de vivre. Je ne sais pas si c'est dû à la fatigue causée par l'accident et l'opération qui a suivi, ou bien si c'est dû à la perte de ses jambes ... J'espère en tout cas que, malgré cette perte, il arrivera à rester comme avant. Même si la vie ne sera, d'un point de vue matériel, plus la même pour lui, j'espère qu'il saura se donner la peine d'être aussi heureux que les gens "ordinaires".
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Big up à toutes les personnes qui doivent personnellement faire face à leur handicap ou à leur maladie tous les jours et qui continuent de profiter de la vie. Big up aussi aux proches de telles personnes qui les soutiennent à 100% et ne les lâchent pas.
J'en profite pour lancer une grosse dédicace à ce pote, même s'il ne vient pas ici. Jules on t'aime.