La Dame du Sarcophage

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Musique Theme Pharaoh - Nefer

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Luxur, il y a longtemps...



-Maîtresse, il...
-Il arrive, je sais... J'entends ses pas résonner d'ici...
-Voulez-vous que...
-Nacha, fais ce que je t'ai dit. Pars. Vite. Profite de ta liberté, c'est la dernière chose que tu auras de moi.
-Mais...

La servante resta un moment, comme dans l'espoir que la stygienne change d'avis... Ce qui n'arrivait que trop rarement à son goût. Elle se détourna finalement tandis que Néheteni glissait sa bague autour de son doigt, avec une lenteur résolue. La stygienne ne savait que trop bien ce qui l'attendait, mais continuait à siroter un verre de jus de raisin, confortablement vautrée dans l'une des banquettes de ses appartements. Un vent léger et tiède ramenait toutes sortes d'odeurs arômatisées des jardins tous proches, verdoyant en cette saison. Des allures de paradis qui allait bientôt voler en éclat, désormais silencieux et morne, débarrassé de l'activité des servantes et des invités depuis plusieurs jours déjà. Elle l'attendait.

Les retrouvailles familiales ne sont pas toujours des plus joyeuses, même après plus de cinq ans. Les scribes auraient eu de quoi vider bien des fioles d'encre pour conter les histoires de la famille Mériseth, dont les raçines remontaient jusqu'aux plus hautes instances du pouvoir Stygien... Raçines qui avaient donné de bien mauvaises graines, et voila quelques décénnies déjà que les différents cousins, parents plus ou moins éloignés, frères ou enfants avaient fini par se diviser, se quereller, et disparaître dans des circonstances plus ou moins douteuses avec une régularité frôlant la tradition. Ne restait donc plus à Luxur que Néheteni Mériseth, seule héritière des possessions familiales de Luxur, de quoi assurer à la stygienne une existence agréable et assez de temps pour se consacrer à la botanique, sa passion depuis toujours.

Mais les rumeurs allaient bon train sur ce que cachaient les vieux secrets de famille, quoiqu'elles aient du mal à trouver preneur. Néheteni ne tenait guère du reste de sa famille, plutôt généreuse, agréable et intelligente, c'est d'ailleurs ce qui lui avait permis de se débrouiller et de faire oublier la réputation de la génération précédente, quand bien même certains se hasardaient encore à la qualifier d'hypocrite empoisonneuse et à la tenir pour responsable de la disparition d'une bonne partie des Mériseth, ils n'étaient que des mauvaises langues aux yeux de tous ceux qui la connaissaient.

Son frère était pourtant bien pire, mais presque tout le monde l'avait oublié et considéré comme disparu du jour au lendemain, probablement mort depuis que sa soeur s'était débrouillée pour le vendre comme esclave à un culte réputé pour apprécier les sacrifices humains. Il n'en était pourtant rien, son retour à Luxur n'était pas passé inaperçu, quoique sa soeur ait préféré l'attendre plutôt que de se trouver quelque affaire urgente à l'autre bout du monde.

Fort de ce riche passé familial, Nebamon était donc rentré à Luxur, non en esclave mais en maître. Sa rencontre aussi douloureuse que soudaine avec les mages d'Ab-Shetam lui avait permis de se découvrir un certain talent, potentiel qui n'était pas tombé au mauvais endroit. Quelques années lui avaient suffi à trouver sa voie, celle des arts noirs, aussi surement qu'il trouvait sa voie dans les couloirs de ces luxueux appartements de la ville haute d'où quelques privilégiés de bonne naissance contemplaient le monde façonné à leur bon vouloir.

La porte en bois verni tonna plusieurs fois, suppliciée sur ses gonds, avant de céder à la motivation du stygien qui entra avec fracas dans la pièce. Le fils Mériseth avait bien changé, depuis tout ce temps. Ses cheveux longs avaient laissé la place à un crâne dégarni, le visage orné de cicatrices et de marques scarifiées, amaigri... presque rabougri, quoi qu'ayant gardé une bonne partie de ses forces. Ses yeux noirs reflétaient un mélange de haine, de folie et de tristesse suffisant pour que sa soeur le reconnaisse au premier regard. Il avanca de quelques pas en frottant son épaule endolorie et en se dégourdissant les muscles, le souffle bruyant avec des allures de taureau prêt à charger, l'air vaguement surpris par l'attitude nonchalante de sa soeur qui se promenait entre les banquettes avec légereté.

-Tout ce temps... A chaque seconde j'attendais le jour où j'allais te retrouver...Ma soeur... maudite traîtresse...
-Nebamon... Tu perds ton temps ici. Vas t'en, repars d'où tu viens, tu n'es plus rien, plus personne et depuis longtemps !
-Oh que non... Et je vais bien te prouver le contraire ma chère petite soeur...

Il s'élanca vers elle d'un pas rapide, faisant grincer ses chausses métalliques sur le sol de pierre sans se soucier des quelques tapis et meubles qu'il renversait ou piétinait. Son esprit restait rivé sur une pensée unique, mais pas assez pour perdre tout réflexe ni oublier tout ce qu'il avait pu voir dans sa vie... Elle n'avait pas changé, non. Il la tira brutalement par le bras droit, lui brisant presque les os pour fouiller de l'autre main son dos et en retirer le poignard qu'elle dissimulait sans prêter plus d'attention que ça aux cris de sa soeur.


-Tu l'avais peut-être oublié, mais pas moi... Combien de fois tu m'as montré ton petit tour quand on jouait dans le jardin de la vieille... Hein ? Combien !

Sans attendre une réponse qui serait de toute façon tombée dans l'oreille d'un sourd, il l'expédia brusquement sur la banquette toute proche d'une gifle magistrale dont le claquement ne trouva pour écho que le cri de la stygienne. Elle savait qu'il avait perdu le peu de raison qui lui restait bien des années plus tôt, si bien que Néheteni n'essaya même pas de résister, il était de toute façon déjà sur elle à la secouer par la gorge, l'écrasant complètement sous son poids avec ses genoux en criant des inepties qui bourdonnaient à ses oreilles.


-Regarde moi bien... Sale petite garce... Tu m'as trahi !! Et je suis ton frère ! TON FRERE TU M'ENTENDS !!

En l'absence de réponse ou même de cri et après quelques coups de plus, essoufflé, il la laissa retomber sur la banquette pour se pencher sur elle lentement, larmoyant comme si d'un coup la tristesse remplacait la colère et ses cris de rage se muaient en une voix presque douce, tempête aussi violente que passagère, comme toujours.


-Ton frère qui t'aime... ma petite Néheteni... Je vais te pardonner... et on va recommencer comme avant... Et oublier tout ça... Hein ?

Il caressa délicatement le visage de la stygienne, essuyant du bout de son index le filet de sang qui coulait du coin de ses lèvres. Elle se décida finalement à essayer de répondre, sifflant entre ses dents avec un calme étonnant, comme elle l'avait tant appris à ses dépends, autrefois.


-C'est ça... pardonne moi... Cette fois tu peux faire ce que tu veux ça n'y changera rien... Vas pourrir au fond du Styx, Nebamon !
-Dis pas ça petite soeur... J'ai appris beaucoup de choses... Tu serais étonnée... Tu vas me suivre pour toujours... J'ai de grands projets pour nous ma chérie...

Il remua les doigts devant le visage de la stygienne horrifiée, provoquant quelques trainées noires dans l'air, sa simple présence lui glacait le sang... une présence qui semblait avoir perdu le peu d'humanité qui lui restait dans l'apprentissage d'une magie qui avait fait des ravages sur son esprit autant que sur son corps. L'héritière Mériseth serra les poings en poussant un petit cri de douleur avant de rouvrir les yeux pour regarder son bourreau de frère.


-Tu vas être déçu... Regarde moi bien Nebamon... Tu es complètement fou... Tu es la honte de notre pauvre famille... Mon frère est mort il y a... longtemps... Je vais le... rejoindre...

Il se releva brusquement en la voyant perdre peu à peu son souffle, pris d'un affreux doute qui se changea en certitude en examinant ses mains d'où un peu de sang coulait, la paume transpercée par les crochets métalliques de ses bagues d'où s'était écoulé le poison. Il l'agrippa par les joues en la secouant, son visage collé au sien comme pour se faire bien entendre.


-Tu vas pas me faire ça ! Je te l'interdis ! Tu m'entends ! Tu ne m'échapperas pas comme ça ! Je te retrouverai ! Où que tu sois !!

Les cris de colère et de désespoir de son frère se perdaient peu à peu dans l'obscurité au fur et à mesure que le poison faisait son chemin. Néhéteni ne tarda pas à s'éloigner bien au-delà de tout ça, satisfaite de son dernier petit tour, emportant dans sa tombe les secrets d'une famille que l'on disait maudite.

Mais en Stygie même la mort ne suffit pas toujours...



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/hrp

Texte relatif à une campagne en cours, et donc pas à un personnage que je joue, c'est plus pour le fun vu que ça m'inspirait, j'ai commencé par l'image, puis le texte. La musique est le thème "Nefer" d'un vieux jeu, Pharaoh. Vu que le tout donne assez bien j'me suis dit que j'allais le poster ici, en espérant que ça plaise.
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